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Immigrationnisme et xénophobie (II)

Suite de la conférence de Massimo Introvigne. Les italiens aussi ont "tout essayé"! (23/5/2010)

Nous, en France, nous discutons du port de la burka. Eux ont essayé "la citoyenneté accélérée", et l'heure de religion islamique à l'école - une idée qui, selon Massimo Introvigne, n'a qu'un défaut: elle est stupide...

Première partie ici: Immigrationnisme et xénophobie (I)


 


(...)

4. Le quatrième argument des immigrationistes est social. Encore une fois en raison de la natalité (et bien sûr du fait que grâce aux progrès de la médecine nous vivons plus longtemps), le système de protection sociale de l'Europe est en crise profonde. Pour dire les choses simplement, il y a trop peu de jeunes et trop de vieux, trop peu de travailleurs qui soutiennent par leurs cotisations les organismes de sécurité sociale, et trop de retraités.

Dans certaines régions de l'Europe, en cinquante ans, on est passé d'une situation où une moyenne de quatre travailleurs soutenaient un retraité, à une autre où pour un retraité il y a seulement deux travailleurs. D'où l'idée présumée géniale des théoriciens immigrationistes: ne vous inquiétez pas, les immigrés extra-communautaires y pourvoiront. Les deux travailleurs qui manquent à l'appel pour que chaque retraité soit de nouveau soutenu par quatre contributeurs, nous les importerons du Maroc ou du Pakistan. Même le rapport Caritas / Migrantes 2009 cité plus haut insiste sur ce point: les immigrés (réguliers) sont une bonne affaire pour la sécurité sociale parce qu'ils cotisent plus qu'ils ne reçoivent.

Mais les choses ne sont pas ainsi. Une fois de plus, on nous propose une photographie, alors que pour comprendre nous avons besoin de voir un film. Ce sera peut-être une nouveauté pour certains immigrationistes, mais ils devront se faire une raison: les immigrés vieillissent aussi et deviendront un jour retraités. En Italie, l'immigration est un phénomène relativement récent et les migrants retraités sont peu nombreux. Mais ils sont inévitablement destinée à augmenter. Les immigrés, en outre, ont tendance à avoir des emplois peu rémunérés, et donc versent des cotisations relativement faibles.

Une étude détaillée sur l'Espagne, cité par Caldwell dans son livre montre que, en cinquante ans, avec une augmentation de 50% du nombre d'immigrants extra-communautaires, les entrées des institutions de sécurité sociale ont augmenté de seulement 8%. En outre, dès le début, eux et leurs enfants ont comme tout le monde des problèmes de santé, que la sécurité sociale doit prendre en charge.

À la vérité, il y aurait bien une solution, et quelqu'un (pas en Italie) l'a même sérieusement soutenue, sans même se faire traiter de nazi (??): considérer les immigrants comme des "travailleurs invités" et les renvoyer chez eux lorsqu'ils ont fini de travailler, leur faire payer les contributions aujourd'hui, mais ne pas leur payer de retraite demain. La solution créerait des tensions telles qu'on ne peut vraiment pas la prendre en considération. Et elle ruinerait tous les arguments éthiques des immigrationistes.

5. Il y a un cinquième argument, qu'à la vérité les immigrationistes expriment rarement à voix haute. Mais leur discours le présuppose. C'est la thèse que la religion des immigrants serait indifférente. De temps en temps, quelqu'un le dit explicitement: nous sommes laïcs, et nous devons aborder le problème de l'immigration, sans tenir compte de la religion, dont au mieux l'Eglise pourra s'occuper.
Mais cela n'a aucun sens.

Même l'observateur le plus athée doit reconnaître que la religion existe et a des conséquences sociales. Si à Turin, comme cela arrive régulièrement, des milliers de Péruviens portent en procession leurs statues de la Vierge, les gens applaudissent et les journalistes manifestent une curiosité bienveillante. Si des milliers de musulmans occupent l'espace public avec leurs tapis de prière et mélangent même à leurs prières des invectives contre les États-Unis et l'Occident, les gens et les medias s'effraient. Dénoncer ces réactions comme xénophobes ne résout pas le problème.

