Effondrement de l'affluence au Vatican


Pourquoi? s'interroge Antonio Socci (qui évoque les subterfuges imaginés pour gonfler les chiffres). Serait-ce, entre autre, un effet de ce qu'il faut bien appeler l'imigrationisme de François (3/1/2016. Mise à jour le 4: un commentaire de Monique T.)

>>> Articles récents sur le sujet:

¤ L'effet François, 2 ans et demi après (Il Foglio le 12 décembre)
¤ Vaches maigres au Vatican (Sandro Magister, le 28 août)
¤ Maigre affluence aux audiences du Pape

>>> Ci-dessous: Je ne résiste pas à l'envie de reproduire l'image (hilarante!) qu'Antnio Socci a choisie pour illustrer son article....

 



Dans son dernier billet, Antonio Socci revient sur la chute spectaculaire de l'affluence aux audiences et aux angélus du Pape, attestée par les chiffres fournis par la préfecture de la Maison Pontificale.
Parmi plusieurs explications, il y en a une qui n'est jamais citée, mais que je crois très crédible: l'insistance de François à parler de l'accueil des immigrés (Eh oui, il se peut que les italiens, à l'instar des français, soient de vilains racistes, qui résistent aux sirènes de l'accueil sans discrimination. Sauf que, bien entendu, les insulter ne résoudra aucun problème!).

Les fidèles fuient Bergoglio


www.antoniosocci.com
Ma traduction

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La bulle médiatique du pape Bergoglio existe encore. Surtout dans les salons des mécréants. Mais parmi les catholiques, 2015 a été en revanche l'année du dégonflement, comme le démontrent les chiffres désastreux sur l'effondrement de l'afflux des fidèles à ses rencontres.
Même "la Repubblica", quoique discrètement, a dû l'admettre: «Les chiffres officiels fournis par le Vatican certifient que le début du Jubilé a même apporté un reflux du nombre de pèlerins qui ont participé à des rencontres publiques avec le pape».
Moins 30 pour cent en un an, c'est un effondrement vertical. Même effondrement pour la présence aux Angélus du pape: «150 mille pèlerins contre 390 mille pour la même période en 2014».
La cérémonie d'ouverture du Jubilé, le 8 Décembre, qui a été suivie par la moitié de l'assistance prévue (50 mille personnes) a elle aussi été un flop.
"La Repubblica" écrit qu'il y avait beaucoup de monde au Jubilé des Familles. Mais dans ce cas, le nombre a été "dopé" par une raison extrabergoglienne: la présence massive à Rome des milliers de familles du Chemin néocatéchuménal (les mêmes qui ont rempli la Place Saint-Jean de Latran le 20 Juin dernier [pour la marche des familles, ndt]).
Le Vatican, en réalité, est de plus en plus alarmé, parce que depuis deux ans, on assiste à une véritable fuite de Bergoglio.
Le Jubilé a été voulu précisément pour cela, pour essayer d'étoffer la présence des fidèles au Vatican et démontrer que "el pueblo unido" est avec sa "Revolución".
Dans les intentions du promoteur de l'Année Sainte, celle-ci devrait "maquiller" la défaite
, mais elle est encore plus évidente lorsque l'on considère l'ensemble de ces trois ans en tant que Pape (quand, entre autre, il n'y avait pas l'excuse de la peur des attentats, comme en Décembre dernier).

TROIS ANS D'EFFONDREMENT
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Dans les chiffres sur la fréquentation des audiences papales que la Préfecture de la Maison pontificale a fournis - comme c'est la tradition - pour la centième audience de Bergoglio, la chose la plus claire est l'effondrement qui s'est vérifié entre la première à la troisième année de son pontificat: 1.548.500 présences aux 30 audiences de 2013, 1.199.000 présences aux 43 audiences de 2014 et - attention - 400.100 présences aux 27 audiences tenues jusqu'au 26 Août 2015.
Des chiffres terribles. Et la tendance est également confirmée par le calcul de la participation moyenne aux audiences générales.
Qu'est-ce que cela signifie? Qu'à l'enthousiasme initial des premiers mois a succédé une amère déception, avec pour conquéquence la fuite des rencontres papales.
C'est un phénomène encore plus spectaculaire si l'on considère la machine de propagande qui depuis trois ans mythifie le pontife Argentin et - encore aujourd'hui - évite de rapporter cet éloignement massif du pape Bergoglio.
Dans l'Église, on répond que la foi ne se juge pas aux chiffres. C'est vrai. Mais les chiffres deviennent au contraire extrêmement importants quand un pontificat prétend "révolutionner" le catholicisme, en promettant qu'ainsi, il ramènera les gens à l'Église.
Si l'on démantèle l'enseignement de toujours de l'Eglise, et que l'on proclame ce que le monde veut entendre, parce que - disent-ils - on se fait comprendre et accepter par les hommes d'aujourd'hui, il devient obligatoire et décisif d'aller vérifier si ensuite "l'homme d'aujourd'hui" a mordu à l'hameçon.
Eh bien, il me semble que cette fois, le démenti des faits est spectaculaire. Les chiffres que j'ai mentionnés signalent un échec total.
Qu'ensuite les médias continuent à représenter l'ère Bergoglio avec des tons triomphants, rend encore plus impératif d'aller vérifier, et de dire les choses telles qu'elles sont réellement.

