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Eloge de Paul VI

Autour de la sortie en Italie d'une somme biographique d'Andrea Tornielli, un billet du père Scalese, une recension de Messori, et des rappels de ce site (28/6/2009)

Le tout très étroitement lié à l'objet de ce site,
Benoît XVI!

En mars 2007, Benoît XVI, recevant en audience les membres du comité exécutif de l'Institut Paul VI de Brescia, leur disait:
Sans se laisser conditionner par les incompréhensions et les critiques, il resta le timonnier ferme et prudent de la barque de Pierre....
Au serviteur de Dieu,
je me sens lié personnellement par la confiance qu'il me témoigna en me nommant archevêque de Munich, puis, trois mois après, en m'admettant au collège cardinalice, en 1977...
Avec le passage des années, l'importance pour l'Eglise et pour le monde de son pontificat apparaît de plus en plus évident, et aussi la valeur de son haut magistère, dont se sont inspirés ses successeurs, et auquel je continue moi-même à me référer
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Et j'écrivais moi-même, pardon de me citer:

Paul VI est bien "passé de mode", ces temps-ci.
Il est de bon ton de le critiquer, des deux côtés, les traditionalistes lui reprochant son rôle dans le Concile Vatican II, et les progressistes, son intransigeance morale. Sans compter d'autres attaques indignes, contre sa personne-même.
Paul VI fut le Pape de ma jeunesse. Il a régné à une époque qui n'était pas encore tout à fait celle de l'image, nous le connaissions donc mal. Mais il a donné un élan, un souffle de nouveauté à sa mission. D'une certaine façon, il a préparé la venue du "Pape médiatique" que fut Jean-Paul II. C'est dire qu'il a donné une "lisibilité" à la Papauté. Même si cela déplaît à certains, c'était nécessaire.
Aujourd'hui, Benoît XVI lui rend hommage, et pour ce qui me concerne, cela me suffit.
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Deux ans après, Andrea Tornielli publie une imposante somme biographique, sous le titre "Paul VI: l'audace d'un Pape".
Le Père Scalese (qui précise ne pas encore l'avoir lu) profite de l'occasion pour faire un "éloge de Paul VI".
En plus de rendre l'hommage dû au Pape qui a su mener à son terme l'incroyable équipée de Vatican II, et dont la vie-même témoigne de l'inanité de l'opposition droite/gauche lorsqu'on parle du successeur de Pierre, c'est un éloge d'affection, au ton très personnel, et qui me touche beaucoup pour deux raisons:

- Il souligne les "défauts" que les medias attribuent à Paul VI - exactement les mêmes dont ils accablent aujourd'hui Benoît XVI: "intellectuel raffiné, distant et incompris des foules".
Il va sans dire que pour moi, ces prétendus défauts sont les plus éminentes des qualités.
La distance est aussi une légende. Il y a une semaine, visitant l'Eglise Santa Croce, à Florence, j'ai vu, dans le cloître jouxtant l'Eglise une série de photos d'archives. On y voit Paul VI accouru pour réconforter les gens qui avaient tout perdu après les innondations dramatiques consécutives à la crue de l'Arno de 1966. Il avait l'air d'un bon pasteur, plein de gentillesse humaine et de compassion, et pas (mais vraiment pas!) d'un intellectuel renfermé. J'ai tout de suite pensé à Benoît XVI à L'Acquila.

- Son sentiment personnel d'affection est liée à une présence physique (Je me souviens que, lorsque j'étais étudiant de philosophie à l'Angelicum, comme nous n'avions pas cours le mercredi, quand je pouvais, j'allais à l'audience...).
Le lendemain, les réactions à son billet l'ont amené à faire une mise au point. Et il écrit (traduction peut-être à venir...): Dico però che se uno non ha mai avuto la fortuna di incontrare personalmente Papa Montini e di ascoltarlo, non può capire quel che ho scritto (si quelqu'un n'a pas eu la chance de rencontrer personnellement Papa Montini et de l'écouter, il ne peut pas comprendre ce que j'ai écrit).

On ne saurait mieux décrire les raisons qui font que j'aime Benoît XVI: je l'ai approché de près, et je l'ai écouté parler.

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L'éloge du Père Scalese

mercredi 24 juin 2009
Eloge de Paul VI
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Ces jours-ci, on parle beaucoup de Paul VI.
L'occasion en est donnée par la publication du livre d'Andrea Tornielli, "Paul VI. L'audace d'un Pape". Cela veut dire que le vaticaniste du Giornale a fait un bon travail. Malheureusement, au moins pour l'instant, je n'ai pas pu le lire; j'espére pouvoir le faire le plus tôt possible.
Ici, je me contenterai d'apporter mon témoignage personnel sur Papa Montini, pour ce qu'il peut valoir.

