Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

A table avec Vittorio Messori (4)

Cette semaine, la Lybie, le réchauffement de la planète, une initiative d'inspiration totalitaire d'une ministre zapatérienne... et le succès du livre du Pape. (2/4/2004)

Texte ici: http://www.labussolaquotidiana.it/i..

Traduction partielle.

[Aujourd'hui, Andrea Tornielli et Vittorio Messori (1) commencent leur conversation hebdomadaire par la Lybie.
Après avoir remarqué (et expliqué par l'histoire) avec une amertume légèrement teintée de sarcasme, que les italiens ont été évincés "du club de ceux qui décident du sort de la Lybie", ils s'interrogent sur l'avenir du conflit]:
....

AT: Revenons sur la situation en Libye. Quel avenir se prépare, selon toi, là-bas?
VM: Mais les très coûteux et très inutiles services secrets, les groupes de réflexion d'experts, les politiciens consommés ne savent même pas sur quel pied danser (non sanno che pesci pigliare)! Il est évident, comme on l'a vu lors des réunions de cette semaine, que le sort du pays est décidé sans le peuple libyen: ce sont les puissances occidentales qui décident. Ou qui, au moins, voudraient le faire: nous savons bien comment finissent de tels plans. Comme toujours, la réalité sur le terrain n'aura que faire des plans établis autour d'une table.
Grâce à la connaissance directe de personnes qui ont travaillé pendant des années en Libye, je peux attester que c'était l'état d'Afrique du Nord dont personne ne voulait fuir: il y avait un revenu par habitant qui était plus du double de celui des tunisiens et des égyptiens. Non seulement les Libyens ne fuyaient pas (et pourtant les frontières étaient ouvertes), mais une grande masse de maghrébins et d'égyptiens venaient y chercher travail et pain. Kadhafi, entre autres, achevait une œuvre monumentale pour atteindre la mer d'eau douce qui se trouve sous le Sahara et qui aurait transformé des régions entières du pays en jardins. Aujourd'hui, on en est venu à croire l'axiome, inventé par Sarkozy, que le peuple libyen tout entier était en révolte contre Kadhafi, contre le tyran. Il ne s'agit pas de défendre le Rais, mais de constater qu'il n'est pas vrai que le peuple gémissait sur son autocratie. Tout le monde, en particulier en Afrique, ne brûle pas d'envie de voter périodiquement et librement, si les conditions de vie sont bonnes et ne cessent de s'améliorer!

- Et comment expliques-tu la joie des citoyens enfin libéré de Kadhafi à Benghazi?
- En réalité, au moins à la télévision, on n'a vu aucun «peuple», mais seulement quatre chats qui parcouraient les dunes dans des fourgonnettes de touristes, et qui ont tiré en l'air, jouant un rôle devant la caméra ou posant devant des chars éventrés, certainement pas par eux, mais par les avions de la coalition occidentale. Dans tous les cas, il conviendrait de connaître un peu l'histoire et la géographie. Et rappeler que la Libye en tant que telle est un pays qui n'existe pas, une invention des Italiens au moment de la "Belle Epoque" (ndt: en français dans le texte). Sous la domination ottomane, il y avait la Tripolitaine - avec Tripoli pour capitale - et la Cyrénaïque - avec la capitale à Benghazi. Ce sont les italiens qui les ont réunies de force, exhumant l'ancien nom par lequel les Romains définissaient toute l'Afrique du Nord, un nom qui rappelle certains savants de l'antiquité. Il y a une haine mutuelle millénaire entre les tribus Cyrénaïques et celles Tripolitaines. N'agissons pas ici, en répétant les mêmes erreurs qu'en Afghanistan: dans ces régions, il y a une démocratie qui n'a rien à voir avec celle du modèle anglo-saxon, c'est la démocratie des chefs tribaux. La lutte héroïque de Benghazi contre le dictateur n'est rien de plus que la haine tribale de toujours que Kadhafi avait comprimée et qui aujourd'hui peut encore exploser. Tout cela n'a rien à voir avec les nobles, politiquement corrects, sentiments «démocratiques» et «libéraux» affabulés par les politiques euro-américains et certains éditorialistes qui les soutiennent.

* * * *
[La question suivante tourne autour du prétendu "réchauffement climatique", dont on peut imaginer que Vittorio Messori est un témoin plus que distancié, qui n'est pas dupe des motivations de ceux qui sont derrière. Comme il n'est pas un scientifique, et ne revendique aucune compétence particulière, sinon celle du bon sens, comme par ailleurs je ne suis pas obsédée par cette question, je ne traduis pas ce passage... qui s'ouvre sur la description réjouissante d'une vignette humoristique parue sur le NYT, journal pourtant écologiquement correctissime, dit-il. On y voit une famille américaine - papa, maman, et les deux enfants - agenouillés dans la neige (l'hiver, aux Etats-Unis a été particulièrement froid!) et priant: "Seigneur, accorde nous un peu de réchauffement global".
Par ailleurs, Vittorio Messori déplore que certains catholiques, et même des hommes d"Eglise, se laissent piéger par l'idéologie "profondément anti-chrétienne" de l'environnementalisme, pour laquelle la seule espèce non protégée est l'homme.