Le Jubilé (un très étrange Jubilé où l'on ne parle même pas d'"indulgences" pour ne pas gêner les protestants) a été voulu - je l'ai dit - pour camoufler cet abandon de masse.
Pour cela, pour attirer les gens, on a également imaginé un événement incompréhensible comme l'exposition à Rome du corps de Padre Pio, mais aussi la canonisation de Mère Teresa (deux saints qui sont aux antipodes du pape de la théologie de la libération).
Mais le flop du prétendu "printemps" dû à l'"effet Bergoglio" demeure. Tant et si bien qu'on l'observe aussi dans la pratique dominicale des paroisses, selon les données de l'ISTAT, celles relatives à 2014, la deuxième année de pontificat bergoglien (cf. benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/maigre-affluence-aux-audiences-du-pape).
Ainsi, l'effet Bergoglio existe, mais inversé: il n'attire pas les lointains, mais il fait fuire les proches.
Pourquoi? Qu'est-ce qui ne va pas, dans le message Bergoglio?
La liste des choses qui ne vont pas serait très longue, surtout en matière doctrinale et pastorale. Mais il y a un sujet très sensible qui a certainement opposé le peuple (et même le peuple chrétien) à Bergoglio: l'immigration.

TONI NEGRI
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Dans son homélie du Nouvel An (1), le pape argentin a parlé à nouveau, pour la énième fois, de l'immigration, comme il le fait depuis trois ans, depuis le discours malheureux de Lampedusa, présentant la vague d'immigration comme une marée humaine que l'on ne peut et que l'on ne doit ni contenir, ni endiguer, ni réguler.
A entendre Bergoglio, il semble que nous devrions laisser renverser les frontières, les identités nationales, les économies et les états.
Le Pape sud-américain a utilisé à nouveau la catégorie de "multitudes" qui n'existe pas dans la doctrine de l'Eglise, mais se trouve en revanche dans la pensée de Toni Negri (2), où cette nouvelle catégorie supplante la vieille "classe ouvrière".
La "multitude", écrivait-il dans son livre "Impero" , est la nouvelle "subjectivité politique", avec le plus grand "potentiel révolutionnaire" contre l'Empire.
Bergoglio rompt avec le magistère traditionnel de l'Eglise qui a toujours mis l'accent sur la diversité des rôles entre l'Église (qui doit vivre la charité et l'hospitalité) et l'Etat (qui doit défendre la stabilité, l'ordre et le bien-être de son peuple).
Au contraire, «dans la vision de François», écrivait hier Sandro Magister «la distinction entre Eglise et Etat semble disparaître. La ‘tranquillitas ordinis’, qu'il est du devoir de l'Etat de garantir aux citoyens, est absorbée et jugée selon la seule 'miséricorde', propre à l'Église».

MIEUX VAUT MATTARELLA
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La rupture de Bergoglio par rapport à la tradition de l'Église est si radicale que - comme l'a souligné encore Magister - même le président [de la République Italienne] Mattarella, qui vient pourtant du catholicisme progressiste, dans son discours de fin d'année, a tenu des propos opposées à Bergoglio sur l'immigration.
En effet, «pour le pape Bergoglio, tout se résume dans un mot: "accueil". Et dans la réprobation qui s'ensuit pour tous ceux, y compris les institutions publiques, qui ne s'y conforment pas totalement» (Magister).
Au contraire, Mattarella a affirmé qu' «il faut gouverner» le phénomène migratoire.
Le président a expliqué que l'on doit faire la distinction entre les réfugiés fuyant la guerre et la persécution «et d'autres migrants qui doivent au contraire être rapatriés, tout en leur assurant un traitement digne».
Pour Mattarella, avec l'accueil, il faut la «rigueur», parce que «ceux qui sont en Italie doivent respecter les lois et la culture de notre pays ... Ces immigrants qui, au contraire, commettent des délits, doivent être arrêtés et punis, comme cela est du reste le cas pour les Italiens délinquants. Ceux qui sont dangereux doivent être expulsés. Les communautés étrangères en Italie sont appelées à coopérer avec les institutions contre les prédicateurs de haine et contre ceux qui pratiquent la violence».