Même si, comme le dit Messori, Tornielli « dément les stéréotypes sur Paul VI », ces stéréotypes, à ce qu'il semble, ont du mal à disparaître. Chaque fois qu'on écrit quelque chose sur lui, on répète toujours les habituelles banalités : Pape "hamletique", intellectuel raffiné, distant et incompris des foules, etc, etc.
Mais comment est-il possible qu'on ne se rende toujours pas compte que nous sommes tous victimes de campagnes médiatiques ? Qui a décidé que Jean XXIII et Jean Paul II ont été des Papes aimés des foules, alors que Paul VI et Benoît XVI ne réussissent pas à rencontrer la faveur populaire ? Les media. Mais sommes-nous tellement sûrs que cela corresponde à la réalité ?

Personnellement je considère que Paul VI a été un des plus grands Papes du XXème siècle.
Il a eu un très grand mérite: il a su amener à sa conclusion le Concile (entreprise certes pas facile) et ensuite il a réalisé l'application dudit Concile (entreprise encore plus difficile).
L'Église, grâce au Ciel, est guidée par l'Esprit de Dieu: peut-être y avait-il besoin d'un Pape un tantinet inconscient comme Jean XXIII pour convoquer Vatican II, mais probablement, lui ne se rendait pas compte de ce qui bouillait dans la marmite et de ce qu'allait signifier la convocation du Concile.
Comme le rappelle justement Messori, Papa Roncalli pensait s'en tirer en quelques mois, avec l'approbation unanime des schémas préparés par la Curie Romaine ; il pensait répéter pour l'Église tout entière l'expérience du Synode Romain (et cela en dit long sur l'étalage du « progressisme » du « Bon Pape »).
Une fois le Concile commencé, la Providence songea à changer le chef d'orchestre. Montini était certes bien vu des novateurs (pour son ouverture d'esprit et sa formation), mais bien vite ceux-ci changèrent leur jugement sur celui qu'ils espéraient voir réaliser leurs plans.
Quelles furent donc les « fautes » commises par Paul VI aux yeux du lobby progressiste ?

Avant tout, Papa Montini donna un tournant au Concile : ce qui devait être simplement, selon le programme de Jean XXIII, un concile « pastoral », devint un concile « ecclésiologique », qui se proposait de porter à terme l'oeuvre commencée par Vatican I. Il est évident que de cette façon, on donnait au Concile une valeur doctrinale que, dans les plans initiaux, il n'aurait pas dû avoir.

Une faute encore plus grave fut la « Nota praevia » (note préliminaire) à Lumen Gentium. Les progressistes avaient réussi à faire passer un concept de collegialité qui mettait fortement en cause le primat pontifical. Paul VI, témoignantr d'un grand sentiment de respect envers le Concile, ne voulut pas modifier la constitution qui avait été approuvée, mais voulut qu'elle fût complétée par une « Nota praevia », à la lumière de laquelle elle devait être interprétée, afin d'éviter toute ambiguïté.

Une autre faute de Paul VI fut d'avoir évoqué certains thèmes très « sensibles », sur lesquels aujourd'hui encore, on continue de revenir de manière obsessionnelle : le célibat et la contraception. Je crois que cela, ils ne lui ont jamais pardonné : il avait vidé le Concile ! Lorsque par la suite, dans les deux cas, il confirma l'enseignement traditionnel (avec Sacerdotalis caelibatus et Humanae vitae) on arriva au heurt frontal, qui dure toujours.

Et vous, un Pape comme celui-là, vous le qualifiez d'"hamletique", d'indécis ? Vous plaisantez...

Ils me font rire, aussi les traditionalistes radicaux qui accusent Paul VI d'avoir détruit l'Église.
Mais est-il possible qu'on ne se rende pas compte que Papa Montini, l'Église, il l'a sauvée ? En comparaison avec ce qu'a fait Paul VI, Jean Paul II (« le Grand ») - absit iniuria verbo - disparaît : Papa Wojtyla a trouvé "la bouillie toute préparée" (ndt, expression familière: si è trovata la pappa bell'e fatta) ; les grands choix avaient été déjà accomplis ; il ne s'agissait plus que de réaliser un programme déjà commencé. Paul VI, non : il s'est retrouvé à gouverner l'Église en un moment où tout était mis en discussion ; il n'y avait plus rien de certain ; on ne savait plus ce qu'il était juste de conserver et ce qu'il était possible de changer. Celui qui se chargea de ce "tri" (qui aujourd'hui semble évident, mais ne l'était pas à l'époque) fut Paul VI. L'Église a une immense dette envers lui.

