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Un voyage politique... à l'insu du Saint-Père. La classe politique mexicaine, à la veille d'élections importantes, est venu le voir et l'écouter. Récupération? Carlota a trduit deux articles de la presse mexicaine. (27/3/2012)



Je vous adresse ci-dessous quelques extraits traduits de deux articles qui parlent bien sûr de l’accueil reçu par le Saint Père « devenu mexicain » mais qui insistent aussi beaucoup sur la présence des hommes politiques aux cérémonies et notamment des présidentiables (prochaines élections du président de la république du Mexique le 1er juillet 2012). Si le Pape ne fait pas de politique, les politiques sont venus à lui, pour le voir et l’écouter. Certains diront, surtout pour être vus et gagner des voix… Peut-être, mais ils étaient là !

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Cecilia Téllez Cortés dans son article du 26 mars 2012 sur « La Crónica de hoy » titre ainsi son article (orginal ici): Le « Benoît, frère, maintenant tu es mexicain » a plu au Pape au chapeau de « charro ».

« Vive le Christ Roi, Vive la Vierge Marie, Vive le Pape » a crié la foule au passage de la papamobile dans les différentes zones du Parc « Bicentenario ». Le chef de l’Église catholique a conquis la foule quand il est apparu portant un chapeau de « Charro » (ndt garçon vacher traditionnel mexicain) brodé de fils dorés, un cadeau qui lui a été offert en provenance de la ville de San Francisco del Rincón.

Le Souverain Pontife s’est montré affable et heureux des multiples manifestations d’effusion qu’il a reçues quand à son passage, il entendait non seulement les applaudissements mais aussi les chansons et les « Porras » populaires : « Benoît, frère, tu es bien mexicain », ont crié maintes et maintes fois les personnes présentes et d’autres encore ont choisi d’improviser un nouveau slogan : « Semelle, talon et chaussure : « Semelle, talon et chaussure, Benoît tu est bien de Guanajuato ! » (1).

Après un survol du « Cerro del Cubilete » (2) réalisé à bord d’un hélicoptère Super Puma de l’État-Major de la Présidence, le Souverain Pontife est arrivé au niveau de l’Autel du Christ Roi et les gens ont commencé à faire ondoyer les drapeaux du Vatican et du Mexique.

Dans son homélie le Pape a plaidé pour le dépassement de la fatigue de la foi sur le continent et il a recommandé les peuples à la protection de la Vierge de Guadalupe pour surmonter le mal.

Après la cérémonie eucharistique le président [du Mexique] Felipe Calderón (ndt de son nom complet Calderón Hinojosa), a écrit sur son compte « Twitter » : « Très émouvante, la messe concélébrée par sa Sainteté Benoît XVI ». Il a ajouté que « des centaines de milliers de personnes y ont assisté ». Selon les autorités locales, 700 000 personnes remplissaient les lieux.

Le chef de l’État a été le premier à monter à l’autel et recevoir la communion des mains de l’Évêque de Rome. Vêtu d’un costume sombre et d’une chemise blanche, Calderón Hinojosa s’est légèrement incliné devant le Souverain Pontife pour recevoir la communion et s’est aussitôt dirigé vers la zone face au tableau de la Vierge de Guadalupe. L’ont suivi à leur tour ses enfants Luis Felipe, Juan Pablo, María et son épouse Margarita Zavala. Des heures auparavant, dans l’attente de l’homélie papale, il y avait une grande expectative quant à la venue des candidats à la Présidence de la République. Un à un, ils sont arrivés dans la zone A1 de l’aire des « VIP » du parc « Bicentenario ».

Andrés Manuel, vêtu d’une chemisette et d’un pantalon gris, qui est venu accompagné de son épouse et de l’ex-ministre de la Cour Suprême, Genaro Góngora, a occupé sa place dans la rangée de sièges, dans le même couloir par lequel quelques minutes plus tard transitera l’ex-président de la république Vicente Fox. Elle est loin cette année 2005 quand Fox avait dénoncé pour abus celui qui était alors le chef du gouvernement de Mexico, l’antichambre (la sacristie) de la messe du Pape a donné lieu à un échange de salut et une tape dans le dos de l’élu de Tabasco de la part de l’ex-responsable de l’exécutif.

