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Fin du catholicisme-forteresse

ou le Pontificat virtuel des medias. Un édito dun journaliste catholique dans le Washington Post (4/8/2013).

Oui au Pape, non à l'Eglise

L’auteur, un certain John Gehring, est un journaliste spécialisé dans l'information catholique qui a également un blog hébergé par le site américain "Huffington Post" ; l’article est, jusqu'à la caricature, une synthèse de ce que dénonçait mon blogueur italien Antonio Mastino (cf. La sacoche du Pape ): oui au pape, non à l'Eglise !

C'est un catalogue d'affirmations non étayées, destinées à conforter une thèse bâtie d'avance, le tout constituant, à mon modeste avis, la pire forme du journalisme: 90% d'idéologie, 10% de matériel, des arguments presque tous non documentés.

Ce pontificat virtuel (dixit certains) est sans doute en grande partie une construction des media, et on dira que François n’y est pour rien: ce n’est pas sa faute s’ils l’ont « adopté », et si les cathos de gauche croient tenir en lui l’équivalent d’un Vatican III. Mais il est indéniable que par ses gestes, il leur fournit des arguments.
Il lui suffirait de quelques mots pour démentir ces constructions et mettre fin à certains délires.
Mais il se garde de les prononcer. A moins qu’il ne veuille « révolutionner l’Eglise », comme l’a dit sa sœur Maria Elena au journaliste allemand qui l’interrogeait (Les chaussures rouges et la "révolution" Bergoglio ).

Ce qui me gêne, et surtout me peine, c’est, comme l’a remarqué le cardinal Dolan (cf. François est, et n'est pas, ce que nous attendons), à quel point tout cela est blessant pour Benoît XVI – qui n’est d’ailleurs plus que très rarement cité, et pas du tout ici, sauf par ellipse.

Comment se peut-il que François ne le perçoive pas?
Beaucoup de journalistes, soucieux de conforter la thèse de la continuité, affirment qu’il éprouve beaucoup d’affection pour son prédécesseur. Mais la seule preuve qu’ils avancent, c’est que François loue Benoît XVI pour avoir eu le courage de renoncer à la papauté (comme s’il n’avait rien fait de mieux que partir), pour lui céder la place - c’est aussi ce qu’aurait dit sa sœur - et que, dans l’avion, il a parlé de lui comme d’un « grand-père » (est-ce une manière approprié de rendre hommage à un penseur de cette envergure ? j’en doute, et cela aussi me gêne, d’autant plus que guère plus de dix ans le séparent du grand-père en question).

Arrivé au bout de ma traduction, je me suis d’ailleurs demandé: comment faire pour contrer le rouleau-compresseur des gros médias ? Ils parlent tous dans le même sens - même ceux qu'on aurait pu croire des ratzingériens sont devenus amnésiques, ou ont retourné leur casaque.
A vrai dire c’est impossible !
Alors, à quoi bon continuer ce site?
Mais ce n’est pas la première fois que je me pose la question. Et sans doute pas la dernière.

     

Le Pape François: fin d'un catholicisme-forteresse
John Gehring
http://www.washingtonpost.com
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Dans l'Eglise catholique, il se passe quelque chose d'inattendu et d'extraordinaire. Le Pape François sauve la foi contre ceux qui résistent dans des chaires dorées et manient la doctrine comme une épée. L'édifice du "catholicisme-forteresse" - où se trouvent aussi des catholiques progressistes, des catholiques gays, des femmes catholiques, et beaucoup d'autres qui aiment l'Eglise mais se sentent souvent marginalisés par la hiérarchie - commence à s'effriter.

Cette analyse peut paraître en partie hyperbolique, mais désormais, pour conduire la barque de Pierre, il y a un pasteur qui a un instinct naturel à s'engager, et à la guider par l'exemple.

