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Aujourd'hui l'Espagne, demain la France?

J'ai juste changé le dernier mot de cet article de Massimo Introvigne (sur l'Espagne de Zapatero), qui parlait de son côté de l'Italie (11/4/2011).

"
Comment oublier que lorsque Ségolène Royale s'est présentée aux élections présidentielles de 2007, les medias français avaient complaisamment "préparé" sa candidature auprès de l'opinion, en la présentant sympathiquement comme la "Zapatera" française. "

Sur ce sujet, voir aussi:


Le récit de Massimo Introvigne rejoint celui de George Weigel, et d'autres analyses, issues de blogs catholiques espagnols, que nous avons eu la chance de lire grâce à la vigilance de Carlotta. Sans parler de cet article de Nicolas Bonnal, lu sur Liberté Politique (merci à Belgicatho): Zapatero et le désastre espagnol .
Il nous rappelle à quelles circonstances dramatiques et incroyables le petit politicien espagnol doit le pouvoir (les attentats de Madrid, le 11 mars 2004). Comment, sa faillite économique étant totale (il a "choisi" de ne pas se réprésenter aux prochaines éléctions, pour ne pas devoir affronter la raclée (sic!) qu'il mérite), il essaie, un peu comme Obama (cf. Obama, et le débat de société ), de se dédouaner auprès de son électorat par un laïcisme aussi hypocrite que forcené.
Et voici la conclusion:
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L’homme, assez proche politiquement et moralement d’Obama, a aussi déclenché une guerre anticatholique dans son pays. Cette guerre a été ordonnée et planifiée. On verra si l’Espagne s’en sortira à terme.
(..)
On voit en tout cas
la ruine et la tiers-mondisation de ville entières, de quartiers pourtant promus patrimoines de l’humanité. Les grandes églises de Séville et de Grenade sont toutes à l’abandon. Tout est recouvert de graffiti comme dans une banlieue française ; les étrangers s’en vont, et les centres-villes sont de plus en plus morts, comme souvent dans une indifférence et une résignation générales.
(..)
Voilà pour le bilan du « socialisme libertaire » en Espagne.
Espérons qu’en 2012 en France…


L'article de Massimo Introvigne complète cette sombre analyse, apportant le témoignage d'une espagnole, que je suppose catholique, professeur à la Faculté de droit de l'Université de Salamanque.

Aujourd'hui en Espagne, demain en Italie?
Massimo Introvigne, la Bussola
18-03-2011
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Benoît XVI a conclu son message du 16 Mars au président Napolitano (ndt: à l'occasion du 150e anniversaire de l'unité italienne, texte ici) rappelant qu'à l'Eglise, "l'Etat italien a offert et continue d'offrir une précieuse collaboration, dont le Saint-Siège bénéficie et dont il est consciemment reconnaissant".
Cette déclaration n'est pas évidente, parce qu'il nen est partout ainsi.

C'est ce que nous rappelle un exposé de Madame Lourdes Ruano Espina, professeur à la Faculté de droit historique de l'Université de Salamanque, que j'ai moi-même eu le plaisir de présenter lors du séminaire sur le thème "Intolérance et discrimination contre les chrétiens en Europe" qui s'est tenu le 16 mars au Parlement européen à Bruxelles.
Le bel exposé du professeur Ruano Espina a fait du bruit, et a eu un certain écho dans la presse italienne.

La Constitution espagnole , selon le professeur de Salamanque, prévoit un système de "laïcité positive" non hostile à la liberté religieuse. Il inclut une "neutralité" en matière de religion différente du "séparatisme strict" à la française. Le gouvernement Zapatero, cependant, cherche à "ré-interpréter la Constitution de manière restrictive, poursuivant l'établissement d'un système de type laïciste, totalement relativiste, qui cherche à reléguer le phénomène de la religion à la sphère purement privée". De plus, Zapatero poursuit cet objectif de manière rampante, sans proposer un amendement à la Constitution que ne lui permettrait pas sa représentation (numérique) au parlement.

Madame Ruano Espina a montré comment, agissant en accord avec le gouvernement et trouvant un appui dans une partie du pouvoir judiciaire, ce sont des lobbies anti-catholiques privés qui entreprennent des procès permettant alors à Zapatero de faire valoir qu'il existe demande de laïcité diffuse dans le pays. Par exemple, au Pays basque, une Association anticléricale, Alternatiba, a demandé l'établissement d'un inventaire des œuvres d'art à contenu religieux exposés dans les lieux publics, alléguant de la violation du principe de laïcité, dans le but d'en évaluer l'enlèvement, à commencer par le tableau de Saint Ignace de Loyola (1491-1556), depuis toujours la bête noire des partisans de la laïcité, exposé à Saint Sébastien dans le Palais Floral, et oeuvre de Elías Salaberria Foral (1883-1952). Ailleurs, des actions juridiques sont en cours pour enlever la statue du Sacré-Cœur à Monteagudo, et la Croix sur la Sierra de Orihuela, et pour l'élimination dans les actes des avocats du barreau de Séville de toute mention de l'Immaculée Conception, leur sainte patronne. Le tribunal administratif de Murcie a décidé au contraire que la messe annuelle célébrée par l'Ordre local, à la mémoire des avocats morts dans l'année, ne viole pas le principe de laïcité, mais c'est une victoire précaire et l'opposition des avocats pro-Zapatero continue .

