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Anticipations de Jésus de Nazareth II

Des éloges bien encombrants. (6/3/2011... retour en pointillé)

-> Lire aussi: Le Pape, les juifs, et la Passion de Jésus

Capture d'écran Google, 5 mars

(clic!)


Mais posons-nous avant tout cette question : qui étaient précisément les accusateurs ? Qui a insisté pour que Jésus soit condamné à mort ? Dans les réponses des Évangiles, il y a des différences sur lesquelles nous devons réfléchir. Selon Jean, ce sont simplement les « Juifs ». Mais cette expression chez Jean – comme le lecteur moderne serait tenté de l’interpréter – n’indique en aucune manière le peuple d’Israël comme tel, et elle a encore moins un caractère « raciste ». (Benoît XVI)


Le second volume tant attendu de Jésus de Nazareth n'est pas encore sorti, mais déjà quelques passages ont été diffusés par la Salle de Presse du Vatican, et les medias se sont emparés avec avidité d'un paragraphe. Répétition presque à l'identique de l'épisode de novembre dernier, qui avait vu la publication en anticipation de quelques passages de Lumière du Monde, plus ou moins bien traduits, sur-interprétés, et surtout particulièrement "bien" choisis en raison de leur potentiel polémique, sur l'utilisation du préservatif. Les commentaires élogieux sur une prétendue "ouverture" du Saint-Père avaient servi de lancement à une nouvelle politique des medias envers lui. Au lieu de le démolire (le succès de l'opération ayant été mitigé), l'encenser pour de fausses raisons, accréditant ainsi l'idée d'un "tournant" du pontificat.
Ne m'étant ces jours-ci connectée qu'épisodiquement au réseau, j'ai suivi les choses de loin - et c'est sans doute tant mieux...
La première chose qui saute aux yeux, c'est l'extraordinaire importance qui est attribuée à la parole de la papauté en général, et de Benoît XVI en particulier. C'est une superbe nouvelle, dont il faut se réjouir sans réserve.
Le deuxième point, c'est que les journalistes qui se sont précipités chez des rabbins et d'autres représentants éminents de la Communauté juive (car bien entendu, la réaction de ces derniers n'était pas spontanée, ils ne sont sans doute pour rien dans la diffusion de la rumeur) ont pensé agiter un chiffon rouge devant un taureau (le taureau étant en l'occurence les catholiques conservateurs, et plus spécialement les traditionalistes, censés être viscéralement antisémites). Je constate que l'Osservatore Romano et l'Avvenire n'ont pas fait exception.
Il faut dire que dès la publication des extraits, l'ambassade d'Israël auprès du Saint-Siège avait émis un communiqué, publié par l'Agence SIR, soulignant que les paroles du Pape étaient «cohérentes avec la politique officielle de l'Eglise depuis la Déclaration Nostra Aetate de 1965. C'est aussi une confirmation de la position bien connue du Pape en faveur du peuple juif et de l'État d'Israël".

L'article ci-dessous n'apporte rien de nouveau, à mes lecteurs qui en savent peut-être plus que moi, mais il me paraît un bon résumé du message que les medias veulent, ou voudront, dans une semaine, faire passer auprès du public (le Suisse romain appelle cela, en langage technique, un "frame", lire son excellent commentaire ici ) :

(article sur L'Alsace, 5 mars)



Pourquoi pas? Oui, pour une fois (en réalité la deuxième, donc) que tout ces gens ne parlent pas du Pape pour l'éreinter, pourquoi faire la fine bouche?

Les précisions érudites d'Yves Daoudal (reprises sur le blog italien "cliccatissimo", dixit Andrea Tornielli, de mon amie Raffaella) apportent une première réponse à la question légitime: quelle sont les intentions des auteurs de cette médiatisation disproportionnée?

