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Périphéries

C'est le mot-clé que les medias ont choisi pour justifier l'élection de François. Mais Benoît XVI l'avait prononcé à une quinzaine de reprises devant les jeunes en 2007 à Loreto, sans susciter de leur part un battement de cil. La trouvaille de Teresa (11/4/2013)

Image ci-contre ici: http://benoit-et-moi.fr/2007

     

La géniale trouvaille de Teresa.
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Les medias du système ont abondamment glosé sur le mot "périphéries", utilisé par le cardinal Bergoglio dans "l'intervention décisive" qui lui a permis de devenir Pape...
On pouvait lire par exemple ici:
Au cours [d'une] intervention pendant des réunions préparatoires au conclave, les congrégations générales, celui qui allait devenir le pape François y souhaitait une Eglise qui puisse "sortir d'elle-même" pour aller jusque dans les "périphéries", une des idées fortes des interventions du nouveau pontife depuis son élection.
(détail sur le site de Jeanne Smits)
Mais ce mot avait été employé par Benoît XVI à de multiples reprise lors d'une rencontre mémorable avec les jeunes à Loreto, en septembre 2007, sans que les mêmes medias, à défaut de snober le Pape, ne lèvent un cil, trop occupés à détourner l'attention des gens vers un soi-disant Pape vert (voir entre autre ici et )

Le mot italien "periferie" du texte original avait alors été traduit en français par "banlieues" sur le site du Saint-Siège.
Certes, le mot "périphérie", selon Bergoglio, a un sens plus vaste que celui purement géographique. Mais chez Benoît XVI aussi...

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2007/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20070901_veglia-loreto_fr.html

     

Original sur le site du Vatican.

Au cours de la veillée de prière sur l'esplanade de Montorso, à Lorette, les jeunes Piero Tisti et Giovanna Di Mucci, après avoir présenté leur témoignage, ont posé au Pape la question suivante:

"A beaucoup d'entre nous, jeunes de banlieue (des périphéries, selon le texte original en italien, et c'est ainsi qu'il a été traduit également en anglais sur le site du vatican), manquent un centre, un lieu ou des personnes capables de donner une identité. Nous sommes souvent sans histoire, sans perspectives et donc sans avenir. Il semble que ce que nous attendons vraiment n'arrive jamais. D'où l'expérience de la solitude et, parfois, des dépendances. Votre Sainteté, y a-t-il quelqu'un ou quelque chose pour lesquels nous puissions devenir importants? Comment est-il possible d'espérer lorsque la réalité nie tout rêve de bonheur, tout projet de vie?".

Réponse du Saint-Père (ndlr: sans note):

Merci de cette question et de la présentation très réaliste de la situation.
Au sujet des périphéries de ce monde qui connaît de grands problèmes, il n'est pas facile d'apporter ici une réponse et nous ne voulons pas vivre dans un optimisme facile mais, d'autre part, nous devons être courageux et aller de l'avant.
J'anticiperai ainsi la substance de ma réponse: "Oui, il y a de l'espoir aujourd'hui aussi, chacun de vous est important, parce que chacun de vous est connu et voulu par Dieu et pour chacun, Dieu a un projet. Nous devons le découvrir et y répondre, pour qu'il soit possible, malgré ces situations de précarité et de marginalisation, de réaliser le projet que Dieu a pour nous.
Mais pour en venir aux détails, vous nous avez présenté de manière réaliste la situation d'une société: dans les périphéries, il semble difficile d'aller de l'avant, de changer le monde en mieux.
Tout semble concentré dans les grands centres du pouvoir économique et politique, les grandes bureaucraties dominent et les personnes qui se trouvent dans les périphéries semblent réellement exclues de cette vie.
Alors, un aspect de cette situation de marginalisation de tant de gens est que les grandes cellules de la vie de la société qui peuvent construire des centres également en périphérie se sont désagrégés: la famille, qui devrait être le lieu de la rencontre des générations - de l'arrière grand-père au petit-fils - devrait être un lieu où se rencontrent non seulement les générations, mais où on apprend à vivre, on apprend les vertus essentielles pour vivre, cette famille s'est désagrégée, elle est en danger. Nous devons d'autant plus faire le possible pour que la famille soit vivante, soit elle aussi la cellule vitale, le centre de la périphérie.
De même également, la paroisse, la cellule vivante de l'Eglise, doit être réellement un lieu d'inspiration et de vie, de solidarité qui aide à construire ensemble les centres de la périphérie.
Et je dois dire ici que l'on parle souvent dans l'Eglise de la périphérie et du centre, qui serait Rome, mais en réalité dans l'Eglise, il n'y a pas de périphérie, parce que là où est le Christ, le centre est là tout entier. Là où l'on célèbre l'Eucharistie, où il y a le tabernacle, le Christ est là et donc c'est là que se trouve le centre et nous devons tout faire pour que ces centres vivants soient efficaces, présents et soient réellement une force qui s'oppose à cette marginalisation. L'Eglise vivante, l'Eglise dans de petites communautés, l'Eglise paroissiale, les mouvements devraient former tout autant de centres dans la périphérie, et aider ainsi à surmonter les difficultés que la grande politique, bien sûr, ne surmonte pas et nous devons dans le même temps penser également que malgré les grandes concentrations de pouvoir, la société d'aujourd'hui a besoin de la solidarité, du sens de la légalité, de l'initiative et de la créativité de tous.
Je sais que cela est plus facile à dire qu'à faire, mais je vois ici des personnes qui s'engagent pour que des centres se développent également dans les périphéries, que l'espérance grandisse, et donc il me semble que nous devons prendre l'initiative précisément dans les périphéries; il faut que l'Eglise soit présente, que le centre du monde, le Christ, soit présent.
Nous avons vu et nous voyons aujourd'hui dans l'Evangile que, pour Dieu, il n'y a pas de périphéries. La Terre Sainte, dans le vaste contexte de l'Empire romain, était une périphérie; Nazareth était une périphérie, une ville inconnue. Et toutefois, cette réalité était précisément, de fait, le centre qui a changé le monde!
Et ainsi, nous aussi, nous devons former des centres de foi, d'espérance, d'amour et de solidarité, de sens de la justice et de la légalité, de coopération. C'est uniquement ainsi que peut survivre la société moderne. Elle a besoin de ce courage, de créer des centres, même si à l'évidence, il ne semble pas y avoir d'espérance. Nous devons nous opposer à ce désespoir, nous devons collaborer avec une grande solidarité et faire ce qui nous est possible pour que grandisse l'espérance, pour que les hommes puissent collaborer et vivre. Le monde, nous le voyons, doit être changé, mais c'est précisément la mission de la jeunesse que de le changer! Nous ne pouvons pas le faire seulement avec nos forces, mais en communion de foi et de chemin. En communion avec Marie, avec tous les saints, en communion avec le Christ, nous pouvons faire quelque chose d'essentiel et je vous encourage et je vous invite à avoir confiance dans le Christ, à avoir confiance en Dieu. Etre dans la grande compagnie des saints et aller de l'avant avec eux peut changer le monde, en créant des centres dans la périphérie, pour qu'elle devienne réellement visible et que l'espérance de tous devienne réaliste et que chacun puisse dire: "Je suis important dans l'ensemble de l'Histoire. Le Seigneur nous aidera".