Rechercher:

Pages spéciales:

Page d'accueil

Vatileaks

Rencontre des familles

Toscane

Accord avec la FSSPX

Anniversaires

Saisissante réflexion d'un écrivain et journaliste italien, sur Il Giornale. Le marxisme n'est pas mort, il se porte mieux que jamais, mais il prospère sous une fausse identité.(21/5/2012)

Il suffit de regarder autour de soi en ouvrant les yeux pour s'en convaincre.
Après avoir traduit l'article de Marcello Veneziani, il m'est venu à l'esprit que la seule personne d'influence au monde qui combatte cette idéologie de toutes ses forces, c'est Benoît XVI. Raison pour laquelle il n'a pas un seul instant de répit (en sont témoins les derniers épisodes de Vatileaks).

Il Giornale, le 14 mai
Finalement, Marx l'a emporté. Nous sommes tous égaux. Individualistes et nihilistes

Le communisme réel et sa politique ont été vaincus par l'Occident. Les prophéties du «Capital», cependant, sont devenues réalité. Sur le plan des valeurs
de Marcello Veneziani
-----------

Marx a gagné et vit avec nous. Ce n'est pas une boutade ou un paradoxe, c'est la réalité. Le marxisme, séparé du communisme - et son utopie, scindée de sa prophétie - c'est l'esprit de notre temps. Nous vivons en pleine époque marxiste. Je ne me réfère pas seulement à la crise économique actuelle, ni au phénomène prédit par Marx et aujourd'hui effectivement avéré de la richesse concentrée dans peu de mains, avec une minorité toujours plus riche et restreinte et une majorité toujours plus large et pauvre.
Il nous faut refaire les comptes avec Marx, et pas seulement parce que nous avons été formés à une époque - comme l'écrit Dürrenmatt - où «être marxiste était une espèce de devoir» - un devoir que nous avons transgressé. Mais surtout parce que le marxisme imprègne notre aujourd'hui. Marx écrit dans le Manifeste: «Tous les rapports rigides et stables, avec leur cortège d'idées et de concepts antiques et vénérables se dissolvent, et toutes les idées et les concepts nouveaux vieillissent avant de pouvoir se fixer. Tout ce qui il y avait de corporatif et de stable se volatilise, toute chose sacrée est profanée, et les hommes sont finalement contraints de regarder d'un œil désenchanté leur propre position et leurs relations mutuelles».
C'est la plus précise préfiguration de notre temps. Le marxisme fut le plus puissant anathème lancé contre Dieu et le sacré, la patrie et les racines, la famille et les liens avec la tradition; une théorie devenue une pratique généralisée. Sa mise en œuvre dans les pays pré-modernes comme la Russie et la Chine, le Cambodge et Cuba, fut une déviation. Contrairement à ce que les gens pensent, le marxisme ne s'est pas réalisé dans les pays qui ont adopté le communisme, où, au contraire, il a échoué et a résisté par l'imposition totalitaire et policière; il s'est en revanche réalisé dans son esprit là où il est né et a été formulé, dans l'Occident du capitalisme avancé; il n'a pas démonté le système capitaliste, mais il a été l'assistant social et culturel dans le passage de l'ancienne société christiano-bourgeoise au néo-capitalisme nihiliste et global.
La société de consommation, des désirs et des mondes virtuels a réalisé, dans la liberté, la tâche et la définition que Marx a donnée du communisme: « C'est le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses».
L'utopie communiste a été réalisée au niveau planétaire, mais sur le plan individuel, et non pas collectif, comme le pensait Marx. Sous le signe de l'individualisme de masse, et non pas du communisme et de son abolition de l'État, de la propriété privée ou des inégalités. Cette lecture individualiste de Marx ne doit pas déconcerter. Dans l'Idéologie allemande, Marx déclare que la finalité suprême du communisme, «c'est la libération de chaque individu» des limites locales et nationales, familiales et religieuses, économiques et propriétaires. Le jeune Marx honore un seul saint dans le calendrier: Prométhée, l'individu héroïque et libérateur. L'un des premiers à découvrir l'essence individualiste qui se cachait à l'intérieur de l'écorce collectiviste de Marx fut Louis Dumont dans Homo aequalis.