Mais, au-delà des mérites que personne, sinon des sots, ne peut contester, je voudrais ajouter qu'il n'est pas vrai du tout que Papa Montini était distant et donc incompris des gens.
Il avait une humanité extraordinaire qui pouvait être perçue par quiconque l'approchait. J'ai entendu de mes oreilles les petites soeurs qui criaient de leur voix aiguë : « Saint Père, nous t'aimons ! », tandis qu'il passait avec la sedia gestatoria et que les gens couraient pour l'accompagner et l'acclamer. Il est vrai, ce n'était pas les choeurs de stade des pontificats suivants, mais les gens criaient avec spontanéité et simplicité : « Viva il Papa ! ».

Ce fut Paul VI qui commença la pratique des audiences générales du mercredi : il n'y avait pas les foules d'aujourd'hui, naturellement ; mais, peut-être aussi à cause de cela, c'étaient des instants d'une intensité extraordinaire. Je me souviens que, lorsque j'étais étudiant de philosophie à l'Angelicum, comme nous n'avions pas cours le mercredi, quand je pouvais, j'allais à l'audience (à cette époque, c'était très facile d'accéder à la Salle Nervi), pour pouvoir écouter les très belles catéchèses de Paul VI. En plus des contenus, toujours clairs et profonds, c'était un plaisir de l'écouter : il soignait même la forme, choisissait les mots adaptés, les prononçait avec le coeur.
Déjà, le coeur de Paul VI… « si le monde savait le coeur qu'il a, beaucoup le louent mais davantage le loueraient ». Mgr Lefebvre en savait quelque chose, qui fut reçu et embrassé paternellement par Papa Montini.

Cela ne signifie pas que j'acceptais tout de Paul VI. Très souvent je le critiquais, parce que je ne comprenais pas certaines ses attitudes. Par exemple, je n'ai jamais partagé son Ostpolitik. En ce moment, il est beaucoup question de l'accord secret avec l'Union soviétique, pour qu'on ne parle pas de communisme au Concile. Il a été justement fait remarqué qu'il s'agissait d'un accord précédent, souscrit par Jean XIII; mais de toute façon Papa Montini porta en avant cette politique de compromis avec le communisme, que personnellement je n'ai jamais partagé. L'instant de plus grand désaccord fut lorsque Paul VI « s'agenouilla » devant les Brigades Rouges, un geste loué par tous à ce moment, mais que je n'ai jamais compris. Mais ces incompréhensions font partie de la vie et elles n'enlèvent rien à l'estime et à l'affection qui me liaient et me lient toujours à lui.
Je m'en aperçus lorsqu'il mourut : j'éprouvai les mêmes sentiments que j'avais expérimenté l'année précédente, à la mort de mon père. Et je pleurai. Et je crois que je n'ai pas été le seul.

Paul VI pour moi n'est pas seulement un grand Pape; il n'est pas seulement un saint et un docteur de l'Église. Il est un père.

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Sur Paul VI: à lire dans ces pages

1. Dans un numéro récent de "Présent", dont j'ai perdu la référence, Jean Madiran évoquait à son sujet, dans un article par ailleurs très sévère, "la grâce de Pierre": après avoir dénoncé ce qu'il qualifiait de "ses errements", il convenait que sur le thème crucial de la défense de la vie, Paul VI avait tenu bon contre tous, dans son encyclique prophétique, Humanae Vitae. Et peu importe ce que furent ses motivations, et surtout ses hésitations.

2. Ceux que le sujet intéresse liront le livre-biographie "Paul VI, le Pape écartelé", d'Yves Chiron.
Il en fait lui aussi un portrait sans indulgence, mais néanmoins assez nuancé, qui se conclut ainsi (je cite de mémoire): "Paul VI n'était pas fait pour être Pape, il n'avait pas suffisamment d'esprit de décision, il aurait fait au contraire un excellent secrétaire de Pape".
Ce qui est quand même un jugement discutable!

3. A l'occasion du quarantième anniversaire de l'Encyclique Humanae Vitae, un article de John Allen "Paul VI, le Pape suhumain".
John Allen, qui est (ou plutôt qui se pense) d'une sensibilité proche de la sienne, lui rendait hommage, pour des raisons qui ne sont pas exactement celles du Père Scalese; il faisait une analyse inédite et intéressante de son "échec" ("Paul VI a souffert le destin de quiconque ne s'identifie pas clairement avec une tribu particulière").
C'est le regard d'un libéral convaincu, qui voit sans doute en Paul VI le précurseur d'une tolérance - ou d'une ouverture au dialogue - devenue l'alpha et l'omega de notre société.

