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«Nous avons de la chance d'avoir un pape qui est le meilleur exemple de ce qu'il prêche ». Interviewe, à l'occasion de la parution de son livre "Diario de un Pontificado, 2008-2011". (2/2/2012)

Le Journal d’un pontificat, deuxième partie (2008-2011)
http://www.sanpablo.es/



-> Voir ici:
Journal d'un pontificat, par José-Luis Restan

Article original en espagnol sur le site analisisdigital.org
Traduit en anglais par Teresa.
....
Ma traduction en français!

Je me demande s'il y a quelqu'un qui mieux que José-Luis Restan (que je connais grâce à Carlota) comprend Benoît XVI.
Il est dommage qu'il reste méconnu en France (et pourtant, je fais ce que je peux!).

«Nous avons la chance d'avoir un pape qui est le meilleur exemple de ce qu'il prêche »
Elena Cabrera
Anàlisis Digital
1er Février 2012
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José Luis Restan, directeur éditorial de COPE [réseau national de radio en Espagne] et directeur du programme «La Linterna de la Iglesia» (La Lanterne de l'Eglise) est également un de ceux qui connaissent le mieux la pensée de Benoît XVI. Il vient de publier le livre Diario de un Pontificado. 2008-2011, suite du premier volume couvrant les années 2005 à 2007, publié en 2008.
Il présente le nouveau livre mercredi, à Madrid, au siège de COPE.
Analisis Digital parle avec lui du pontificat de Benoît XVI, de la nouvelle évangélisation, et du message du Pape pour la Journée mondiale des Communications sociales.

* * *

- Vous êtes un de ceux qui connaissent le mieux la pensée de Benoît XVI, que vous avez suivi pendant des années avant qu'il ne devienne Pape. Mais aussi parce que vous êtes spécialisé dans l'information religieuse, vous avez la même familiarité avec le pontificat de Jean Paul II. Quelles sont les différences entre les deux pontificats?
- En premier lieu, il y a la différence de contexte historique. Jean-Paul II a commencé son pontificat pendant la guerre froide, avec le communisme dominant la moitié de la planète, et d'autre part, avec une Église qui était épuisée et quelque peu déprimée après des années de dissensions internes, une Église qui, au moins en Occident, s'était pratiquement retirée de la scène publique.
Son pontificat immense a servi à démasquer l'expropriation de l'espérance chrétienne effectuée par le marxisme et à insuffler une nouvelle vitalité dans le corps de l'Eglise.
Benoît XVI est arrivé à un moment où le nihilisme avait remporté une victoire culturelle, l'époque de la mondialisation et du terrorisme engendré par l'islamisme radical. Sa tâche est d'une part, de revenir à l'essentiel de la foi, ce qui est une immense entreprise d'éducation; et d'autre part, d'entreprendre le dialogue avec les non-croyants, avec le monde séculier, qui s'est égaré loin de la tradition chrétienne.
Evidemment, ils sont aussi différents dans leur personnalité et dans leur formation. Papa Wojtyla était un homme d'action, avec une grande conscience de l'image, avec une capacité innée à communiquer avec des gestes. Papa Ratzinger est évidemment plus un homme de pensée, d'enseignement. Mais je n'aime pas vraiment faire des comparaisons plus précises parce que nous parlons ici de personnalités de titans, pleines de richesses et de nuances.

- Jean-Paul II avait lancé l'idée de la nouvelle évangélisation, mais à présent Benoît XVI la met en pratique. Comment voyez-vous cette mission de l'Eglise à partir de votre point de vue, comme agent d'information? Quelle relation voyez-vous entre les documents de Vatican II et la nouvelle évangélisation?
- La nouvelle évangélisation est née tout d'abord de l'amour et de la douleur. L'amour pour le Christ et l'homme, et la douleur parce que les gens se sont tellement éloignés de la foi chrétienne, et cela a des conséquences destructrices sur l'existence quotidienne. Sans cet amour et cette douleur, on peut faire des plans, mais pas d'évangélisation.
J'ai vu Jean-Paul II et Benoît XVI littéralement en larmes à cause de cette perte de la foi, et c'est pourquoi ils ont pensé à la ré-évangélisation et ouvert des voies pour elle.
Benoît XVI a dit au Portugal que l'Eglise apprend à être présente dans un nouveau contexte, qu'elle ne peut pas être satisfaite de ce qu'il a déjà, avec des formules pastorales usées.
Lui-même, dans la façon dont il parle au monde, dont il propose la foi comme plénitude de la raison et de la liberté, est le meilleur exemple. Comme pour les documents de Vatican II, nous devons simplement nous rappeler ce que Benoît XVI a dit avec autorité: quand ils sont correctement compris, dans le contexte de la grande tradition catholique, ils constituent la meilleure boussole que nous ayons. Certainement, chaque fois que le Concile a été reçu sans déformations, avec un vrai sens ecclésial, ses fruits sont visibles et incontestables: la présence publique positive de l'Eglise, les nouveaux charismes, un rôle plus actif pour les fidèles laïcs, et une nouvelle capacité de dialogue avec la science et la philosophie.