L’expression « peuple déicide » pour désigner le peuple juif ne se trouve dans aucun texte du magistère, ni dans aucun texte des pères de l’Eglise. Le mot “theoktonoi” (jamais précédé du mot peuple) se trouve 17 fois dans l'immense corpus patristique (autant dire quasiment jamais). En outre, le dictionnaire Bailly ne le traduit pas par “déicide”, mais par : “qui fait mourir Dieu”, montrant ainsi qu'il faut se méfier des anachronismes et des préjugés. On trouve “deicida“, en latin, dans un seul texte, de saint Pierre Chrysologue, traduisant un “théoktonoi” de saint Grégoire de Nazianze. Il s'agit, là comme dans la plupart des autres rares cas, d'un texte contre les hérétiques. Ce sont en effet les juifs “modernes“ qui ont inventé cette histoire contre les chrétiens, et elle a été naturellement reprise par tous les ennemis de l’Eglise.

Attendons de toutes façons de voir le texte intégral (c'est le moins!!); mais quoi qu'ait écrit le Saint-Père, il y a une chose dont on peut être certain, c'est qu'il s'agit d'une profonde conviction personnelle de sa part, étayée de ses immenses connaissances historiques et théologiques; et une autre, c'est qu'il ne dit sans doute rien de nouveau par rapport à l'enseignement traditionnel de l'Eglise.
Pour le moment, donnons la parole à des membres de la communauté juive italienne, interviewés par Il Corriere della Sera. Ces personnalités ont déjà été évoquées à l'occasion de la visite du Pape à la grande Synagogue de Rome, en janvier 2010: à l'époque, leur accueil était... comment dire... pas vraiment enthousiaste.
Leurs propos sont très éclairants.


Le Jésus du Pape plaît aux juifs
Gian Guido Vecchi,
Il Corriere della Sera, 4 mars 2011
(Source: http://www.finesettimana.org/ , site de revue de presse en italien)
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Renzo Gattegna, président des juifs italiens, le situe, sur le plan institutionnel, comme le signe d'un dialogue "nécessaire": "Nous apprenons que dans un chapitre du dernier livre de Benoît XVI, il est répété avec force le caractère sans fondement des accusations de déicide, qui pendant des siècles a été utilisé pour répandre la haine envers les juifs, et a rendu problématiques les rapports entre juifs et chrétiens. Et nous constatons avec joie que se poursuit le processus de réconciliation commencé en 1965 avec la déclaration Nostra aetate".
Riccardo di Segni, le grand rabbin de Rome, qui le 17 janvier de l'année passée a accueili Benoît XVI à la Synagogue, parle plutôt sur le ton du savant: "A la vérité, je suis étonné par le battage, étant donné que du point de vue théologique et exégétique, ces choses ont été affirmées solennellement il y a 46 ans, et devraient être évidentes, et pas seulement pour les spécialistes. Malgré tout, le Pape les a dites, et nous sommes contents. Comme disent les anglais, "no news, good news". Mais à chaque fois, nous devons remercier (ndt: je ne voudrais pas commettre un contre-sens, à partir de la tournure en italien, qui peut prêter à confusion: Pero, non è che ogni volta dobbiamo ringraziare), après avoir pâti pendant 2000 ans d'une monstruosité théologique..."

