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Le Pape et l'accueil des immigrés

Sa position est sans aucune ambiguïté, et conforme à l'Evangile. Il en a encore parlé à la fin de l'audience générale, rappelant la nécessité de "protéger l'ordre social, dans l'intérêt de tous les citoyens". Retour sur l'exploitation du message "Urbi et Orbi" (27/4/2011, mise à jour ultérieure)

A l'issue de l'Audience générale d'aujourd'hui, le Pape a adressé un salut particulier aux fidèles de Lampedusa:
"Je les encourage à poursuivre leur effort apprécié de solidarité envers les frères migrants, qui trouvent dans leur île un premier asile d'accueil. En même temps, je souhaite que les organes compétents poursuivent l'action indispensable de protection de l'ordre social, dans l'intérêt de tous les citoyens".
...

Comme c'était prévisible (voir ici: Pâques...), le message Urbi et Orbi du Pape a été instrumentalisé par les medias, dans le sens qu'il est facile d'imaginer: ouvrez grand les portes aux immigrés tunisiens! Certains ont même prétendu qu'il s'adressait tout particulièrement à la France!! On reste stupéfait de la mauvaise foi, quand l'idéologie de l'extrême-gauche irresponsable "no border" croise les intétêts du grand capital.

Un premier point, d'abord: laissons au Pape la paternité de ses idées: elles n'appartiennent à personne qu'à lui, et les utiliser au profit d'une idéologie, quelle qu'elle soit, est particulièrement déplacé.
Secundo: l'accueil (pas ce qui se dessine aujourd'hui, et qu'il est difficile de qualifier) est certes un principe évangélique. Mais l'immigrationnisme ne fait aucunement partie du dogme, et pas non plus des "principes non négociables", au même titre que le respect de la vie. On peut (et c'est légitime) en discuter.
Je suis donc particulièrement choquée par les anathèmes lus sur ce blog connu, contre les prétendus ultra-papistes et une imaginaire "sainte-ligue" objet de tous les sarcasmes (1).

Contrairement au rigide auteur, et à certains commentaires, je n'ai pas de certitudes. Je fais mienne la position sage de mon ami de Belgicatho, qui écrivait :

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Nous avons entendu Benoît XVI nous inviter hier à accueillir ceux qui cherchent refuge ou asile en Europe, venant, la plupart du temps d'Afrique, d'Asie ou de l'Est de l'Europe.
Nous comprenons très bien le sens de cet appel qui ne fait qu'actualiser les propos du Christ dans l'Evangile nous incitant à accueillir le pauvre et le petit comme s'il s'agissait de Jésus lui-même.
Tout en y adhérant, il n'empêche que des questions surgissent auxquelles il n'est pas simple de répondre :

Toute personne quittant son pays pour venir habiter chez nous est-elle assimilable à un réfugié auquel sont dûs accueil et compassion?
Toute personne qui a été accueillie chez nous en des circonstances qui justifiaient son désir de se réfugier ici doit-elle bénéficier de l'hospitalité de notre pays même lorsque le pays d'origine a cessé d'être "inhabitable", étant revenu au calme et à la démocratie?
...
(Lire la suite ici: http://belgicatho.hautetfort.com/.. )
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Ce que Joseph Ratzinger pensait de l'accueil des immigrés en situation difficile, nous le savons, même si les idées de l'homme ne sont pas forcément les positions du Pape (cf. http://benoit-et-moi.fr/2010-I/ ):

Le 28 mars 1997, le naufrage d'un navire de boat people albanais en collision avec une vedette militaire italienne faisait 87 morts.
La situation des réfugiés était sans nul doute plus dramatique que celle des jeunes hommes tunisiens à la recherche d'un avenir meilleur.
Un journaliste du Corriere della sera saisissait l'occasion pour interviewer le cardinal Ratzinger. Il disait alors:

