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La voix du Pape


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Concert pour le Pape

offert par l'ENI. Discours du Saint-Père, et photos (2/10/2010)

L'Ente Nazionale Idrocarburi (ENI), le groupe pétrolier italien, participe comme sponsor aux travaux de rénovation des murs latéraux extérieurs de la Basilique Saint-Pierre. Simultanémment, l'entreprise a voulu offrir un concert au Saint-Père (qui a relevé avec humour "pour compenser le bruit que provoquent les travaux"), dans la salle Paul VI.
Au programme, la musique de Franz Joseph Haydn, Ludwig van Beethoven et Arvo Pärt, interprétée par l'Orchestre et le Chœur de l'Académie Sainte Cécile , dirigé par le chef estonien Neeme Järvi...
Le Saint-Père, nous dit-il, avait invité des "pauvres", amenés par la Caritas (le secours catholique), pour partager avec lui "ce moment de fête".

Après le concert , le Pape s'est comme d'habitude adressé aux artistes et à l'assistance. Et comme d'habitude lorsqu'il parle de musique, c'est magnifique. Le musicologue pointu élargit la "critique" musicale proprement dite à une réflexion d'une grande spiritualité sur la foi:
(..) au milieu des forces vitales de la nature, qui sont autour de l'homme, et aussi en lui , la foi est une force différente , qui répond à une parole profonde , "sortie du silence " , comme disait saint Ignace d'Antioche.
La parole de la foi a besoin d'un grand silence intérieur, pour écouter et obéir à une voix qui est au-delà du visible et du tangible.

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Discours du Saint-Père

Texte en italien: Site du Vatican.
Ma traduction.
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Je voudrais d'abord adresser mes sincères remerciements à l'ENI , dans la personne de son président , le professeur Roberto Poli , qui a aimablement introduit cette soirée. Depuis déjà quelque temps , l'ENI avait proposé d'organiser un concert, en concomitance avec la restauration des murs latéraux de la Basilique Saint-Pierre. Après avoir mené à bien le mémorable nettoyage de la façade , admirée par des millions de pèlerins au cours du Jubilé de l'an 2000 , cet autre important chantier est en cours de réalisation: entrant au Vatican par l'Arc des Cloches (..) , on est frappé - en regardant la partie déjà achevée - par l'aspect du travertin , qui apparaît comme nous ne l'avons jamais vu , presque doux et velouté. C'est là aussi une grand oeuvre d'"orchestre" , et tous ceux qui la dirigent et l'exécutent avec maestria et peine, méritent des applaudissements!

Et ainsi, l'ENI a pensé à un concert - peut-être pour compenser le bruit que produit inévitablement ce travail ! Pour cela, on a fait appel à l'Orchestre et au Chœur de l'Académie Nationale de Sainte Cécile , ce qui revient à dire deux institutions qui par leur histoire, la qualité de leur art et le son typiquement italien , représentent Rome et l'Italie sur la scène musicale mondiale. A l'Orchestre et aux Choristes, je veux offrir mes félicitations , souhaitant qu'ils puissent constamment se renouveler en esprit , pour donner vie - comme ce soir - à des œuvres immortelles . En particulier , je tiens à exprimer ma vive appréciation au chef d'orchestre Neeme Järvi , au pianiste Andrea Lucchesini et au maître de choeur Ciro Visco . Un salut particulier également au groupe des pauvres, assistés par la Caritas Diocésaine, que j'ai voulu inviter pour vivre avec nous ce moment de joie .

Et maintenant, une brève réflexion sur la musique que nous avons écoutée: une symphonie de Haydn , de la série des "Londoniennes", dite "la Surprise" ou "mit dem Paukenschlag" à cause de l'usage caractéristique de la timbale dans le second mouvement; la Fantaisie Chorale de Beethoven , un morceau inhabituel, comme genre, dans le panorama de Beethoven, mais donnant un aperçu des possibilités expressives de la musique soliste , orchestrale et chorale; et, au milieu , "Cecilia , vierge romaine" d'Arvo Pärt . Les deux œuvres de Haydn et de Beethoven ont fait résonner toute la richesse et la puissance de la musique symphonique de la période classique et romantique; avec elle le génie humain rivalise de créativité avec la nature , donnant lieu à des harmonies diverses et variées, où la voix humaine participe elle aussi à ce langage , qui est comme un reflet de la grande symphonie cosmique. Cette forme est particulièrement caractéristique de la période romantique et romantique tardive , mais va au-delà , représente une dimension universelle de l'art , une façon de concevoir l' homme et sa place dans le monde .

Au contraire, l'oeuvre de Pärt , tout en profitant elle aussi d'un instrument similaire , un orchestre symphonique et un choeur , veut donner une voix à une autre réalité , qui n'appartient pas au monde naturel : elle donne une voix au témoignage de la foi dans le Christ , qui, en un mot, se dit «martyre». Il est intéressant que ce témoignage soit personnifié justement par Sainte Cécile: une martyr qui est aussi la sainte patronne de la musique et du bel canto.

Il faut donc féliciter également le concepteur du programme du concert , car la combinaison de ce travail sur Sainte-Cécile avec des œuvres de Haydn et de Beethoven offre un contraste riche de sens, qui invite à la réflexion .
Le texte du martyre de la sainte, et le style particulier qui en donne une clé d'interprètation musicale , semblent représenter la place et le rôle de la foi dans l'univers : au milieu des forces vitales de la nature, qui sont autour de l'homme, et aussi en lui , la foi est une force différente , qui répond à une parole profonde , "sortie du silence " , comme disait saint Ignace d'Antioche.
La parole de la foi a besoin d'un grand silence intérieur, pour écouter et obéir à une voix qui est au-delà du visible et du tangible. Cette voix parle aussi à travers les phénomènes de la nature , parce que c'est la puissance qui a créé et régit l'univers; mais pour la reconnaître, il faut un cœur humble et obéissant - comme nous l'enseigne aussi la sainte dont nous faisons aujourd'hui mémoire: Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus . La foi suit cette voix profonde , là où l'art à lui seul ne peut pas atteindre : elle la suit dans le chemin du témoignage , de l'offrande de soi-même par amour , comme l'a fait Cécile . Alors, l'œuvre d'art la plus belle, le chef-d'œuvre de l'être humain, est chacun de ses actes d'amour vrai, du plus petit - dans le martyre quotidien - au sacrifice suprême . Ici, la vie elle-même se fait chant: une anticipation de cette symphonie que nous chanterons ensemble au paradis .
Merci encore, et bonne soirée .

Une lettre du Cardinal Ratzinger Homélie à Palerme