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François tel que je le perçois (I)

La lettre de Jeannine... de plus en plus perplexe (11/8/2014)

     

Depuis le 13 mars 2013 François dirige l'Eglise. Si avant je lisais la Croix, relevant avec un pincement au cœur les articles qui étaient souvent à charge, à partir du 12 février 2013 j'ai parcouru et enregistré tous les articles, tous les hommages qui arrivaient trop tard pour moi car, auparavant, lorsque Benoît XVI était attaqué férocement, la presse et les grandes voix étaient muettes - dans le meilleur des cas. J'ai fait de même avec le Figaro et les autres sources que je consultais. J'avais beaucoup de peine mais ce grand "rattrapage", comme aux examens, me confortait dans l'opinion (pas forcément indulgente !) que j'avais d'eux. Certains ont écrit de très belles lignes, d'autres plus frileux ont préféré ne rien dire plutôt que de plomber leur avenir. A partir de la mi-mars la vague s'est calmée et n'ayant plus rien à enregistrer ou presque j'ai appris à lire les journaux autrement. J'ai découvert qu'ils offraient des rubriques générales fort intéressantes, seule la politique avec ses incohérences n'a pas trouvé grâce à mes yeux.

Je suis ce que je suis et me reconnais le droit de me poser des questions au sujet de François. Le ton des articles a changé, leur fréquence a diminué. Je me souviens de ces journalistes qui suivaient presque à la minute ses geste, ses paroles, le présentaient comme polyglotte [(1)], l'un d'eux emporté par l'enthousiasme lui avait même ajouté le grec, attribuant l'immense bagage intellectuel de celui qui venait de se retirer à son très médiatique successeur. Mais, on le sait, l'erreur est humaine !!

L’AMI SCALFARI
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¤ Octobre 2013
: entretien entre François et Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien italien La Repubblica.
Scalfari n'est pas un débutant, tant s'en faut et si tout se déroule selon ses vœux, ce sera la porte ouverte à d'autres entretiens. Il paraît qu'à ce jour bon nombre ont réussi à rester secrets, donc il avait ferré le bon poisson.
Pour moi, on est en face d'un jeu de rôle : deux personnages rusés mais avec une inégalité: le journaliste connaît toutes les ficelles du métier. Scalfari, un grand de la profession en Italie, joue à sa manière, en se défendant même le cas échéant et François accorde du temps: une autre façon d'évangéliser mais rien de gratuit dans cela, François dit de lui-même qu'il est malin, rusé. Ce n'est pas une phrase du pape que j'ai retenue, il en dit tant, mais la dernière affirmation de Scalfari:
« Tel est le Pape François. Si l'Eglise devient telle que lui la pense et la veut, une époque sera révolue ».
A mon avis on est en bon chemin.
Cette phrase figure à la fin de l'entretien requalifié en discours et réapparu dans le site du Vatican, je l'avais soigneusement enregistré en cas de nouvelle éclipse qui s'est transformée en disparition. Je ne pensais pas avoir raison en envisageant cette possibilité. On joue à cache-cache avec les textes de François, cela fait désordre mais aussi une question : que cache-t-on?

¤ Juillet 2014 : nouvel entretien mais intervention rapide et brutale du Père Lombardi et pas de précisions en haut lieu. Je souligne que je ne fais pas partie des lecteurs ingénus évoqués par le directeur de la Salle de presse du Vatican. J'ajoute que je ne le considère pas comme une grande plume. Si j'ai pu parfois faire preuve d'un certain souci de tolérance, nous ne sommes désormais plus du tout dans le cas de figure adéquat. Le temps passe et n'arrange rien.
J'aime bien la façon dont Scalfari utilise le moindre mot de François pour relancer la balle et creuser un peu plus le sujet de l'entretien; à malin malin et demi !!
François sait fort bien se taire lorsqu'il le juge utile pour sa conception très personnelle du pontificat et cela soulève des interrogations. Le dernier article de Sandro Magister (cf. Les étanges silences d'un Pape si loquaces) en parle fort bien.

Dans l'interviewe, il est question de l'église vaudoise (cf. L'église vaudoise) à laquelle François trouve une qualité indéniable pour l'intégrer à la catholicité :
« Avec les Vaudois que je trouve des religieux de premier ordre, avec les pentecôtiste et naturellement avec nos frères juifs ».
J'aimerais l'entendre vanter les prêtres catholiques avec autant de bienveillance; on lui a d'ailleurs reproché sa rudesse à leur égard.

