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Je me permets de reproduire cette lumineuse réflexion d'Yves Daoudal, sur son journal hebdomadaire: "N'en déplaise à M. Guéant, quand nous regardons autour de nous, nous voyons que notre civilisation a glissé dans la barbarie, et que les « principes républicains » n'y sont pas pour rien"... (12/2/2012)
-> Voir aussi: Civilisation(s)
La civilisation en question
Yves Daoudal
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« Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas... Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient... Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. »
Tel est le propos de Claude Guéant qui a déclenché la polémique que l'on sait. Ce propos, il l'a tenu dans un discours à l'UNI, que l'UNI nous dit impeccablement républicain. Et on veut bien le croire. Invité à s'expliquer dans les médias audiovisuels, il a précisé : « Toutes les civilisations, toutes les pratiques, toutes les cultures, au regard de nos principes républicains, ne se valent pas. »
Et il donné deux exemples où les socialistes se sont montrés d'incurables relativistes en s'opposant au gouvernement: l'interdiction du voile intégral, et l'interdiction des prières de rue « qui est une expression de civilisation ». Ce qui a évidemment déclenché la colère des organisations musulmanes.
Pour Claude Guéant, la civilisation se mesure donc à l'aune des « principes républicains ». Une civilisation qui a précédé la mise en oeuvre des principes républicains est donc inférieure et a besoin d'étre éduquée. Au fond, c'est ce que disaient les républicains (y compris, voire d'abord, les socialistes) paur justifier la colonisation, au XIXe siècle... La civilisation européenne était donc une civilisation inférieure jusqu'à la Révolution française. Et la civilisation a peu à peu progressé en France, fait remarquer Claude Guéant : notre civilisation était inférieure à ce qu'elle est maintenant quand les femmes n'avaient pas le droit de vote et qu'il y avait la peine de mort.
Personne n'a demandé à Claude Guéant s'il en était de même pour l'avortement, mais cela va de soi : il s'agìt d'une conquête de civilisation, d'un droit essentiel de la femme.
Or il s'agit de la pire des barbaries.
La civilisation, ce n'est pas ce qui est conforme à l'idéologie dite républicaine. C'est ce qui permet le développement intégral de la personne humaine. En respectant ses droits, dont le premier est le droit à la vie.
Un degré de civilisation, cela se mesure selon divers critères. L'un d'entre eux est ce que la civilisation légue en héritage sur le pian culturel et artistique. Et ce n'est pas la peine de parcourir le monde. On peut voir chez nous que la civilisation qui a produit les églises romanes et les cathédrales gothiques est incomparablement supérieure à une civilisation qui a produit Beaubourg et l'Arche de la Défense. Que la civilisation de Mozart et Beethoven est supérieure à la civilisation du rap et de la techno. Etc.
En bref une civilisation digne de ce nom promeut le vrai, le beau, le bon.
La barbarie promeut le mensonge, le laid et le mal.
N'en déplaise à M. Guéant, quand nous regardons autour de nous, nous voyons que notre civilisation a glissé dans la barbarie, et que les « principes républicains » n'y sont pas pour rien. Car une civilisation digne de ce nom ne peut pas exister sans référence à la transcendance. Il n'y a pas de civilisation possible sans religion, sans une tension vers le vrai absolu, le beau éternel, le bien suprême, qui éclaire tout homme venant en ce monde, et le sauve de la barbarie dans laquelle s'enfoncent ceux qui s'en tiennent à des principes aussi vains que républicains.