Mais l'immigration n'est une des nombreuses raisons pour lesquelles le peuple chrétien s'éloigne de Bergoglio. Même pas la plus grave.
2016 sera l'année de vérité.

Antonio Socci

NDT


(1) Chaque jour, tandis que nous voudrions être soutenus par des signes de la présence de Dieu, nous devons rencontrer des signes opposés, négatifs, qui le font plutôt sentir comme absent. La plénitude des temps semble s’effriter devant les multiples formes d’injustice et de violence qui blessent chaque jour l’humanité. Parfois nous nous demandons : comment est-il possible que perdure le mépris de l’homme par l’homme ?, que l’arrogance du plus fort continue à humilier le plus faible, le reléguant aux marges les plus sordides de notre monde ? Jusqu’à quand la méchanceté humaine sèmera sur la terre violence et haine, provoquant d’innocentes victimes ? Comment ce peut être le temps de la plénitude, ce que nous donnent à voir des multitudes d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre, la faim, la persécution, disposés à risquer leur vie pour voir respectés leurs droits fondamentaux ? Un fleuve de misère, alimenté par le péché, semble contredire la plénitude des temps réalisée par le Christ.
(w2.vatican.va)

(2) Au sujet de Toni Negri: benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/le-pape-activiste-politique

Mise à jour le 4 janvier

(Commentaire de Monique)

Il est sans doute possible, pour une personne exercée, d'évaluer d' un simple coup d'oeil l'affluence aux audiences. J'ai assisté à une audience de François en septembre 2015. Le public n'atteignait pas l'obélisque. Je ne sais pas combien cela fait mais certainement pas 100 000 comme le disent parfois quelques journalistes français n'ayant jamais mis un pied à Rome un mercredi.
Je ne sais pas comment, maintenant, la Maison pontificale arrive à comptabiliser les fidèles. Par un simple coup d'oeil sur les lignes de chaises ou par le nombre de billets délivrés? Si c'est par les billets, le chiffre ne peut être que très bas, étant donnée la pagaille qui règne dans l'Eglise jusque dans les plus petits détails prosaïques. Le responsable de l'accueil de la Trinité des Monts nous a dit que les billets existaient toujours... mais qu'on n'en avait plus besoin (ce qui permet d'avancer n'importe quel chiffre pour ou contre François). De fait, je suis entrée sur la place sans billet mais après contrôle des sacs.
Ce petit exemple reflète ce qui se passe à tous les niveaux de l'Eglise, même en matière grave. Il y a toujours des normes pour communier mais, en fait, chacun fait ce qu'il veut, on n'en a plus besoin!. Les fidèles finissent par se lasser de ce laisser-aller, de ce flou. Avons-nous besoin d'un Pape qui nous dise que nous avons raison dans tous les cas de figure? Que faire une chose ou son contraire cela revient au même? Que nous pouvons entrer partout sans "billet"?
François a réussi à répandre un certain état d'esprit lié à l'idée de Miséricorde mais il n'a rien fait de substantiel en trois ans, si l'on exclut les nombreux voyages... et les deux Motu proprio sur la reconnaissance de la nullité des mariages - ce qui peut être modifié par un autre Pape. On ne parle plus de la réforme de la Curie et l'exhortation apostolique attendue risque de nous plonger dans une incertitude encore plus grande. La lassitude s'empare du troupeau.

Juste une petite précision: déjà sous Benoît XVI, Raffaella, qui suivait de près toutes les rencontres impliquant le Saint-Père, se plaignait que systématiquement, les chiffres publiés par la Préfecture de la Maison Pontificale étaient revus à la baisse par rapport à la réalité, que chacun pouvait constater à la télévision.
Les chiffres annoncés pour François sont issus de la même source - la même, aussi, qui triomphait pour l'affluence aux audiences des débuts du Pontificat. Ils n'en indiquent pas moins une chute sévère, que l'on peut considérer comme réelle et documentée.