- Pensez-vous que le pontificat de Benoît XVI est bien compris au sein de l'Eglise, et à l'extérieur?
- A cela, on ne pas pas répondre par Oui ou Non. La menace du réductionnisme est toujours présente.
Hors de l'Église, il y a une attente croissante, peut-être une nouvelle ouverture à l'Eglise, parce que la crise culturelle et morale est si énorme, et la voix du Pape est considéré comme un phare d'espoir. Mais l'hostilité culturelle contre la foi est aussi énorme, et très souvent, elle bloque l'ouverture.
Quant à l'intérieur de l'Eglise, je crains que nous ne perdions beaucoup de la grande richesse que ce pontificat nous offre. Il y a une façon "vide" d'applaudir le pape, sans même essayer de comprendre ce qu'il dit, sans lui permettre de nous corriger - et même de nous blesser, si nécessaire - avec son enseignement.
Et puis il y a ces gens réfractaires, du progressisme extrême, comme Hans Küng , avec leur arrogance maniaque. Mais de la même façon, il y a un malaise à l'autre extrêmité - ceux qui voudraient un pape qui use le fouet, plutôt que le dialogue et l'humilité, ceux qui n'acceptent pas sa «modernité» de pensée et son concept dynamique de la tradition.
Mais les gens simples sentent de la grandeur de ce pontificat. Mais ils ont besoin de plus d'éducateurs qui puissent leur apporter son enseignement, et rendent son exemple quotidien plus proche d'eux.

- En tant que directeur éditorial de COPE et rédacteur en chef d'un programme sur l'Eglise, observez-vous une nouvelle appréciation des valeurs chrétiennes dans la société civile?
- Je l'espère. Mais je préfère être prudent. La société civile est très plurielle, il y a un peu de tout. En Espagne, il y a eu une hyper-mobilisation à la suite d'agressions sous le gouvernement Zapatero, et cela a eu un bon côté, pour réveiller beaucoup de consciences. Mais il ne suffit pas de mobiliser les gens.
Encore une fois, cela réclame une tâche énorme de travail d'éducation sur des cibles spécifiques: les familles, les paroisses, les mouvements, les écoles, les intellectuels, les opérateurs des communications. Cela ne peut pas être improvisé. Et donc nous devons planifier, être visionnaires, patients, ouverts à ce que l'Esprit suscite dans l'Eglise. Cela signifie tisser un nouveau tissu social, pour réaliser les œuvres sociales essentielles, être présents dans la société, témoins dans tous les sens du terme - en bref, donner une raison de notre espérance et seulement alors, si Dieu le veut, il y aura des changements substantiels.

- Ces jours-ci, dans son message pour la Journée Mondiale des Communications Sociales, le Pape nous a parlé du «silence et [de] la parole» comme d'une autre idée pour la nouvelle évangélisation. En tant que professionnel traitant avec des mots, comment amenez-vous le silence dans la nécessité de parler que nous avons en tant que communicateurs?
- Si les mots ne découlent pas de l'expérience, alors c'est juste un feu follet, rien d'autre qu'un jeu. L'expérience humaine exige que le cœur soit impliqué, avec toutes les exigences inhérentes de vérité, de justice et de beauté qui constituent son noyau.
Le silence ne signifie pas l'absence de «bruit», mais l'espace dans lequel le cœur humain peut se manifester dans toute sa réalité. Il implique l'amitié, la prière, la pensée ... Si nous continuons à parler sans tout ce qui sous-tend nos paroles, alors, nous faisons seulement du bruit. De même, nous pouvons faire des bruits «formellement catholiques» mais ils ne servent à rien!

- Pensez-vous que la langue traditionnelle de l'Eglise est appropriée pour notre époque? Quelles sont les choses que vous changeriez?
- L'Église s'exprime toujours elle-même dans une culture déterminée. Elle dispose de sources normatives dans les Écritures, le Symbole de la Foi (le Credo), et les Conciles - qui sont tous écrits dans une langue que nous ne pouvons pas changer. Ils ont besoin d'être expliquée à la lumière des circonstances actuelles.
Une fois de plus, je dois me référer à Benoît XVI: comment il explique la foi telle qu'elle a toujours été, comment il commente Écritures, ou comment il lit les Pères de l'Eglise et transmet la connaissance à nous tous. Mais on ne sent jamais que son langage est guindé, ou quelque chose qui n'a rien à voir avec ce qui nous concerne aujourd'hui.
C'est le défi - ne pas jeter les vieux mots, mais les faire briller à nouveau dans l'ère du cyberespace et de la crise mondiale. Les chrétiens ont continué pendant plus de deux millénaires avec des fortunes fluctuantes, et maintenant nous avons la bonne fortune d'avoir un grand maître comme notre chef.