4. A propos de l'assassinat d'Aldo Moro, et de "l'agenouillement" devant les brigades rouges, évoqué plus haut, encore un article de John Allen (Aldo moro, trente ans après). Voir aussi: http://benoit-et-moi.fr/..

5. Enfin, lors de l'Angelus du 3 aout 2008, l'occasion de l'hommage de Benoît XVI est le 3Oème anniversaire de la mort de Paul VI:

A présent chers amis, je vous invite à évoquer avec moi la pieuse et filiale mémoire du Serviteur de Dieu, le Pape Paul VI, dont nous commémorerons dans trois jours le trentième anniversaire de la mort.
C'était en effet dans la soirée du 6 août 1978 qu'il rendit son esprit à Dieu; le soir de la fête de la Transfiguration de Jésus, mystère de lumière divine qui exerça toujours une fascination singulière sur son esprit. En tant que suprême Pasteur de l'Eglise, Paul VI conduisit le peuple de Dieu à la contemplation du visage du Christ, Rédempteur de l'homme et Seigneur de l'histoire. Et l'orientation pleine d'amour de l'esprit et du coeur vers le Christ fut l'un des fondements du Concile Vatican II, une attitude fondamentale que mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II hérita et relança lors du grand Jubilé de l'an 2000. Au centre de toute chose, se trouve toujours et uniquement le Christ: au centre des Saintes Ecritures et de la Tradition, au coeur de l'Eglise, du monde et de l'univers tout entier.

La Divine Providence appela Giovanni Battista Montini de la Chaire de Milan à celle de Rome au moment le plus délicat du Concile - lorsque l'intuition du bienheureux Jean XXIII risquait de ne pas prendre forme.
Comment ne pas rendre grâce au Seigneur pour sa féconde et courageuse action pastorale?
Au fur et à mesure que notre regard sur le passé s'élargit et devient plus conscient, le mérite de Paul VI apparaît toujours plus grand, presque surhumain, à présider l'assemblée conciliaire, à la conduire avec succès à son terme et à gouverner la phase mouvementée de l'après-Concile. Nous pourrions véritablement dire, avec l'apôtre Paul, que la grâce de Dieu en lui "n'a pas été vaine" (cf. Co 15, 10): il a mis en valeur ses dons très aigus d'intelligence et son amour passionné pour l'Eglise et pour l'homme. Tout en rendant grâce à Dieu pour le don de ce grand Pape, nous nous engageons à mettre à profit ses enseignements

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Recension par Messori du livre de Tornielli

L'audace d'un Pape
Vittorio Messori
(Source)
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Tout en étant chaque jour engagé à fond comme vaticaniste du Giornale, et encore jeune, Andrea Tornielli publie des livres d'historien professionnel : volumes imposants et rigoureux, avec un vaste bagage bibliographique et des sources souvent inédites.
Parmi ceux-ci, récemment, un "Pie XII" traduit en plusieurs langues.
Loin des invectives et des indignations, mais avec la force des documents, Tornelli effritait la "légende noire" crée à dessein autour de ce grand pontife, des années après sa mort qui avait été accompagnée par l'hommage reconnaissant et unanime des comunnautés juives et des gouvernants israéliens. Après le pape diffamé, voilà maintenant le pape incompris.
Après le Pastor angelicus (comme il est nommé selon les devises attribuées aux papes par les prophéties de Malachie), voilà que dans l'imaginaire courant il est une sorte d'"Hamlet de Brescia" , l'homme des doutes et des hésitations plutôt que des certitudes et des décisions. Cette fois encore - en plus de sept cents épaisses pages - Tornielli démonte beaucoup de clichés et de préjugés autour de Paul VI. Ce n'est pas un hasard si, sur la couverture, en-dessous de son nom, un sous-titre dit : "L'audace d'un pape".