REFORMER L’EGLISE
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Je vais finir par comprendre pourquoi ce pape veut changer cette Eglise: il lui trouve tant de défauts!
Les remarques désobligeantes pleuvent; même les chefs de l'Eglise sont souvent narcissiques, flattés par leurs courtisans (cf. fr.radiovaticana.va).
On y trouve de tout: des saints et des dévoyés sur le plan de l'homosexualité, en commençant dès le bas de l'échelle mais en allant jusqu'aux cardinaux. Que de travail à faire pour redresser tout cela !!
Pour arriver au résultat espéré dans les différents domaines les moyens mis en œuvre ne manquent pas. On fait appel à des professionnels de la communication, à des pros de la finance, les profils communiqués permettent de penser que les rémunérations seront conséquentes. Il faut ajouter à cela des consulteurs pris dans les rangs de l'Eglise comme récemment au nombre de 13 pour la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Si pour ceux-là l'aspect financier n'est pas à prendre en compte (je suppose) ces incessants mouvements de personnel me font penser à une instabilité, à une méfiance, qui incite à renforcer les mesures déjà prises pour arriver à l'efficacité maximum.
Le Pape veut remédier à tous les problèmes parce qu'il a décidé de le faire mais il n'est plus à Buenos-Aires où, semble-t-il, il gouvernait de façon autoritaire.
Quoi qu’il en soit, en l'entendant s'attribuer tant de je ... je...je... je me demande ce qui va rester à Dieu après tant de transformations menées de main de maître. Pour me consoler je me dis que l'Eglise a survécu à d'autres catastrophes.

INFORMATIONs SANS SUITE
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Une autre chose me gêne : comme dans le monde politique certains faits sont signalés puis disparaissent de l'actualité sans aucunes précisions fournies.
Un exemple récent, s'ajoutant à l'entretien volatile avec Scalfari: l'occupation de Sainte-Marie-Majeure, juste citée mais aucune conclusion connue (cf. benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/des-sans-papiers-a-sainte-marie-majeure).

MGR GALANTINO, L'HOMME DU PAPE
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Dans l'article Les évêques italiens vers le nouveau cours? (14/5/2014), citant une interview de Mgr Galantino, si cher à François, après des considérations diverses sur le récent Secrétaire général de la CEI, je relève au début de la première question « Dans une semaine, François, premier pape dans l'histoire », je tique et reprends le texte en italien : même phrase. Ou il manque un qualificatif après pape ou l'exagération est intentionnelle et dans ce cas exit tous les prédécesseurs pour ne garder que l'irremplaçable et flamboyant successeur (ndlr: en fait, Mgr Galantino est le premier Pape de l'histoire à avoir prononcé le discours d'ouverture de l'assemblée des évêques italiens; mais c'est vrai que la formulation est ambigüe) .

Je découvre dans le même article le contenu de la lettre envoyée par le Pape aux prêtres et fidèles du diocèse dont est titulaire Mgr Galantino, choisi par lui, et nommé en dehors des règles en vigueur, pour une mission très importante pour l'Eglise.
Je retiens le titre de l'article de Zenit du 1er avril 2014:
« Italie : le pape va à Cassano pour "demander pardon"….
De suite je pense à pédophilie, maffia, pauvreté, chômage,.. mais la deuxième ligne m'éclaire:
Après la nomination de l'évêque à une autre charge : "Je vous demande s'il vous plaît de me comprendre et de me pardonner" ».
Trop tard la lettre est du 30 décembre 2013 et l'acte signé du 28 du même mois ( Les évêques italiens vers le nouveau cours?).
Excellent pour faire jouer les bons sentiments, en réalité une façon autoritaire de faire passer une décision très personnelle, ce n'est d'ailleurs pas la première fois. Vraiment ce pape demande pardon trop facilement et tout finit par avoir une égale importance.

LE PAPE APPLIQUE LE PROGRAMME DES CARDINAUX
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Je n'apprécie pas d'entendre l'évêque de Rome se référer à la formule toute faite : « je me conforme à ce que les cardinaux ont demandé » (cf. Sandro Magister). Cela fait très élection ordinaire.
Je reprends les mots de J-M Guénois du 27 septembre 2013 en parlant de François :
« Aussi séduisant qu'il soit pour les uns et inquiétant pour les autres, il n'est pas seul aux commandes. D'autant qu'il a été choisi et élu par le Sénat de l'Eglise, non pour mener une révolution catholique, mais sur un programme précis ».
En poussant le bouchon un peu loin je vois les cardinaux comme des DRH, ou des chefs d'entreprise à la recherche de la perle rare qui va venir à bout des cas désespérés.