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"(..) il serait inhumain de rejeter à la mer ces gens en fuite. Notre devoir est d'aider ces gens à rentrer chez eux et à y construire une vie digne. Cela doit être la perspective. Mais aujourd'hui, en attendant ce retour, nous devons leur offrir l'hospitalité.
...
Le problème est qu'ici, il y a la crise, mais, par rapport aux Albanais, nous vivons dans une certaine prospérité. Nous ne voulons pas être «perturbés». Il nous manque cette capacité de partager avec autrui, de les accepter, de les aider. C'est quelque chose que l'homme apprend difficilement. Je pense que la défense d'un certain égoïsme contre la présence de facteurs qui perturbent le rythme de la vie quotidienne est profondément inhérente à l'homme. Et que nous avons besoin d'une éducation permanente pour surmonter l'égoïsme, afin de faire face à des cas de ce genre.
... Nous devons les accepter.
Expliquant que, dès que possible avec l'aide internationale, ils devront reconstruire leur pays. Mais tant qu'ils fuient un danger immédiat pour leur vie ...".

Au journaliste qui lui demandait avec insistance: "... la fermeture des frontières serait un acte d'égoïsme".
il répondait paisiblement
" Nous ne pouvons pas faire cela. Bien sûr, il faut distinguer la situation des éléments criminels, qui sont justement ceux qui ont provoqué cette situation. Mais simplement fermer les frontières, on ne peut pas le faire "

- Pour en revenir à la résurgence de l'égoïsme ...

" Ce sont des phénomènes très humains. Je me souviens en Allemagne après la guerre, quand sont arrivés des millions d'Allemands expulsés de l'Est. Ils étaient Allemands comme nous, il était normal de les accepter. Cependant, l'hospitalité, dans les premiers jours, n'était pas si généreuse. Et ils ont souffert, en voyant ces cœurs endurcis. D'un autre côté, nos gens disaient, nous sommes déjà si pauvres ...".

- Mais alors, vous aviez faim, nous pas.

" C'est vrai. Mais la fièvre est la même. Comme je l'ai dit, il est très naturel d'avoir comme première réaction la défense de la normalité de sa propre vie. Il faut de la patience. C'est un défi important pour l'Église d'éduquer les gens à ouvrir leurs cœurs".
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Voilà: il n'a pas lancé d'anathème, il a seulement parlé d'un défi pour l'Eglise d'aider les gens à ouvrir leur coeur. Il a évoqué le sort des gens qui fuyaient leur pays parce qu'ils risquaient leur vie (ce qui n'est en général pas le cas ici). Et surtout, parlé de la nécessité d'aider ces gens à rentrer chez eux et à y construire une vie digne.

Pour finir sur cette question (qui reste évidemment en suspens), il n'est pas inutile de relire certains articles de cette rubrique <Crise au Moyen-Orient, et ses retombées> , en particulier l'analyse de Massimo Introvigne, qui insistait sur le fait qu'à Lampedusa, il ne s'agissait pas de réfugiés et celle de Mgr Luigi Negri, <L'accueil a des critères> .
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(1) Je dois à la vérité d'admettre que j'y ai lu cette belle réflexion (mais, sans vouloir être prétentieuse, je pense qu'elle est à interpréter dans une perspective eschatologique, car sinon, c'est une provocation!), à laquelle l'auteur du blog dit adhérer:

"Le Pape nous demande d'accueillir ces dizaines de milliers de migrants, venant principalement de Tunisie. Ce sont des hommes entre 20 et 30 ans, ayant une faible qualification. Et l'afflux continue chaque jour. Nous ne pouvons nous dérober aux devoirs de la charité et nous allons devoir faire des efforts supplémentaires pour les accueillir. Il y a des peurs à cause des divisions du peuple français et de sa fragilité spirituelle. Peut-être, cette fragilité spirituelle est-elle aussi la raison pour laquelle Dieu nous envoie ce destin. Un pays qui ne respecte pas la vie à naître et qui a renié ses pères et mères en niant ses racines chrétiennes doit peut-être tomber à genoux dans la nuit sombre pour se rappeler de la lumière qu'il avait en plein jour. "

Le Pape à la télé: pourquoi pas une reprise? Petites et grandes bassesses des medias