D'autres groupes passent à l'action violente. En Novembre 2010, dans un épisode qui rappelle celui de l'Université La Sapienza à Rome en 2008 où le Pape a été empêché de s'exprimer, un groupe d'enseignants et d'étudiants à l'Université Autonome de Madrid a menacé de manifestations, lors d'une visite du cardinal Antonio María Rouco Varela, archevêque de Madrid et président de la Conférence épiscopale espagnole. Comme le gouvernement Prodi l'avait fait avec le pape, le gouvernement Zapatero a aussi déclaré qu'il ne pouvait pas garantir l'ordre public, et la visite a été annulée.
Le 9 Janvier 2011, la chapelle de l'Université de Barcelone, qui fonctionnait depuis 1988, a été fermée. La police dit ne pas être en mesure d'assurer la sécurité après que la célébration de la messe hebdomadaire ait été interrompue à plusieurs reprises par des groupes anti-cléricaux. A Madrid, une chapelle a été profanée par des étudiante qui ont fait irruption pendantla messe, se sont dénudées et ont commencé à s'embrasser tout en exaltant les droits des lesbiennes.

Les objectifs du gouvernement vont bien au-delà de la fermeture de certaines chapelle. Il s'agitit d'intimider l'Eglise et de déclarer insignifiante la voix des catholiques, en particulier, la possibilité de l'objection de conscience contre les lois qui ont introduit le "mariage" homosexuel (2005), la fécondation artificielle hétérologue (2006), la reconnaissance comme "genre" des transsexuels sur la carte d'identité (2007), l'avortement, même au-delà des limites de la loi précédente (2010). En 2009, une décision de justice a nié le droit des juges et des fonctionnaires à l'objection de conscience dans la célébration de "mariages" homosexuels.

Un champ de bataille particulièrement important entre l'Église et le gouvernement espagnol - dont a parlé le pape Benoît XVI dans son discours annuel au corps diplomatique le 10 Janvier 2011 - est la loi de 2006, introduisant dans les écoles des cours d'"éducation à la citoyenneté", lesquels incluent une "éducation sexuelle et reproductive obligatoire" qui poursuit le but déclaré d'une "reconstruction des valeurs" des jeunes Espagnols avec une référence particulière à l'identité sexuelle, l'homosexualité, la contraception et l'avortement. Il est clair que les valeurs à "reconstruire" sont celles des jeunes catholiques fidèles au Magistère: quant aux autres, le nombre d'avortements et la dénatalité en Espagne montrent qu'ils n'ont peut-être pas besoin d'endoctrinement du gouvernement.

Bien que la loi - qui devrait entrer en vigueur dans tout le pays avec l'année scolaire 2011-2012 - ne prévoie pas l'objection de conscience, déjà 53.000 éléves et leurs familles se sont déclarés objecteurs de conscience, et plus de deux mille se sont adressés aux tribunaux avec l'intention - s'ils n'obtiennent pas satisfaction - de poursuivre leur action devant la Cour européenne des droits de l'homme. En Andalousie, où l'enseignement est déjà en place, le Conseil supérieur de l'éducation, a le 4 mars dernier refusé à deux élèves de passer dans la classe supérieure, en dépit de bons résultats scolaires, pour avoir refusé de participer aux cours sur «l'éducation à la citoyenneté .

Madame Ruano Espina a conclu en rappelant que "la liberté religieuse n'existe pas parce que l'État la reconnaît. Les droits de la personne sont antérieurs et supérieurs aux droits positifs, et l'État est tenu de les protéger et de les sauvegarder, de sorte que leur protection et leur garantie justifient l'existence même de l'Etat, et ses pouvoirs".

En 1936, le militant anti-fasciste et laïciste italien Carlo Rosselli (1899-1937) prononça un discours très célèbre intitulé "Aujourd'hui en Espagne, demain en Italie". Il ne parlait pas de Zapatero, mais c'est peut-être en pensant à la fois à l'Espagne et aux hommes politiques italiens qui se réclament de Zapatero que le Pape a voulu rappeler la "collaboration précieuse" que le gouvernement italien "continue d'offrir" à l'Église.


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