Actualités Images Visiteurs La voix du Pape Livres Lu ailleurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Actualités

Actualités


L'Eglise en Belgique à la dérive Official Papal Visit Website Fin de l'année sacerdotale Meurtre de Mgr Padovese Chypre, 4-6 juin Voyage au Portugal La lettre de Jeannine

Crise de pédophilie dans l'Eglise: un tournant.

Une analyse intéressante du site italien Messa in Latino (19/5/2010)

Messa in Latino fait partie des sites que je consulte régulièrement, car il est très original, et très bien informé.
Le bandeau de la page d'accueil semble le situer définitivement, mais... ce n'est pas si évident, finalement, à la lecture plus attentive.



En lisant dans le titre de l'article "Punto di svolta" (tournant), à propos des affaires de pédophilie, ma première réaction a été de réticence.
Finalement, non. C'est une bonne analyse, que je partage en grande partie, malgré quelques interrogations.
En particulier, le parallèle avec la crise Williamson est plutôt pertinent: la décision du Pape de lever l'excommunication des évêques lefebvristes lui appartenait en propre.
Mais cette fois, c'est l'Eglise toute entière qui a été attaquée. Ce qui explique un soutien massif à l'intérieur de l'institution. On n'explique pas autrement l'"appel à la vérité" français - qui n'a hélas même pas osé s'appeler "soutien au Pape"!!

Texte en italien: La crisi pedofila nella Chiesa. Un punto di svolta.
Ma traduction (et mes interrogations...)

La crise de la pédophilie dans l'Eglise. Un tournant.
---------------------
Jusqu'ici nous nous sommes occupés marginalement des masses de nouvelles qui se sont entassées en moins de deux mois sur les cas de pédophilie dans l'Église (nous allions dire "dans la communauté ecclésiale", mais certaines expressions, nous les laissons aux libéraux). Il n'a échappé à personne que l'intérêt des médias était non seulement l'attaque de l'Eglise dans son ensemble, mais plus particulièrement le pape actuel; à cette fin ils sont allés déterrer les épisodes les plus sordides, datant de plusieurs décennies, pour attribuer au cardinal Ratzinger d'alors, même à tort, une once de responsabilité, juste assez pour le discréditer et affaiblir son action.

Nous avons vu exhumées du passé lointain toutes sortes d'histoires, et il est significatif qu'aient été rendus publics des documents d'archives écclésiastiques censés être confidentiels.
Oui: parce que l'attaque médiatique laïciste a trouvé - et ce n'est pas la première fois depuis l'élection de Benoît XVI - un allié formidable dans les milieux "catho-progressistes". Qui peut avoir donné à Golias la lettre par laquelle Castrillon Hoyos se félicitait avec l'évêque progressiste de Bayeux d'avoir couvert un prêtre pédophile, si ce n'est l'évêque ou son adjoint ou quelque autre taupe curiale? Qui peut avoir transmis au New York Times les documents du procès de Milwaukee (dont il résulterait que Ratzinger n'avait pas accueilli avec la diligence voulue la requête de réduire un pédophile à l'Etat laïque), si ce n'est l'archevêque de cette ville, l'ultra-libéral (et moralement corrompu) Mgr Weakland, qui a également accordé des interviews pour tenter de renforcer l'attaque? Et nous pourrions continuer.

On a vu aussi que, pour mieux salire ce Pape, on a laissé totalement en paix la mémoire de son prédécesseur, dont on sait pourtant, comme c'est évident pour tous (Schönborn l'a expressément affirmé, et nous sommes d'accord sur ce point) que ce n'est qu'à cause de son déclin physique et psychique qu'on peut l'exempter d'une responsabilité historique pour "negligentia in vigilando". D'ailleurs, l'infâme à écraser était Ratzinger: sa «culpabilité» devait donc se détacher dans sa singularité terrible et en aucune manière être diluée par la compagnie de personnes également co-responsables.

Le but de l'opération est clair: d'un côté intimider Benoît XVI, pour lui montrer la force explosive du «quatrième pouvoir» des médias, donc l'engager à mieux accorder sa voix avec les exigences du monde; de l'autre, affaiblir sa figure et sa stature, pour en détruire la capacité de guide et de gouvernance, et dans le même temps, en brisant ses énergies, le contraindre lui et son entourage (déjà réduit, et pas entièrement fiable ni prudent dans les réactions) à une défense perpétuelle et apologia pro domo sua. Ce qui manifestement laisserait peu de temps pour de grands actes de gouvernement. Tout cela, bien sûr dans l'attente d'un prochain pape plus accommodant, non plus "dogmatique", mais plutôt ouvert "aux grandes questions qui interpellent les femmes et les hommes de notre temps".

Quel effet a produit cette stratégie dénuée de tout scrupule , qui a exploité la tragédie subie par les enfants victimes d'abus de manière instrumentale, et bien loin de l'attention à la vérité?

Distinguons deux niveaux.
L'un ad extra, dévastateur. L'Église a perdu énormément de son prestige et de sa crédibilité pour se rendre proche des éloignés, des tièdes, des "croyants autrement". La shampouineuse qui croit en la réincarnation et le carrossier agnostique suivront avec une certaine réserve mentale les sermons supposés «évangélisateurs» qu'ils devront subir quand ils mettront les pieds à l'église pour un mariage ou un enterrement. Il faudra au moins une génération pour réparer les dommages causés par cette énorme perte de crédibilité du message évangélique, déjà miné par le relativisme post-Vatican II.

