Rechercher:

Pages spéciales:

Page d'accueil

Vatileaks

Consistoire

Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Après les fuites organisées au Vatican ("Vatileaks"), un entretien de GM Vian, directeur de l'OR, avec le substitut de le Secrétairerie d'Etat, l'archevêque Angelo Becciu. Il me semble juste de donner la parole à ceux qui ont été attaqués, sans avoir le droit de se défendre. (16/3/2012)

->
Voir ici: Homme de Dieu, ami de l'Afrique (Mgr Becciu accompagnait le Pape au Bénin, où il avait été nonce postolique)

* * *

Une conversation avec le substitut de le Secrétairerie d'Etat, l'archevêque Angelo Becciu
(Source:
Raffa)
Article de Gian Maria Vian, ma traduction


Il faut regarder devant nous
--------------

L'image trop souvent transmise dans l'opinion publique de la Curie romaine ne correspond pas à la réalité, qui est certainement bien meilleure, quoique obscurcie par la grave déloyauté de quelques-uns. Et la déloyauté est justement à la base de fuites de documents qui ont eu une grosse couverture médiatique, tout particulièrement en Italie. Sur ce triste et déplorable phénomène, une enquête est en cours à divers niveaux et l'espoir est de retrouver une atmosphère de confiance. Le Pape, tenu informé en permanence, et peiné, est toutefois serein et regarde vers l'avant.
Tels sont les points principaux abordés lors d'une rencontre de "L'Osservatore Romano" avec le sous-secrétaire d'Etat, Mgr Angelo Becciu.

* * *

«Je n'avais jamais travaillé ici, et depuis que je suis arrivé, le 31 mai, j'ai peu à peu découvert des personnes dédiées au service du Saint-Siège, dévouées au Pape, compétentes, sainement fières de leur travail».
Diplomate dans sept pays de quatre continents (l'Asie est celui qui manque) et nonce apostolique en Angola et à Cuba, Mgr Becciu tient à souligner - en contraste avec l'image, diffusée ces derniers jours d'une Curie comme un lieu de carriérisme et de complot - à quel point il s'agit d'une réalité éloignée de tels stéréotypes.

La mémoire remonte au discours de Paul VI, le 21 Septembre 1963: la Curie papale a la fonction «d'être la gardienne, ou l'écho des vérités divines et de se faire langage et dialogue avec l'esprit humain», et ensuite «d'écouter et d'interpréter la voix du Pape et en même temps de ne lui laisser manquer aucune information utile et objective ».

C'est justement de Rome qu'« est venu, dans les cent dernières années, ce gouvernement régulier, infatigable, stimulant qui a rendu l'Eglise tout entière susceptible non seulement d'extension vers l'extérieur, ce que chacun doit reconnaître, mais de vitalité et de sensibilité intérieure ».
La curie, a dit le Pontife, qui y avait passé trente ans, «n'est pas un corps anonyme, insensible aux grands problèmes spirituels», ni même «une bureaucratie, comme certains la jugent à tort, prétentieuse, ennuyeuse, uniquement canoniste et ritualiste, une école d'ambitions cachées et d'antagonismes sourds, comme d'autres l'en accusent, mais «une vraie communauté de foi et de charité, de prière et d'action ».
De cette façon - concluait Paul VI avec une image de l'Evangile qui lui était chère - «comme une lueur sur le candélabre, cette vieille et toujours nouvelle Curie romaine » donnera la lumière à ceux qui sont dans l'Église.

Des accents analogues se retrouvent dans la visite que Benoît XVI a faite à sa Secrétairerie d'Etat le 21 mai 2005, un peu plus d'un mois après l'élection dans le conclave, et avec des mots improvisés:

«A la compétence et au professionnalisme du travail effectué ici, il s'ajoute aussi un aspect particulier, un professionnalisme particulier: notre amour pour le Christ, pour l'Eglise, pour les âmes, fait partie de notre professionnalisme. Nous ne travaillons pas - comme beaucoup disent du travail - pour défendre un pouvoir. Nous n'avons aucun pouvoir terrestre, laïque. Nous ne travaillons pas pour le prestige, nous ne travaillons pas pour faire croître une entreprise ou quelque chose de ce genre. Nous travaillons vraiment pour que les routes du monde soient ouvertes au Christ. Et tout notre travail, avec toutes ses ramifications, à la fin, sert vraiment à ce que son Evangile, et donc la joie de la rédemption, puisse arriver dans le monde »

Aujourd'hui encore, le Substitut veut confirmer ce jugement positif: le travail qui s'accomplit aujourd'hui à la Secrétairerie d'État est «désintéressé et de bon niveau, tant parmi les membres du clergé que parmi les laïcs ».
Dernièrement, «quelqu'un m'a confié qu'il avait honte de dire qu'il travaillait au Vatican - poursuit Mgr Becciu - et je lui ai répondu: "relève la tête, sois-en fier, au contraire" ».
Les rares personnes qui se sont comportés déloyalement «ne doivent pas occulter cette réalité positive ».
Pour eux, l'archevêque use de paroles très dures: qu'ils examinent plutôt leur conscience, parce que c'est «déloyal» , cest de la «lâcheté» de profiter d'une «position privilégiée» pour publier des documents dont ils «avaient l'obligation de respecter la confidentialité ».

C'est pour cette raison que la Secrétairerie d'Etat a ordonné une enquête approfondie qui concerne tous les organes du Saint-Siège: au niveau pénal, conduite par le Promoteur de justice du Tribunal du Vatican et au niveau administratif effectué par le Secrétariat d'État du Vatican lui-même, tandis qu'un comité supérieur a été chargé par le Pape de faire la lumière sur toute cette affaire. «L'espoir est que se recompose la base de notre travail: la confiance mutuelle », ce qui bien sûr suppose «sérieux, loyauté, correction».
Benoît XVI, malgré la douleur que tout cela lui cause, «nous encourage, toutefois - conclut Mgr Becciu à regarder en avant, et son témoignage quotidien de sérénité et de détermination est une source d'inspiration pour nous tous »

(GMV)

(© L ' Osservatore Romano, 17 Mars 2012)