Mais en parle-t-il? C'est la question que l'on peut se poser après la catéchèse du 30 mai, dans la série consacrée à la prière dans les lettres de Saint Paul (30/5/2012)
Evidemment, en ce moment, comme Vittorio Messori (cf. La force tranquille de Benoît XVI) l'avait fait pour l'homélie de la Pentecôte, nous nous posons forcément la question de savoir si le Saint-Père, dans ses homélies et ses catéchèses, fait allusion d'une façon ou d'une autre aux évènements qui bouleversent l'Eglise - et lui-même - en ce moment. Et bien sûr, nous ne savons pas exactement à quel moment les textes ont été écrits, et si la totalité est de sa main.
Par exemple, aujourd'hui, le Saint-Père a poursuivi sa série de catéchèses sur la prière dans les lettres de saint Paul, et il a médité sur la seconde épître aux corinthiens.
Toute une partie (donc indéniablement très personnelle) pourrait s'appliquer à la lettre à lui, et à ce qu'il peut éprouver en cet instant.
D'autres traduiront la catéchèse en entier.
Voici le passage selon moi "signé Benoît".
En Jésus-Christ le «oui» fidèle de Dieu et l'«amen» de l'Eglise (2 Cor 1,3-14.19-20)
(Texte en italien)
Chers frères et sœurs,
dans ces catéchèse nous méditons la prière dans les lettres de saint Paul et cherchons à voir la prière chrétienne comme une véritable rencontre personnelle avec Dieu le Père, en Jésus-Christ, par l'Esprit Saint. Aujourd'hui lors de cette rencontre entrent en dialogue le «oui» fidèle de Dieu et l'«amen» de l'Eglise. Et je voudrais souligner cette dynamique, en m'arrêtant sur la seconde épître aux Corinthiens.
Saint Paul envoie cette lettre passionnée à une Église qui à plusieurs reprises a mis en discussion son apostolat, et il ouvre son cœur, car les destinataires sont rassurés sur sa fidélité au Christ et l'Evangile. Cette seconde épître aux Corinthiens commence par une des prières de bénédiction parmi les plus hautes du Nouveau Testament. Elle sonne ainsi: "Béni soit Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et Dieu de toute consolation! Il nous console dans tout notre tourment, afin que nous puissions nous aussi réconforter ceux qui sont dans tout type d'affliction avec la consolation dont nous-mêms sommes réconfortés par Dieu»( 2 Cor 1,3-4).
Ainsi, Paul vit un grand tourment, il a dû traverser de nombreuses difficultés et de nombreux tourments, mais il n'a jamais cédé au découragement, soutenu par la grâce et par la proximité du Seigneur Jésus Christ, pour lequel il était devenu apôtre et témoin, remettant entre ses mains toute son existence.
Précisément pour cette raison, Paul commence cette lettre par une prière de bénédiction et de grâce à Dieu, parce qu'il n'y avait eu aucun moment de sa vie comme apôtre du Christ où il avait senti manquer le soutien du Père miséricordieux, le Dieu de tous les consolation. Il a terriblement souffert, il le dit justement dans cette lettre, mais dans toutes ces situations, où semblait ne pas s'ouvrir d'autre voie, il a reçu de Dieu consolation et réconfort.
Pour annoncer le Christ, il a aussi souffert la persécution, jusqu'à être enfermé en prison, mais il s'est toujours senti intérieurement libre, animé par la présence du Christ et désireux de proclamer la parole d'espérance de l'Évangile.
De prison, il écrit à Timothée, son fidèle collaborateur. Lui, écrit dans les chaînes, «la Parole de Dieu n'est pas enchaînée! C'est pourquoi je supporte toute chose pour ceux que Dieu a choisis, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ, avec la gloire éternelle »( 2 Tim 2,9 b-10). Dans sa souffrance pour le Christ, il éprouve la consolation de Dieu. Il écrit: «Comme les souffrances de Christ abondent en nous, de même, par le Christ notre consolation abonde» ( 2 Cor 1,5).
Dans la prière de bénédiction qui introduit la seconde épître aux Corinthiens domine donc, à côté du thème des afflictions, le thème de la consolation, qui ne doit pas être interprétée comme un simple réconfort, mais surtout comme un encouragement et une exhortation à ne pas se laisser vaincre par les tourments et les difficultés. L'invitation est de vivre chaque situation uni au Christ, qui porte sur lui toute la souffrance et le péché du monde pour apporter la lumière, l'espoir et la rédemption. Et ainsi Jésus nous rend capable de consoler à notre tour ceux qui sont dans ce type d'affliction. La profonde union avec le Christ dans la prière, la confiance dans sa présence, conduisent à la disponibilité à partager les souffrances et les afflictions des autres. Paul écrit: «Qui est faible sans que je sois faible? qui est scandalisé, sans que je brûle?»( 2 Cor 11:29) (ndt: la traduction que j'utilise est ici). Ce partage ne naît pas d'une simple bienveillance, ni seulement de la générosité humaine ou de l'esprit d'altruisme, mais elle vient de la consolation du Seigneur, du soutien indéfectible de la «puissance extraordinaire qui vient de Dieu et non pas de nous» ( 2 Cor 4,7).
Chers frères et sœurs, notre vie et notre chemin sont souvent marqués par des difficultés, des malentendus, des souffrances. Tous nous le savons. Dans le rapport fidèle avec le Seigneur dans la prière constante, quotidienne, nous pouvons nous aussi, concrètement, sentir le réconfort qui vient de Dieu. Et cela renforce notre foi, car cela nous fait vivre de façon concrète le «oui» de Dieu à l'homme, à nous, à moi, dans le Christ; cela fait sentir la fidélité de son amour, qui va jusqu'au don de son Fils sur la Croix.
Saint Paul affirme: «Le Fils de Dieu, Jésus-Christ, que nous avons annoncé parmi vous, moi, Silvain et Timothée, n'était pas « oui » et « non », mais en lui il n'y avait que le « oui ». En effet, toutes les promesses de Dieu en lui sont «oui». C'est pourquoi à travers lui, monte à Dieu notre «Amen», pour sa gloire»( 2 Cor 1:19-20). Le «oui» de Dieu n'est pas divisé par deux, il ne va pas entre le «oui» et le «non», mais c'est un «oui» simple et vrai. Et à ce «oui» nous répondons avec notre «oui», avec notre «Amen», et ainsi nous sommes sûrs du «oui» de Dieu.
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