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Le Pape du peuple

Un reportage "brut" de la presse régionale italienne sur le "Papa day" (21/5/2010)

Dimanche dernier, une foule joyeuse et recueillie s'est rassemblée sous les fenêtres du Pape pour lui témoigner son affection.
Nous en avons déjà parlé.
La presse française a jeté sur l'évènement un regard condescendant, sinon malveillant, l'envoyé de La Croix, allant jusqu'à mettre en doute les chiffres publiés par le saint-Siège: il n'y avait pas 200.000 personnes, mais carrément 60.000. Curieuse démarche (et surtout mesquine), qu'on n'attendrait pas forcément d'un journal catholique, les autres s'en seraient chargés.
Peu importe, d'ailleurs, mais puisqu'il faut compter, allons-y. Il y avait beaucoup de monde, le direct sur la RAI en témoignait, et le décompte n'est pas si difficile à faire: la Place Saint-Pierre contient au moins 60.000 personnes, la Via della Conciliazione 70.000, elles étaient pleines, et en additionnant la foule également présentes sur les places alentour, on peut effectivement arriver pas loin de 200.000.

Voici donc un reportage issu de la presse régionale italienne, le quotidien "La Sicilia" .
Ce n'est pas la réflexion d'un "vaticaniste", ou d'un "intellectuel, mais simplemement un reportage sur le vif.
À première lecture on pourrait dire que c'est une banale série d'anecdotes s'ajoutant aux articles déjà traduits sur ce site à propos du "Papa day".
En fait, c'est bien plus intéressant que cela. C'est du document brut pour sociologue, où l'on comprend le type de sentiment que le Pape suscite chez les "vrais" gens, ceux qui se moquent des diktats des medias, des gens de tous âges, venant de milieux et même d'horizons politiques variés, puisque parmi eux, il y a un membre d'un parti d'extrême-gauche!
Parce que des spécialistes de communication avaient su joliment mettre en scène des images de Lady Di avec des bébés malades du sida dans les bras, la presse l'avait appelée la "princesse du peuple".
Il me semble que ce genre d'article justifierait que l'on appelle Benoît XVI (sans aucun artifice, lui) "le Pape du peuple".

Le texte de l'article est sur le site de Raffaella.
J'ai sauvegardé la page du journal, où l'on voit les photos des gens qui apportent leur témoignage (cliquez sur la vignette ci-dessus).


Avec Ratzinger à regarder les étoiles
Le récit des pèlerins siciliens au Papa Day. "Benoît n'a pas besoin de notre soutien, mais nous du sien"

Giuseppe Di Fazio
Jeudi 20 mai 2010
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"Bien sûr, faire 24 heures de route aller et retour pour rester à Rome quelques heures peut sembler une folie: ou bien on est stupide, ou bien on a une raison de le faire".
Ilenia Vasta, étudiante en troisième année de droit à Catane, fait partie des milliers de siciliens qui étaient Place Saint-Pierre dimanche, pour prier avec le Pape; quand elle a entendu parler du rassemblement des mouvements ecclésiaux pour prier avec et pour Benoît XVI, elle ne se l'est pas laissé dire deux fois. Elle a cherché des amis, et en voiture, elle s'est aventurée vers la capitale.
"Je suis allé à Rome - dit-elle le lendemain - pour affirmer la chose la plus importante qui me soit arrivée dans ma vie: la rencontre avec le Christ. Je ne suis pas allé pour soutenir le Pape, qui n'a pas besoin de mon soutien, mais parce que moi, j'ai besoin du Pape. "
"Quand il est apparu à la fenêtre - poursuit Ilenia - j'ai seulement vu un petit point blanc qui ouvrait grand les bras et j'ai été touchée de sa compassion pour le sort des gens et j'ai ressenti une immense gratitude pour le fait d'être là."
Etrange histoire, que celle d'Ilenia, comme celle de son compagnon de voyage Salvo Lussi, lui aussi étudiant en droit à Catane, ancien candidat au conseil municipal de sa ville natale sur la liste Rifondazione (ndt: refondation communiste, parti de la gauche italienne, né en 1991 de la scission du Parti communiste italien). Tous deux faisaient partie de ce comité d'élèves du lycée Spedalieri qui, après le meurtre de l'inspecteur Raciti Cibali (ndt: policier italien, mort en service, en 2007, à la suite d'affrontements entre supporters lors d'un match de football, le derby Catane-Palerme) accoucha d'un document dramatique plein de questions sur le sens de la vie et de l'étude. Ce document, à travers les journaux, a fini sur le bureau de Benoît XVI, qui, rencontrant l'archevêque de Catane lui a conseillé: "Ne laissez pas tomber les questions des jeunes."

