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Paroles de Ratzinger

Les anticipations d'Andrea Tornielli, d'après un site allemand, sur "La luce del mondo" (20/11/2010)

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"Avez-vous peur d'un attentat?".
"Non".

La réponse de Benoît XVI à la question du journaliste Peter Seewald dans le livre "Lumière du monde. Le Pape, l'église et les signes des temps" est sèche et en même temps extrêmement calme. Il s'agit du premier livre-linterviewe avec un Pape, réalisé en enregistrant six heures de conversation sans qu'aucune question n'ait été présentée par avance à l'interviewé. Le livre, publié en Italie par la Libreria Editrice Vaticana, sera distribué à partir du 24 Novembre.

Hier, un site de langue allemande (www.mafco.ch) a publié quelques extraits du chapitre intitulé "Habemus Papam", dans lequel Seewald, qui avait déjà deux fois longuement interrogé le Cardinal Ratzinger en publiant deux livres célèbres (Le Sel de la la terre, Voici quel est notre Dieu) demande comment Benoît XVI vit sa tâche de Pape.
Cette tâche à laquelle il a été appelé à 78 ans révolus, après un conclave-éclair, pour prendre la place de Jean-Paul II. Il rappelle comment Ratzinger a été "pendant 23 ans aux côtés de Jean-Paul II" et "connaît la Curie romaine comme personne d'autre", et demande au Pape combien de temps il a pris pour réaliser la portée de sa nouvelle tâche universelle.
"Que ce soit là une tâche énorme - répond Benoît XVI - vous le comprenez très vite, si vous savez que lorsque vous êtes aumônier, curé, ou professeur, vous avez déjà une grande responsabilité, vous pouvez en déduire combien est grand le fardeau sur les épaules de la personne qui la responsabilité de toute l'Eglise. Alors bien sûr, vous êtes plus conscient du fait que vous ne pouvez pas le faire tout seul. Cela se fait pour une part avec l'aide de Dieu et pour l'autre avec une grande collaboration. "
Vatican II, explique Benoît XVI, "nous a fait apprendre que pour la structure de l'Eglise, la collégialité est constitutive", et donc le Pape n'est pas "quelqu'un qui agit comme un monarque absolu, prenant des décisions seul et faisant tout lui-même".
Dans une autre question, Seewald cite les conseils de Bernard de Clairvaux au Pape Eugène III, lui demandant de surveiller ce qui se passait à la cour pontificale et surtout la quantité des engagements.
"De consideratione" de Saint-Bernard (1), répond Ratzinger, "est bien sûr une lecture obligatoire pour tous les Papes" . Qui fait sien l'un des avertissements du Saint à son disciple devenu Pape: "N'oublie jamais que tu n'es pas le successeur de l'empereur Constantin mais le successeur d'un pêcheur ".
Benoît XVI ajoute ensuite "il ne faut pas se perdre dans l'activisme."

L'intervieweur poursuit: "On a l'impression que le Pape Benoît travaille sans interruption et ne se concède aucune pause ...". La réponse est simple "non". Et Ratzinger ajoute que l'important, voire l'essentiel de ses activités est "la réflexion, la lecture de l'Ecriture Sainte" et la méditation sur ce que l'Ecriture dit aujourd'hui. "Vous ne pouvez pas travailler uniquement pour diminuer la pile des papiers qui s'entassent sur votre bureau".

Seewald cite ensuite une phrase écrite par Paul VI le soir de son élection: "Je suis dans l'appartement du Pape; impression profonde, de malaise et en même temps de confiance ... puis c'est la nuit: la prière et le silence. Non, ce n'est pas le silence, le monde m'observe, il m'assaille. Je dois apprendre à vraiment l'aimer. L'Eglise comme elle est. Le monde comme il est". Et il demande: "Vous avez ausi, comme Paul VI, un peu peur d'affronter les masses de fidèles?".

Le Pape reformule la question ainsi, se l'adressant à lui-même: "Est-il vraiment juste de dire que le Pape se présente aux foules et se fasse voir comme une star?". La réponse est simple et directe: les hommes et les femmes "ont un grand désir de voir le Pape" non pas tant pour le contact avec sa personne, "mais pour entrer en contact" avec son ministère, avec le "représentant du sacré", avec le "mystère qu'il existe un successeur de Pierre", avec le Vicaire du Christ. "En ce sens, il faut l'accepter sans considérer la liesse de la foule comme un compliment à sa propre personne".
L'interviewer demande également si Ratzinger a peur d'un attentat. "Non", répond le Pape.

Puis le discours se déplace sur le rôle de l'Eglise, une grande organisation mondiale, qui pourtant, explique Benoît XVI ne peut jamais être confondue avec "une entreprise de production" (ndt: comme répété ici à plusieurs reprises, l'Eglise n'est pas la multinationale à laquelle voudraient la réduire en particulier certains journalistes, y compris lorsqu'ils parlent de sa "communication)
"Nous ne sommes pas une société qui recherche le profit, nous sommes Eglise. Cela signifie que nous sommes une communauté d'êtres humains fondée dans la foi. La tâche n'est pas de produire un produit quelconque ou de réussir dans la distribution des biens. La tâche est de témoigner de la foi, de la proclamer". L'Eglise, qui a survécu à des cultures, des nations, des temps, parce qu'elle est unie au Christ.
Mais Ratzinger, qui dans une autre page explique qu'il n'a jamais pensé à la démission, et aussi qu'il a d'une certaine manière regretté le discours de Ratisbonne, qui devait être universitaire et a fini, au contraire, par assumer une signification contre l'Islam en raison de l'exploitation d'une citation, n'hésite pas à parler de certaines "erreurs" qui auraient pu survenir au début de son pontificat, comme du reste il l'avait déjà reconnu dans l'émouvante lettre aux évêques après l'affaire Williamson. "C'est probable," répond-il à la question sur les erreurs, ajoutant qu'il est parfois possible de faire encore plus d'erreurs en avançant dans le temps parce qu'on n'est plus aussi prudents "qu'au début" .
Enfin, Seewald demande au Pape, s'il a l'impression d'être enfermé au Vatican, et s'il est vrai que, parfois, il s'en évade en secret.
"Cela, je ne le fais pas - répond Ratzinger - mais le fait de ne plus faire de promenade, ne plus rendre visite à des amis ou tout simplement rester à la maison, comme je pouvais le faire en toute simplicité quand j'habitais à Pentling et que j'allais en ville, avec mon frère, dans quelque restaurant ou de visiter quelque chose, cela, c'est un vrai manque. Mais plus vous devenez vieux, plus il vous manque l'initiative et cette l'absence, on la supporte mieux"

© Copyright Il Giornale, 20 Novembre 2010
(grâce à Raffaella)

Note

(1) NDT: La catéchèse du 21 octobre 2009 était consacrée à Saint Bernard (ici:http://tinyurl.com/234ncgy ).
Le Saint-Père disait:
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Un ouvrage assez singulier, qu'il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d'Eugène III, mérite d'être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel, écrivit à son fils spirituel le texte De Consideratione, qui contient un enseignement en vue d'être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture intéressante pour les Papes de tous les temps, Bernard n'indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des mystères de l'Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu un et trine: "On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n'est pas encore assez recherché", écrit le saint abbé: "mais on peut peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière qu'avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à la recherche" (xiv, 32: PL 182, 808), à être en chemin vers Dieu.

Un commentaire de Mgr Chaput Benoît le provocateur