Carlota a traduit une interviewe de Mgr Dioniso Garcia, président de la Confétence Episcopale Cubaine : à un peu plus d'un mois de la visite de Benoît XVI, il parie sur la réconciliation entre les cubains (19/2/2012)
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Carlota
À quelques semaines du pèlerinage à Cuba de Benoît XVI, Monseigneur Dionisio García Ibáñez, archevêque de Santiago de Cuba et président de la conférence Épiscopal Cubaine insiste sur la réconciliation entre les Cubains, ceux qui sont restés sur l’île et ceux qui ont émigré et sont souvent installés majoritairement à Miami en Floride dont les îles de la pointe extrême ne sont qu’à 100 km de la Havane. Les Cubains de l’extérieur craignent que la visite du Saint Père ne soit récupérée à des fins politiques par un régime qu’ils abominent, une méfiance qui peut retomber sur l’Église à Cuba et son rôle éventuellement trop conciliant envers cette dictature. Ceux qui sont restés, même s’ils souffrent du régime dictatorial, d’une économie désastreuse, ont néanmoins une certaine fierté à être des résistants face à l’hégémonie des Etats-Unis qui n’ont cessé de vouloir les dominer depuis que l’île n’est plus espagnole (1898) et qui leur imposent un blocus (dit embargo à Washington) quasiment total depuis 50 ans. Cette récupération n’est, certes, pas à écarter. Mais il faut être réaliste, même si les frères Castro et la nomenklatura communiste au pouvoir quittaient le pays du jour au lendemain, Cuba ne serait pas celle à laquelle rêvent les exilés. Que l’on se rappelle, sans pourtant dire que l’histoire se répète mais elle repasse souvent les plats, comment s’est retrouvée en 1815 la société française de la Restauration, si bien d’écrite par Balzac, avec deux « mondes » quasiment irréconciliables, des encore bonapartistes malgré la chute du régime, d’une France ruinée après des guerres menées à travers toute l’Europe, et la hargne de la noblesse qui avait vécu l’exil dans des conditions souvent misérables notamment en Angleterre et qui croyait retrouver une France d’Ancien Régime, que d’ailleurs leurs enfants n’avaient pas ou à peine connue.. Et l’on peut méditer sur ce qu’a provoqué en Espagne le gouvernement Zapatero en rouvrant les plaies de la Guerre Civile. On peut donc penser que le rôle de l’Église cubaine ne sera pas négligeable dans les années à venir quelles que soient l’évolution du régime et la façon dont cette évolution se fera.
Original du texte paru sur infocatólica – Ma traduction.
Les mots en gras sont ceux de l’auteur de l’article.
Le président de la Conférence Épiscopale Cubaine parie sur la réconciliation entre les Cubains.
L’Église parie sur la «réconciliation» entre les Cubains comme priorité pour l’année marquée par la visite du Pape dans l’île et souhaite continuer le dialogue ouvert avec le Gouvernement au milieu des « timides changements » qui sont en train de s’opérer à Cuba.
Le président de la Conférence des Évêques de Cuba, Mgr Dionisio García, a affirmé à l’agence de presse EFE que les Cubains ont besoin de cette « large » réconciliation mais il reconnaît qu’il « y a encore des gens qui la rejettent ».
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Celui qui est également archevêque de Santiago de Cuba considère que « la division », la « séparation » et « les différences » affectent autant les familles que les milieux sociaux, culturels et politiques, et que pour cela il voit nécessaire de favoriser une attitude « d’acceptation de l’autre, d’acceptation de ce qu’il pense, de ce qu’il dit, de ce qu’il est, du comment il voit la réalité des choses ».
Les autorités catholiques cubaines ont mis l’accent sur un renforcement de cette attitude conciliatrice au cours de leur travail pastoral en 2012, l’Année Jubilaire de la célébration du 400ème anniversaire de la découverte de la statue de la Vierge de la Charité del Cobre, patronne de Cuba.
