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Des vitraux du XIIIe siècle, classés aux Monument historiques, de la Chapelle du Cimetière d'Ostwald, brisés, dans l'indifférence générale. (3/3/2012)


Ostwald est une agglomération de la proche banlieue de Strasbourg, sur la rive gauche de l'Ill.
A partir du joli village alsacien typique, avec ses maisons à colombages blotties autour du cimetière, le long de la rivière, l'"agglomération" s'est agrandie, urbanisée... et il faut bien le dire, enlaidie - même si elle est économiquement dynamique - et la population s'est diversifiée.
Banlieue résidentielle, mais avec tous les problèmes communs aux zones d'urbanisation relativement récente, trop proche d'une grande ville pour avoir un vrai caractère. On ne peut parler ni de village (même s'il a une riche histoire), ni encore moins de "ville". C'est simplement une "commune", et rien ne la décrit mieux que ce mot.
Ceci pour planter le décor.

Il demeure toutefois des témoignages de l'histoire de ce village. La chapelle du cimetière en est un.
Cette chapelle est ce qui reste de l'ancienne église.

* * *

Les premiers documents écrits qui évoquent son existence remontent à 1305. En 1454, elle est dédiée à Saint Oswald, et le village lui doit son nom.
En 1844, elle est jugée trop petite pour contenir les 822 catholiques, et on construit une nouvelle église un peu plus loin.
Mais on conserve le choeur de l'ancienne, le fermant par un pan de mur, et elle devient la chapelle du cimetière.
La chapelle conserve encore de précieux vitraux gothiques.
Un arrêté du Ministère de la culture et de l'environnement, daté du 15 novembre 1977, classe parmi les Monuments historiques du Bas-Rhin huit panneaux de ces vitraux. Il s'agit des panneaux qui représentent le donateur, la Vierge, le Christ, Saint Ostwald, et deux panneaux à décor floral, datant de la fin du XIIIe siècle.

(D'après "Ostwald, Illwickershein zu Sankt Oswald", ouvrage collectif, édition Coprur, 1999. Deux des illustrations ci-dessus en sont issues)

* * *

Peu avant Noël, un ami à nous, de vieille souche ostwaldoise, historien local et co-auteur de l'ouvrage cité ci-dessus, se rend en vélo au cimetière, pour se recueillir sur la tombe familiale. Il constate alors que des pots de fleurs brisés gisent par terre devant la chapelle, et que les vitraux ont été cassés - les pots de fleurs ont sans doute été utilisés comme projectiles. Il s'agit manifestement d'un acte de vandalisme - sinon de profanation (puisque c'est la Sainte-Vierge et le Christ qui ont été visés).
Il se rend à la police pour signaler le forfait. Le fonctionnaire présent prend note.
Presque trois mois après les faits, il n'y a eu aucune suite. Pas une ligne dans la presse locale (pourtant très sourcilleuse dès qu'on relève le mondre trait de crayon sur la façade de certains édifices). Rien.
Je m'abstiendrai d'approfondir les comparaisons, par auto-censure.
Mais peut-on trouver plus triste preuve de "déculturation" que cette indifférence face à la destruction d'un trésor du patrimoine dont on peut compter sur les doigts d'une main ceux qui, parmi les 10 000 habitants de la "commune" connaissent encore l'histoire, la signification, et la valeur?