Le pontificat de Jean-Baptiste Montini a été non seulement largement incompris mais même presque oublié, comme écrasé par ceux qui l'ont précédé et suivi sur le trône de Pierre (ndt: c'est exactement ce que disait John Allen, parlant du "pape ennuyeux, entre Jean XXIII et Jean-Paul II... effrayant raccourci!).
Successeur, en effet de Jean XXIII, le " bon pape" par excellence, selon la voix populaire ; mais aussi prédecesseur de celui qui, tout de suite après sa mort fut acclamé par le monde comme "Karol le Grand" . Extraordinaires charismes de deux figures extraordinaires, auxquelles Montini ne pouvait opposer que des qualités moins comprises des foules : la discrétion, la sobrieté, la modestie, l'aptitude à l'écoute, le goût de la méditation, une très vaste culture pas seulement religieuse, le respect délicat pour chaque personne.
Et pas seulement : Paul VI a été (et est toujours) incompris et peut-être contrecarré, par la gauche comme par la droite. Pour dire comme Tornielli : "les progressistes le suspectent d'avoir rogné les ailes au Concile, en étouffant les espoirs et en freinant les élans, tandis que les conservateurs lui attribuent la responsabilité de la crise de l'Église, de la réforme liturgique, de la fuite en masse de prêtres et de soeurs, de la chute des vocations".

En réalité, le tempérament de l'homme, l'esprit lucide, la main décidée, aussi, derrière des manières aimables et des apparences soft, sont témoignées par une entreprise de portée historique.
Papa Roncalli avait commencé Vatican II en suivant, dit-il, une inspiration d'en haut, mais en comptant sur un déroulement de quelques mois et sur l'approbation à l'unanimité des schémas préparés par la Curie romaine.
À la fin, pour sceller les travaux, Jean XXIII avait prévu - et cela doit être rappelé à ceux qui en déforment la personnalité vraie, en le vendant comme "progressiste" - la proclamation, par acclamation, de la sainteté de Pie IX, c'est-à-dire de celui qui avait dû interrompre - en raison de l'agression du Risorgimento - le Concile qui seulement maintenant serait porté à son accomplissement.
En réalité, les schémas approuvés et proposés par Roncalli et Ottaviani furent, à la surprise générale, repoussés par l'assemblée conciliaire (le jeune théologien Joseph Ratzinger fut parmi ceux qui se signalèrent par un net refus), les mois devinrent des années et l'unanimité prévue se transforma en dures confrontations entre factions opposées. Lorsque Roncalli mourut, après la première session, un cardinal observa : "il a laissé portes et fenêtres grand ouvertes à tout vent, il n'y a pas lieu d'envier celui qui devra chercher à les fermer".
Ce devoir ingrat incomba au présumé "hamletique" Montini , lequel, non seulement sut gouverner le bateau de l'Église parmi les flots des contestations cléricales et laïques de Soixante-huit, mais réussit aussi à conclure les travaux conciliaires avec cette unanimité qui avait semblé utopique.
Une entente qui se rompit tout de suite après, non seulement dans l'opposition entre les deux ailes extrêmes, mais aussi dans le trouble, dans la chute de la tension spirituelle, dans la confusion doctrinale qui semblèrent contaminer l'Église entière. Ici aussi, cependant - et Tornielli l'expose de façon sans équivoque - Montini souffrit, mais il ne subit pas les évènements avec résignation, il fit son possible pour gouverner la transition, ne cédant jamais là où la foi même était menacée.

Comme pour le Pape Jean, pour lui aussi le "dialogue" n'était pas une fin mais un moyen pour relancer l'évangélisation. Ouverture au monde oui, mais pour favoriser la mission des hommes modernes.
Pape "de gauche"? À la tradition familiale antifasciste, il unissait un solide anticommunisme : une Démocratie Chrétienne "à la" De Gasperi , qui gouvernerait seule (ndt: càd sans alliés politiques), aurait été son idéal et ce n'est qu'au nom de la Realpolitik, comme nécessité imposée par l'époque, qu'il accepta l'ouverture aux socialistes.
Singulier "progressiste" qui, à peine élu, se hâta de lever la censure imposée par le pape Jean à Padre Pio, icône du catholicisme pré-conciliaire, et qui qualifie d'inconscient (tout en affirmant avoir de l'affection pour lui) don Primo Mazzolari, prophète exalté de la contestation ecclésiale. Un homme, quoiqu'il en soit, que sa bonté porte à prier pour le salut éternel de Pasolini, à envoyer une lettre très privée écrite de sa main à Pietro Nenni après la mort de sa femme, à annoncer de sa fenêtre ses prières pour Togliatti frappé d'ictus en Crimée, à souffrir même physiquement pour chaque guerre et misère.

Contre les théoriciens du « déclin « du catholicisme, beaucoup d'historiens impartiaux observent que les onze papes qui ont succédé à Pie IX ont tous été, non seulement des personnalités de grand relief culturel mais aussi de vertus humaines et chrétiennes exemplaires : en fait, certains sont déjà bienheureux et saints et d'autres le deviendront.
Paul VI figure dignement dans cette série extraordinaire
: ces épaisses pages de Tornielli le confirment, où la précision historique cohabite avec le goût du journaliste pour l'anecdote.

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