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Le livre-interviewe de Georg Ratzinger vient d'être publié en anglais par Ignatius, l'éditeur du Pape aux Etats-Unis. A cette occasion, l'auteur, Michael Hesemann, a accordé une (très belle) interviewe à Zenit en langue anglaise. Ma traduction. (29/2/2012)

-> Voir ici la page spéciale d'Ignatius, avec des photos.



"Mon frère le Pape" vient seulement d'être publié aux Etats-Unis, ce qui rend d'autant plus extraordinaire que la France ait eu le privilège de la première traduction en langue étangère, il y a plus de 4 mois.
Voir ici: http://benoit-et-moi.fr/2011-III/

Le livre est sans doute bien plus important que ce que certains ont pu penser en fronçant le nez (il y en a même qui y avaient vu une opération de "marketing", alors que la publication en concomitance avec le voyage du Saint-Père en Allemagne est une simple coïncidence, et que sur ce point, l'absolue bonne foi de l'auteur saute aux yeux): d'une part, il est un témoignage irremplaçable sur le Pape actuel, et quoi que pensent les mesquins qui s'acharnent à le démolir, celui-ci restera comme une des figures majeures à la charnière des deux millénaires; d'autre part, et c'est ce que souligne Michael Heisemman, il est un témoignage - de l'importance de la famille, d'abord, et même simplement, de vie, au sens chrétien du terme. Comme le disait José-Luis Restàn - citant lui-même Joseph Ratzinger - dans l'article que Carlota a traduit hier à propos de Don Giussiani 'il est vraiment lié à une époque'.

Merci à Teresa (à qui je dois aussi l'idée du bandeau ci-dessous) d'avoir attiré mon attention sur cette interviewe de Michael Hesemann, issu du site de Zenit en langue anglaise.

Du même Michael Hesemann, on relira aussi cette longue interviewe sur Maria Ratzinger du site Kath.net




Comment «Mon frère, le Pape» a pu être écrit


Une leçon de famille des Ratzinger
Original en anglais: http://www.zenit.org/

Michael Hesemann parle du recueil du témoignage de Georg dans «Mon frère, le Pape»

PARIS, 27 février 2012 ( Zenit.org ).
Parler avec Mgr Georg Ratzinger a révélé à Michael Hesemann deux convictions essentielles: Il y a un secret de famille qui explique quelque chose de la trajectoire impressionnante vécue par les deux fils Ratzinger, et la divine providence a jeté les bases pour le chemin de Joseph vers le Siège de Pierre avant même qu'il ne soit né.

ZENIT a demandé à Hesemann de nous parler de ce qu'il a appris de ses entretiens avec Mgr Ratzinger.

* * *

ZENIT: Pouvez-vous décrire votre expérience personnelle avec Mgr Ratzinger et le processus de transcription de ses mémoires?

Hesemann: Quand Benoît XVI a été élu et a annoncé qu'il viendrait en Allemagne pour les Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne, j'ai été invité par un de mes éditeurs à écrire une biographie du nouveau Pape. Comme on me donnait seulement deux semaines pour ce projet, je n'étais pas en mesure de faire des recherches approfondies, mais j'ai eu un jour l'idée d'interroger le témoin le plus important de la plus incroyable carrière allemande du 20ème siècle - du fils d'un policier de village au chef spirituel de plus d'un milliard de catholiques - son frère Mgr Georg Ratzinger. Pourtant, c'était juste une idée et j'étais sûr que tôt ou tard quelqu'un qui était beaucoup plus proche de lui ferait ce travail et écrirait un livre avec lui. J'ai attendu et attendu, mais rien ne s'est passé.

Puis, six ans plus tard, j'animais un séminaire sur l'histoire de l'Eglise dans un monastère près de Ratisbonne, quand une dame, représentant le mouvement «L'Allemagne pour le Pape», m'a dit qu'elle avait été invitée à prendre le thé à la maison de Georg Ratzinger, et m'a demandé si je voulais me joindre à elle. Bien sûr, j'ai accepté, car j'avais toujours voulu le rencontrer. Nous avons eu un bel après-midi, de toute évidence le respect était mutuel, et l'ayant trouvé une personne merveilleuse et un grand narrateur, je lui ai demandé franchement s'il serait disposé à me donner une interview. Il a été d'accord, même quand j'ai émis l'idée que ce pourrait être «peut-être juste pour un petit livre», et il m'a demandé je le contacter à nouveau après la nouvelle année, car c'était deux semaines avant Noël, alors qu'il se préparait à s'envoler vers Rome pour rendre visite à son frère, le pape.

