Désinformation sur la Hongrie

... aussi sur Radio Vatican en français. Et cela pose des questions, une fois de plus, sur la ligne éditoriale de "la voix du Pape" en langue française. (24/10/2012)

Notons que l'info n'est pas reprise sur la version en Italien, ni sur celle en anglais (ou alors, elle m'a échappée...); il est vrai que l'AFP est en français!.

>>> De nombreux articles de ce site ont été consacrés à la Hongrie de Victor Orban, et à sa mise au ban de l'UE, AUSSI pour avoir voulu rappeler ses racines chhrétiennes, et pour avoir fait inscrire dans sa constitution la promotion de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, et la défende de la vie (même s'il a y a sans doutes d'autres raisons). Voir ici: http://benoit-et-moi.fr/2012-I/

Lu sur Internet

Les manifestants étaient entre 50.000 et 100.000, selon des comptages de l'AFP et de plusieurs médias, comme le portail en ligne Index ou la radio d'opposition Klubradio.
Selon le ministère de l'Intérieur il n'y a eu que 20.000 manifestants.
Cette mobilisation paraît être un nouveau succès pour l'association "Milla", mais aussi pour les socialistes, principale force d'opposition, qui avait renoncé à organiser sa propre manifestation et invité ses sympatisants à se joindre au rassemblement de ce mouvement civil.
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Les sympathisants de Viktor Orban ont pu, eux aussi, démontrer leur soutien en participant à la "marche pour la paix" et à un rassemblement réunissant en tout 150.000 personnes, selon l'agence officielle MTI.
Le rassemblement est organisé et financé par des hommes d'affaires et des journalistes proches du pouvoir. Afin de gonfler les rangs, ces derniers ont de nouveau fait venir des participants par cars entiers des quatre coins du pays, ainsi que d'Etats voisins où vit une importante minorité hongroise.
(AFP)

     

Couvrant à sa façon l'évènement, Radio Vatican en français (http://fr.radiovaticana.va/Articolo.asp?c=632413 ) donne la parole au cardinal Erdo, archevêque de Budapest. J'ai transcrit ses propos, recueillis par un correspondant de la rédaction hongroise, Marta Verste, et disponibles en audio sur le site:

La révolution de 1956 a éclaté le 23 octobre, jour de la fête de Saint-Jean de Capistran.
Saint-Jean de Capistran a fait une série de sermons quand il était en mission dans une Hongrie menacée par l'Empire Ottoman. Le même contribue à la victoire des chrétiens sur les Ottomans à Belgrade en 1456, et c'est justement à l'occasion de sa fête, plus précisément 500 ans après sa mort que la Révolution à Budapest a éclaté. La Révolution elle -même a laissé un profond souvenir dans la mémoire du peuple hongrois. On la considère aujourd'hui comme un exemple du désir de liberté, et aussi comme un exemple d'unité nationale du peuple, parce que cela arrive rarement dans l'histoire d'une nation, le fait que presque tous collaborent les uns avec les autres, comme c'était le cas en 1956.

     

L'article qui suit n'a malheureusement que peu de rapport (et même strictement aucun) avec les propos du prélat, sinon la référence à la date du 23 octobre.

Si l'on désire s'informer sur Radio Vatican, c'est en principe parce que l'on est catholique fidèle au Pape (c'est du moins ce que laisse supposer l'image sur la page d'accueil). Et l'on n'a pas forcément envie de lire une dépêche de l'AFP. Sinon, on va ailleurs. Sur le Parisien ou le Nouvel Obs, par exemple.
Or, se servir du nom du cardinal Erdo pour recopier une dépêche de l'AFP, en y rajoutant quelques commentaires très orientés, comme on le voit ci-dessous, est un procédé déontologiquement douteux, et pose de graves questions sur la ligne éditoriale de RV en français.
Ce n'est pas la première fois:

     

"Ce 23 octobre n'aura rien à voir avec 1956, mais il sera le théâtre de deux grandes démonstrations de force : l'une pour le gouvernement, et l'autre pour ceux qui en ont assez de ce qu'Orban fait avec le pays", écrit le premier journal du pays, Nepszabadsag (centre-gauche), sur son édition online.
La journée est marquée par le retour sur la scène politique de l'ancien Premier ministre Gordon Bajnai (sans étiquette), considéré comme un rival sérieux de Viktor Orban pour les élections législatives de 2014.
Il doit prononcer un discours très attendu au cours de la manifestation de l'association "Milla" ("Un million pour la liberté de la presse"), mouvement civil qui a dans le passé réussi à mobiliser des dizaines de milliers de personnes contre la politique d'Orban.

Gordon Bajnai, une "alternative à Viktor Orban"
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"Son discours sera une excellente occasion pour lui de se positionner comme une alternative à Orban", souligne index, l'un des portails les plus visités de Hongrie, de tendance libérale. "Mais il est peu probable qu'il dévoile ses plans pour 2014. Il est trop prudent pour cela", ajoute le site dans un éditorial mardi.
Les socialistes n'ont pas prévu d'événement séparé et ont demandé à leurs partisans de se joindre au rassemblement de "Milla". Le parti de droite au pouvoir Fidesz n'organise pas non plus, du moins officiellement, de manifestation pour son chef, mais ses sympathisants sont invités à se joindre au "Békemenet" ("Marche de la paix"), financée par des hommes d'affaires et des journalistes proches du pouvoir.

Pour s'assurer que les rangs seront bien remplis, ils feront de nouveau venir des participants par cars entiers des quatre coins du pays, ainsi que d'Etats voisins où vit une minorité hongroise importante comme la Slovaquie ou la Roumanie.

Un Orban terni, une Hongrie en récession
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Après son élection triomphale en 2010, qui lui a permis d'obtenir une majorité des deux tiers au parlement, l'étoile de Viktor Orban, 49 ans, s'est nettement ternie au fur et à mesure que les conditions économiques se sont détériorées.
La Hongrie est entrée en récession au deuxième trimestre, le chômage augmente régulièrement (10,4% de la population active fin août). La population est lasse de la multitude de nouvelles taxes introduites par le gouvernement pour boucher les trous du budget. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a été relevée à 27% début 2012, soit le niveau le plus élevé de l'Union européenne (UE).
Résultat: les socialistes ont récemment remporté deux élections municipales, ce qui ne leur était pas arrivé depuis l'accession d'Orban au pouvoir. Dans le dernier sondage de l'institut Sonda-Ipsos, ils recueillent 16% des intentions de vote et se rapprochent du Fidesz (20%).
Gordon Bajnai, 44 ans, a dirigé le pays brièvement entre 2009 et 2010. Il a appliqué avec succès les mesures d'austérité imposées par le Fonds monétaire international (FMI) en échange d'un prêt de 20 milliards d'euros qui avait permis à la Hongrie d'échapper à la faillite.
Une éventuelle candidature de cet économiste de formation n'ira pas sans peine, tant l'opposition reste divisée dans le pays. Il pourrait créer son propre parti ou chercher à intégrer une coalition rassemblant les forces de la gauche.
Peut-être que le temps n'est pas encore venu de s'associer formellement, souligne le Nepszabadsag, "mais il faut aussi reconnaître qu'il n'est plus temps de se disputer".

Radio Vatican, avec AFP (sic!!)

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Notice wikipedia de Gordon Bajnai (prétendument sans étiquette!!) ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Gordon_Bajnai