Enrique Peña Nieto, candidat du PRI, est arrivé accompagné de son épouse Angélica Rivera, et a aussitôt manifesté son approbation d’avoir l’opportunité de participer « ici, avec cette grande représentation des fidèles catholiques du pays à l’occasion de la visite du Pape. Oui, je suis catholique, merci ».

Dans la même zone se trouvaient Josefina Vázquez ry Gabriel Quadri. La « paniste » (du nom du parti au pouvoir) était accompagnée de son époux Sergio Ocampo et de ses trois filles, elle a aussi manifesté sa satisfaction de participer à la cérémonie solennelle.

La partie centrale, face à l’autel, était occupée par le président Calderón et quelques personnes de sa famille, en plus de son épouse et de ses enfants, se trouvaient ses beaux-parents, Mercedes Gómez del Campo et Diego Zavala, […]. Dans son entourage il n’y avait pas d’hommes politiques de parti politique proche du Président, mais cinquante représentants de divers groupes indigènes et dans les passages, des enfants handicapés.

La visite du Pape intervient alors que le Pouvoir Législatif discute une réforme de l’article 24 de la Constitution qui favorise la liberté religieuse, pour laquelle le président Caldéron avait déjà montré son inclination à plusieurs reprises, la plus récente en janvier dernier lors de sa rencontre avec les élus de son parti à San Miguel de Allende. Il s’était alors exprimé ainsi : « Il est fondamental qu’au Mexique l’on reconnaisse pleinement la liberté de toute personne en la matière et que vraiment on laisse derrière soi, une ère d’énormes préjudices, de mythes et que simplement, sans abandonner la très nécessaire séparation entre l’État, et la religion et les églises, l’on reconnaisse pleinement la liberté humaine telle quelle. La liberté de croire ou de ne pas croire, et de croire en la religion dont on désire faire profession, et même professer ».

[..]
La journaliste conclut : Hier, il a semblé que c’était déjà le cas.

Par ailleurs Mayolo López du journal « Reforma » (à diffusion nationale et connu pour sa liberté de ton, sa causticité pas innocente non plus, - à savoir si cette liberté est réelle ou si elle n’est que l’apparence d’une dissidence au profit du Système !) déclare le même jour dans un article : « Le pape fait un miracle politique ».
Son texte a été repris sur le journal « Tabasco hoy » (http://www.tabascohoy.com.mx/) et sur la plateforme dite de « libre opinion pour promouvoir la participation citoyenne et la liberté d’opinion politique, pour aider à ce que le Mexique ait un électorat bien informé » à l’occasion des élections présidentielles et législatives de 2012 (http://www.eleccion2012mexico.com/ ). Les caricatures que l’on voit ici présentent une facette de cette pédagogie citoyenne… L’une montre les trois principaux candidats à la présidence qui se sont déguisés en enfants de cœur pour voler la vedette au Pape, et l’autre montre les candidats qui se font bénir par le Pape).

Voici quelques éléments de l’article

Le Pape Benoît XVI a fait le Miracle. Dans l’accomplissement de l’acte le plus significatif de sa visite à Mexico, la célébration de la messe qui a rassemblé les foules dans le Parc « Bicentenario », Joseph Ratzinger a réuni les quatre porte-drapeaux de la Présidence de la République et a provoqué une insolite rencontre entre Vicente Fox et Andrés Manuel López Obrador. En plus il a rendu possible, ce qui n’était pas arrivé à aucun moment de ces six dernières années, que l’homme de Tabasco (ndt Andrés Manuel López Obrador est originaire de cet état mexicain) et le Président Felipe Calderón partagent le même espace.

«Salut, bienvenue», a dit d’une manière intempestive Fox à López Obrador en posant sa main sur l’épaule du porte-drapeau de la gauche. L’homme de Tabasco, assis face à l’autel, s’est retrouvé tout surpris et a tendu la main à celui qui l’avait accusé d’une manière polémique d’avoir violé la loi quand il était chef du gouvernement du District Fédéral (ndt En 2005, López Obrador était alors gouvernement du District Fédéral de Mexico. il fut impliqué dans une affaire de construction de voies routières et le président de la république de l’époque demanda la levée de son immunité parlementaire. À la suite de manifestations monstres à Mexico, l’affaire fut finalement enterrée).

Une marée humaine, estimée par le porte-parole du Vatican à au moins 640 000 catholiques, est restée derrière la zone des « VIP » qu’ont occupée les quatre candidats :

Josefina Vázquez Mota, Andrés Manuel López Obrador, Enrique Peña Nieto et Gabriel Quadri-, et Fox Quesada ainsi que Calderón Hinojosa.

