La grande surprise de Jean. Epilogue

Dans "L'enfance de Jésus", le Saint-Père répond en personne, sans le citer, aux questions posées par le Père de la Potterie, et dont ce site s'était fait l'écho (25/11/2012)

A propos

     

L'évangéliste Jean, qui à maintes reprises laisse transparaître la question sur l'origine de Jésus, n'a pas mis au début de son Évangile une généalogie, mais dans le Prologue de son Évangile il a présenté de façon explicite et grandiose la réponse à la question à propos du « d'où vient-il ». En même temps il a élargi la réponse à la question sur l'origine de Jésus, en en faisant une définition de l'existence chrétienne ; à partir du « d'où vient Jésus » il a défini l'identité des siens.
« Au commencement le Verbe était et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu [...]. Et le Verbe s'est fait chair et il a campé parmi nous » (1, 1-14). L'homme Jésus est le « campement » du Verbe, de l'éternel Logos divin en ce monde. La « chair » de Jésus, son existence humaine, est la « tente » du Verbe ; l'allusion à la tente sacrée d'Israël en marche est évidente. Jésus est, pour ainsi dire, la tente de la rencontre il est d'une façon très réelle ce dont la tente, et par la suite le Temple, pouvait n'être que la préfiguration. L'origine de Jésus, son « d'où vient-il », est le « principe » même - la cause première de laquelle tout vient ; la « lumière » qui fait du monde un cosmos. Lui vient de Dieu. Il est Dieu. Ce « principe » venu à nous inaugure - comme principe - une nouvelle façon d'être homme.
« Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux qui ne furent engendrés ni du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu » (1, 12 sq.).

Une partie de la tradition manuscrite lit cette phrase non au pluriel, mais au singulier (*): « celui qui ne fut engendré ni par le sang... ». De cette façon la phrase deviendrait une référence claire à la conception et à la naissance virginales de Jésus. L'origine divine de Jésus, dans le sens de la tradition documentée chez Matthieu et Luc, serait encore une fois soulignée concrètement.

Mais c'est seulement une interprétation secondaire
; le texte authentique de l'Évangile parle ici très clairement de ceux qui croient au nom du Christ et qui pour cette raison reçoivent une nouvelle origine. Néanmoins, le rapprochement avec la profession de la naissance de la Vierge Marie est indéniablement présent : qui croit en Jésus entre, par la foi, dans l'origine personnelle et nouvelle de Jésus, reçoit cette origine comme origine propre. En eux-mêmes, tous ces croyants ont été avant tout «engendrés par le sang et la volonté de l'homme ». Mais la foi leur confère une nouvelle naissance : ils entrent dans l'origine de Jésus-Christ, qui désormais devient leur origine même. En vertu du Christ, par la foi en Lui, ils sont à présent engendrés par Dieu.
Ainsi, Jean a résumé la signification la plus profonde des généalogies et nous a enseigné à les comprendre également comme explication de notre origine même, de notre vraie « généalogie ». Comme les généalogies s'interrompent à la fin, parce que Jésus n'a pas été engendré par Joseph mais très réellement est né de la Vierge Marie par l'opération du Saint-Esprit, de la même façon cela vaut à présent aussi pour nous : notre vraie « généalogie » est la foi en Jésus, qui nous donne une nouvelle origine, nous fait naître « de Dieu ».

(L'Enfance de Jésus, pp 23)

Note (rappel)

(*)
Voyons donc comment sont les choses, en reproduisant le court verset sur lequel tout repose. C'est le treizième du premier chapitre, le Prologue de Jean que nous avons mentionné ci-dessus et que nous donnons dans la version la plus récente (celle de 2007) de la Conférence épiscopale italienne. Mais pour comprendre, nous devons d'abord reproduire aussi les deux versets précédents, le onzième et le douzième: «Il vint parmi les siens et les siens ne l'ont pas accueilli. A ceux qui pourtant l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom». Suivent les lignes sur lesquelles s'est fixée la recherche de notre savant: «Lesquels, non du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu ont été engendrés».

Telle est donc la version traditionnelle; et voici selon le savant du «Biblico», la version authentique: «Non de sangs, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu, il (Jésus) a été engendré».

Comme on le voit, le verbe "engendrer" est au singulier et non pas au pluriel comme dans la version de nos éditions de l'Écriture. En fait, le sujet est unique: Jésus. Alors que dans la version traditionnelle, il est au pluriel, le sujet étant «ceux qui croient en son nom». Donc, je le répète, mais pour des raisons de clarté, dans ce point décisif: mis au singulier, le verset parle de la génération divine du Christ; mis au pluriel, il parle de la transformation des croyants en lui.

(La grande surprise de Jean (Partie I) )