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Lors de la visite pastorale en Toscane, discours mémorable sur l'engagement des chrétiens en politique. Traduction (14/5/2012).



La pluie battante, les horaires modifiés au dernier moment, rien n’a pu décourager les habitants de Sansepolcro, venus rencontrer Benoît XVI avec un grand enthousiasme, ce dimanche 13 mai 2012.
En raison des intempéries, Benoît XVI n’a pu se rendre à l’Alverne, monastère où saint François d’Assise reçut les stigmates, deuxième étape de sa visite pastorale en Toscane. Il s’est donc rendu plus tôt que prévu à Sansepolcro, troisième étape du voyage, où des centaines de personnes l’attendaient sous des imperméables et des parapluies.
Sur la place "Torre di Berta", adjacente à la co-cathédrale de la ville, dans les rues, sur les balcons, la population acclamait, et les cloches sonnaient à toute volée, lorsque Benoît XVI est arrivé en voiture, aux environs de 18h30, avec une heure d’avance sur le programme (Zenit)

* * *

http://www.vatican.va/ (ma traduction)
Chers frères et sœurs!

Je suis heureux de me trouver à Sansepolcro et de m'unir à votre action de grâces à Dieu pour le millénaire de la fondation de la ville, pour les prodiges de grâce et tous les bénéfices qu'en dix siècles, la Providence a répandus. Dans cette place historique, répétons les paroles du psaume responsorial d'aujourd'hui: «Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ... Acclamez le Seigneur, terre entière, criez, exultez, chantez les louanges» ( Ps 97).

Chers amis de Sansepolcro, je vous salue tous avec affection, je vous suis reconnaissant de cet accueil, malgré le temps un peu mauvais, notre cœur est plein de lumière, de chaleur et de joie. Je vous salue tous, à commencer par l'archevêque Riccardo Fontana; avec lui, je salue les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs qui sont activement engagés dans l'apostolat. Une pensée déférente aux autorités civiles et militaires, en particulier le maire, le Dr Daniela Frullani (ndt: qui a embrassé le Saint-Père!!), que je remercie pour ses aimables paroles et pour les beaux cadeaux. Merci!

Il y a mille ans, les saints pèlerins Arcano et Egidio, face aux grandes transformations de l'époque, se mirent à la recherche de la vérité et du sens de la vie, se dirigeant vers la Terre Sainte. A leur retour, ils rapportèrent avec eux non seulement les pierres ramassées sur le mont Sion, mais l'idée particulière qui s'était développée dans la Terre de Jésus: construire dans la Haute Vallée du Tibre la civitas hominis à l'image de Jérusalem qui, dans son nom même, évoque la justice et la paix. Un dessein qui évoque la grande vision de l'histoire de saint Augustin dans l'œuvre «La Cité de Dieu». Lorsque les Goths d'Alaric entrèrent dans Rome et que le monde païen accusa le Dieu des chrétiens de ne pas avoir sauvé Rome caput mundi, le saint évêque d'Hippone clarifia ce que nous devons attendre de Dieu, la juste relation entre la sphère politique et la sphère religieuse. Lui voit dans l'histoire la présence de deux amours: «l'amour de soi», jusqu'à l'indifférence à Dieu et aux autres, et «l'amour de Dieu», conduisant à la pleine liberté pour les autres et à édifier une cité des hommes gouvernée par la justice et la paix (cf. La Cité de Dieu , XIV, 28).

Certes, cette vision ne fut pas étrangère aux fondateurs de Sansepolcro. Ils conçurent un modèle de cité articulé et rempli d'espoir pour l'avenir, où les disciples du Christ étaient appelés à être le moteur de la société dans la promotion de la paix à travers la pratique de la justice. Leur défi courageux devint réalité, avec la persévérance d'un chemin qui, grâce au soutien du charisme bénédictin d'abord, des moines de l'ordre de Camaldule ensuite, a continué pendant des générations. Un fort engagement fut nécessaire pour fonder une communauté monastique, et ensuite, autour de l'église abbatiale, votre ville. Ce ne fut pas seulement un projet qui marque l'urbanisme du Bourg de Sansepolcro, parce que l'emplacement même du Dôme a une forte valeur symbolique: il est le point de référence, à partir duquel chacun peut s'orienter dans son chemin, mais surtout dans sa vie; il constitue un fort appel à regarder vers le haut, à se soulever du quotidien, pour diriger les yeux vers le ciel, dans une tension constante vers les valeurs spirituelles et la communion avec Dieu, qui n'éloigne pas du quotidien, mais l'oriente et le fait vivre de manière encore plus intense. Cette perspective est valable aujourd'hui encore, pour retrouver le goût de la recherche du «vrai», pour percevoir la vie comme un chemin qui rapproche du «vrai» et du «juste».

