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Le Pape à l'ONU

Avril 2008

contrairement au Premier Ministre Monti, qui croit nécessaire de s'exprimer en anglais dans ses déplacements à l'étranger. Français, italien, même combat contre la langue hégémonique, la langue de l'"Empire". (8/4/2012)

     



La semaine dernière, un article dans la presse française, - dans l'Express, un entretien avec le linguiste Claude Hagège (1) - et un autre dans la presse italienne - le quotidien romain "Il Tempo" revenait, sur un ton d'humour assez férocement critique, sur les discours en anglais du "Premier" Monti, non élu... et comparait au Pape - me sont passés simultanément sous les yeux. Un rapprochement providentiel. Le sujet commun est: doit-on se laisser coloniser par "la langue de l'Empire"?

À l'étranger, le premier ministre s'exprime en anglais, Benoît XVI non.

Source: http://rassegna.camera.it/

Assez! ("Basta"), la RAI!
La BBC n'a qu'à suivre les voyages à l'étranger de Monti.
Si c'étaient les talentueux collègues de la télévision britannique qui nous avaient dit et contredit les paroles du premier ministre, ç'aurait été une tout autre musique, "oh yes". Parce que "le Nôtre" a désormais décidé de s'exprimer la plupart du temps en anglais dans les réunions publiques, et partout où il se trouve dans le monde, même au Japon et en Chine, où l'anglais est peu parlé, et mal, et où l'Italien, en revanche, est très apprécié.
Peut-être "Mr President" estime-t-il que l'on ne parle italien, et surtout qu'on ne le comprend, qu'en Italie (et à Saint-Marin, et au Vatican, et en Suisse italienne). Et ainsi, pendant des heures, il continue dans la langue de Shakespeare, snobant celle de Dante. Et qui s'en soucie si, dans ses voyages dans le monde, Monti représente une nation appelée Italie.

Mais heureusement il y a un Dieu, et voici que l'anglais parlé par le «Premier» crée une ambiguïté, ou plutôt, un «malentendu». Et le «gentleman» du Palazzo Chigi (ndt: résidence du Président du Conseil) se voit obligé de recourir à une lettre pour clarifier au «Corriere della Sera» qu'il a été mal interprété lors de la conférence de presse tenue à Tokyo: «Je suis désolé, d'autant plus que ces considérations, exprimées au cours d'un long discours en anglais, avaient un but opposé à celui qui, hors de leur contexte, leur a été attribué».
Vous voyez? Si c'étaient la BBC, le Guardian ou le Times qui avaient assuré la couverture, ces malentendus avec les partis et les citoyens italiens ne seraient jamais nés. Même si "Mr Président" fait l'éloge des pauvres journalistes italiens qui l'accompagnaient, contraints de traduire dans notre langue ses monologues en anglais. Mais qui sont les "provinciaux", eux ou lui?

Pourtant, pour avoir la confirmation que Dieu, s'il existe, parle aussi l'italien, ou du moins le comprend, il n'est pas nécessaire d'attendre l'autre monde. Déjà dans celui-ci, dans ses voyages à travers le monde, Benoît XVI a décidé en quelle langue il s'exprime. L'Allemand, dites-vous? Nein: Joseph Ratzinger n'utilise pas sa langue maternelle; alors l'Anglais: même dans le message "Urbi et orbi" l'anglais n'a pas la place d'honneur. Trouvé: le français. Non, le pape utilise le français seulement en certaines occasions diplomatiques, comme lorsqu'il rencontre les ambassadeurs auprès du Vatican. Nous avons compris: l'irrépressible Espagnol. Le pape parle, en effet, dans la langue de Cervantes, mais seulement pour s'exprimer en Amérique latine et en Espagne. Toutefois, même en Amérique latine, même à Cuba, le pape avait un interprète en italien (oui, en italien!) pour comprendre et être compris, par exemple lors de la rrencontre avec le dictateur Fidel Castro. Tout comme en italien il s'était exprimé lors des voyages vers la Turquie et la Pologne, il y a quelque temps. Du reste, même son prédécesseur, qui était notoirement polonais, dès les premiers mots a montré son amour pour la langue italienne: «Si je me trompe, vous me corrigerez», tel a été son tendre premier mot à Saint-Pierre. À bien y penser, il s'agit là aussi d'une bonne raison de croire: le pape de l'Eglise universelle défend et promeut la langue italienne dans le monde beaucoup plus que le Président du Conseil de la République italienne.
C'est à ne pas y croire.

Notes

(1)Article à lire en entier ici: www.lexpress.fr/culture/livre/claude-hagege...

Le constat du grand linguiste est sans appel : jamais, dans l'histoire de l'humanité, une langue n'a été "comparable en extension dans le monde à ce qu'est aujourd'hui l'anglais". Oh ! il sait bien ce que l'on va dire. Que la défense du français est un combat ranci, franchouillard, passéiste. Une lubie de vieux ronchon réfractaire à la modernité. Il n'en a cure. Car, à ses yeux, cette domination constitue une menace pour le patrimoine de l'humanité. Et fait peser sur elle un risque plus grave encore : voir cette "langue unique" déboucher sur une "pensée unique" obsédée par l'argent et le consumérisme.
...

* * *

Les hasards de l'actualité (en l'occurrence le décès de Richard Descoings, le directeur de Scionces Po) m'ont amenée sur cette page du Salon Beige datant de 2009. Il y est question du Prix de la carpette anglaise, "attribué à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française" .