Bien sûr - même parmi les immigrants - il existe de nombreux islams, et certains sont moins éloignés des valeurs qui prévalent en Europe que d'autres. Mais si de cette prémisse - correcte - on arrive à la conclusion qu'il n'existe pas de caractéristiques spécifiques de l'Islam, on tombe dans un relativisme absolu, peut-être à la mode dans un contexte culturel post-moderne, mais dénué de sens. Il y a des islams mais il y a aussi l'islam. Qu'il est difficile d'assimiler à la culture européenne sur les questions clés concernant la relation entre foi et raison, entre religion et violence, entre majorités et minorités religieuses, entre hommes et femmes.

Bien entendu, des processus d'assimilation des immigrants musulmans, d'individus et lde groupes ne sont pas impossibles. Mais en vérité, aucune civilisation dans l'histoire n'a réussi sans être détruite à faire face en si peu de temps à l'arrivée de tant de personnes avec une culture et une religion aussi radicalement différente et forte. Il en allait autrement dans le cas des barbares, qui ont apporté en Europe une culture faible; ou des irlandais ayant au XIXe siècle émigré aux États-Unis, dont le catholicisme etait différent du protestantisme majoritaire en Amérique, mais pas aussi radicalement différent que l'est l'islam par rapport à l'ethos européen contemporain.


C. Lois immigrationistes: L'heure de religion islamique et la "citoyenneté brève" (accélérée)

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Le 30 Juillet 2009, les honorables (députés) Fabio Granata (PDL, popolo della libertà, parti de Silvio Berlusconi) et Andrea Sarubbi (PD partito democratico, coalition de la gauche italienne) - aux dires de la presse, longa manus respectivement de Gianfranco Fini et Massimo D'Alema - ont présenté un projet de loi (n ° 2760) intitulé Amendement à la loi du 5 février 1992, n° 91, fixant de nouvelles règles sur la citoyenneté.
Parmi les diverses modifications législatives proposées, toutes à l'enseigne de parcours plus faciles afin que les immigrants puissent obtenir la nationalité italienne, la règle la plus importante que ce projet se propose d'introduire réduit de dix à cinq ans, le temps passé sur le territoire qui permettrait après un simple examen de langue et d'éducation civique, de devenir des citoyens italiens.

Les 16 et 17 Octobre 2009 à Asolo (Trévise), la Fondation Fare Futuro (faire le futur!), proche de M. Fini, et la Fondation Italiani europei (italiens européens), proche de M. D'Alema, ont présenté un rapport - toutefois signé uniquement par la fondation Fare Futuro - intitulé "Immigration intégrée et citoyenneté de qualité: Une contribution à la définition des politiques migratoires".
Y sont exposés des arguments à l'appui du projet de loi Granata-Sarubbi, en même temps que la proposition d'introduire un enseignement de l'islam dans les écoles italiennes, notant que, d'une façon générale - non sans une pique en direction des écoles catholiques - "La voie de l'enseignement facultatif de la religion dans les écoles publiques, afin d'assurer une formation de haute qualité, est certainement préférable à la présence d'écoles spécifiques à fondement religieux, qui dans notre contexte risquent d'être alternatives et contradictoires, sources d'exclusion et de conflit"(p. 52).

Nous allons examiner brièvement les thèmes de l'heure de religion islamique et de la citoyenneté accélérée, non seulement parce qu'ils sont d'actualité, mais aussi parce qu'ils sont des exemples particulièrement clairs de l'application pratique de l'idéologie immigrationiste.