Mais ab intra la réaction nous semble différente, et pas entièrement négative. L'attaque a été d'une virulence telle, et si mensongère, qu'elle a créé dans l'Eglise un sentiment d'assiègement, et la perception de l'injustice. Quiconque fait partie de l'Eglise en tant qu'institution, n'est pas ignorant, comme l'est au contraire le lecteur moyen du New York Times, du fonctionnement pratique de ces choses; il sait que Ratzinger a été celui qui a fait plus que quiconque, depuis des temps insoupçonnables, pour contenir l'odieux phénomène; il connaît aussi les noms et prénoms de ceux qui ont fermé un ou deux yeux, au nom de l'omertà atavique qui se déclenche traditionnellement face aux vices de l'Église, ou pour d'autres motifs encore moins recommandables. A part Hans Küng, aucun autre prêtre (ou ex) n'a osé prétendre que Joseph Ratzinger était responsable d'une gestion laxiste du problème de la pédophilie; aussi parce que les clercs savent que, selon les critères de culpabilité conçus par les journaux laïques (les mêmes personnes qui, jusqu'à hier, étaient pour l'amour libre de tout le monde avec n'importe qui) le dernier des sacristains serait plus coupable que le pape actuel.

De telles constatations, sur l'injustice d'attaquer précisément le seul qui ait fait quelque chose pour répondre aux problèmes de pédophilie, jointes à la douleur pour le discrédit jeté sur une Église à laquelle on a consacré sa vie, et, non des moindres, à l'ennui d'être soupçonné aux yeux du monde chaque fois qu'on donne un bonbon à un enfant de chœur, ont conduit tout naturellement le clergé à se regrouper, et, heureusement, par un réflexe automatique pour nous les catholiques, le rocher auquel nous sommes attachés dans les moments difficiles est toujours Pierre.

Il y a en effet une profonde différence entre la crise médiatique de cette année, et celle de l'an dernier, avec l'affaire Williamson. À ce moment, en fin de compte, Benoît XVI ne pouvait pas se dire "innocent" aux yeux du prêtre lambda: la levée de l'excommunication était un acte réfléchi et volontaire, les opinions de Williamson faciles d'accès, sinon déjà connues; le tout mal géré, et expliqué encore moins bien (?); on avait tenté de réintégrer une Fraternité schismatique composé de prêtres fanatiques et arrogants, convaincus d'être meilleurs que les autres; et surtout, on avait commis le crime de "lèse-Concile", le plus grave que l'imaginaire collectif clérical puisse concevoir. Il était donc naturel que «la base» laisse le Pape seul dans la tempête, et même non sans une satisfaction mal dissimulée.

Mais cette fois, c'est différent. Aujourd'hui, dans la tempête, il y a toute l'Eglise. Il y a un Pape qui, tout seul a les pouvoirs de réfuter toutes les allégations. Il y a un monde qui révèle pleinement son visage hostile au sacerdoce, et qui n'épargne aucun de ceux qui offrent leur vie à Jésus-Christ. Enfin, un certain esprit de division et de fronde est dans l'impasse. Même Hans Küng, toujours à regarder où le vent souffle, éprouve le besoin de se définir comme "catholique loyal" et d'exprimer son appréciation pour la personne du pape .. (ndt: aperçu en effet je ne sais plus où sur Internet!)

Tout ceci explique, à notre avis, le succès remarquable et totalement inattendu du voyage au Portugal et du Papa Day de Dimanche. Si les prêtres sont avec le Pape, le peuple chrétien répond en masse. Et quelle masse: un dixième des habitants du Portugal est allé aux célébrations du Pape; à Fatima, il y avait 100.000 de plus qu'en 2000, lorsque Jean-Paul II a béatifié les deux pastoureaux!

Nous sommes vraiment à un tournant dans la crise, avec la nette impression que la figure de Benoît XVI sort, contre toute attente, renforcée plutôt qu'affaiblie: il a réussi à maintenir fermement la barre à un moment de tempête (et en dépit de ses collaborateurs, de Bertone à Sodano, de Cantalamessa à Castrillon Hoyos, accumulant gaffes et erreurs (? les erreurs, ce sont les medias qui en ont décidé )); le fait de creuser dans son passé a étalé aux yeux des lecteurs combien il s'était dépensé, contre tout et tous, pour réparer "la barque qui fuit de toutes parts"; il a su ensuite, avec une terrible sincérité, évoquer le mal intérieur de l'Église, appelant comme témoin la prophétie de la Vierge à Fatima, et a ainsi effacé en un instant la mauvaise impression laissée par les maladroites tentatives curiales de minimiser le problème, jouant avec les statistiques ou débattant d'éphébophilie, pédérastie et pédophilie (? selon moi, ce n'était pas déplacé).

Le clergé de base et le peuple catholique ont bien vu et bien compris tout cela, malgré l'agitation des médias, et ils ont su et voulu le témoigner avec de grandes manifestations de gratitude et d'affection.

Auxquelles, à notre petit niveau, nous nous voudrions nous unir nous aussi.

Laïcs en politique Giuliano Ferrara: Ce Pape que j'adore...