Sandro Magister adopte un point de vue original, celui du Pape. Et conclut: Une mystérieuse lucidité de vision unifie les attaques contre l’actuel pontificat, comme si elles étaient marquées par l’action d’une "main invisible", dissimulée même à leurs protagonistes. (4/9/2010)

Sur le sujet:
>>> Attacco a Ratzinger
>>> Les trois ennemis de Benoît XVI
>>> Une lettre du Suisse Romain
>>> Attacco a Ratzinger(2)

 



Le point de vue de Sandro Magister
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1344604?fr=y
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Le vaticaniste de référence ajoute sa voix à celles qui se sont déjà exprimées, sur l'ouvrage de Tornielli/Rodari.
Et il adopte un point de vue très original: celui du Pape.
Dans son article, il écrit à la première personne, au nom de ce dernier: Pourquoi ils m'attaquent.

Relisant différents textes du Saint-Père, Sandro Magister trouve toutes les réponses à cette question. Et relie - selon un plan mystérieux - l'année sacerdotale au faisceau inouï d'attaques contre le Pape et l'Eglise qui auront marqué l'année 2010.
Citant la phrase désormais fameuse (et détournée, comme toujours) prononcée dans l'avion vers le Portugal ["Les attaques contre le Pape et contre l’Église ne viennent pas seulement de l’extérieur... La plus grande persécution de l’Église ne vient pas de ses ennemis extérieurs, elle naît du péché de l’Église. L’Église a donc un besoin profond de réapprendre la pénitence, d’accepter la purification"], Sandro Magister écrit en effet:
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Pour [le Pape], tout se tient. Les difficultés provoquées par le péché constituent les conditions de vie de l'humanité qui a besoin du salut. Un salut qui vient de Dieu seul et qui est offert dans l’Église au moyen des sacrements qui sont administrés par les prêtres.
Le Pape fait comprendre que c’est pour cette raison que le refus de Dieu coïncide si souvent avec une attaque contre le sacerdoce et ce qui le caractérise vis-à-vis du monde extérieur, le célibat.
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Mais lier à la question de Dieu celle du sacerdoce et du célibat sacerdotal n’est pas si évident. Et pourtant c’est bien ce que Benoît XVI ne cesse de faire.
Par exemple, à la fin de 2006, faisant un bilan de son voyage en Allemagne qui avait frappé les esprits à cause du discours de Ratisbonne, après avoir souligné que "le grand problème de l'Occident est l’oubli de Dieu", il avait poursuivi en déclarant que "c’est cela, le devoir central du prêtre : porter Dieu aux hommes". Mais le prêtre "ne peut le faire que si lui-même vient de Dieu, s’il vit avec et de Dieu". Et le célibat est signe de cet engagement total
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Il n’est donc pas surprenant que, très peu de temps avant d’être élu pape, Ratzinger ait appelé de ses vœux une réforme de l’Église qui commencerait par purifier les ministres de Dieu de leur "saleté".
Il n’est pas surprenant qu’il ait imaginé et lancé une Année Sacerdotale ayant pour but d’amener le clergé à une vie sainte.
Il n’est pas surprenant que la liturgie occupe une place tellement centrale dans ce pontificat. Le prêtre vit pour la liturgie. C’est le prêtre que Dieu "a chargé de préparer la table de Dieu pour les hommes, de leur donner son corps et son sang, de leur offrir le don précieux de sa présence même".
La libéralisation de l’usage de l’ancien rite de la messe, la levée de l’excommunication des évêques lefebvristes, l'accueil fait aux communautés anglicanes les plus liées à la tradition, tous ces actes font partie de ce dessein.
Et immanquablement ils font l’objet d’attaques.

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Sandro Magister ne parle pas de théorie du complot ("il n’apparaît pas que ces trois fronts soient dirigés par un unique metteur en scène. Mais cela n’empêche pas de chercher s’il y a une raison globale qui expliquerait ces attaques si violentes et continues, toutes concentrées sur le pape actuel", dit-il), mais pour lui, un fil "mystérieux", peut-être surnaturel, relie toutes ces attaques.

Ayant rappelé l'homélie de la messe de conclusion de l'année sacerdotale, du 11 juin (http://benoit-et-moi.fr/2010-II/..), où Benoît XVI évoquait l'ennemi, Sandro Magister écrit:
Une mystérieuse lucidité de vision unifie les attaques contre l’actuel pontificat, comme si elles étaient marquées par l’action d’une "main invisible", dissimulée même à leurs protagonistes. Une main, un esprit, qui comprend le dessein de fond de Benoît XVI et fait tout pour le combattre.

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Venant de lui, l'argument ne manque pas de poids. Il a au moins une caution prestigieuse.