1. Il y a deux bonnes raisons pour rejeter la proposition pour une heure de religion islamique dans les écoles italiennes.
Avant tout, pourquoi une heure de religion islamique et pas orthodoxe, ou des Témoins de Jéhovah? Il est possible que, si l'on parle non pas d'origine religieuse mais de contact plus ou moins régulier avec des institutions religieuses organisées, ces communautés soient plus nombreuse que les communauté musulmanes en Italie. Les Témoins de Jéhovah (décomptés comme le font les sociologues par analogie avec toutes les autres communautés religieuses, et pas comme ils le font eux-mêmes, qui ne considèrent comme "témoins" que ceux qui jouent un rôle de prosélytisme en sonnant aux portes) sont 400.000 en Italie et, et les orthodoxes - pour la plupart des immigrants - au moins un demi-million, tandis parmi le million et plus d'immigrants d'origine musulme, il est difficile de dire combien maintiennent le contact avec leur religion.

Avec la croissance de la diversité religieuse, d'ici peu, on ne pourra pas refuser une heure de religion pentecôtiste (350.000 fidèles si l'on considère les immigrés), suivie par les heures bouddhiste, sikh, hindoue, etc. Outre les problèmes d'organisation - il serait intéressant de demander au ministre de l'Economie Giulio Tremonti ce qu'il pense de l'idée de payer avec l'argent de l'État des centaines d'enseignants de l'islam, du bouddhisme et ainsi de suite - il en résulterait une Babel et un supermarché des religions.

En rendant constitutionnelle, par le Concordat, l'heure de religion, le législateur a voulu reconnaître le rôle de la tradition catholique - sans laquelle il est difficile, en Italie de comprendre l'art, la culture, la littérature - dans notre histoire et notre culture nationale, et non pas donner à tous les enfants qui vivent en Italie la possibilité de trouver à l'école «leur» religion. L'enseignement d'autres religions que le catholicisme est du reste donné librement hors de l'école.

Deuxièmement: qui gèrerait l'heure de religion islamique? Tous les gouvernements de droite et de gauche en Italie mais aussi en France, en Belgique et en Espagne ont essayé de trouver un interlocuteur musulman unique et représentatif. Aucun n'y est parvenu. L'islam (sunnite: le chiite est un peu différent, mais en Italie, il est presque absent) est une religion horizontale, pas verticale: il n'a pas de Pape, il n'a pas d'évêque, et à strictement parler, même pas de pasteurs. Les imams ne sont pris pour des évêques musulmans qu'en Italie, grâce aux talk-show à la télévision. Ils ne sont même pas l'équivalent de curés de paroisse, et dans les pays musulmans il ne viendrait à l'idée de personne de les considérer comme des «chefs» de l'islam. Chez nous, si, à travers l'émission "Porta a porta", mais il s'agit d'un malentendu.

En France, il y a une vive discussion sur la raison pour laquelle le Conseil français du Culte Musulman (CFCM), créé par l'ex-ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy pour donner à l'État un interlocuteur islamiste, ne fonctionne pas, en substance. D'une part, pour se présenter comme représentatif, il a dû inclure les organisations les plus fondamentalistes - qui en prennent peu à peu le contrôle, ce que Sarkozy ne voulait pas - et de l'autre, les différends entre les musulmans, et entre les gouvernements qui les financent (Algérie contre Maroc, Arabie saoudite contre Maghreb), en paralysent le fonctionnement.

Une fois créée l'heure d'islam en Italie, resterait à décider qui assure les cours. Si c'était la plus grande organisation, l'UCOII, l'Union des communautés et organisations islamiques en Italie (qui d'ailleurs s'est déclarée pas intéressée), qui est enracinée dans la pensée fondamentaliste, nous aurions l'école de l'intégrisme islamique financée par l'État. Si ce n'était pas l'UCOII - qui, qu'on le veuille ou non, contrôle encore la majorité des mosquées italiennes (en dépit des efforts remarquables pour créer des solutions de rechange) - celle-ci aurait des raisons de dire que les enseignants ne sont pas représentatifs, que ce sont des "musulbuoni", des "syndicalismes jaunes de l'islam" ou des "Oncles Tom", comme elle le dit déjà de chaque initiative qui ne l'implique pas.

