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Riccardo Cascioli réagit, sur la Bussola à un congrès à l'initiative de la CEI (conférence des évêques en Italie) qui entretient malheureusement la confusion entre deux notions à l'évidence antinomiques, "recrutant" pour l'occasion Caritas in veritate! Une analyse qui vaut aussi pour nous (2/4/2012)

Article en italien ici.
Ma traduction.

     



La CEI fait de d'œil à l'écologisme

Riccardo Cascioli
24/03/2012
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«Pour un développement humain durable»: tel est le titre d'un séminaire d'études qui [s'est tenu] le 24 Mars à Rome, organisé par l'Office de la Conférence épiscopale pour les problèmes sociaux et le travail et le Service national pour le projet culturel.
L'Eglise italienne, par conséquent, embrasse le concept de «développement durable»: le reliant à la «garde de la Création» (1); laissant entendre que c'est ce qui est contenu dans l'encyclique de Benoît XVI Caritas in veritate; impliquant l'appui enthousiaste à la «green economy» (économie verte).
Dommage que les trois conclusions soient erronées.
Ce n'est pas une surprise, puisque de la liste des conférenciers, on comprend bien qui a fortement influencé l'orientation du travail de la CEI: l'organisation de la rencontre est en effet dans les mains de la Fondation Lanza, une organisation basée à Padoue, qui traite d'éthique sociale et qui, sur l'environnement, a des positions qu'il est difficile de distinguer de celles du WWF et de Greenpeace.
Pas étonnant donc, que Caritas in veritate ait été "pliée" jusqu'à lui faire affirmer le contraire de ce qu'elle dit.

Il est curieux, en effet, de constater que le séminaire parle de développement humain durable, l'accent étant entièrement mis sur «durable». Pourtant, Caritas in Veritate ne parle jamais de développement durable, elle parle de «développement humain intégral», et insiste sur ce concept.

Pas par hasard, parce que s'il y a une chose «politiquement» intéressante dans "Caritas in veritate" , c'est le fait qu'elle ait repoussé l'assaut et l'énorme pression de ceux qui veulent qu'un pilier fondamental de la Doctrine sociale de l'Église devienne le concept même de « développement durable». Mais le «développement durable» n'est pas conciliable avec la doctrine de l'Église parce que c'est une partie intégrante de «l'humanisme sans Dieu».

Nous devons nous souvenir que le concept de développement durable - codifié dans le Rapport de la Commission Brundtland (1987) - cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland - et devenu la base des politiques mondiales de développement et d'environnement - est l'expression achevée d'une conception négative de l'homme. En particulier, la Commission Brundtland voit dans la population - tant en termes de quantité que de qualité - un facteur négatif pour le développement et l'environnement. Voilà pourquoi au niveau mondial, on investit des milliards de dollars pour le contrôle des naissances dans les pays pauvres (aspect quantitatif) et pour freiner le développement des pays riches (aspect qualitatif). Malgré cela, d'importants secteurs de l'Eglise poussent à l'adoption de ce concept: ce sont les Conférences épiscopales d'Europe - l'Allemagne en tête - et les organisations œcuméniques, où il y a quelques Eglises protestantes, qui dictent la ligne. En Italie, pour soutenir cette ligne il y a des associations et des organisations non-gouvernementales ouvertement catholiques - comme la Fondation Lanza - qui poussent à introduire «l'éducation à la durabilité, même dans les séminaires» . De toute évidence, ces organisations ont pris le contrôle des services compétents de la CEI.

De la même manière, le concept de développement durable n'a rien à voir avec la garde de la Création (ndt: en italien, l'expression est plus belle: "custodia del creato"), une expression qui, dans certains milieux catholiques est interchangeable avec «protection de l'environnement». En réalité, il s'agit, en tenant compte du sens courant du mot environnement, de deux concepts totalement différents, voire opposées.
L'écologisme dominant, en effet, est basé sur une vision négative de l'homme, élément perturbateur d'une nature qui - sous-entendu - serait beaucoup mieux si l'homme n'était pas là. L'environnement, pris dans ce sens est «autre» par rapport à l'homme, et ce dernier peut y vivre à condition qu'il fasse le moins possible d'activités, et surtout mette au monde le moins possible d'enfants, parce que chaque personne qui s'ajoute est une autre charge qui pèse sur la nature. D'où aussi cette expression de «défense» de l'environnement: il y a un agresseur, l'homme, et il doit être mis en condition de ne pas nuire.

Tout autre, en revanche, est le sens du mot «Création», qui met l'accent sur l'existence d'un créateur dont tout dépend. La terre n'est donc pas un organe autonome (hypothèse Gaïa) qui réagit aux agressions, comme le corps humain le fait avec des virus, par la «fièvre» (le réchauffement de la planète est souvent décrit comme la «fièvre du monde»), mais elle est un don de Dieu à l'homme. L'homme, par conséquent, n'est pas seulement une partie de la création, mais il est la première de ces créatures. Il y a donc une hiérarchie ontologique entre l'homme et les autres êtres vivants. D'autre part, précisément parce qu'il est aussi une créature, l'homme est responsable devant le Créateur. En d'autres termes: notre vocation n'est pas avant tout de «défendre», mais de «faire croître».

Tout aussi discutable est l'engouement pour l '«économie verte», c'est-à-dire une économie fondée sur des critères écologistes, qui [a été] lancée en grande pompe lors de la conférence du 24 mars. Qu'il suffise de dire que l'un des piliers de l '«économie verte» est un encouragement fort aux sources d'énergie renouvelables - en Italie, surtout l'éolien et le solaire. Ce n'est pas le lieu pour examiner cet aspect en détail, mais il suffit de penser que - compte tenu des coûts énormes de ces sources, causés à la fois par leur coût réel et leur inefficacité énergétique - cette option est à la base de la forte hausse des prix de l'énergie avec le résultat de rendre de moins en moins accessible ce qui est le véritable moteur du développement.

Objectif cohérent avec l'idéologie du développement durable, certainement pas avec celle du développement humain intégral, pour lequel promouvoir l'accès à des sources d'énergie abondantes et économiques - en plus d'être sûres - est fondamental.

(1) "Garder la Création"

Il m'est revenu en mémoire ces propos (très simples et très beaux) prononcés par Benoît XVI en juillet 2007 à Lorenzago di Cadore, où il était en vacances, lors d'un angelus auquel j'ai eu le privilège d'assister.

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En ces jours de repos que, grâce à Dieu, je passe ici dans la région du Cadore, je ressens de façon encore plus intense l'impact douloureux des nouvelles qui me parviennent sur les conflits sanglants et les épisodes de violence qui ont lieu dans tant de parties du monde. Cela me pousse à réfléchir une fois de plus aujourd'hui sur le drame de la liberté humaine dans le monde.
La beauté de la nature nous rappelle que nous avons été destinés par Dieu à "cultiver et garder" ce "jardin" qui est la Terre (cf. Gn 2, 8-17): et je vois la façon dont vous cultivez et gardez réellement ce beau jardin de Dieu, un véritable paradis. Oui, si les hommes vivent en paix avec Dieu et entre eux, la Terre ressemble véritablement à un "paradis". Malheureusement, le péché détruit toujours plus ce projet divin, engendrant des divisions et introduisant la mort dans le monde. Il arrive ainsi que les hommes cèdent aux tentations du Malin et se font la guerre les uns contre les autres. La conséquence est que, dans ce "magnifique jardin" qu'est le monde, apparaissent également des espaces d'"enfer".