Les évêque mexicains mécontents


après l'admonestation du pape, le 13 février dernier, à Mexico. Un exemple grandeur nature des problèmes de communication de François, quand il s'exprime "off-the-script" - cf. Gagliarducci -, rapporté par Sandro Magister (8/3/2016, mise à jour le 9)



Mexique 3 Argentine 0, avec Bergoglio comme capitaine


Settimo Cielo
8 mars 2016
Ma traduction

* * *

Que le discours du pape François le 13 Février dernier aux évêques mexicains n'ait pas plu à ses auditeurs, on l'a immédiatement compris.
Mais trois semaines plus tard, le mécontentement a explosé sur «Desde la Fe», la revue de l'archidiocèse de Mexico, et en même temps sur le site officiel de l'archidiocèse, dans un éditorial non signé, et donc attribuable à son archevêque, le cardinal Norberto Rivera Carrera.
Dans le long discours du pape, il y a eu surtout un passage qui a humilié les évêques. Lorsque François a renoncé à lire le texte écrit et dit:

«La mission est vaste et la faire progresser exige de multiples voies. Et avec la plus vive insistance, je vous exhorte à conserver la communion et l’unité entre vous. Ceci est essentiel, frères. Ce n’est pas dans le texte, mais cela me vient maintenant. S’il faut se disputer, disputez-vous ; s’il faut se dire les choses, dites-les ; mais comme des hommes, en face, et comme des hommes de Dieu qui vont ensuite prier ensemble, discerner ensemble. Et si vous dépassez les bornes, demandez-vous pardon, et maintenez l’unité du corps épiscopal. Communion et unité entre vous. La communion est la forme vitale de l’Eglise et l’unité de ses pasteurs donne la preuve de sa véracité... Les "principes" ne sont pas nécessaires, mais une communauté de témoins du Seigneur l’est».


Les médias, avaient évidemment vu dans ces paroles une réprimande sévère du Pape aux évêques. Et c'est précisément ce reproche que l'éditorial cité rejette comme injuste.

«Nous devons nous demander - écrit-il - : Le pape a-t-il quelque raison de faire ces reproches aux évêques mexicains? Ce que le pape sait à coup sûr, et qui est très clair, c'est que l'Eglise du Mexique est un cas atypique par rapport aux autres pays d'Amérique».

Atypique (et dans un sens positif) pour trois raisons - poursuit l'éditorial -, faisant une comparaison pas vraiment implicite entre le Mexique et l'Argentine, où, au contraire, sur les trois points cités, la patrie de Jorge Mario Bergoglio est battue.
La première raison est le pourcentage élevé de catholiques que le Mexique héberge, 81%, beaucoup plus que dans d'autres pays du continent où ils continuent à chuter, comme www.chiesa l'avait souligné le 15 février dernier.
La deuxième raison est «la grande résistance de l'Eglise catholique mexicaine à l'expansion des communautés protestantes d'empreinte charismatique et pentecôtiste, qui en revanche se propagent sans freins dans d'autres pays».
La troisième est «la force avec laquelle le catholicisme mexicain fait face au défi du sécularisme à la fois culturel et politique», depuis la bataille contre «l'offensive anticléricale et maçonnique» des années vingt du siècle dernier, quand apparurent, au milieu de la persécution, «des signes visibles de sainteté y compris dans l'épiscopat mexicain».

Et sur ce troisième motif l'éditorial n'ajoute rien d'autre. Mais on sait que les évêques et les catholiques mexicains n'ont pas du tout apprécié le silence du pape, durant le voyage, sur le soulèvement héroïque des "Cristeros" contre la persécution anti-religieuse des années vingt, un silence d'autant plus douloureux que cette année, un enfant martyrisé par ces persécuteurs, Jose Sanchez del Rio (cf. Le Petit gonfalonnier du Christ Roi), sera proclamé saint: François a fait une brève pause devant ses reliques dans la cathédrale de Morelia, mais sans que le geste fasse partie des actes officiels du voyage (cf. Rusconi: Le Pape: je m'en mêle, je ne m'en mêle pas… )

Et voici la conclusion de l'éditorial:

«L'épiscopat mexicain est uni et prêt à relever les défis que Sa Sainteté a placés devant lui. Mais malheureusement, il y a la main de la discorde qui a essayé de mettre l'accent sur le négatif, rendant la vision de l'Eglise confuse, cherchant à influer sur le discours du pape, de manière à faire comprendre au public le contraire, à savoir que les défis et les épreuves sont des maux de l'épiscopat. Ce n'est pas la cas. Et ici, nous devons poser la question: pourquoi cherche-t-on à diminuer le mérite du travail des évêques mexicains? Heureusement, le peuple connaît ses pasteurs et les accompagne dans la construction du Royaume de Dieu, quel que soit le prix, comme nous l'avons vu dans toute l'histoire de ce pays ... Se pourrait-il que les paroles prononcées a braccio par le pape soient le résultat de mauvais conseils qui lui ont été donnés par quelqu'un qui lui est proche? Qui a informé le pape aussi mal?».



Après la sortie de cet éditorial, de Rome, Luis Badilla, directeur du site paravatican <Il sismografo>, a réagi en republiant presque tout le discours de François aux évêques mexicains. Comme s'ils ne l'avaient pas compris, et lui, si.

Mise à jour (9/3)


Le quotidien espagnol El Mundo complète les informations fournies par Sandro Magister:

«La vérité, selon ce que EL MUNDO a pu apprendre, ce qui, de toute façon est un secret de polichinelle, est que les relations entre François et le cardinal Rivera sont terribles, que le cardinal, se sentant négligé au cours voyage a créé des difficultés, notamment en ne mobilisant pas les volontaires, et que le prochain chapitre sera le renouvellement à venir du sommet de la hiérarchie de l'Eglise du Mexique, où il est probable que le clash sera plus évident».


L'information est issue du site Rorate Caeli qui apporte une précision de taille .
François "déteste" l'archevêque de Mexico, le cardinal Rivera car il était l' un des 13 cardinaux qui ont signé la fameuse lettre en défense du mariage en plein Synode, le 12 octobre dernier (benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/synode-la-pagaille-du-12-octobr).
Le Pape, qui ne perd pas une occasion de fustiger "SON" clergé, a donc profité du voyage au Mexique pour régler ses comptes, et administrer à l'ensemble de l'épiscopat la correction qu'il estimait méritée (sans doute à cause de positions jugées trop conservatrices).