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La charité conduit-elle au désastre?

L'Action Française publie une longue interviewe de Jean Raspail, à l'occasion de la réédition du "Camp des Saints" (20/5/2011).

Le numéro de L'Action Française (1) daté du 19 mai au 10 juin 2011 publie en dernière page une longue interviewe de Jean Raspail, à propos de la réédition de son extraordinaire roman prophétique "Le Camp des Saints" (cf. http://benoit-et-moi.fr/2011-I/... ).
Le titre de l'article est: La charité conduit au désastre.

Extraits:

Question: Qui est ce Big Other, ce "Grand Autre" que vous évoquez dans votre préface à la réédition du Camp des saints ?
Réponse: Le Big Brother de George Orwell, dans "1984", incarne le totalitarisme brutal qui interdit toute libre expression de la pensée - il se montre d'ailleurs extrêmement efficace dans cette tâche. Mutatis mutandis, il en est de même de Big Other, ce "Grand Autre" constitué de traits épars, de divers éléments idéologiques cristallisés et coalisés - sans qu il soit question de je ne sais quelle conspiration - tendant à détruire les assises de notre pays au nom du fameux "accueil de l'autre", l'une des plus indigestes tartes à la crème dont nous sommes gavés et dont l'Église catholique elle-même abuse, sans parter des oganisations humanitaires ! « Le regard de l'autre, l'accueil de l'autre, que va penser l'autre... ». (...) Ces personnes, de toutes origines, sont au fond les alliés et même les discipLes de ce "gourou" hypothétique qu'est l'"Autre", ce Big Other dont le magistère, en France mais également dans toute l'Europe, contribue à diriger des consciences et contre lequel il est très difficile de réagir.

Q: Les catholiques confondent-ils quant à eux l'Autre et le prochain ?
R: Je respecte le pape Benoit XVI mais ses récentes déclarations ont été malheureusement (!!) très loin. Imaginez, telle est l'hypothèse du Camp des saints, que des millions de personnes arrivent chez nous - c'est d'ailleurs ce qui se passe, mais sur une période historique plus longue. Les refouler efficacement impliquerait de se montrer extrêmement ferme, or, ce ne sera pas le cas : d'abord, parce que l'on ne voudra pas, ensuite, parce que la charité chrétienne le défend. En quelque sorte, la charité nous conduit au désastre ! En d'autres termes, si nous appliquions la manière forte, nous nous mettrions en contradiction avec nous-mémes. La situation est donc insoluble, sauf si nous sommes confrontés à un point de rupture colossal, ce qui n'est d'ailleurs pas impossible. Dans ce cas-là je sais que mes propos sont un peu durs -, il faudra avoir le courage de ne plus pratiquer les vertus chrétiennes. En résumé, dire "oui" au nom de la charité, c'est nous perdre, et dire "non" à la charité, c'est risquer également de perdre... notre âme.

Je pourrais répéter évidemment ce que je ne cesse de dire, que Jean Raspail a lu distraitement les propos du Pape, ou les comptes-rendus tendancieux qu'en a donné la presse (après tout, tout le monde n'est pas obligé d'aller sur le site du Vatican...), que la perspective de ce dernier est forcément très différente, qu'il rappelle que les catholiques ne doivent pas avoir peur d'annoncer l'Evangile, et que de toutes façons, c'est bien notre faute si nous "prenons congé de nous-mêmes", nous, européens, comme il ne cesse de nous en avertir. On relira à ce sujet ces deux article à propos de ses discours de Venise (Deux discours importants, à Venise et Homélie à Venise ) .
Mais je n'ai pas le coeur de critiquer ces propos, et je pense que le Saint-Père qui a reçu Oriana Fallacci peut le comprendre.
Et malgré tout cela, je salue le courage de Jean Raspail, qui pose les vrais problèmes et nous met face à nos contradictions.

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(1): Le blog associé est à visiter:
http://www.actionfrancaise.net/craf/

L'Eglise contre la pédophilie des clercs Les questions d'un "père" dans l'espace.