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18 mars, une date historique


La Cour européenne des droits de l'homme a jugé en appel que les crucifix pouvaient rester dans les écoles italiennes. Retour en arrière, et le point de vue de Massimo Introvigne. (22/3/2011)

Recevant le corps diplomatique pour la traditionnelle cérémonie des voeux, le 10 janvier dernier, le Saint-Père s'exprimait en ces termes (voeux au corps dilomatique, 10 janvier 2011: Sous le signe de la liberté religieuse):

L’année dernière, certains pays européens se sont associés au recours du Gouvernement italien dans la cause bien connue concernant l’exposition du crucifix dans les lieux publics. Je désire exprimer ma gratitude aux Autorités de ces nations, ainsi qu’à tous ceux qui se sont engagés dans ce sens, Episcopats, Organisations et associations civiles ou religieuses, en particulier le Patriarcat de Moscou et les autres représentants de la hiérarchie orthodoxe, ainsi qu’à toutes les personnes - croyants mais aussi non-croyants - qui ont tenu à manifester leur attachement à ce symbole porteur de valeurs universelles .

Dépêche de l'AFP


18 mars 2011
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L'Italie n'aura pas à décrocher les crucifix des murs de ses écoles publiques car ces symboles religieux n'ont pas d'influence sur les élèves, a jugé vendredi la Cour européenne des droits de l'Homme, infirmant ainsi une précédente décision. L'arrêt définitif de la CEDH a aussitôt été salué par le gouvernement italien, pour qui le crucifix est un symbole culturel plutôt que religieux. Il avait reçu le soutien de plusieurs pays du continent européen qui n'ont pas rompu avec les symboles religieux, souvent par tradition et qui s'inquiétaient d'une éventuelle jurisprudence stipulant leur retrait.

La déclaration du Père Lombardi


(VIS 21 mars)
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"Le Saint-Siège accueille avec satisfaction la sentence rendue par la Cour européenne des Droits de l'homme relative à l'exposition obligatoire du crucifix dans les salles de classe publiques italiennes. La décision prise par la Grande Chambre à la suite d'un réexamen de la question est historique dans la mesure où elle renverse une première sentence unanime, contre laquelle l'Italie avait fait appel avec l'appui d'un nombre d'états membres jamais atteint et l'adhésion d'ONG exprimant un vaste sentiment populaire".
"Il est donc reconnu...que la culture des Droits de l'homme ne saurait être opposée aux fondements religieux de la civilisation européenne, à laquelle le christianisme a offert une contribution essentielle. En outre, selon le principe de subsidiarité, il est légitime que chaque pays évalue la valeur des symboles religieux de sa propre identité comme les conditions de leur exposition, ainsi que certaines cours suprêmes nationales viennent de le confirmer. En cas inverse, le principe de liberté religieuse aurait paradoxalement servi à limiter voire nier cette liberté, allant jusqu'à exclure tout symbole religieux des lieux publics. On aurait ainsi violé cette liberté en repoussant sa légitime identité symbolique. La cour dit que l'exposition du crucifix ne constitue pas un outil d'endoctrinement mais l'expression d'une identité culturelle et religieuse des pays de tradition chrétienne. La sentence rendue par la Grande Chambre est également bienvenue dans la mesure où elle contribue au rétablissement de la confiance en la Cour européenne des Droits de l'homme chez bonne part des citoyens européens, convaincus du rôle déterminant des valeurs chrétiennes dans leur histoire, dans la construction de l'unité de l'Europe, de sa culture, de ses droits et libertés".

Retour en arrière


Novembre 2009 (voir ici: http://benoit-et-moi.fr/2009/... )
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La Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Italie pour « violation de l'article 2 du Protocole n° 1 conjointement avec l'article 9 de la Convention » européenne des droits de l'homme, en raison de la présence de crucifix dans les salles de classe, et elle « alloue 5.000 euros (EUR) à la requérante pour dommage moral ».
La requérante était une femme d'origine finlandaise qui avait porté plainte en 2002 parce qu'il y avait des crucifix dans les salles de classe de ses enfants .



Plusieurs articles sur ce site:



L'Analyse de Massimo Introvigne

Crucifix, Strasbourg donne raison à l'Italie
Massimo Introvigne (La Bussola)
18-03-2011
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La nouvelle qui vient de Strasbourg, où la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'homme a décidé en appel et par une sentence définitive que la présence de crucifix dans les salles de classe italienne ne viole pas la liberté religieuse des non-chrétiens et des athées fait du 18 Mars 2011 un grand jour pour la liberté de religion.

C'est la première fois qu'une décision en première instance prise à l'unanimité (sept juges à zéro) est renversée en appel par la Grande Chambre de la Cour européenne, ce qui montre que la Cour a compris le risque inhérent à la précédente décision du 3 Novembre 2009, qui renversait la jurisprudence antérieure de la même cour européenne, avec des arguments idéologiques et fumeux.
On doit être reconnaissant à l'actuel gouvernement italien - publiquement remercié par le pape à plusieurs reprises, y compris lors de l'important discours du 10 Janvier 2011, au Corps diplomatique (ndt: cf. ci-dessus) - d'avoir poursuivi le recours avec obstination, et les gouvernements d'Arménie, Bulgarie, Chypre, Russie, Grèce, Lituanie, Malte, Monaco, Roumanie et la République de Saint Marin pour avoir voulu ajouter leur nom à celui de l'Italie dans la procédure d'appel.