La société capitaliste mondiale a réalisé les principales promesses du marxisme, même si elle les a déformées: dans la mondialisation, elle a réalisé l'internationalisme contre les patries; dans l'uniformité et l'uniformisation (en italien, les deux mots sont uniformità et omologazzione), elle a réalisé l'égalité et le nivellement universel; dans la domination globale du marché, elle a reconnu la primauté mondiale de l'économie posée par Marx; dans l'athéisme pratique et dans l'irreligion, elle a réalisé l'athéisme marxien (ndt: et non marxiste, la nuance a son importance, même s'il s'agit d'un néologisme) et sa critique de la religion; dans la primauté des rapports matériels, pratiques et utilitaires sur les valeurs spirituelles, morales et traditionnelles, elle a réalisé le matérialisme marxien; dans la libération de tout lien organique et naturel, elle a réalisé le prométhéisme marxien dans la sphère individuelle; dans la société libertine et permissive, elle a réalisé la libération marxienne des liens familiaux et matrimoniaux; et comme Marx l'a voulu, elle a réalisé le primat de la pratique sur la pensée.
Le marxisme qui a échoué comme appareil répressif à l'Est, s'est réalisé comme radicalisme permissif à l'Ouest, se détachant du communisme anti-capitaliste, messianique et prophétique. Et il se réalise actuellement dans l'Extrême-Orient, en Chine et en Corée, sous la forme du MAO-capitalisme, le communisme libéral.
La poussée idéologique du marxisme se condense sous la forme de mentalité; son avant-garde intellectuelle assume le contrôle du pouvoir culturel, comme une secte jacobine qui surveille la conformité au politiquement correct; tandis que dans les relations sociales et économiques, le marxisme se conforme à la société globale (ndt: ou "mondialisée") et néo-capitaliste de masse. Dont il a finalement été la Garde Rouge, afin de superviser le retrait de la Tradition. L'esprit du marxisme se réalise en Occident, se faisant idéologiquement radical, et économiquement libéral. Il a perdu les tons violents du marxisme - la sanglante lutte des classes et la dictature du prolétariat - abandonnés aux révolutions du Tiers-Monde et aux franges extrêmes de l'Occident (ndt: néanmoins tolérées!); mais avec eux, il a perdu aussi le désir de justice sociale et l'enracinement dans le prolétariat et dans la classe ouvrière. La société de masse de l'Occident a accompli la prédiction de Marx: la prolétarisation de la classe moyenne, mais après l'embourgeoisement du prolétariat. La bourgeoisie s'universalise comme mode de vie et modèle, mais son expansion coïncide avec l'abaissement de son statut socio-économique au rang de prolétariat.

Ce que Marx n'avait pas compris, c'est que le désenchantement, la sécularisation, l'athéisme n'épargneraient pas même le communisme et sa veine eschatologique et prophétique. Finalement, le communisme de l'Est a été vaincu par le marxisme occidental, avec son matérialisme pratique, son irréligion et sa primauté de l'économie qui ont déraciné plus que dans les sociétés communistes la semence vitale des principes et de l'ordre traditionnels. Ce n'est pas par hasard que les marxistes occidentaux se sont convertis à l'esprit radical et libéral, à l'individualisme, au marché et la libération sexuelle, se défaisant de la libération sociale. La lutte de classe a cédé la place à la lutte de bioclasse, au nom de l'antisexisme et de l'antiracisme. Même la défense égalitaire des masses de pauvres a cédé à la défense prioritaire des «différents».

Le marxisme reste actif sous un faux nom et une fausse identité, presque comme un OGM, comme esprit de dissolution de la réalité et de son sens, du sacré et du fondement, des principes et des structures sur lesquelles s'est fondée la société traditionnelle.
La fin du marxisme, longtemps déclarée, est un cas de mort apparente.