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Rétrospective 2011

Le dernier Restàn, traduit par Carlota, est consacré à Shahbaz Bhatti, le ministre pakistanais martyr catholique, assassiné le 2 mars 2011. (14/3/2012)


Le 2 mars 2011, Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais catholique des Minorités religieuses, était assassiné.

Il a été tué en raison de son engagement en faveur des chrétiens et des minorités. Il multipliait en effet les déclarations sur les violences et intimidations dont est victime notamment la minorité chrétienne.

Shahbaz Bhatti avait la foi de ceux qui s'agenouille en présence de Dieu pour se tenir debout devant les hommes. Quelques mois avant sa mort, il avait pris sous sa protection Asia Bibi, mère de famille condamnée à mort pour blasphème (contre le prophète Mahomet). Le dimanche après sa mort, Benoît XVI avait salué le « sacrifice émouvant » de ce catholique qui avait su s'imposer comme défenseur de la liberté religieuse, en dépit des menaces dont il faisait l'objet dans son pays. (Radio Vatican)



Vivre et mourir pour le Christ au Pakistan
José Luis Restán 08/03/2012 (Source)
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À Khushpur, la ville où est né Shahbaz Bhatti, dans le très dur Punjab pakistanais, des milliers de personnes ont participé à une veillée en souvenir du ministre assassiné il y a maintenant un an, en raison de sa défense des minorités et de sa confession de la foi catholique. Après la messe présidée par l’archevêque de Karachi, Joseph Coutts, beaucoup se sont dirigés vers la tombe de Shahbaz pour y prier: il y avait là des musulmans, des hindous, des sikhs, témoigne, ému, Paul Bhatti, le frère qui a décidé contre toute prudence humaine d’assumer le portefeuille que laissait son frère assassiné.

Un courant d’authentique sympathie et de gratitude a parcouru la peau de ce immense pays et consterné, peut-être l’un des lieux les plus rudes de la terre, avec ses monts et ses grottes, où se livre une bataille mortelle dans laquelle ne sont même pas clairement définis ceux qui en sont les acteurs et de quel côté ils jouent à chaque moment.

Le gouvernement a aussi voulu se joindre à l’hommage, avec un message du Président Ali Zardari et du Premier Ministère Raza Gilani, qui ont répété leur énième engagement à protéger les minorités et à cheminer vers une reconnaissance effective de leurs droits.
Mais là, il est difficile de prendre au sérieux ces belles paroles. Non pas tant parce qu’elles cacheraient une duplicité ou une mauvaise intention mais parce que le Gouvernement ne contrôle par beaucoup de ressorts du pouvoir réel, il est éloigné de ce Pakistan profond où agissent à leur guise, les cellules terroristes, les sermons incendiaires et l’éducation à la haine. Et tout cela se loge au plus profond de la mentalité du peuple, cette mentalité qui a porté les voisines d’Asia Bibi à la dénoncer pour blasphème en la mettant à l’entrée du tunnel de la mort.

Oui, le pays réel est très différent des télégrammes pleins de sagesse qu’ont envoyé les fonctionnaires du gouvernement, incapables de contrôler les écoles, les services secrets, l’armée…

Le Président du Parti Populaire du Pakistan, Bilawal Bhutto le sait bien, lui qui a vu comment sa mère a été assassinée en revenant d’exil pour tenter une nouvelle expérience démocratique après celle torpillé par ceux de toujours. Bhutto a rappelé le souvenir du ministre Bhatti en disant que « le sang des martyrs et de tous ceux qui se sont dévoués à la création d’un Pakistan tolérant, pluriel et démocratique ne coulera pas en vain ». Mais ce n’est pas facile de maintenir vivante cet espérance quand on observe le cours des événements, quand apparemment ceux qui triomphent chaque jour sont les assassins.

L’archevêque Coutts s’est hâté d’exprimer l’avis retentissant de l’Église au Pakistan en affirmant que « le martyr Shahbaz Bhatti n’est pas mort mais qu’il reste vivant dans le Christ, et son sacrifice témoigne du désir d’une nation, le Pakistan, où les minorités religieuses pourront jouir des mêmes droits et de la même dignité ». Un homme qui connaît à fond la réalité du pays et qui n’aime pas les ménagements, le missionnaire du PIME (ndt Institut Pontifical des Missions Extérieurs) a dit que malgré l’apparent échec qu’a supposé sa mort, les communautés chrétiennes pakistanaises sont devenues maintenant plus vaillantes, plus disposées à se montrer à la lumière pour demander la justice, dénoncer les abus, s’opposer aux expropriations et vexations de tout genre ». En outre, Cervellera souligne que le « testament » de Bhatti s’est transformé en un modèle pour des millions de personnes dans le monde entier ».

« Je ne veux qu’une place aux pieds de Jésus, je veux que ma vie, mon caractère et mes actions parlent pour moi et disent que je se suis en train de suivre Jésus Christ…je veux vivre pour le Christ et pour Lui je veux mourir ». C’était cela Shahaz Bhatti. Dans la vie et la mort des martyrs se déroule dramatiquement le grand choix : les pouvoirs mauvais de ce monde ont-ils vaincu ? ou bien au contraire à travers eux un barrage à la puissance supérieure du mal s’est-il dressé ? Difficile de répondre avec les analyses de la sociologie et de la politique. Mais nous pouvons nous demander et imaginer ce que serait le Pakistan sans des hommes comme Shahhaz et des milliers de chrétiens qui continuent à vivre leur foi dans ce pays tumultueux. Et bien sûr ce serait un pays beaucoup plus rébarbatif et avec beaucoup moins d’espérances.
Benoît XVI nous rappelle toujours que le Christ n’a pas sauvé le monde avec de belles paroles mais à travers la souffrance, et quelques uns, mystérieusement, sont encore appelés à s’associer à son sacrifice. Shahbaz ne lui a pas montré de répugnance à cet appel, et pour cela lui nous lui devons une gratitude sans limites