A l'inverse, brillent naturellement par leur absence tous les autres pays européens: on n'est pas surpris par l'Espagne de Zapatero, un peu plus par l'Allemagne et la France, pourtant sur d'autres questions plus sensibles aux droits des chrétiens. L'histoire judiciaire de la cause, inclut notamment le fait qu'à la décision de première instance, a participé le juge italien Vladimiro Zagrebelsky (1) - champion connu laïcisme le plus idéologique - dont le mandat à la Cour européenne a pris fin, heureusement pour les supporters de la croix, en Janvier 2010

L'étude des motifs de la sentence , déjà disponible en français, est très instructive. Il est vrai que la sentence de la Grande Chambre a été atteinte à une large majorité - quinze juges contre deux - mais au sein de la majorité, des opinions différentes ont été exprimées. Cela vaut la peine de lire les motivations de ceux qui ont voté contre: le juge suisse, Giorgio Malinverni, et la bulgare Zdravka Kalaydjieva. Leur texte, écrit par Malinverni, réaffirme l'argument laïciste selon lequel le crucifix dans les écoles a un effet «incomparable» sur les étudiants et impose avec une sorte de violence la religion "à de jeunes esprits qui manquent encore de capacité critique" grâce à " la force coercitive de l'État. " Ce laïcisme extrême, heureusement, est resté tout à fait minoritaire dans la Grande Salle.

La majorité des juges ont pris une attitude de bon sens, mais qui, par certains aspects, pourrait être qualifiée de minimaliste. Après avoir rappelé que, dans l'Europe élargie de la Cour de justice - qui, rappelons-le, n'est pas liée à l'Union européenne et est une émanation de tous les pays situés géographiquement en Europe et pas seulement ceux de l'UE -, seuls trois États interdisent la présence de crucifix dans les écoles publiques - la Macédoine, la Géorgie et la France (à l'exception de l'Alsace et de la Moselle, qui, après la Première Guerre mondiale ont un statut spécial) - la Grande Chambre n'a pas cultivé l'argument "culturel", ni n'a suivi, peut-être à juste titre, l'argument de ceux qui prétendaient que le crucifix devait être maintenu dans les écoles parce qu'il s'agit d'un symbole culturel et national plutôt que religieux.

La Grande Chambre a considéré avant tout le crucifix comme un symbole religieux - tout en admettant qu'en Italie, il peut avoir assumer des significations secondaires de nature culturelle - mais elle l'a défini comme un "symbole passif". N'étant pas accompagné dans les salles de classe italiennes d'un endoctrinement religieux obligatoire - la Cour a statué à plusieurs reprises qu'un enseignement religieux non obligatoire de la religion ne viole pas la liberté des minorités - ou par des prières obligatoires également dans la salle de classe, le crucifix n'a pas ces effets de prosélytisme par rapport aux non-catholiques dénoncé par la requérante, Mme Soile Lautsi, et les deux juges dissidents de la Grande Chambre.

La sentence note également que le crucifix est exposé dans un contexte comme celui de l'Italie où la liberté religieuse des minorités est garantie, et où - l'exemple est explicitement souligné - personne n'interdit aux élèves musulmanses de venir à l'école avec un voile (qui ne couvre que la tête et, est naturellement différent de la burqa). En substance, il s'agit selon la Grande Chambre de matières où il appartient à chaque Etat de réglementer comme ils l'entendent.

Ce n'est probablement que sur un argument comme celui-ci - juridiquement irréprochable, mais culturellement faible - qu'on pouvait obtenir l'ample majorité qui a conduit à la victoire historique. Trois juges ont toutefois voulu ajouter leur opinion personnelle, favorable au dispositif , mais complémentaires dans les motivations. Le juge irlandais Ann Power, et le grec Christos Rozakis ont introduit l'élément culturel de la signification identitaire du crucifix dans l'histoire de l'Italie et de l'Europe, mais si c'était avec une grande prudence.

Exemplaire est la motivation du juge maltais Giovanni Bonello, lequel définit l'aversion pour le crucifix comme "une forme d'Alzheimer historique," attaque "l'intolérance des athées et des agnostiques" et écrit sans prendre de gants que'"une Cour européenne ne peut envoyer à la ruine des siècles de tradition européenne". Bonello a également souligné comment la même Cour qui avait interdit le crucifix avait non seulement permis, mais déclaré obligatoire, contre une interdiction que le gouvernement turc avait tenté d'imposer, la propagation auprès des jeunes et dans les écoles du roman de Guillaume Apollinaire "Les onze mille vierges", une œuvre littéraire certes d'un lettré notoire, mais louant "le sadisme et la pédophilie". "Il aurait été très étrange, selon moi - a conclu Bonello - que la Cour ait défendu cet amas assez médiocre d'obscénité nauséabonde, qui a longtemps circulé sous le manteau, en s'appuyant sur une affiliation vague au 'patrimoine européen', et en même temps, ait nié la valeur de patrimoine européen à un emblème que des millions d'Européens ont reconnu au long de nombreux siècles comme symbole intemporel de la rédemption à travers l'amour universel".

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(1) Sandro Magister (cf. http://benoit-et-moi.fr/2009/...) écrivait:
Les juges étaient sept. Parmi eux se trouvait un Italien, Vladimiro Zagrebelski, le frère aîné de Gustavo, un ancien membre de la Cour constitutionnelle, grand commentateur de "la Repubblica " et prophète de l'activisme-laïc.

Le Pape et les ouvriers Benoît XVI est catholique...