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Sur son blog personnel Settimo Cielo, Sandro Magister reproduit la réaction d'un professeur de théologie dont certains collègues de la faculté de Lugano ont signé "l'appel des 140". Démolition en règle! (9/2/2011)

-> Tous les articles sur ce sujet: L'appel des théologiens allemands



Texte en italien ici:
magister.blogautore.espresso.repubblica.it/...
Ma traduction
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L' "appel" pour un "renouveau" de l'Eglise, publié il y a quelques jours avec les signatures de 143 théologiens catholiques en Allemagne, désormais devenus plus de 200, a fait les gros titres, principalement en Allemagne: “Kirche 2011: Ein Notwendiger Aufbruch“ .
Le professeur Manfred Hauke, enseignant de théologie dogmatique à la faculté de Lugano, analyse le document, et il le réfute méthodiquement, dans un article publié sur le journal catholique allemand Die Tagespost .
Deux de ses collègues de Lugano ont signé cet "appel" ... et parmi eux le doyen de la Faculté de théologie de Münster, à l'origine du document.

«Kirche 2011»: rénovation ou démolition de l'église?
par Manfred Hauke

Le 3 Février 2011, un grand journal allemand, le Süddeutsche Zeitung, a publié un «appel» signé par 143 théologiens de langue allemande sous le titre "Eglise 2011: Un renouveau nécessaire"

Les exigences rappellent à bien des égards la "Déclaration de Cologne" de 1992 et l'initiative "Nous sommes Eglise" en 1995. La faculté de théologie la plus représentée parmi les signataires est celle de Münster, avec 17 théologiens, y compris le doyen Klaus Müller. Une théologienne de Münster fait partie du comité de rédaction de la note (selon ce qui est rapporté par M. Drobinski sur le "Süddeutsche Zeitung" du 3 Février: "den Theologen gegen Zölibat"). Une demande très spécifique fait allusion à l'influence de Münster: celle de mettre en place des tribunaux administratifs pour l'Eglise. De sorte que le texte pourrait aussi être appelé la "Déclaration de Münster" (DM).

Comme occasion de la DM, ses signataires désignent le débat public de l'an dernier sur les abus sexuels. Recherchant les "causes des abus, du silence et de la double morale", "une conviction croissante que des réformes profondes sont nécessaires" serait née. L'invitation des évêques allemands au "dialogue" aurait suscité des attentes qu'il faudrait accepter.

Les théologiens veulent faire de 2011 une "année de renouveau", afin que l'Eglise puisse sortir de "structures fossilisées". Le "dialogue ouvert" doit comprendre six "domaines d'action":

1) Nous avons besoin de davantage de "structures synodales" à tous les niveaux de l'Eglise selon le principe: "Ce qui préoccupe tous devrait être décidé par tous ".

2) La vie de la communauté aurait besoin pour sa conduite de structures plus démocratiques. Et "l'Eglise a besoin aussi de prêtres mariés et des femmes dans le ministère ecclésial."

3) Une première étape pour une meilleure "culture du droit" serait "la mise en place d'une juridiction administrative."

4) En vertu de la "liberté de conscience", il est dit: "La grande estime du mariage par l'Eglise ... ne nécessite pas l'exclusion des personnes qui vivent de manière responsable l'amour, la fidélité et la sollicitude réciproque dans une union de personnes de même sexe ou comme divorcés et remariés".

5) Dans un esprit de "réconciliation", on devrait s'opposer à "une morale stricte et sans pitié."

6) La liturgie vit grâce à la participation active de tous les fidèles et ne devrait pas être unifiée de manière centralisée.

Nous devons donner acte aux signataires de la DM que l'Eglise de langue allemande vit une "crise profonde".
Mais d'autre part, de nombreuses suggestions faites par les théologiens signataires font partie de cette crise et ne peuvent pas aider à surmonter les problèmes.

Les demandes contenues dans "l'appel" sont, en grande partie, les mêmes depuis les années soixante et soixante-dix du siècle dernier. Il y a un pas de plus dans les efforts visant à promouvoir la pratique vécue de l'homosexualité. Le débat public sur les abus sexuels est instrumentalisé pour pousser une Eglise affaiblie vers une situation qui s'écarte de son origine apostolique et se rapproche des courants libéraux du protestantisme actuel. Selon les statistiques, le pourcentage, bien que déplorable, des abus sexuels commis par le clergé catholique est beaucoup plus faible par rapport à ce qui se passe dans les structures comparables du milieu laïc (par exemple dans les familles, les écoles et les clubs sportifs) et aussi ce qui est connu des pasteurs protestants, la plupart mariés.

Les théologiens de la DM commettent un "abus dans l'abus" afin de promouvoir des requêtes qui ne peuvent certes pas s'attaquer aux causes profondes qui sont au cœur des abus eux-mêmes. Nulle part, il n'est dit que la chasteté est nécessaire pour un vrai renouveau. On ne parle même pas de la nécessité de la conversion.
Au contraire: on veut la reconnaissance par l'Eglise de la situation des divorcés remariés, qui vivent (selon les paroles de Jésus) dans l'état d'adultère (Mc 10, 11s), et même les couples de même sexe dont les pratiques sexuelles, selon les catalogues des vices dans le Nouveau Testament, conduisent à l'exclusion du royaume de Dieu (1 Cor 6:10).
Ici, non seulement on ne voit pas trace de l'influence d'une connaissance plus approfondie de la théologie, mais plutôt d'une perte de la foi et de la morale. Les principaux éléments de la doctrine apostolique sont sacrifiés à une pensée qui veut être "à jour" avec la situation actuelle. La demande de levée de l'obligation du célibat rappelle les exigences depuis longtemps dépassées des Lumières tardives, avec Johann Adam Möhler et d'autres protagonistes du renouveau catholique du XIXe siècle. ...

