Carlota a traduit sur Zenit en espagnol le témoignage plein de fraîcheur et de spontanéité d'une journaliste mexicaine, Paloma Rives, qui a eu le privilège de voyager dans l'avion du Pape. (26/3/2012)
Paloma Rives, est une journaliste mexicaine de l’état de Tabasco, capitale Villahermosa (sud-est du pays).
Sa photo (et d'autres, inédites, du voyage du Pape) ici sur le site du journal « Diario Presente », périodique de la région.
C’était la première fois qu’elle recevait une telle mission, couvrir un voyage du Pape. Via Zenit, version espagnole. Elle nous livre ses premières impressions pleines de spontanéité mais elle nous permet aussi de découvrir les réflexions d’un célèbre journaliste mexicain.
Carlota.
Original: www.zenit.org/article-41808?l=spanish
Qui sommes-nous et comment voyageons-nous avec Benoît XVI au Mexique et à Cuba.
Par Paloma Rives (*), envoyée spéciale
ROME, samedi 24 mars 2012
Nous sommes soixante-dix journalistes accrédités. Il est 5h et demie du matin, ce vendredi 23 mars. Nous avons tout prêt: le passeport, l’accréditation, la réservation d’avion, le visa de journaliste pour entrer à Cuba, l’itinéraire complet et bien sûr les données du vol papal pour la visite de sa Sainteté Benoît XVI au Mexique et à Cuba.
Nous nous trouvons au terminal 3, modules 249,250, 251. Très tôt, trop tôt. Peut-être du fait de la précaution excessive d’être ponctuel. Nous marchons mais, comme il n’est pas encore six heures et que le rendez-vous est à six heures et demie, les modules se trouvent presque vides. Une sensation étrange commence à nous envahir jusqu’à ce que nous rencontrions Maria Antonieta Collins (ndt: célèbre journaliste mexicaine qui a notamment convaincu Juanita Castro, la petite sœur de Fidel et Raúl Castro, de co-écrire et publier sa biographie. Livre paru en version espagnol en 2009, et qui ne fut pas apprécié de certains Cubains de l’extérieur qui en détruisirent des exemplaires devant le consulat d’Espagne à Miami – cf ici) de la chaîne de télévision Univisión (ndt: c’est la chaîne de télévision de langue espagnole la plus importante des Etats-Unis d’Amérique). Et c’est ainsi que peu à peu arrivent plus de journalistes, des journalistes qu’à partir de ce moment, nous allons transformer en compagnons de voyage, compagnons de route et bien sûr de travail. Chez quelques-uns l’on observe des sourires, il y en a d’autres qui sont déjà habitués, et il y a aussi ceux qui comme nous sont remplis d’attentes dans cet aéroport international Léonard de Vinci de Rome. Qui sont les journalistes accrédités dans le vol papal ? Combien de fois ont-ils couvert une visite pastorale ? Quelle est leur position religieuse ? Pour résumer, qui sommes-nous et comment voyageons-nous avec Benoît XVI au Mexique et à Cuba.
Tandis que nous attendons des indications pour prendre la carte d’embarquement, je me rappelle la veille dans la salle de presse du Saint Siège. C’est tout un cadre interculturel. Nous avons entendu beaucoup de langues différentes dans un même espace: de l’espagnol, de l’italien, du français, enfin, tout un univers de caméras, de journalistes de la presse parlée, de rédacteurs, d’envoyés spéciaux. Déjà dans cette ambiance, nous avons conversé avec Jorgen Erbacher Zaf, qui travaille pour la Télévision Allemande. Erbacher a réalisé la couverture de plus de vingt voyages de Benoît XVI. Il a commencé sa carrière à Radio Vatican et il répond d’une façon très simple.
- Quel a été le plus défi auquel vous avez été affronté lors de ces couvertures ?
« Dans toutes les visites il est très important d’observer les principaux problèmes de chaque pays et comment le pape se prononce par rapport à chacun d’eux. Pour ce qui est du Mexique, où les gens ont besoin d’espérance dans l’avenir, le pape va adresser un message de paix et de tolérance. La même chose se passe à Cuba. Les conditions demandent aux gens de rendre plus grands leur foi et leur amour. Il sera très intéressant d’écouter et d’analyser les messages pour pouvoir les transmettre. Un autre aspect qui est un véritable défi est d’accomplir chacune des activités et conditions du programme ». À ce moment, Jorgen Erbacher nous lance un regard de conseiller et il termine : « Nous devons être attentifs et être prêts à tout moment pour l’accomplir dans le temps et les formes ».
Effectivement, les niveaux de protocole et de ponctualité sont beaucoup plus élevés que dans n’importe quelle autre mission comme correspondant ou pour une couverture de l’information. Le programme de travail qu’on nous ont remis avec l’accréditation ne nous laisse pas un instant de libre. Horaires des réunions, des sorties, numéros de chambres, événements auxquels nous avons accès, compte rendu sur chaque lieu à visiter, code vestimentaire, enfin, un véritable modèle de protocole, d’organisation et de logistique.
