Portrait inédit d'un pasteur
Ce soir, veille de l'Epiphanie, RAI 2 a programmé une émission sur le Pape. Pour soi-disant, encore et encore, répéter que Benoît XVI n'est pas celui que l'on croit. (5/1/2013)
J'ai l'impression d'être un robot programmé pour répéter inlassablement la même chose, mais il est stupéfiant que huit ans après l'élection, il faille encore expliquer aux gens que l'image du pape savamment distillée par les medias depuis le 19 avril 2005 n'a JAMAIS correspondu à la réalité.
Comment se fait-il que moi, qui n'avais jamais entendu parler de Joseph Ratzinger avant cette date (c'est vrai!!!), j'ai pu le percevoir immédiatement?
Et pourtant, Dieu sait que les gros medias français avaient mis le paquet (on m'excusera ce terme familier) pour détourner, voire dégoûter, les gens. On pourra relire plus bas (1) l'inanité et la malveillance de la plupart des commentaires, dont ceux, à oublier, sur "le Pontificat de transition" (ils se sont bien trompés, mais des prévisions de ce type portent toujours en elles de gros risques, chacun sait que "la prévision est un art difficile... surtout quand elle concerne l'avenir") et "Le Pontificat de la continuité" (c'est méconnaître profondément la nature de la Papauté que de laisser supposer qu'un pontificat pourrait être "de rupture"!!)
Une émission spéciale sur RAI 2 va revenir sur l'argument ce soir (j'espère pouvoir fournir à mes lecteurs le lien pour revoir l'émission, après diffusion).
En fait, l'émission passe la nuit, et si Raffaella n'en avait pas parlé, on pourrait douter de sa programmation, dont on ne trouve pas trace sur le site de la RAI.
Les soi-disant détails "inédits" (la visite à Rebbibia, en décembre 2011, et celle à la maison de retraite du Janicule en novembre) ont tous été abondamment développés dans ces pages, et bien d'autres, qu'il serait trop long de citer.
C'est pour moi l'occasion de rappeler la bouleversante visite au département pédiatrique de l'Hopital Gemmelli, et "la caresse à Benedetta", une petite fille atteinte de spina bifida (cf. http://benoit-et-moi.fr/2011-I).
Le plus triste, c'est qu'après la visite du Saint-Père en France en septembre 2008, on pouvait légitimement penser: enfin, les gens, chez nous, vont le voir, ils vont le connaître tel qu'il est. Il faut croire que c'était un rêve. Quatre ans plus tard, rien n'a changé.
Voici un article d'Andrea Tornielli, présentant l'émission de la Rai de ce soir.
Portrait inédit d'un pasteur
http://vaticaninsider.lastampa.it
Le Dossier spécial (ndt: nom de l'émission) de Tg2 sur Papa Ratzinger à la veille de l'Epiphanie
Andrea Tornielli
-------------
Intitulée «Benoît XVI, portrait inédit», l'émission de «Tg2 Dossier» sera diffusée samedi 5 Janvier à 23h30 sur Raidue.
C'est Lucio Brunelli (ndt: le vaticaniste de Rai 2, très apprécié de Raffaella, ce qui est en principe un brevet de qualité) qui en est l'auteur.
A travers des interviews et des contributions, mais aussi à travers les images et les paroles du pape, Brunelli parle du pontificat de Ratzinger rappelant comment, au début, «il était seulement le pape théologien, considéré comme froid et loin des gens», le «berger allemand» en tant que gardien inflexible de la foi, comme l'avait titré en pleine page le quotidien "Il Manifesto" au lendemain de l'élection.
Mais aujourd'hui, après presque huit ans de pontificat, l'image de Benoît XVI a-t-elle changé parmi les fidèles? Et si oui, comment?
Le Dossier du Tg2 cherche à répondre à ces questions avec une enquête qui révèle, de Ratzinger et de son pontificat, les aspects moins connus du grand public (!!). La visite aux personnes âgées, le dialogue avec les détenus, la rencontre avec les Roms sont racontés avec des vidéos et des témoignages inédits. On trouve ensuite des réflexions surprenantes de commentateurs autorisés, d'Enzo Bianchi, prieur de la communauté de Bose aux «marxistes ratzingeriens» Joseph Vacca et Mario Tronti. Et encore, le pape allemand vu par les prisonniers de Rebibbia et par les marchands ambulants historiques de la Place Saint-Pierre ...
En somme, un portrait inédit, sans préjugés et sans hagiographie, mais prenant et imprévisible, qui contribue à montrer un visage de Benoît XVI rarement véhiculé par les médias. Un des témoignages les plus beaux et touchants du dossier est celui de Frederico Abiati, le détenu séropositif qui a posé une question au pape lors de sa visite à la prison de Rebibbia. C'était la question dans laquelle il disait que l'on parlait avec «férocité» des détenus en dehors de la prison. Ratzinger a dit, «c'est vrai ... mais parfois ils parlent férocement de moi aussi... ».