Nous sommes restés en contact; il devait d'abord subir une opération du genou, et quand il a eu bien récupéré et s'est senti de nouveau bien, il a accepté. Donc, en mai 2011, après une longue préparation, j'ai passé une semaine entière à Ratisbonne, la ville où il vit, le rencontrant le matin et l'après-midi, et enregistrant environ 10 heures d'un entretien assez long et détaillé. Je l'ai retranscrit, j'ai écrit le livre et je l'ai rencontré à nouveau un mois plus tard, quand je lui ai lu le manuscrit lors d'une autre session d'une semaine. J'ai dû lui lire à haute voix, car Mgr Ratzinger a seulement 10% de vision, souffrant d'une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMA), et ne peut tout simplement pas corriger un manuscrit écrit. Après des corrections et des ajouts, le manuscrit a été imprimé, avant qu'il ne s'envole pour Rome pour une autre rencontre avec son frère. Nous avons tous deux accepté de laisser à Mgr Georg Gaenswein, le secrétaire personnel du Saint-Père, le verdict final; ce n'est que quand il a accepté que nous avons publié le livre. Au début de Juillet j'ai eu un très sympathique "nihil obstat" de Mgr Gaenswein, de sorte que le livre a été sous presse juste à temps pour la visite du pape en Allemagne en Septembre 2011.

ZENIT: Quelle est la partie la plus frappante du livre, de votre point de vue?

Hesemann: Honnêtement, ce qui m'intéressait le plus, c'était la question de savoir s'il y avait quelque chose comme une «empreinte digitale» de Dieu dans la biographie du pape, une indication que la providence divine a joué un rôle, ou si c'est juste par hasard qu'il est devenu le 265e successeur de Saint-Pierre. Ce que j'ai trouvé, c'est un «fil rouge» traversant toute sa vie et commençant encore plus loin dans le passé, longtemps avant sa naissance. Ses grands-parents se sont mariés dans l'église d'un pèlerinage en Autriche, où un siècle plus tôt, la Vierge Marie avait accompli un miracle lorsque son image apparut sur une fenêtre en verre. Ses parents se sont rencontrés parce que son père avait mis une annonce dans le journal des pèlerins d'Altötting, le plus important sanctuaire marial de Bavière. Il est né le Samedi Saint, a été baptisé avec l'eau bénite nouvellement consacrée, à seulement cinq km d'Altötting. Et, ce qui est encore plus important: il n'a jamais eu la moindre ambition, après qu'il soit devenu prêtre. Il était heureux quand il était aumônier dans une paroisse de Munich, avant qu'il ne soit appelé à enseigner au séminaire de Freising. Il était heureux d'être professeur de théologie, quand il a été appelé à participer au Concile Vatican II. Il voulait enseigner, vivre et mourir à Ratisbonne, il a même construit une maison là-bas et transféré la tombe de ses parents de Traunstein à Ratisbonne, où il a été fait archevêque de Munich par le pape Paul VI. Il a refusé et a résisté trois fois quand Jean-Paul II l'a appelé à Rome, jusqu'à ce que le pape littéralement lui ordonne de venir. Il avait hâte de prendre sa retraite, il voulait écrire des livres et voir son frère plus souvent, quand il a été élu pape, ce que, dans un de ses premiers discours, il compare à une exécution. Il a été littéralement traîné jusqu'à sa dernière carrière, jusqu'à ce qu'il atteigne la position que Dieu a choisi pour lui!

ZENIT: Y a-t-il des parties de l'ouvrage qu'il a semblé difficile pour Mgr Ratzinger de révéler?

Hesemann: Eh bien, il était douloureux pour Mgr Georg Ratzinger de rappeler les moments tragiques de leur vie familiale: la mort de leurs parents bien-aimés et de leur sœur merveilleuse Maria, qui a littéralement sacrifié sa vie pour Joseph, son frère cadet. À certains moments, il avait littéralement les larmes aux yeux, tellement il était ému. Il était évident à quel point sa famille compte pour lui.

ZENIT: Qu'espérez-vous que les lecteurs tireront de la lecture du livre «Mon frère le pape»?