Et nous en arrivons aux deux derniers paragraphes.]

- Puis-je te demander quelle est à ton avis la nouvelle la plus désagréable de la semaine qui vient de s'achever?
- C'est une histoire qui vient d'Espagne, la dernière trouvaille de Zapatero: sa ministre de l'Éducation a proposé que, dans les écoles espagnoles, les élèvese mettent un uniforme, de l'école primaire jusqu'à l'équivalent de notre baccalauréat. Le même pour tous, dans toutes les écoles publiques en Espagne. Une chose que même les prêtres ne font plus (et ici il faut dire: malheureusement) et pas même les militaires, qui, leur service fini, se mettent en civil. Cela peut paraître une idée bizarre, drôle même, quelque conservateur pourrait y voir un retour au bon vieux temps. Au contraire, c'est un projet grave et inquiétant. Pour plusieurs raisons que je vais essayer d'expliquer. La première est la démagogie, qui ne se cache pas, mais qui revendique, la démagogie d'une société sans classes, où les riches ne doivent pas étaler de luxe et s'habiller de façon identique à ceux qui ont moins de moyen. L'éternel mythe de l'égalitarisme. C'est la démagogie vétéro-marxiste, c'est la veste de Mao, qui impose à tous les Chinois de se vêtir de la même façon. Initiative typique des régimes totalitaires.
La deuxième raison qui m'a inquieté, c'est qu'il s'agit d'une autre manifestation de la plus dangereuse des réalités, celle de l'Etat éthique, du Gouvernement de la Morale qui veut imposer la vertu à ses sujets. J'ai lu les paroles de la ministre zapatérienne: elle a déclaré qu'il était temps d'en finir avec les jeunes qui perdent leur temps à faire du shopping, et dépensent trop d'argent pour les vêtements. C'est l'Etat éthique, qui te dit comment vivre. Celui qui veut que j'arrête de fumer, qui m'oblige à porter un casque en moto, à boucler ma ceinture de sécurité en voiture, à porter une veste fluorescente en vélo, à manger moins pour lutter contre l'obésité, qui contrôle non seulement les calories mais aussi le cholestérol, l'Etat qui t'enlève le verre de vin à table, et la grappa après repas, mettant des limites d'alcool absurdes et punitives pour la conduite. Qu'au moins il n'ait pas la prétention de me mettre en uniforme! ... Qu'au moins il reste à distance de ma garde-robe, le Gouvernement des Vertus, le Ministre attentionné qui prend soin de ma vie, le Parlement qui vote sur la façon d'améliorer la santé non seulement physique mais aussi éthique de ma vie.

- Et la nouvelles qui t'a le plus réjoui?
- Voir que dans de nombreux pays, le nouveau livre du Pape sur Jésus se tient fermement aux premières places dans le classement des best-sellers que je suis sur Internet. Même dans les pays sécularisés comme la France ou l'Allemagne. Ce qui me réconforte. Bien sûr, je sais le taux de vente taux ne coïncide pas toujours avec le taux de lecture réelle. Mais même s'il est beaucoup acheté et peu lu, désirer avoir ces pages à la maison reste un signe d'intérêt - en dépit de tout - pour Celui sur qui notre foi est fondée (2).

Notes

(1) Pour ceux de mes lecteurs qui comprennent l'italien, et qui captent la RAI, il y aura demain matin sur RAI 1 à 10h30 un numéro spécial de l'émission catholique dominicale A sua immagine, avec Vittorio Messori, intitulée Lo stile di Benedetto.
(Source)



(2) Depuis un mois, j'ai vu passer de nombreux classements sur Internet, je n'ai pas gardé les références, mais tous s'accordaient à dire que le livre du Pape marchait très fort.
En France, il n'a bénéficié d'aucune publicité, d'aucune émission télé de support, d'aucun gros titre, juste après sa sortie, il était difficile à trouver dans les "grandes surfaces culturelles" (qu'on n'ose plus appeler librairies) alors que le prétendu "essai" de 20 pages de Stéphane Hessel, précédé d'un énorme battage médiatique, a caracolé pendant des semaines en tête de tous les hit-parades, "brouillant" également la sortie de "Lumière du Monde". Eh bien, malgré tout cela, la semaine dernière, il était au troisième rang des meilleurs ventes d'essais au point "Relay" proche de chez moi. Je n'ai malheureusement fait de photos qu'hier, où il était descendu à la 8ème place, ce qui, dans ce contexte, reste un très bon score.

Pour voir les autres titres classés: Clic!
(1er avril 2011)

Lampedusa: que faire? Le Madrid de "There be dragons"