La requête d'avoir "des femmes dans le ministère apostolique" est dirigée elle aussi contre l'origine apostolique de l'Église, du moins quand on entend «ministère» au sens de sacrement de l'Ordre. Il convient de rappeler ici la Lettre apostolique du Pape Jean-Paul II en 1994, "Ordinatio Sacerdotalis", dans laquelle le pape souligne que l'Église n'a en aucune façon le droit de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette décision devrait être prise de manière définitive par tous les fidèles de l'Eglise". Ce qui s'applique à "tous les fidèles de l'Eglise", vaut certainement encore plus fortement pour les théologiens qui ont une "missio canonica".

Jetons un coup d'œil sur les autres demandes, sans être en mesure de donner ici une solution exhaustive. Certes, une "participation" de tous les fidèles à la vie de l'Église est importante , mais cette participation ne doit pas être confondue avec les formes politiques de la démocratie. Selon la succession apostolique, l'Eglise est conduite par le pape et les évêques. Dans l'Église primitive, les croyants ont pris aussi part à l'élection des évêques par leur témoignage et leur consentement: ces fidèles, cependant, étaient préparés par le témoignage des martyrs à l'époque des persécutions; ce n'est pas le cas aujourd'hui où environ 90 pour cent des catholiques allemands ne vont pas à la messe du dimanche et dépendent presque entièrement de l'influence dominante des médias qui, à une écrasante majorité, sont résolument hostiles à la foi catholique.

L'élection des évêques, de toutes façons, ne relevait pas de la décision du peuple, même dans l'Église primitive. Selon le pape Léon le Grand, l'évêque devait être élu par le clergé, à la demande de la population, et ordonné par les évêques de la province avec le consentement du métropolitain. Le principe juridique cité par la DM est issu du droit privé romain et a été interprété en 1958 par Yves Congar dans le sens de la réception dans l'Église, mais pas comme une démocratisation du magistère, ou du ministère de direction (conduite): “Quod omnes tangit, ab omnibus tractari et approbari debet”. Expliquer le consentement du peuple de Dieu comme "décision" ou comme base de "structures plus synodales", est le signe d'une idéologisation éloignée de l'histoire ecclésiastique.

Les assertions au sujet du problème des "mega-paroisses", mettent l'accent sur une réalité douloureuse. La solution de la difficulté ne réside pas dans l'évolution des structures de l'Eglise provenant du Christ, comme le sacerdoce ministériel réservé aux hommes et sa responsabilité particulière dans la conduite de la communauté. Pour bien organiser la vie de la communauté, il faut la prudence pastorale, et l'engagement de tous, pas de laïcisation dans la conduite de la communauté paroissiale.

La "liberté de conscience" proclamée par la DM sépare clairement la conscience du sujet de la vérité objective vers laquelle la conscience doit s'orienter. Cela n'a pas de sens d'appliquer la "liberté de conscience" pour approuver les couples homosexuels et l'adultère. Newman parlerait ici d'un prétendu "droit à l'entêtement" (voir "Lettre au duc de Norfolk").

La "miséricorde" dans la morale, mentionnés sous la rubrique de la "réconciliation" ne doit pas être détachée de la nécessité de respecter les commandements de Dieu: Dieu pardonne au pécheur sincèrement repentant, mais il fait aussi comprendre, comme Jésus contre l'adultère, "Va, et ne pèche plus" (Jn 8, 11).

La requête de la DM d'intégrer les "expériences et expressions de l'époque contemporaine" dans la liturgie a déjà sa place dans la pratique actuelle, par exemple dans la prière des fidèles et dans l'homélie. L'acceptation de "situations concrètes de vie" ne doit pas occulter l'importance de la liturgie comme glorification de Dieu, avec l'Eglise toute entière, laquelle prévoit des formes bien spécifiques pour l'expression commune.

Certes , il faut saluer le "dialogue" dans l'Église. Cependant, pour une discussion légitime parmi les catholiques, la condition préalable qu'elle se fasse dans la profession de la foi catholique doit être claire. Plusieurs points de la DM mettent en cause ce terrain d'entente. Les signataires de la DM peuvent-ils sincèrement présenter la «professio fidei» exigée comme condition préalable à l'enseignement au nom de l'Eglise dans les facultés de théologie? Les évêques responsables auront-ils le courage d'insister sur la divergence autour du caractère ecclésial de la théologie?

La prochaine visite du pape en Allemagne est une grande chance pour un renouveau dans la foi catholique. L'appel des 143 théologiens, cependant, rend triste: il n'offre aucune contribution pour se lancer vers un avenir plein d'espoir, mais plutôt une démolition qui met en danger le trésor de la foi de l'Eglise.

Enquête sur le "berlusconisme" Erik Peterson, l'anti-Küng