Parmi les curiosités de l'émission figure également l'histoire du titre du «Manifesto» sur le «berger allemand». Gabriele Polo, à l'époque directeur du journal, explique qu'à la rédaction, le jour où Joseph Ratzinger a été élu, ils avaient préparé un projet pour la première page avec un titre terrible «Le Pape Noir», façon de dire « Le Pape de droite» . Ensuite, le rédacteur en chef du journal a reçu un appel d'Ivan Bonfanti, journaliste récemment disparu, qui travaillait à «Liberazione». Il avait pensé au titre «Le Berger Allemand», mais le journal de Rifondazione Comunista avait rejeté l'idée. Le Manifesto ne la laissa pas échapper. Bien que le titre voulût évoquer l'inflexibilité de Ratzinger comme gardien de l'orthodoxie, sept ans après l'accent sur le «pasteur» s'est révélé bien deviné.
Les medias français, le 19 avril...
(1) La presse française n'était pas en reste:
* * *
La presse souligne le conservatisme du pape
Mis en ligne le 20 avril 2005
http://lci.tf1.fr/france/
Un "conservateur au Vatican", un "Pape en arrière" ou encore "Benoît XVI, l'héritier" : la presse française met mercredi l'accent sur la ligne conservatrice du nouveau pape et l'héritage de Jean Paul II qu'il devra assumer.
Pour le quotidien Libération, qui titre en Une "Un pape en arrière", la rapidité de l'élection du 265ème pape de la chrétienté montre que "la candidature du chef de file conservateur s'est imposée sans mal". "Il faut y voir un élan d'adhésion à l'héritage du pape précédent", estime le journal.
Le Figaro, qui affiche en Une la photo pleine page de Benoît XVI et consacre un dossier spécial de six pages à cette élection, voit dans la nomination de Joseph Ratzinger, 78 ans, "le sacre de la fidélité" à Jean Paul II. "On ne voit pas ce qui permet de nourrir pour autant le procès en conservatisme que bien des observateurs lui ouvrent dès maintenant. D'autant - et Jean-Paul II fut en butte aux mêmes accusations - que ce qui est contesté en quelques endroits du globe, notamment en Europe occidentale, est approuvé en d'autres", note le quotidien. "Quitte à décevoir les impatients, il faut admettre qu'il est trop tôt pour savoir ce que sera la doctrine de Benoît XVI", reconnaît le Figaro.
La Croix, qui publie une carte des catholiques dans le monde, souligne dans son éditorial que "certains catholiques, mais aussi d'autres chrétiens, et des croyants d'autres religions, vont craindre pour les avancées de Jean Paul II". Pourtant selon le journal catholique, "voici un pape allemand qui se situe d'emblée dans la postérité de Benoît XV, l'artisan le plus ardent de la paix au moment où éclatait la Première Guerre mondiale".
Les deux journaux populaires, France Soir (défunt!!) et Aujourd'hui en France/Le Parisien - qui font aussi leur Une avec des photos couleur de Benoît XVI - ainsi que le journal économique Les Echos, insistent sur les origines allemandes et les positions conservatrices du nouveau pape, "gardien intransigeant du dogme (qui) inquiète les progressistes de l'Eglise", selon Les Echos.
Plus préoccupé par le sort de journalistes algériens condamnés à la prison, L'Humanité ne consacre qu'un bandeau en première page à l'élection du pape, rappelant aussi que "l'Eglise choisit un pape conservateur".
La presse régionale, même si elle affiche une certaine neutralité dans ses titres sur l'élection de Benoît XVI, s'interroge sur la personnalité et les objectifs du successeur de Jean Paul II.
Pour les Dernières nouvelles d'Alsace, "les catholiques français les plus modernistes peuvent légitimement redouter un verrouillage conservateur au moment même où ils attendaient un assouplissement. Quant à la laïcité de la 'fille aînée de l'Eglise', elle a été ouvertement critiquée par le nouveau pape, à l'occasion du vote de la loi sur les symboles religieux."
Dans son éditorial, L'Est Républicain souligne qu'"après la puissance morale de Jean Paul II dont la flamme brille désormais dans la nuit de l'Histoire, Benoît XVI se présente comme le pontife de la continuité, tenu de réussir l'association entre ce qui a été et ce qui sera".
"Toux ceux qui espéraient une ouverture du Vatican sur les questions de société ancrées dans la vie actuelle - contraception, divorce, homosexualité, place de la femme - ont vu hier se fermer les portes de leurs illusions", constate pour sa part L'Indépendant du Midi.
Enfin, Le Télégramme affiche un certain optimisme dans son éditorial car selon le quotidien breton, "présenté comme un pape de transition, promis à un pontificat court, Benoît XVI va devoir prouver qu'il est capable de réconcilier une Eglise écartelée entre les progressistes et les traditionalistes et de ramener au bercail des fidèles, déboussolés par certaines des positions les plus dures de Jean Paul II."