Chers amis, l'idéal de vos fondateurs est parvenu jusqu'à nos jours et il n'est pas seulement au cœur de l'identité de Sansepolcro et l'Eglise diocésaine, mais aussi un défi à préserver et à promouvoir la pensée chrétienne, qui est à l'origine de cette ville. Le Millénaire est l'occasion de faire une réflexion, qui est, dans le même temps, voyage intérieur le long des chemins de la foi et engagement à redécouvrir les racines chrétiennes, afin que les valeurs évangéliques continuent à féconder les consciences et l'histoire quotidienne de vous tous. Aujourd'hui, il est particulièrement nécessaire que le service de l'Eglise au monde s'exprime avec des fidèles laïcs éclairés, capables d'opérer au sein de la cité de l'homme, avec la volonté de servir au-delà de l'intérêt privé, au-delà des visions de partis. Le bien commun compte plus que le bien de l'individu, et il revient aussi aux chrétiens de contribuer à l'émergence d'une nouvelle éthique publique. Nous le rappelle la figure splendide du néo-Bienheureux Giuseppe Toniolo (ndt: Béatifié à Rome le dimanche 29 avril, cf. http://www.radiovaticana.org). A la méfiance envers l'engagement politique et social, les chrétiens, surtout des jeunes, sont appelés à opposer l'engagement et l'amour pour la responsabilité, animés par la charité évangélique, qui demande de ne pas se retirer en soi-même, mais de prendre soin des autres. Aux jeunes, j'adresse l'invitation à savoir penser en grand: ayez le courage d'oser! Soyez prêt à donner une nouvelle saveur à l'ensemble de la société civile, avec le sel de l'honnêteté et de l'altruisme désintéressé. Il est nécessaire de retrouver une forte motivation à servir le bien des citoyens.

Le défi qui attend cet antique Bourg est celui d'harmoniser la redécouverte de son identité millénaire avec l'accueil et l'intégration de cultures et de sensibilités différentes. Saint Paul nous enseigne que l'Église, mais aussi la société toute entière sont comme un corps humain où chaque partie est différente de l'autre, mais toutes contribuent au bien de l'organisme (cf. 1 Co 12, 12-26). Remercions Dieu parce que votre communauté diocésaine a mûri au fil des siècles une ardente ouverture missionnaire, comme en témoigne le jumelage avec le Patriarcat latin de Jérusalem. J'ai été heureux d'apprendre qu'il a donné des fruits de collaboration et des œuvres de charité en faveur des frères les plus démunis en Terre Sainte. Les liens anciens conduisirent vos pères à construire ici une copie en pierre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, pour rendre solide l'identité des habitants et maintenir vivantes la dévotion et la prière vers la ville sainte. Ce lien se poursuit et fait en sorte que tout ce qui concerne la Terre Sainte est perçu par vous comme une réalité qui vous concerne; comme d'ailleurs à Jérusalem, votre nom et la présence de pèlerins de votre diocèse, rendent actives les relations fraternelles. À cet égard, je suis sûr que vous vous ouvrirez à de nouvelles perspectives de solidarité, en donnant un élan apostolique renouvelé au service de l'Evangile. Et ce sera l'un des résultats les plus significatifs des célébrations du jubilé de votre ville.

Encore un mot sur le Döme où j'ai vu la beauté de la «Sainte Face». Cette basilique est le lieu de la louange à Dieu de toute la cité, le siège de l'harmonie retrouvée entre les moments de culte et de la vie civique, le point de référence pour la pacification des esprits. Et comme vos pères surent construire le magnifique temple de pierre, afin qu'il soit signe et appel à la communion de vie, il vous revient de rendre visible et crédible la signification de l'édifice sacré, vivant en paix dans la communauté ecclésiale et civile. En pleine Renaissance, les habitants de San Sepolcro (ndt: "biturgensi", du nom latin de l'endroit "Biturgia") demandèrent au peintre Durante Alberti de représenter Bethléem dans l'Eglise Mère (ndt: l'Adoration des Bergers) , afin que personne n'oublie que Dieu est avec nous dans la pauvreté de la crèche.
Gardant mémoire du passé et attentifs au présent, mais aussi projetés dans le futur, vous les chrétiens du diocèse d'Arezzo-Cortona-Sansepolcro, savez que le progrès spirituel de vos communautés ecclésiales et la promotion même du bien commun de la communauté civile exigent un engagement pour une insertion de plus en plus vitale de vos paroisses et de vos associations dans le territoire. Puissent le chemin parcouru et la foi qui vous anime, vous donner le courage et l'élan pour continuer. En regardant votre riche patrimoine spirituel, soyez une Eglise vivante au service de l'Evangile! Une Eglise accueillante et généreuse, qui, avec son témoignage rend présent l'amour de Dieu pour chaque être humain, en particulier pour les souffrants et les nécessiteux.

Que la Sainte Vierge, particulièrement vénérée en ce mois de mai, veille sur chacun d'entre vous et soutienne les efforts pour un avenir meilleur. O Marie, Reine de la Paix, écoute notre prière: Fais-nous témoins de ton Fils et constructeurs infatigables de justice et de paix.

Merci.