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BENOÎT XVI EN ALLEMAGNE |
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"Nul n'est prophète en son pays", dit l'intellectuel allemand Martin Mosebach (1), qui envisage sans optimisme la visite de Benoît XVI en Allemagne. La haine anti-romaine y remonte loin dans l'histoire. Traduction d'un texte publié sur Vatican Insider, par Belgicatho. (11/8/2011) http://belgicatho.hautetfort.com
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Sur ce sujet, voir aussi: -> Page spéciale sur "l'appel des théologiens allemands": benoit-et-moi.fr/2011-I/.. -> L'Eglise allemande a le moral en berne (Le Figaro) -> Le Pape est apprécié en Allemagne (L'Avvenire): benoit-et-moi.fr/2011-I/.. -> Le ciel de Berlin (Restan): benoit-et-moi.fr/2011-I/...
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Mosebach explique l'aversion des allemands pour la Rome "catholique". Il part pour cela de l'histoire, et du Saint-Empire Romain germanique, une simple "fiction juridique" qui "avait l'ambition d'être le royaume de tous les chrétiens", abritant sous son aile protectrice l'ensemble de la famille chrétienne. Une idée qui fut tournée en dérision par ses ennemis, et a malheureusement démontré, au cours de l'histoire sa "tragique impuissance". Car c'est souvent, non pas les idées elles-mêmes, mais la réalisation de ces idées, qui leur assène le coup mortel. Sur les ruines de la seconde guerre mondiale, trois catholiques, Robert Schuman, Alcide de Gaspari, et un troisième non identifié (s'agit-il de De Gaulle?) "reprirent en main le rêve de Charlemagne" en l'habillant de motivations économiques: c'est la naissance de la Communauté européenne.
Mais la vieille idée de l'Empire a échoué, du fait de ce que Mosebach appelle une “Discordia Germaniae” qui remonte au temps de Tacite.
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Depuis le premier instant de son existence culturelle, [l'Allemagne] a connu la division en son sein, entre la zone colonisée par les Romains (ndt: dont fait partie la Bavière) d'une part et la terre des barbares de l'autre. ... À l'allégeance à Rome, à l'ultramontanisme des catholiques allemands, a toujours répondu, de la part d'autres Allemands, une haine profonde contre Rome, une autocomplaisance nationaliste. Cette "haine de Rome" s'est manifestée à travers la Réforme de Martin Luther, qui a institutionnalisé la guerre civile [en Allemagne], la guerre de Trente Ans, la sécularisation, le Kulturkampf, le mouvement «Los von Rom» ("Détachons-nous de Rome")...
Le nouvel aspect qui caractérise la situation actuelle est le fait que, dans la plupart des régions, il n'y a plus un front anti-chrétien, hostile aux catholiques "philo-romains" ou aux protestants anti-catholiques, parce que la grande partie des théologiens catholiques et, selon les chiffres officiels, même parmi les laïcs, sont devenus des adversaires acharnés de Rome. Le catholicisme post-conciliaire, partisan de valeurs oecuméniques partagées avec les protestants, s'est rangé à la tête des adversaires de Rome. On pourrait aller même aller jusqu'à dire que l'hostilité anti-romaine des néo-catholiques constitue jusqu'à présent la seule mesure réelle du mouvement œcuménique postconciliaire.
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Et, à propos de la visite du Saint-Père dans sa patrie, en septembre prochain, Mosebach est assez pessimiste (mais il pourrait bien se tromper!):
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Un Allemand, Successeur de Pierre, est précisément ce qui devait déclencher le potentiel d'agressivité du processus dont nous avons parlé plus tôt. Un pape allemand issu de cette célèbre fraction ultramontaine, considéré désormais comme dépassée, a déclenché les forces anti-romaines au sein du catholicisme allemand. ...
C'est une folie d'espérer que l'Eglise allemande du XXIe siècle, où tant de dirigeants se dépensent en faveur d'un «dialogue» néfaste en vue de créer une Eglise nationale, ravive la mémoire de ses anciens sentiments ultramontains et manifeste simplement à son Pasteur son désir de rester catholique avec le pape et non pas contre lui. Ou peut-être que le Pape Benoît, qui est un grand patriote, devra prendre acte du fait que, pour un pape allemand, il n'y a pas de pays plus étranger et plus éloigné de lui que sa propre mère-patrie?
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Note
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(1) En mai 2010, en plein coeur des scandales de pédophilie en Allemagne, Martin Mosebach avait accordé une interviewe au Suddeutsche Zeitung, que j'avais traduite ici: http://benoit-et-moi.fr/2010-II/
Harcelé par l'intervieweur de ce temple allemand du gauchisme culturel, il avait répondu avec un courage et une lucidité impressionnants.
Le SZ le présentait en ces termes: Martin Mosebach est né en 1951 à Francfort. Avant de devenir écrivain, il a étudié le droit. Les medias le considèrent comme un réactionnaire, à la fois du point de vue politique et religieux, surtout à cause de son livre "L'hérésie de l'informe" (ndt: traduit en français ici: http://www.ceremoniaire.net/... ) en 2007, dans lequel il prétend au retour du rite antique. "Seul celui qui croit à genoux croit vraiment", dit un passage du livre. Depuis la sortie du livre, Mosebach catalyse la chronique allemande comme peu d'auteurs...
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Dans le chateau de Benoît | Ce que l'Espagne attend du pape
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