Le changement de ton et de style dans la papauté de François, est impressionnant. Dans les dernières décennies, beaucoup de catholiques recevaient le message que le modèle préféré par Rome, transmis « du haut vers le bas », était une Eglise « plus petite et plus pure ». Un nouvel esprit que l'on n'avait pas vécu depuis les temps, cinquante ans plus tôt, où avait commencé Vatican II, se répand dans l'air.
Ce serait une erreur de dire que le Pape François ne se préoccupe pas de la doctrine de l'Eglise, mais il semble beaucoup plus intéressé à faire à nouveau converger les énergies de l'Eglise vers l'exemple de Jésus dans l'Evangile.
En moins de six mois, le Pape a critiqué une Eglise « auto-référentielle », qui devient malade quand le clergé ne parvient pas à attirer les gens. François dit ne pas vouloir des évêques-princes, mais des pasteurs proches du peuple qu'ils conduisent sans être autoritaires. Il a peu de patience avec les responsables de l'Eglise qui agissent comme des gendarmes-religieux, rendant difficile aux filles-mères ou aux catholiques peu pratiquants de recevoir les sacrements. François a même fait gentiment remarquer que les premiers disciples de Jésus étaient « un peu intolérants » (???)dans leurs certitudes morales. Le mot le plus fréquemment utilisé dans ses discours est "joie" (ndt: tout cela demanderait à être étayé par des preuves.... Benoît a lui aussi beaucoup parlé de joie...), selon l'analyse d'un quotidien italien (ndt: lequel?). C'est un beau changement par rapport à des chefs religieux renfrognés (ndt: lesquels?) qui semblent perpétuellement renfermés dans des attitudes défensives.

Les dernières nouvelles de première page sur le Pape François sont arrivées cette semaine de l'avion papal dans le voyage de retour du Brésil, où le premier Pontife originaire d'Amérique latine avait célébré la messe sur la plage de Copacabana devant - selon les estimations - 3 millions de personnes. Interrogé par un journaliste sur l'existence d'un « lobby gay » à l'intérieur du Vatican, le pape François s'est lancé sans hésiter dans des eaux agitées:
« Si je rencontre une personne gay, je dois faire la distinction entre le fait qu'il soit gay, et celui de faire partie d'un lobby. S'ils cherchent le Seigneur et ont de la bonne volonté, qui suis-je moi, pour les juger? Ils ne devraient pas être marginalisés. La tendance (à l'homosexualité) n'est pas un problème... Ce sont nos frères » (ndt: c’est une transcription assez approximative)

Il y a des gens qui ont accusé les prêtres gays d'être la cause de la crise des abus sexuels de la part du clergé. Le Pape François repousse clairement cette répugnante diffamation (ndt: où? Il n'a rien dit de tel.... il s'est juste abstenu de s'exprimer sur la question). Ses propos sont aussi en opposition avec le document de 2005, qui affirme que des hommes « avec des tendances prononcées à l'homosexualité » ne devraient pas être ordonnées, ni admis au séminaire. Le Pape François semble (??) envoyer le message qu'être un bon prêtre n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle (ndt: je ne savais pas qu'un prêtre pouvait avoir une orientation sexuelle), une chose évidente pour de nombreux laïcs, mais une révélation pour certains partisans de la ligne dure.

Outre son commentaire sur le clergé gay, le Pape François a dit aux journalistes que l'Eglise devrait améliorer l'accueil des femmes. Bien que n'acceptant pas de parler de l'ordination des femmes, François a insisté sur le fait que les femmes jouent un rôle central dans la foi catholique (ndt: en effet, quelle nouveauté! cf. Sacerdoce féminin et rôle des femmes dans l'Eglise).
« Nous n'avons pas encore une vraie et profonde théologie des femmes dans l'Eglise », a-t-il admis.

Les commentaires du Pape de cette semaine rentrent bien dans le thème central qui émerge de ce pontificat. Au lieu de mener des guerres culturelles (ndt : allusion subliminale à... Benoît XVI), le Pape François a invité à une « culture de la rencontre ». Il exhorte les catholiques à aller aux marges de la société. Il veut "une Eglise pour les pauvres", et condamne "le culte de l'argent", qui dérive du capitalisme global sans restrictions (ndt: et "Caritas in veritate", ça parlait de quoi?). Evitant le plus possible les tentations insidieuses de la papauté, c'est le type (sic!) qui porte seul son sac, et vit dans un modeste appartement, plutôt que dans le palais apostolique. Dans ces cas-là, le style, c'est la substance (cf. Le médium est le message).
Même si ce sont les catholiques progressistes qui lui sont particulièrement reconnaissants pour cette nouvelle ère, le Pape François ne peut être catalogué selon les étiquettes traditionnelles de progressiste, ou conservateur.

Avec ses paroles et son exemple, François nous montre une nouvelle façon d'aller de l'avant. Pour cela, tous les catholiques devraient lui être reconnaissants, qu'ils soient de droite ou de gauche.