Mgr García rappelle que cette célébration, ainsi que la visite du Pape Benoît XVI en mars, a lieu à la suite de la transition du pays comme « État marxiste rigide vers un État où la liberté religieuse (…) est acceptée ».
La visite de Jean Paul II à Cuba en 1998 a signifié un « point d’inflexion » après des années de travail durant lesquelles l’Église romaine avait proposé d’arriver à une plus grande présence dans l’île où des liens entre les autorités catholiques et le Gouvernement révolutionnaire ont toute une histoire comprenant des crises, des tensions et des hauts et bas.
Dans ce sens, l’archevêque souligne que la visite de Jean Paul II et le prochain voyage de Benoît XVI sont « des situations différentes ». Il y a eu « des changements internationaux qui ont affecté Cuba. Il y a eu des changements également dans la manière de l’État, du Gouvernement, de voir le rôle de la foi et du religieux, la chute du camp socialiste, et le retour plus ferme de Cuba, vers l’Amérique Latine » signale García.
En particulier, il détache le fait que le Gouvernement ait mis « son regard » en Amérique hispanophone puisque dans la région « le rôle des croyants a un poids social et culturel, et c’est ce qui fait aussi que (…) le respect de la foi de la personne a commencé à se voir d’une façon différente » (ndt Mgr García souligne un point intéressant et l’on aurait aimé bien sûr qu’il puisse le développer. L’influence de la révolution cubaine en Amérique tant centrale que du sud, a été terrible, et ébranlé bien des pays, entrainant beaucoup de pertes en vie humaine. Veut-il dire que l’exportation de la révolution n’est désormais plus de la même façon à l’ordre du jour, malgré des alliés comme le président vénézuélien Chavez et ceux du Pérou et de la Bolivie, par exemple ?).
Le voyage de Benoît XVI dans l’île entre le 26 et le 28 mars a pour cadre la célébration de l’Année Jubilaire, et le Pape arrivera comme « pèlerin » pour rendre visite au Sanctuaire National de la Vierge de la Charité del Cobre à Santiago de Cuba.
Néanmoins l’archevêque reconnaît qu’il est inévitable que l’on cherche des effets politiques à cette visite à Cuba, où le président Raúl Castro promeut des ajustements économiques et où l’Église catholique et le Gouvernement ont ouvert un dialogue inédit en 2010 qui a culminé avec la libération de plus d’une centaine de prisonniers politiques dont beaucoup ont été transférés en Espagne.
« Cette visite du Saint Père, en ce moment de changements, qui sont très timides encore mais qui sont des changements, va nous donner le courage de vivre ces changements dans une perspective de respect de chaque personne, dans sa dignité comme personne », affirme Mgr García.
Pour le président de la Conférence des Évêques qui est âgé de 67 ans, les réformes que développe le Gouvernement « pourraient êtres plus audacieuses », même si, ajoute-t-il, les transformations promues « peuvent aider en effet». De même il confirme que l’Église catholique et l’État maintiennent leur communication avec « fluidité », et bien qu’il n’existe pas un agenda prédéterminé de secteurs de travail commun, le canal du dialogue se maintient ouvert.
L’Église catholique aujourd’hui « peut donner avec plus de facilité ses opinions », ses critères « sont écoutés » et de nombreuses fois, ils reçoivent une réponse.
« Il me semble que c’est une continuité, produit de la présence de l’Église à Cuba durant tout ce temps, de l’ample travail de l’Église (…) et également un changement d’attitude de la part de l’État », affirme-t-il.
Sans oublier de vieilles réclamations comme un plus grand accès au système éducatif et aux moyens de communications, Mons. García admet que sans doute ils ont actuellement une plus grande présence dans les médias que les années précédentes (*).
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Ndt
(*) Le nouveau site de l’archidiocèse et du sanctuaire donnent effectivement un échantillon de l’évolution pour ceux qui, il y a quelques années, essayaient de s’informer sur le toile cubaine: www.virgendelacaridaddelcobre.org/