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Le curé de Lampedusa

Un témoignage très fort, article sur La Bussola (25/2/2011)

A entendre les grands medias, l'attitude des italiens dans la gestion des flux de réfugiés en provenance de Tunisie et de Lybie (voir ici blog.ilgiornale.it/foa/... ) est un triste exemple de l'égoïsme mesquin de ces européens recroquevillés sur "leurs peurs", qui refusent d'accueillir "l'autre", alors que (je l'ai entendu hier sur une station de radio, dans la bouche d'un professeur à Sciences po!!) le bon Barack, lui, serait disposé à être beaucoup plus généreux.
C'est sûr que c'est plus facile à Washington qu'à Lampedusa!

Lampedusa, justement. Il faut lire le magnifique témoignage du curé : les gens, là-bas, ont "l'accueil inscrit dans leur ADN", dit-il. Et ils n'ont de leçon de générosité à recevoir de personnes.
Article sur La Bussola.

Le curé de Lampedusa: "Ne nous laissez pas seuls"
Antonio Giuliano
25-02-2011
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Par une ironie du sort, Lampedusa vient de "lampas", les feux que les Phéniciens allumaient sur ses tours. Depuis près de vingt ans, en raison des flux migratoires, la situation est hautement inflammable dans cette petite île sicilienne plus proche de l'Afrique que de l'Italie. Carrefour de la Méditerranée déjà pour les phéniciens, les grecs, les romains et les arabes, Lampedusa est devenu ces dernières années synonyme de débarquement depuis la première vague de migrants africains en 1994.

Depuis des semaines, désormais, le climat est chaud avec l'arrivée des réfugiés après la chute du régime tunisien de Ben Ali. Et ce sont des jours de grande agitation, dans la crainte de nouveaux arrivants en provenance de Libye, nullement improbable puisque Kadhafi lui-même en a toujours revendiqué la compétence territoriale.
Mais Don Stefano Nastasi , 40 ans, curé de Lampedusa ne perd pas son calme: "Jusqu'à il y a quelques jours, il est arrivé 1 000 personnes par nuit. Sur l'île il y avait à peu près 5 000 Tunisiens, presque plus que les paroissiens qui sont à peine 6 000 (ndt: un détail qui se passe de commentaires!!). Il n'y avait pas de temps à perdre, et avec le vicaire, nous les avons hébergés dans les salles paroissiales. Nous avons alors demandé au ministère de rouvrir immédiatement le centre d'accueil pour demandeurs d'asile, qui a commencé à répartir les immigrés dans d'autres villes de la Sicile et du sud de l'Italie par des vols spéciaux. Là, nous avons respiré un peu. "

L'île reste malgré tout incandescente : "Le centre - explique Don Stefano - est désormais notre point de référence. Mais il est, et doit rester, un centre de premier accueil: ces deux dernières années, il a été vidé par la politique des "renvois" (respingementi) et le gouvernement a décidé de le fermer. Mais ici nous sommes confrontés à une nouvelle catastrophe: le centre peut accueillir 850 personnes non 5000 ... Lampedusa doit rester un transit pour les immigrants et non pas un lieu permanent d'accueil, sinon, le pays disjoncte"
Un appel qui ne peut pas tomber dans le vide: "Nous avons souvent le sentiment d'être isolés - admet Don Stefano - Il faudrait une plus grande collaboration entre les institutions, y compris européennes, pour une action rapide et efficace. Au niveau local, l'engagement est palpable, mais ici, les commissaires pour l'urgence et autres politiciens, nous ne les avons pas vus. Pendant ce temps, bien que les débarquements soient moindres, ils se poursuivent, et nous ne savons pas ce qui se passera avec la Libye. Mais nous continuons à faire notre part en accord avec le centre qui est géré désormais par une coopérative. "

Don Stefano n'est en fait pas du genre à se décourager, et tient à préciser: "Les Tunisiens ne sont pas comme les autres immigrants arrivés au cours des années précédentes. Ils ne viennent pas dans des conditions pénibles. Ce sont presque tous des hommes jeunes, généralement de 20 à 30 ans. Rappelons-nous toujours qu'ils ont été forcés de quitter leur pays. En général, ils ont perdu leur emploi après la chute du régime. Mais ne créons pas d'alarmes inutiles: il est déjà arrivé dans le passé que les médias exagérent et même parlent de Lampedusa, en montrant des réfugiés se déversant sur le rivage, mais c'était dans d'autres parties de la Sicile ... Il y a certainement une inquiètude: les immigrants se sont déversés en masse dans notre village et n'ayant pas été identifiés, ne connaissant pas leur passé, une certaine appréhension est compréhensible, et la peur du vol. En outre Lampedusa est un pays qui vit de la pêche et du tourisme: les gens ont peur d'un dommage irréparable à l'image. Mais notre communauté a l'accueil inscrit dans son ADN, elle sait être la passerelle vers l'Europe pour de nombreux désespérés: beaucoup ont ouvert leurs maisons et les secourus. "

Et autour du curé, chaque soir, un groupe de collaborateurs se rassemble pour faire le bilan de la situation, parmi lesquels Raymond Sferrazza. "Dans le passé - dit-il - les immigrants illégaux arrivés à Lampedusa, n'avaient vraiment rien. Nous les avons secourus en tout, et dans de nombreux cas, nous avons payé leur billet de retour. Les Tunisiens, au contraire, sont bien habillés, équipés d'un téléphone portable et ont un peu d'argent. Mais pour ceux qui ont frappé à notre porte, nous n'avons pas refusé un repas et toute autre aide. Ma femme et moi,avec nos deux enfants, ces jours derniers, nous avons accueilli trois enfants à déjeuner. Ils nous ont raconté qu'ils sont arrivés sur l'île en sautant sur des barques de plus en plus petites, et ont été abandonnés sur la dernière avec la certitude qu'ils débarqueraient bientôt. Mais au lieu de cela, après 15 heures de trajet en bateau, ils étaient encore à 3 heures de Lampedusa... Les problèmes ne manquent pas, mais ce qui l'emporte c'est le respect. Et maintenant, ils jouent de plus en plus souvent au football avec nos garçons .... "

Don Stefano lui-même est prêt à dribbler tous les obstacles: "Je suis originaire de Sicile. Quand il y a quatre ans, on m'a dit que j'allais à Lampedusa, j'ai accepté avec joie, pensant que ce serait un défi unique. Ici, c'est un laboratoire continuel, un microcosme exceptionnel, je n'ai pas le temps de penser à la fatigue. Et puis, c'est toujours le feu de l'Evangile qui t'empêche de t'arrêter. "

Le mythe de la Chine Jésus de Nazareth, tome II