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Réactions à l'Encyclique (3)

Troisième volet de la table ronde de CWR (17/7/2009)

Voir les deux premiers ici:
->
Réactions à l'Encyclique
-> Réactions à l'Encyclique (2)

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Tracey Rowland (Doyenne de l’Institut Jean-Paul II à Melbourne, Australie) :

« Un humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain », tel est le centre intellectuel de cette encyclique. Il fait reposer la notion d’un développement humain authentique sur le principe enchâssé dans Gaudium et Spes (22) : la personne humaine ne peut se comprendre elle-même que dans la mesure où elle connaît le Christ et participe à la communion de l’Amour trinitaire. Comme le dit le pape : « La vie dans le Christ est le premier et principal facteur de développement ». Tout ce document est un appel à comprendre les limites de la notion séculariste du développement. Derrière le sécularisme ; on trouve l’erreur de Pélage qui, dans le monde contemporain, se traduit par la confiance dans l’instruction et les institutions, sans référence à Dieu ou à la dynamique interne de l’âme humaine. La notion purement séculariste du développement réduit la personne humaine à une sorte de machine économique plus ou moins faite pour accumuler la richesse.

Une conception aussi tronquée du développement a favorisé des politiques hostiles aux aspects plus spirituels de l’être humain, y compris les relations créées par le don réciproque dans l’amour. On encourage l’avortement, on persécute les couples qui ont plus d’un enfant, on lie l’aide internationale à l’acceptation des contraceptifs. Les questions traitées dans Humanae Vitae ne regardent donc pas simplement la morale individuelle, mais montrent à quel point l’éthique de la vie et l’éthique sociale sont reliées. Le concept qui les relie est celui de l’ « écologie humaine ».

L’âme humaine, faite pour la communion avec Dieu, mais emprisonnée dans un univers matérialiste, souffre de malnutrition, et c’est la cause fondamentale des toxicomanies et de la dépression, ce que les conceptions sécularistes du développement ne peuvent pas comprendre. Lorsque la culture ne sert plus les besoins les plus profonds de la nature humaine et rétrécit en fait l’horizon spirituel des gens, ceux-ci ne savent pas qui ils sont et se sentent déprimés.

Le remède à cette pandémie qui sévit en Occident est de comprendre que la vérité est un don qui nous est fait : « Dans tout processus cognitif, la vérité n’est pas quelque chose que nous faisons ; elle est toujours découverte, ou mieux encore : reçue. La vérité, comme l’amour, ne relève ni d’un plan ni d’une volonté mais, en quelque sorte elle s’impose aux être humains » (34).

Caritas in Veritatis est une synthèse magistrale de l’anthropologie trinitaire de Gaudium et Spes, et des intuitions postérieures de Paul VI et de Jean-Paul II appliquées au contexte contemporain. Les idées théologiques essentielles de l’essai de Ratzinger sur la notion de dignité dans Gaudium et Spes, écrit à la fin des années 1960.

D’un point de vue pratique, cette encyclique est excitante, car elle en appelle à une réforme des Nations Unies et des institutions de la finance internationale. La tendance générale de ces institutions d’égaler développement humain et réussite du capitalisme et de la démocratie ou du progrès matériel est radicalement insuffisante comparée aux principes de l’Évangile. C’est très clair.

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James Schall, s.j. (professeur des sciences gouvernementales à l’Université de Georgetown) :

Benoît XVI est heureusement incapable de traiter quelque chose sans tout traiter. Les journalistes vont lire très vite ce document à la recherche de ce qui pourrait constituer des « nouvelles », c’est-à-dire ce qui touche la critique des affaires, du gouvernement, des médias ou de l’Église. Ils ne s’occuperont pas de la vision d’ensemble que propose Benoît.

L’encyclique a de l’ampleur et cherche à dire quelque chose sur tout. On sait que des gens venant de diverses disciplines et secteurs de l’Église et de la Curie ont d’abord préparé ce document, mais c’est le pape qui en a fait la synthèse, ce qui n’est pas une mince prouesse. Benoît rédigea lui-même en très grande partie ses deux premières encycliques. La différence est parlante quand on lit ce document qui a une petit quelque chose de touche à tout. Toutefois, ce qu’il analyse en profondeur, comme les affaires, le profit, la vie, les relations de la politique et de la métaphysique et la révélation, est très bon.

Benoît inscrit l’encyclique dans un large cadre de façon que nous puissions voir le statut limité mais important de la vie publique. Tout le document s’intéresse aux relations que nous avons les uns avec les autres, particulièrement avec les pauvres et les faibles. Il insiste plus fortement sur ce que les riches doivent aux pauvres qu’à ce que les pauvres doivent faire eux-mêmes afin de s’en sortir. La discussion qui porte sur les autres religions et leur position sur le développement est très franche. Le pape comprend que nombre de leurs croyances et attitudes fondamentales sont incompatibles avec une vie humaine plus développée. Mais cette critique n’escamote pas le fait que le premier devoir humain d’un État est d’accorder la liberté religieuse.

De plus, l’encyclique prend grand soin du sens qu’elle donne au mot de « droits », chose qui me souciait depuis de nombreuses années. Le pape démontre clairement comment les termes « droits » et « démocratie », dans leur sens actuel, peuvent mener à violer la dignité humaine, s’ils ne reposent sur aucun critère ou compréhension de la nature humaine, y compris la nature humaine déchue.

Mais l’aperçu le plus saisissant est que toute réalité est orientée vers le don. Le titre même de l’encyclique marque bien que nous ne pouvons appeler « charité » quelque chose qui ne s’enracine pas dans la vérité de ce qu’est l’homme. Les termes « miséricorde » et « compassion » se sont souvent prêtés à un renversement de ce qui était objectivement vrai dans l’homme.

Enfin, l’encyclique se moule au contexte de la Trinité et des relations au sein desquelles nous fûmes créés. La personne n’est pas orientée vers ses « droits », mais vers le devoir et le don. L’encyclique est un document remarquable qui relie les thèmes de la métaphysique, de la loi naturelle, de la révélation, de la politique, de l’économie. Tout y est vu sous l’angle de la relation de chacun avec Dieu, de la destinée transcendante de l’homme, laquelle est déjà sociale, comme il est dit dans Spe Salvi. Caritas in Veritatis est donc la suite de Deus est Caritas et de Spe Salvi. Deus Caritas est. Deus Logos est. Deus Trinitas est.

Un bulletin paroissial réconfortant Le deuxième cérémoniaire