Mais on le sait, souvent les moyens utilisés et les réformes qui en résultent montrent que la conclusion est bien différente des attentes

GRANDES MANOEUVRES EN VUE
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Le Pape est entré dans la période où ses décisions vont entraîner des réactions. Certes, on ne manipule pas des gens comme les cardinaux en les abreuvant de compliments, de gestes affectueux, mais pas non plus en les accablant de remarques désobligeantes portant atteinte à leur intégrité.

La rentrée va voir de nouvelles grandes manœuvres orchestrées par celui que je perçois comme un général organisant ses troupes pour une bataille encore éloignée et qu'il prépare avec une certaine imprécision, du moins en apparence.
Je le dis d'ailleurs depuis longtemps . Il est pape mais me paraît trop bienveillant envers (et surtout avec) ceux qui lui parlent de périphéries fort lointaines. Tout ce qui touche de près ou de loin à l'ancienne organisation est revu afin d'augmenter son emprise. Le bien, le mal, à chacun de voir en fonction de sa personnalité; je peine à interpréter correctement. C'est assez arrangeant somme toute mais ce manque d'exigence, ce souci de ne pas s'impliquer tout en laissant espérer Dieu seul sait quoi et de garder ainsi le beau rôle, ce retour incessant sur des problèmes qui l'interpellent mais me parlent surtout de temporel, tout cela me déroute.
D'un pape j'attends autre chose : un avis ferme, une définition précise du chemin que je dois suivre, l'explication de ce qu'est l'Eglise, la foi, les raisons des "oui" et des "non", la présence des grands noms de ceux qui l'ont faite et la servent encore, une attitude cohérente avec les propos tenus, pas de zones d'ombre même pour des sujets anodins et encore plus pour des sujets importants. Benoît XVI m'a apporté cela, je me suis laissé guider par lui alors que je suis incapable de comprendre François

L'ARGENT DE L'EGLISE
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Je n'ai jamais autant entendu parler d'argent que depuis François et son Eglise pauvre pour les pauvres.
L'Evêque de Rome n'hésite d'ailleurs pas à dire « je n'aime pas l'argent mais j'en ai besoin pour mes pauvres et pour l'évangélisation ».
Les noms prestigieux apparaissent pour le domaine des finances.

Le 9 juillet : réforme de l'organisation économique du Vatican. A Monsieur de Franssu fraîchement coopté pour l'IOR viennent s'ajouter des noms nouveaux pour des réformes moins médiatisées mais pourtant sous le manteau : réforme des médias du Vatican et étude pour initier une réforme des retraites (cf. Sandro Magister). Là je me retrouve en France, en terrain glissant et sensible pour le gouvernement.
Sandro Magister possède des sources sûres car le cardinal Pell le 8 août courant (RV), détaille les réformes économiques du Vatican. Il apporte une précision pour la compréhension de la notion de l'Eglise pauvre, expliquant fort rationnellement que pour aider les pauvres il faut ne pas l'être soi-même. Pour moi une vérité de La Palice.


UN "DAVOS" AU VATICAN
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Le 22 juillet, la Croix communique qu'une réunion de haut niveau sur l'économie mondiale s'est tenue au Vatican les 11 et 12 juillet derniers en toute discrétion, à la Casina Pio IV, dans les jardins du Vatican. Chefs d'entreprise, banquiers, un Nobel de la Paix 2006, des chercheurs, plusieurs figures internationales de haut niveau, économistes de renom.
Antoine- Marie Izoard note que si la tenue de cette réunion est connue, la liste impressionnante des participants l'est moins, tout comme certains des objectifs de ce brainstorming inédit.
Un des objectifs de cette brillante réunion serait d'enrichir la réflexion de la Secrétairerie d'Etat autour des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) visant à réduire la pauvreté dans le monde d'ici à 2015. J'ai relu l'article car je pensais avoir noté 2015 au lieu de 2025 tant le délai me paraissait court. Il s'agit bien de 2015. Dans une époque de grands sacrifices, où même le Pape règle sa note d'hôtel, je me demande si tous ces frais, car dépenses il doit y avoir, ne sont pas excessifs.

NDLR

(1) Voici une capture d'écran de la notice wikipédia à ce jour.
Faut-il rappeler que François n'a jamais présenté de thèse...

     

A suivre...

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