Après l’homélie très attendue du Pape, la liturgie a appelé à la communion. Dans les marches qui montaient vers l’autel s’est dessiné la figure du Chef de l’État mexicain, Felipe Calderón, qui à pas lents est monté, accompagné de son épouse Margarita Zavala, et de leurs trois enfants María, Luis Felipe et Juan Pablo. Des mains de l’évêque de Rome, il a été le premier à recevoir l’hostie de la communion. À genoux, son épouse et ses enfants reçurent le pain, de la même façon, le gouverneur hôte de ces lieux, Juan Manuel Oliva. Josefina Vázquez Mota a aussi communié.

La petite Fátima Guzmán a communié pour la première fois. Fille de Ricardo Guzmán, le maire de la ville de la Piedad, dans l’état du Michoacán, qui a été assassiné par le crime organisé.

[..]

Le Maire « paniste » (ndt c'est-à-dire du parti actuel au pouvoir) de Silao, Juan Roberto Tovar, et le Gouverneur de Guanajuato, Juan Manuel Oliva, ont remis les clefs de la Ville au Pape Benoît XVI. À son arrivée à l’héliport du Parc « Bicentenario », le Souverain Pontife a reçu la reconnaissance de sa distinction d’hôte de marque. La Clef qui lui a remise a été plongée dans un bain d’or de 14 carats. Elle a, également gravée, l’image du Christ Roi que le pape a découvert lors d’un survol en hélicoptère.

Pour la nuit Benoit XVI inaugurera un système moderne d’éclairage du monument qui est visité par plus d’un million de personnes par an.

Notes de traduction

(1) « Porra » est un mot qui existe évidemment en Espagne mais qui au Mexique a un autre sens très particulier puisqu’il désigne un groupe qui soutient à grand bruit, mais aussi les cris poussés par les partisans de ce groupe, leurs slogans d’encouragement pour son héraut/héros ou au contraire de réprobation poussés contre son adversaire. La « porra » de Guanajuato, pour Benoît XVI, même si elle est familière, montre évidemment que les natifs de Guanajuato considèrent le Saint Père, vraiment comme l’un des leurs de la tête aux pieds !).

(2) El Cerro del Cubilete est une « colline » situé à 2579 km au dessus du niveau de la mer et dont le nom fait référence à sa forme. C’est aussi le centre géographique du Mexique. Lieu doublement symbolique puisque la première statue de taille qui y avait été installé avait été bombardée par avion puis dynamité en 1926, sur ordre du Président de la République mexicaine, Plutarco Elías Calles dit aussi « le Chef suprême de la Révolution » pendant la guerre d’extermination des « Cristeros ».

(3) Quelques hommes politiques cités

- Vicente Fox du Parti de l’Action Nationale (PAN), est donc un « paniste ». Il est devenu en 2000 le premier président mexicain n’appartenant par au Parti de la Révolution Institutionnel (PRI) depuis 1929. Un parti qui avait régné sans partage sur le pays pendant 70 ans ! Lui a succédé en 2006 Felipe Calderón Hinojosa, toujours du PAN. Pour 2012 le candidat du PAN est Madame Josefina Vázquez Mota (51 ans). Ce parti pourrait être dit « démocrate chrétien » libéral, et se rapprocherait du Parti Populaire espagnol par exemple. Mais il n’est non plus totalement fermé aux « nouveaux droits », ou tout au moins il peine à ne pas lâcher du lest face aux pressions mondialistes.

- Enrique Peña Nieto (45 ans) à la tête de l’alliance électorale « Compromis pour le Mexique) comprenant l’historique PRI et le petit Parti Vert Écologiste du Mexique (PVEM). Ce candidat a déclaré également qu’il était en faveur de l’État laïc et que s’il devient président de la République, il professera sa foi d’une manière très intime (sic !)

- Andrés Manuel López Obrador (né en 1953 dans l’état de Tabasco) d’abord militant du PRI, aujourd’hui à la tête d’une alliance électorale de gauche comprenant le Parti de la Révolution Démocratique (PRD), du Travail (PT), du Mouvement Citoyen.

- Gabriel Quadri de la Torre du Parti « Nouvelle Alliance » qui a fait 4% aux dernières élections, et me semble avoir aussi des préoccupations écologistes.