L'heure de religion islamique à l'école en Italie? Pour citer l'inspecteur Clouseau dans le film La Panthère rose "Il y a une seule chose ne va pas avec cette idée: elle est stupide."

2. Quant à la "citoyenneté accélérée" (ndt: qui consiste à porter de dix à cinq les années de résidence nécessaires pour devenir italiens, cf. plus haut), la proposition se fonde sur une confusion de base. La citoyenneté est le coeur - extrêmement délicat - de la nation. Si, par hypothèse paradoxale, un nombre d'étrangers supérieur à celui de ses citoyens se transféraient en quelques mois dans une nation, et si ces étrangers étaient déclarés citoyen, mettant en minorité les «natifs», la nation - qui est bien plus qu'une simple zone géographique - cesserait d'exister.

Bien sûr, on peut changer de nationalité. Mais ce changement n'est pas créé: il est reconnu par la loi. En d'autres termes, l'Etat prend acte que "Tizio" (nom générique, ndt) qui vit en Italie depuis de nombreuses années, parle en italien, pense en italien, est désormais Italien. Pour que le processus soit complet et sans ambiguïté "Tizio" devrait, s'étant vu reconnaître la nationalité italienne, renoncer à sa nationalité d'origine. L'idée qu'on pouvait avoir deux nationalités a été d'abord conçue comme une facilité pour les Italiens vivant à l'étranger dans le passé. Elle ne devrait plus avoir de raison d'exister aujourd'hui: elle n'existe pas dans des pays comme l'Allemagne et la Hollande, tandis qu'elle est dans notre droit actuel, et dans la proposition Granata-Sarubbi.

Si "Tizio" se sent italien, qu'il le montre en renonçant d'abord à toute autre nationalité.


Reconnaître la citoyenneté est la fin d'un processus d'intégration ou d'assimilation: ce n'est pas son début. La proposition de Grenata-Sarubbi confond justement le début et la fin du processus. Elle accorde immédiatement la citoyenneté, dans l'espoir que cette concession permettra de faciliter une intégration plus poussée. Les immigrants modernes - souvent très mobiles, prêts à scruter les meilleures conditions et à étudier le marché du travail pour passer d'un pays à l'autre ou rentrer à la maison - après cinq années de séjour en Italie, ont rarement changé de mentalité au point de se sentir ou d'être considérés par leurs voisins chinois, nigérians ou Marocains, seulement et uniquement Italiens à part entière.

Le projet de loi naît donc déjà vieux, parce qu'il pense à un ancien type d'immigré, celui qui partait en bateau à vapeur pour l'Amérique, et savait qu'il ne reviendrait plus. Et il est vieux aussi - alors que l'étude scientifique de l'immigration souligne de plus en plus que l'intégration est une question de qualité - parce qu'il dit les immigrés sont intégrés au point de devenir des citoyens sur la base de la donnée purement quantitative de cinq ans de résidence.

Sur les tests de langue et d'éducation civique, il ne faut pas se faire trop d'illusions en Italie - où ils risquent d'être ... "italiens" - et même en Grande-Bretagne des protagonistes d'épisodes terroristes avaient facilement passé des examens similaires. Ou bien s'imagine-t-on vraiment qu'à la question de l'examinateur "Êtes-vous d'accord avec la Constitution?" quelqu'un répondrait: «Non, je suis d'accord avec Oussama ben Laden, vive Al Qaïda" ?

Sur une question aussi délicate et cruciale que la citoyenneté, il est vraiment préférable queta non movere, aller avec des pieds de plomb et, le cas échéant, pécher par excès de prudence. En outre, alors que l'Italie veut élargir les mailles de la citoyenneté, la Grande-Bretagne, qui a fait ses expériences tragiques en Juillet 2009 a rendue la loi plus restrictive sur ce sujet.

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à suivre....

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