Hesemann: Ce livre n'est pas seulement une source d'inspiration pour les jeunes hommes qui sont appelés à la prêtrise, mais, tout d'abord, une leçon pour tous et pour chacun d'entre nous qui vit dans une famille. Nous savons tous combien de familles d'aujourd'hui sont déchirées, souffrent de la méfiance, de la discorde, du divorce. La famille Ratzinger est un modèle pour toutes les familles, car elle était et est toujours fondée sur l'amour et le respect mutuel. Cette famille était si forte qu'elle a surmonté toutes les turbulences d'une époque troublée, même la terreur des nazis et la brutalité de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont juste résisté au «Zeitgeist»; ils étaient de toute évidence immunisés contre les tentations et les influences de l'extérieur. Il y a une recette secrète - on peut appeler cela le «secret de famille Ratzinger» - pour comprendre comment ils ont réalisé cela, et ce secret est double: leur foi profonde en Dieu et leur enracinement profond dans la tradition catholique. Aux États-Unis, vous dites: «Une famille qui prie ensemble reste ensemble», et c'est exactement ce que prouvent les Ratzinger, c'est vrai. Bien sûr, ils avaient tous les problèmes que chaque famille normale a, comme les problèmes avec des tempéraments différents, de petits conflits, des soucis, etc. Mais quel que soit le problème, ils ont fait face, ils l'ont résolu dans leur prière. Ils l'ont juste déposé aux pieds de la Sainte Vierge, où ils ont prié le chapelet, ils ont appelé Notre-Seigneur et les saints à l'aide, et ils ont reçu cette aide et ce soutien. Leur amour de Dieu a enrichi et renforcé leur amour mutuel; leur prière était leur source d'alimentation. En assistant aux fêtes de l'Église, ils ont sanctifié leur vie quotidienne, leur année entière. Et c'est quelque chose que chaque famille peut faire. Nous devrions tous re-découvrir la puissance de la prière commune. Nous devrions tous revenir à l'Église, une fois de plus assister à la messe régulièrement, faire attention aux fêtes du calendrier de l'Eglise. Si nous faisons cela, si nous apprenons à prier ensemble, si nous spiritualisons notre vie de famille, il n'y aura pas de crise, pas de bagarre, pas de divorce. Essayez! Vous avez ma garantie que cela fonctionne!

C'est ce qui explique le plus grand mystère de la famille Ratzinger: comment se fait-il que les parents plutôt simples, un policier de campagne, une sorte de shérif bavarois et une cuisinière d'hôtel, aient fait deux fils qui sont tous les deux des génies dans leur partie: Georg Ratzinger comme un chef de chœur mondialement célèbre, musicien et compositeur, qui a fait le tour du monde, du Japon aux États-Unis avec son "Regensburger Domspatzen", et Joseph Ratzinger, d'abord le plus grand théologien de notre temps, et maintenant le pape ? Certes, leurs parents, qui appartenaient plutôt à la classe moyenne inférieure, ne sont pas leur principale source d'inspiration intellectuelle et artistique, mais ils les ont guidés vers le meilleur, vers la source la plus inspirante: l'Église catholique! La beauté, la richesse, la spiritualité et des enseignements de l'Eglise ont stimulé l'esprit de tous deux et ont déclenché leurs aspirations artistiques et intellectuelles. Quel plus grand cadeau des parents peuvent-ils offrir à leurs enfants que la richesse de la foi chrétienne, la beauté inspirante de notre Eglise?

ZENIT: Comment avez-vous été marqué par cette expérience inédite?

Hesemann: Honnêtement, les semaines où j'ai eu la possibilité de travailler avec Mgr Ratzinger sur ce livre sont parmi les plus belles de ma vie. Je n'ai pas eu seulement la chance d'en apprendre davantage sur les traditions, la richesse et la beauté du catholicisme bavarois (je ne suis pas bavarois, mais rhénan), mais
j'ai d'abord fait l'expérience d'un homme qui vit et qui personnifie le meilleur de notre foi catholique. Georg Ratzinger est l'une des personnes les plus merveilleuses, chaleureuses, généreuses, humbles et aimables que j'ai rencontrées dans ma vie, et je chérirai toujours le privilège que j'ai eu de le rencontrer et de travailler avec lui sur ce livre .

Depuis que j'ai eu l'honneur de rencontrer le Saint-Père à plusieurs reprises, je peux vous assurer que, dans cet aspect, ils sont très semblables - humbles, même un peu timides, gentils et chaleureux. Il est toujours fascinant de voir comment le Saint-Père unit de manière harmonieuse la foi simple, terre-à-terre, du milieu rural de son enfance, avec son génie théologique. Cela le rend spécial, voire unique. Benoît XVI est à la fois un homme de foi profonde et un brillant intellectuel, un des plus grands esprits de notre temps. Après le grand missionnaire Jean-Paul II, l'Eglise avait besoin d'un professeur, quelqu'un qui fasse respecter ses fondements. Travailler sur ce livre m'a aidé à mieux le comprendre, en apprenant à connaître ses racines, et je suis sûr que mes lecteurs auront la même expérience. Vous comprendrez pourquoi il est l'homme juste au bon moment pour le Siège de Saint Pierre, le magistère de l'Eglise catholique, choisie par la divine providence.