C’est peut-être pour cela que nous sommes arrivés à l’aéroport, non seulement ponctuels mais même avant l’heure indiquée. On nous demande le passeport et le talon du bulletin et avec beaucoup d’amabilité on nous remet la carte d’embarquement. Il existe une phrase pour assurer que la joie peut difficilement se dissimuler. Elle est tout à fait vraie.
Déjà sept heures et demie du matin, heure de Rome, minuit du jour précédent, heure de Mexico. Les journalistes des chaînes de télévision commencent leurs liaisons en direct.
D’autres parmi nous se mettent à monter leurs “upgrades” sur Facebook et réalisent quelques entretiens. Même quand nous sommes plus que restaurés, les « papillons » ne peuvent pas s’arrêter de « voltiger » dans l’estomac laissant un vide qui arrive même à gêner un petit peu. C’est l’émotion, les nerfs, la responsabilité. Une fois de plus cela résonne à l’intérieur : tout ce qui sera nécessaire pour atteindre ce qui est espéré au cours de cette mission. L’estomac ne se tranquillise pas facilement.
Pendant ce temps, nous parlons avec Pedro Ferriz de Con (ndt: fils d’un grand journaliste de radio mexicain et lui-même célèbre journaliste. Né en 1950. Il anime notamment le journal du matin sur Imagen Radio. Il a en particulier interviewé les présidents français Mitterrand et Chirac) qui a une solide carrière comme journaliste au Mexique. Aimablement et avec beaucoup de camaraderie, Ferriz de Con, explique sa vision au sujet du Pape Benoît XVI :
« Dans ce monde et en ce temps présent nous sommes avides de « leaders ». Il n’y a pas beaucoup de « leaderships ». La jeunesse a besoin de « leaders », la société en général a besoin de « leaderships » et je crois que ce dont nous avons le plus besoin c’est de savoir que le futur est sûr et de confiance. Il y a de la violence, il y a du chômage, il y a l’inefficacité des institutions, il y a des structures qui nous portent à la désespérance. Quelqu’un doit arriver à nous dire que avec l’unité, avec la rationalité, avec la civilité, et avec le travail et l’engagement, et une conscience communautaire nous pouvons rendre vivable ce monde. J’ai l’impression que les institutions de l’homme ont travaillé pour un temps et que maintenant tout est train de prendre de l’eau. Alors doivent arriver des « leaderships » comme celui de Benoît ou comme celui de l’Église comme institution pour nous faire voir qu’il y a un chemin ».
- Il y en a qui défendent leur foi malgré des attaques qu’ils reçoivent d’une façon systématique. Qu’en pensez-vous?
Ferriz de Con, en écoutant la question, touche un sujet qui porte à la réflexion, la lutte permanente de l’homme pour décider au sujet de l’existence de la spiritualité : « Au fond de cette décision tu dois arriver à une conclusion : " Dieu existe, oui ou non ?". Il y a alors deux chemins. Ou tu portes un chemin de foi et tu es croyant ou tu rentres dans un schéma d’athéisme et tu rejettes l’idée qu’il y a une vie après la mort. Moi j’ai connu des athées qui à la fin de leurs jours croient et j’ai connu des catholiques ou des croyants qui à la fin de leurs jours cessent de croire pour des questions qu’ils ont vécues tout au long de leurs expériences. Il y a toujours eu une course-poursuite entre celui qui croit et celui qui ne croit pas, avec une nuance : celui qui ne croit pas est "blindé", parce que c’est une position très libérale, très « courageuse ». Celui qui ne croira pas qu’il y ait un Dieu, tant pis pour lui, c’est son affaire ! Mais la persécution chrétienne a toujours existé. Depuis que le Christ a dit : ceux qui me suivent vont mal le vivre, nous l’avons mal vécu. On nous a signalés, vus, persécutés et ce sera, je crois, ainsi jusqu’à la fin ».
Je demande : « Pedro Ferriz de Con êtes-vous croyant ? » : « Moi, oui. À part le fait que je suis né et j’ai grandi dans une famille catholique très croyante, j’ai été très près de la mort (ndt, lors de tremblement de terre de 1985, il est resté enseveli plusieurs heures dans les décombres du bâtiment de la radio d’où il présentait le journal) et je sais ce que l’on ressent.
Une douce voix résonne dans les hauts parleurs de la salle H14. Ils annoncent l’arrivée de l’avion. Sûrement, au cours du trajet, nous continuerons à mieux connaître ceux qui - à l’occasion du voyage du pape Benoît XVI au Mexique et à Cuba - partageront sa lumière.