Certains de ces jeunes, avec Ilenia et Salvo étaient sur la Place Saint-Pierre dimanche dernier. Ils étaient prêts à partir en croisade pour le défendre. Au lieu de cela, Benoît XVI les a déconcertés. L'ennemi, a-t-il dit, n'est pas à l'extérieur, il est en nous, il est à l'intérieur de l'Église elle-même. Et, citant le penseur russe Florenskij, il a ajouté: « Regardez le plus souvent possible les étoiles. Lorsque votre âme souffrira, regardez les étoiles ou le bleu du ciel. Quand vous vous sentirez tristes, quand on vous offensera... entretenez-vous... avec le ciel. Alors votre âme s'apaisera »

"Peut-être n'étais-je pas consciente du geste que je faisais - explique Sandra Condorelli, étudiante en lettres à Catane - jusqu'à ce que je sois arrivée. Ce qui a fait mûrir mon jugement, ce n'est pas le grand nombre de personnes sur la Place Saint-Pierre, mais de regarder cet homme si ferme à la suite du Christ".
Sandra parle du Pape comme d'un ami. "Personne, dit-elle, quand l'être aimé est blessé ou est injustement attaqué, ne peut faire comme si de rien n'était, et il est naturel de courir vers lui! Je ne suis pas allée à Rome pour faire nombre, mais pour réaffirmer notre lien avec le point concret, humain, historique, dans lequel j'ai rencontré l'Espérance pour ma vie".
"Face à une présence - dit Marcello Pisani, professeur d'italien et d'histoire à Syracuse - la fatigue recule".
Le professeur est rentré de Rome en bus à 4h hier matin. A 8h30, il était dans la salle de classe.
- Cela valait la peine de faire cet effort, professeur?
"Bien sûr - répond Pisani - Ce 'Merci' du Pape m'a touché, quand il l'a dit et comment il l'a dit. Ce qui m'a touché, c'est le sentiment de gratitude qui transparaissait de ses yeux, de ses paroles et de ces bras grands ouverts, bien plus accueillants que cette colonnade du Bernin. Et voilà, tous ces kilomètres en si peu de temps pour apprendre de Benoît XVI ce sentiment de gratitude que seuls les vrais grands hommes ont".
"Hier, en classe - poursuit le professeur - j'ai demandé à un de mes élèves qui était venu à Saint-Pierre si ça en valait la peine: Bien sûr, m'a-t-il répondu. Et pourtant, il était rentré à 4h du matin le 17, comme moi, il était partu en bus le 15 à 20h. 24 heures de voyage en à peine un jour et demi.
Au déjeuner, j'ai demandé aussi à ma fille qui a quatorze ans, si elle était contente d'avoir été sur la Place Saint-Pierre et elle m'a répondu que oui. J'ai insisté: "Mais l'effort était grand, tu aurais pu rester confortablement assise à la maison à regarder le direct à la télévision". Elle m'a répondu: "Ce n'est pas la même chose, j'étais présente là-bas". Ma fille a raison, ce n'est pas la même chose..."

" J'ai été ému dimanche de voir ces gens pressés devant le pape et venus là pour témoigner ce que proclamait une des bannières: n'ayez pas peur, Jésus a vaincu le mal", dit Massimo Dragone, 39 ans, propriétaire d'un bar à Raguse .
Il s'est rendu à Rome en avion, mais la fatigue était là quand même. Réveil à 3h, départ en voiture de Raguse vers Fontanarossa pour prendre le vol de 6h15. Retour par le vol de 20h, puis à nouveau la voiture vers Raguse pour être prêt à 4h30 du matin pour ouvrir le bar. "Je suis fatigué mais heureux. Le visage du pape - dit-il - m'a ému".

Benoît XVI, selon son style, a peu concédé à la "spectacularisazione" (mise en scène spectaculaire) de l'événement.
Et il a entièrement mis l'accent sur les motifs de la foi. Aux représentants des mouvements ecclésiaux venus de toute l'Italie, il a dit simplement: "Merci". Mais avec des larmes dans ses yeux. Et il a confié une tâche: "Servir Dieu et l'homme au nom du Christ". Il a ajouté: "Poursuivons cette voie avec confiance, et que les épreuves que le Seigneur permet nous poussent à plus de radicalité et de cohérence."
Les histoires de Ilenia, Sandra, du professeurde Syracuse et du propriétaire du bar de Raguse peuvent aider à expliquer pourquoi, malgré le déploiement massif des médias contre le pape, le peuple chrétien continue à le voir comme un point de certitude dans un monde de confusion.

© Copyright La Sicilia, 18 maggio 2010

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