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Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Le Substitut de la Secrétairerie d'Etat, accompagnait déjà le Saint-Père au Bénin. Cette fois encore, il était à ses côtés à Cuba, où il a été nonce apostolique jusqu'à l'an dernier. Interviewe dans l'OR (31/3/2012)

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Lire aussi: Homme de Dieu, ami de l'Afrique (benoit-et-moi.fr/2011-III)


En avant avec courage et patience.
Une conversation avec Mgr Angelo Becciu, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, au retour du voyage du Pape au Mexique et à Cuba
Mario Ponzi

(http://www.news.va/it/, ma traduction)
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Un don de Dieu. C'est ainsi que l'archevêque Angelo Becciu, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, définit la visite du Pape au Mexique et à Cuba.
«Surtout pour Cuba, dit le prélat, qui a été nonce apostolique à l'île des Caraïbes du 23 Juillet 2009 au 10 mai 2011, dans une interviewe à notre journal - sa présence a apporté une abondance de grâces et un grand espoir pour un avenir meilleur».

- Qu'est-ce qui vous a le plus marqué, dans le voyage du pape au Mexique?

«On ne pouvait qu'être frappé par l'accueil extraordinaire qui a été donné au Pape. On faisait du tort aux fidèles mexicains quand on les a décrits comme aficionados seulement à la figure de Jean-Paul II. Au lieu de cela, ils ont démontré la maturité de leur foi, en accueillant Benoît XVI, avec la chaleur dont ils sont capables, en tant que successeur de l'apôtre Pierre.



- Parmi les discours prononcés au Mexique, lequel selon vous a suscité le plus d'attention chez gens?

«Je dirais un peu tous les discours. Du reste, ils étaient tous remarquables, denses de sens et parfaitement centrés sur les problèmes du Mexique et de toute l'Amérique latine. Mais dans la rencontre avec les enfants à Guanajuato, il y a une phrase que seul le Pape Benoît pouvait prononcer, dans la mesure où elle était frappante et dans certain un sens capable de résumer tout ce que la société mexicaine doit affronter, et c'est son appel à protéger les enfants pour que leur sourire ne s'éteigne jamais. En fait, ils sont l'avenir de chaque peuple et il faut leur donner le maximum de protection.



- Du futur, le pape a souvent parlé à Cuba. Vous avez vécu une belle expérience dans cette terre, comme nonce apostolique, un poste que vous avez quitté il y a moins d'un an. À la lumière de cette expérience, comment avez-vous interprété la réponse cubaine à la visite?

« Les moments les plus significatifs et les plus émouvants ont été les célébrations présidées par le Pape à Santiago de Cuba et à La Havane. Les deux places étaient bondées, avec des gens enthousiastes. Dans ce pays, où tout a été fait pour enlever la foi et l'Eglise, même de l'âme des gens, le message, jamais démenti par l'histoire a été clair: qu'il est inutile de s'opposer au Christ. On a pu voir combien l'Église à Cuba aujourd'hui est vivante et plus courageuse que jamais. Eprouvée par de grandes souffrances, mais animée par une nouvelle vitalité et par la force qui lui vient du Seigneur.



- Les jeunes ont donné un beau témoignage: à La Havane, ils ont voulu passer la nuit de la veille de la célébration du Pape en prière dans les places et les rues de ville, plutôt que dans les églises comme cela avait été indiqué dans un premier temps. Comment interpréter cette décision?

« La détermination des jeunes Cubains à vouloir affirmer le droit d'exprimer publiquement leur foi me semble évidente. Pendant longtemps, on a voulu reléguer l'Église dans les sacristies. Mais aujourd'hui, les jeunes veulent aller à l'extérieur, montrer leur visage d'enfants de ce Dieu qu'on a tenté de retirer de leur vie. Ils ont commencé à expérimenter la possibilité d'être eux-mêmes et ils veulent donc pouvoir légitimement témoigner de leur foi en public. C'était un signal très fort, sans aucun doute positif.

- Que pensez-vous dans l'ensemble de l'étape cubaine du voyage?

« L'aspect le plus évident est que le Pape a gagné le cœur des Cubains. Ils l'ont prouvé surtout quand ils sont descendus en masse dans les rues pour le saluer quand il partait. J'ai vu des gens qui fondaient littéralement, se répandre dans les rues traversées par le cortège pontifical pour montrer une affection sincère. Cela a été une belle surprise, un signe évident de la façon dont la personne et les paroles de Benoît XVI avait touché leurs cœurs. Nous ne devons pas oublier que beaucoup d'entre eux ont grandi sans rien savoir au sujet du Pape. Ce n'est que récemment que la télévision a commencé à diffuser des nouvelles sur l'Église. Les enfants qui fréquentent la paroisse, dans le meilleur des cas, ont entendu leurs prêtres parler du Saint-Père. Peut-être avaient-ils vu quelques photos, mais on ne peut certainement pas dire qu'ils le connaissaient. Et en effet, dans les premiers moments, nous les avons vu un peu embarrassés, presque retenus. Mais après avoir regardé de près la figure du pape, rien n'a plus été en mesure de les arrêter. Bien qu'il ait plu continuellement quand le cortège papal a traversé les rues de la capitale vers l'aéroport, ils sont restés là, trempés, pour exprimer leur affection pour un père enfin trouvé. Et je ne pense pas qu'à cette occasion, ils aient été incités à rester pour saluer le Souverain Pontife. Mais même si c'était le cas, ils ont prouvé qu'ils étaient plus qu'heureux de le faire.



- Selon certains commentateurs sur la place à La Havane, une nouvelle révolution s'est réalisée, cette fois sous le signe de la charité, à la suite de la Mambisa (ndt: c'est le surnom affectueux que les cubains donnent à la Madonne de la Caridad) et du pape Benoît. Peut-on partager cette interprétation?

« Je dirais vraiment que oui. Qui pouvait imaginer que, pour la deuxième fois en quatorze ans, sur cette place réservée aux rassemblements océaniques du Parti, on pourrait entendre à nouveau la voix d'un Pape qui invitait à l'amour et à la réconciliation? L'Eglise à Cuba, dépourvue de toute structure matérielle, ne s'est renouvelée et confirmée que grâce à la force de l'Evangile et à l'amour concret et silencieux, soutenue par la dévotion à la Virgen de la Caridad del Cobre. L'expérience de l'unité dans la charité sous ce signe est unique. Qu'on le veuille ou non, la Mambisa est la mère de tous les Cubains. Et nous savons bien que dans le cœur de la Vierge il y a tout le mystère du salut. Elle connaît les temps et les moments, même inattendus.



- Et selon vous, l'un de ces moments est-il venu à Cuba?

« Personne au monde ne peut le savoir avec certitude. Un processus de bon augure est certainement en route. De nombreux espaces ont été ouverts, mais beaucoup d'autres doivent encore être ouverts. Le voyage du Pape a certainement été un coup de pouce exceptionnel pour l'Eglise.



- Quel est le message final de la visite papale?

« Je suis sûr que le Pape a ouvert des horizons au-delà de l'île. Une pensée, partagée ces jours-ci par les évêques, peut aujourd'hui résumer le temps de l'Eglise à Cuba: en avant, avec courage et patience. L'avenir se construit graduellement, et l'Église porte un message dont le peuple cubain a besoin. Le Pape Benoît l'a offert à tous les Cubains afin qu'ils puissent espérer et avoir ds certitudes.

(© L'Osservatore Romano, 1er Avril 2012)