La lettre de Jeannine du 31 août

Fin de la période estivale... avec une pointe de nostalgie (6/9/2012)


Chère Béatrice,

J'ai suivi tout l'été notre Pape. Les Angelus sont toujours une fête et il se plie avec beaucoup de patience, de gentillesse à l'écoute de toute cette affection, cette joie qui montent vers lui. Nombreuses sont les personnes qui ont la grâce de pouvoir venir le saluer dans ce palais apostolique, qui jouissent de cette réelle proximité dans une grande simplicité et rencontrent l'homme qu'il est en vérité. Les audiences attirent les fidèles venus du monde entier avec une atmosphère de fête C'est pourtant là qu'il me paraît le plus fragile, lorsqu'il arrive à petits pas, très entouré, trop peut-être, presque étouffé pour moi, mais je ne vis pas auprès de lui et ignore dans quelle proportion toutes ces précautions sont liées à la sécurité du Pape et à son état de santé. Sa canne doit l'aider mais il me paraît ne pas trop s'appuyer dessus.

Bien sûr, je ne suis pas toujours d'accord avec ce que l'Eglise demande mais notre Pape reste pour moi un guide sûr, adepte de la vérité, intégre, pas une de ces girouettes que l'on voit tourner au gré du vent tant sur la scène politique que sociale, religieuse. Chacun veut crier haut et fort ce qu'il pense, tantôt avec sincérité, tantôt avec exagération perdant ainsi tout sens de la mesure. A notre époque pour exister il faut paraître et beaucoup s'y emploient avec une énergie débordante, j'en veux pour preuve le courrier des lecteurs de La Croix. A l'intérieur de l'Eglise les voix contraires se manifestent souvent, nuisant ainsi à l'unité de cette vénérable institution.

Je reviens à Benoît XVI; malgré les années je reste toujours aussi sensible à sa douceur, sa délicatesse, son élégance, son sourire. Ses discours sont toujours aussi précis, bien construits, le professeur est présent pour guider son auditoire. La voix ferme dénonce ce qui doit l'être mais ce que certains appellent du pessimisme est toujours compensé par une donnée inaltérable : la joie de la foi, l'amour sans défaillance du Christ. J'aime les gestes de la main qui soutiennent et accompagnent bien plus souvent qu'avant les paroles pleines de sagesse, fruits d'une longue vie, d'une vaste expérience, d'une immense culture. Souvent il s'éloigne pour un temps plus ou moins long de son texte et on retrouve le pasteur habité par son passé, entièrement livré à son Seigneur; parfois il paraît suivre une voix intérieure et puis il reprend son texte, que de temps de réflexion, de prière, de lecture pour arriver à cela!! Son temps de détente a été morcelé, avec beaucoup de manifestations chaleureuses : concerts et folklore bavarois. Cela a peut-être nui a son repos mais la présence bavaroise a dû combler son cœur. D'ailleurs dans son discours de remerciements notre Pape a dit qu'il avait été véritablement " dahoam ",( chez moi). Bien que n'ayant pas compris les paroles, j'ai aimé qu'une chanson ait été composée pour lui puisque le chanteur redisait bien souvent Heiliger Vater et que Benoît XVI avait ce sourire heureux que j'aime tant.
La dernière audience générale avec les 2600 servants d'autel français montrait une foule joyeuse, heureuse d'être près de lui, dans cette enceinte petite, presque intime, je crois que pour les Français cette rencontre était une grâce certes mais aussi un cadeau, il était là pour eux.

Je ne suis pas "fan" de la presse. La politique me fait toujours penser à une vaste scène sur laquelle des marionnettes s'agitent, trois petits tours et puis s'en vont. Ces ténors qui se pensent investis d'un réel pouvoir sont surtout animés par une grande ambition. Chaque ministre veut laisser une trace de son passage en pondant une loi qui portera son nom; pour faire le plein de voix on promet ce que l'on sait ne jamais pouvoir tenir et cela me place aux antipodes de leurs aspirations. Je suis bien moins sévère à leur égard que bon nombre d'électeurs car je n'attends rien d'eux.
Si je continue à lire La Croix - pas comme une bible je précise - c'est que j'y relève parfois des petits articles qui laissent présager de développements ultérieurs qui seront peut-être intéressants. Pas de ragots , de rumeurs "people" et quand un sujet me déplaît je passe sans aucun remord. Je crois que je suis profondément libre, indépendante et j'ai la chance de ne pas être influençable.
Je n'ai pas bougé d'un iota dans l'affection que je porte à Benoît XVI, doublée d'une immense admiration pour l'envergure du personnage et sa magnifique intelligence: ce profond attachement est toujours présent. Le coup de cœur du début n'a pas passé.

Je vais vous laisser. Ce soir nous avons un ciel d'autome où se marient nuages et pans de ciel bleu. Dans deux semaines notre Pape ira au Liban, j'aimerais que cela ne le fatigue pas trop mais de toute façon il n'est pas du genre à reculer devant les obstacles.

Jeannine, 31 août 2012