François, une énigme?

Le portrait du Pape commence à émerger, mais à l'épreuve des faits, il reste flou. Il serait plus juste de dire que les représentations du début du Pontificat sont désormais balayées.

 

Après deux ans et demi de pontificat, le portrait de François commence à émerger un peu mieux. Les écailles tombent des yeux des fans les plus furieux (même si de rares irréductibles persistent à feindre de ne rien voir), mais le tableau reste flou. Une seule chose est certaine: il ne correspond plus du tout à celui en noir et blanc (largement en blanc, d'ailleurs!) diffusé par les médias dès le 13 mars 2013, et qui a assuré sa popularité.
Mais il est tellement contradictoire - par les faits eux-mêmes - qu'il est difficile de trancher entre l'image du "général" autoritaire qui mène tout le monde d'une main de fer et ne supporte aucune contradiction; celle du calculateur opportuniste, voire machiavélique, qui sait exactement où il va, et qui utilise à cette fin très habilement les médias et la faveur populaire; et enfin celle de l'homme un peu "brut de coffre", désordonné et confus, peu au fait des arcanes de la diplomatie et des affaires de l'Eglise, mais que son tempérament latino-américain dote d'un contact facile et spontané avec les foules: bref, dépassé par les évènements, au point que quelqu'un a pu récemment insinuer qu'il aurait, selon le "principe de Peter" atteint son "seuil d'incompétence" (c'était à propos de Laudato Si'), et que ses limites pourraient encourager des individus sans scrupule, dans et hors de l'Eglise, à utiliser pour arriver à leurs fins.

Il est probable qu'il y a un peu de tout cela.

Dans une excellente synthèse (Chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1351102?fr=y), Sandro Magister s'appuie sur un article de National Geographic, au titre évocateur (Will the Pope Change the Vatican? Or Will the Vatican Change the Pope?) et en particulier sur les propos du Père Lombardi.

La description qu’il donne de François est bien éloignée de celles, élogieuses, qui circulent actuellement et elle est beaucoup plus crédible. Mais il laisse subsister un doute: ce pape agit-il davantage par instinct ou par calcul?

Sur ce sujet, voici les articles les plus récents de mon site:

Le Pape vindicatif Un billet sarcastique d'Antonio Socci à propos de l'éviction du vaticaniste de Repubblica de l'avion papal pour le prochain voyage aux Etats-Unis (28/7/2015)

Le Pape qui va changer l'Eglise mais aussi qui planifie tout et qui sait exactement où il va. Extraits de l'article-vedette du numéro d'août de National Geographic's, via Rorate Caeli (21/7/2015)

Limites de la communication papale Un article du nouveau responsable de la com du Vatican décrypté par Sandro Magister. Et l'incroyable affront au président paraguayen... conservateur! (18/7/2015)

Le dogme de la faillibilité du Pape Les journalistes prennent-ils encore le pape au sérieux? La question se pose après le voyage en Equateur, Bolivie et Paraguay. John Allen y apporte sa réponse (16/7/2015)

A ceux-là, il est intéressant d'ajouter ces articles, dont les deux plus anciens en en commun leur origine latino-américaine: