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L'eurodéputé József Szájerl, auteur du préambule de la Constitution, était à Rome, en début de semaine, pour deux conférences superbement ignorées par la presse laïciste. On ne pardonne pas à la petite Hongrie de proclamer la fierté de ses racines, contre ceux qui n'en finissent pas de déchirer leurs vêtements dans la honte et le reniement. Article dans la Bussola. (24/2/2012)

     



József Szájerl

avec Viktor Orban (à droite sur la photo)

Hongrie: l'orgueil et l'identité
Andrea Camaiora (1)
La Bussola
23/02/2012
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« Certains auraient préféré que nous ne mentionnions pas le Roi Saint Etienne dans le préambule de notre nouvelle Constitution. Eh bien, si nous ne l'avions pas fait, nous aurions nié nos racines, notre histoire, en un mot la vérité».
L'eurodéputé PPE József Szájerl est apparu convaincant, déterminé, charismatique, lors d'une visite à Rome lundi pour une rencontre le matin avec la presse à l'ambassade de Hongrie, et le soir avec des étudiants de la prestigieuse John Cabot University.

Szájer, pratiquement inconnu ici, n'est pas un politicien quelconque, dans son pays. Il a présidé la Commission pour la rédaction de la Loi fondamentale Hongroise, et c'est à lui que l'on doit le préambule célèbre et controversé qui récite:

«Nous, membres de la nation hongroise, en ce début du nouveau millénaire, avec un sentiment de responsabilité pour chacun de nos compatriotes, nous proclamons: Nous sommes fiers que roi Saint Etienne ait construit l'État hongrois sur un terrain solide et qu'il ait fait de notre pays une partie de l'Europe chrétienne il y a mille ans. Nous sommes fiers de nos ancêtres qui ont combattu pour la survie, la liberté et l'indépendance de notre pays. Nous sommes fiers des exceptionnelles conquêtes intellectuelles du peuple hongrois. Nous sommes fiers que notre peuple qui au cours des siècles, ait défendu l'Europe dans une série de luttes et enrichi les valeurs communes européennes avec son talent et sa diligence. Nous reconnaissons le rôle du christianisme dans la préservation de la nation. Nous apprécions les diverses traditions religieuses de notre pays. Nous nous employons à préserver l'unité intellectuelle et spirituelle de notre nation déchirée dans les tempêtes du siècle dernier. Les nationalités qui vivent avec nous font partie de la communauté politique hongroise et sont constitutives de l'État».

Le député européen du Fidesz (le parti de Viktor Orban) a expliqué aux rares journalistes présents dans l'auditoire - où l'on remarquait l'absence criante de la 'Repubblica', du'Corriere della Sera' et de Sky, les titres les plus férocement critiques de l'actuelle situation politique hongroise - que les Hongrois ont assisté avec une certaine perplexité aux très dures critiques reçues pour le choix libre et souverain d'adopter une nouvelle charte, et il a expliqué pourquoi: en 1222, le roi André II de Hongrie émana ce que l'on connaît sous le nom de "Bulle", autrement dit un acte très similaire à la Magna Carta émanée en Angleterre seulement quatre ans plus tôt, qui engageait le souverain à respecter certaines limites dans son action et constitue donc la première «constitution» de l'Europe continentale.

József Szájer a eu l'occasion de répéter que le choix de se doter d'une nouvelle Constitution était fortement ressenti par les Hongrois, également parce que les institutions démocratiques développés progressivement depuis 1990 reposaient toujours sur le désormais daté et discuté texte de la Constitution soviétique de 1949 «copié 'sic et simpliciter' de la constitution soviétique de 1936».

Szájer a également répondu à une journaliste de Radio Radicale qui lui demandait les raisons qui avaient conduit à ne pas inscrire le refus de la peine de mort dans la Charte de 2011, puisque depuis une vingtaine d'années les Hongrois avaient définitivement aboli la peine de mort, adhérant même aux traités internationaux qui en empêchent la ré-adoption: «Notre Constitution - a néanmoins souligné le député Magyar - consacre l'inviolabilité de la personne, la primauté de la vie et d'autres principes d'une grande importance».
...
Szájer a très bien expliqué que la réforme constitutionnelle contestée était pour les Magyars une étape nécessaire et fondamentale.
Il ne faut pas sous-estimer, a déclaré l'eurodéputé, le fait que les Hongrois ont subi pendant des décennies le despotisme communiste qui a profondément conditionné leur façon de concevoir la politique, les institutions et la cohabitation sociale, comme ailleurs dans le reste de l'Europe de l'Est. Donner une nouvelle constitution aux Hongrois, dit-il, a contribué à redonner aux hongrois la fierté dans leur identité, celle d'un peuple qui, au temps des Habsbourg, avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, se vantait d'un "PIB" (ndt: il vaudrait mieux dire "niveau de vie") supérieur à celui de l'Autriche.

L'eurodéputé s'est beaucoup battu ces dernières années à Strasbourg et à Bruxelles (en proposant par exemple, il y a deux ans, une «résolution du Parlement européen sur la conscience européenne et le totalitarisme»), avec des collègues d'autres pays ayant appartenu au Pacte de Varsovie, pour la reconnaissance d'une équivalence entre le nazisme et le communisme qui, en Occident, pour différentes raisons, est ignorée, mais qui est compréhensible et fortement ressentie par tous les peuples qui ont durement souffert du régime communiste. La dernière preuve a été donnée par la petite république balte de Lettonie, dont la population est pour un tiers russophone, et où vient d'avoir lieu un référendum sur l'adoption du russe comme seconde langue. Eh bien la consultation a vu une participation de quelque 70% et un rejet sans appel par au moins 80% de "non".

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(1) Andrea Camaiora est l'auteur de "Ungheria, un Paese libero" (Fondation Christophe Colomb pour la liberté, Rome 2012)