Il est certain que les paroles de Joseph Ratzinger, dans la deuxième partie de Jésus de Nazareth, on fait hier le tour du monde.
"La réalité historique - a-t-il dit - est celle des évangiles de Marc et Jean; ceux qui réclamèrent la mort de Jésus, ce n'est pas "tout le peuple" comme le dit Matthieu, mais les partisans de Barabas, désignés par le mot grec "oklos" (la foule des soutiens, accourue) et l'"aristocratie du temple", sans aucun caractère "raciste", et du reste, Jésus était juif, comme tous ses disciples, et la communauté primitive toute entière".
L'essentiel, certes, était déjà écrit dans Nostra Aetate: "Si des autorités juives, avec leurs propres adeptes, sont impliquées dans la mort du Christ, toutefois, ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé, ni indistinctement, à tous les juifs vivants alors, ni aux juifs de notre époque".
Mais l'exégèse du Pape a approfondi, en la démontant, la genèse de cette accusation, et de ses conséquences "fatales".
Et Renzo Gattegna sourit: "Une phase positive, qui a déjà produit des résultats importants, se poursuit, il est indispensable de continuer ainsi, pour un futur de dialogue, de compréhension, et de paix (ndt: M. Gattegna fait semblant d'ignorer qu'aujourd'hui, ce ne sont pas les chrétiens qui font courir des risques à la paix!!).
Le président de l'Union des communautés hébraïques italiennes rappelle ce qu'il avait déjà écrit le 10 novembre sur l'Osservatore Romano (1) "en témoignage de l'attention à toutes les actions et les déclarations concernant les relations interreligieuses" et répète la "requête" formulée au quotidien du Saint-Siège: "pour arriver à situer pleinement nos relations sur la base de l'égale dignité et du respect réciproque, nous souhaitons que l'Eglise catholique accepte d'éliminer totalement de la liturgie du Vendredi de la Pâque toute allusion à la conversion des juifs". L'allusion est au texte en latin: le Saint-Siège a toujours répliqué qu'il ne s'agit pas de travailler à la conversion, et le fait de prier pour que les juifs "reconnaissent Jésus", exprime, comme Saint Paul "une espérance eschatologique qui se réfère à la fin des temps". Quoi qu'il en soit, affirme Gattegna, les phrases du Pape "font aussi espérer que quelque avancée ultérieure pourra être accomplie dans un parcours qui devra se poursuivre dans le temps, mais qui a déjà permis d'atteindre des objectifs notables".
Tout va bien, en somme. Le Rabbin Elia Richetti, président de l'Asemmblée rabbinique italienne, explique: "Ce n'est pas en soi une nouveauté, mais il est important que le Pape l'ait à nouveau réaffirmé".
Toutefois, il n'est pas question de remercier, soupire Di Segni (ndt: qui demande rien de tel?): "Voyez-vous, nous avons pâti pendant deux mille ans de deuil et de souffrances, à cause de ces paroles de Matthieu: "Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants". Une monstruosité théologique, une aberration lourde de deuil et d'horreurs: il n'y a pas lieu de remercier parce qu'elle n'est plus".
Le rabbin apprécie les réflexions de Ratzinger: "dans ces pages, il y a tout son style de professeur cultivé, de divulgateur passionné".
Ce qui l'"indigne", ce sont certaines réactions: "il serait inquiètant qu'il faille encore ces mots du pape, ce livre du Pape, pour ôter certaines idées de la tête des gens...". Et s'il le fallait? "Je ne sais pas. Certes, si l'on pense à la façon dont apparaissent les 'juifs' dans certaines représentations populaires de la passion, ou à l'ignorance religieuse répandue... Disons que le livre du Pape, de ce point de vue, sûrement, n'est pas inutile".

J'hésite à remercier le Rabbin Di Segni pour son appréciation du travail "pas inutile" (!!) du Pape Benoît XVI. Ou plutôt, on me permettra d'apprécier modérément la désinvolture condescendante du ton...

Note

(1) Le blog italien messainlatino publie un argumentaire signé d'un prêtre, Don Alfredo Morselli, sous le titre Benoît XVI et les responsables de la mort de Jésus, dans lequel ce dernier affirme que Benoît XVI a repris - ni plus, ni moins - la doctrine traditionnelle"....

L'article s'appuie sur des textes de Saint-Augustin et de Saint-Thomas qui pourraient être des apocryphes - pour ce que j'ai compris. Je ne le reproduis pas ici, ne souhaitant pas susciter une polémique qui me dépasse.

Toutefois, je pense pouvoir citer ce paragraphe:
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Aujourd'hui, le modernisme fait croire à la théorie des deux voies parallèles de salut, pour les Juifs et les chrétiens (selon laquelle les Juifs n'auraient pas besoin de Jésus-Christ), et va de pair avec les revendications de certains dirigeants juifs, comme par exemple Renzo Gattegna, président de l'Union des communautés juives italiennes, qui a été exprimé en ces termes:
"Afin de poursuivre les initiatives dédiées à la compréhension mutuelle et à l'amitié, un geste utile, nécessaire et certainement apprécié serait une déclaration ouverte de renoncement de la part de l'Eglise à toute manifestation d'intention adressée à la conversion des Juifs , avec la suppression de cet espoir, dans la liturgie du Vendredi qui précède la Pâque. Ce serait un signal fort et significatif de l'acceptation d'un rapport basé sur une égale dignité". ("Un avenir d'amitié," Osservatore Romano, 10 novembre 2010, p. 5;
article publié sans aucun commentaire de désapprobation).

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