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"Corpus Domini" en Turquie

On dit, en France, la Fête-Dieu. Le sacrifice eucharistique de l'évêque Luigi Padovese, un article de Sandro Magister. (3/6/2010)

Il était sur le point de partir pour Chypre, pour rencontrer Benoît XVI.
Mais il a été tué la veille, jeudi 3 Juin, fête du Corpus Domini.
Sandro Magister.

Son sacrifice est un visage plus vrai de la Turquie, tellement éloigné des cartes postales de rêve dépeintes par le ministre des Affaires étrangères d'Ankara dans l'interviewe citée il y a deux jours sur ce blog (cf. Malentendu, ou manoeuvre? ).

Luigi Padovese, 64 ans, milanais, franciscain capucin, a aimé et a parcouru pas à pas la Turquie, d'abord comme chercheur et professeur de patrologie, et aussi doyen de l'Université pontificale Antonianum de Rome. Dans ce rôle, il a organisé plus de vingt colloques d'étude sur Saint-Paul à Tarse, et saint Jean à Ephèse. Depuis Novembre 2004, il était évêque, vicaire apostolique de l'Anatolie, dont le siège était à Iskendurun. Il était président de la conférence des évêques.

Sa lecture de la situation politique, culturelle et religieuse de la Turquie était très réaliste.
L'agence MissiOnLine de l'Institut Pontifical des Missions Etrangères de Milan a remis en ligne, après son assassinat, un conférence qu'il avait donnée en 2007, et qui éclaire le sort des chrétiens vivant dans ce pays.


Dans la partie finale, Mgr Padovese synthétise ainsi - «pour éviter un irénisme facile» - le fossé entre la vision chrétienne de Dieu, et celle musulmane:

«Grande est la distance qui sépare les deux religions. Il faut d'abord savoir que l'islam se considére comme la révélation ultime, plus complète et plus rationnelle. Il s'ensuit que ceux qui ne le suivent sont dans une position d'infériorité; devenir chrétien, pour un musulman, signifie régresser à un état inférieur. Dans ces circonstances, exiger la réciprocité en matière de liberté religieuse est une utopie. Un musulman peut la réclamer dans un pays chrétien, mais pas l'inverse. Concrètement, la liberté de conscience n'existe pas en Islam et l'exercice des autres religions n'est pas libre, mais toléré.

"Pour les Juifs et les chrétiens, Dieu a créé l'homme 'à son image et à sa ressemblance'. Pour l'islam, cela semble absurde, car c'est en opposition avec la transcendance absolue de Dieu. En effet, ce verset de la Genèse ne figure pas dans le Coran, qui contient pourtant le récit biblique de la création. La raison en est que Dieu ne peut échapper à son isolement. La frontière entre Dieu et l'homme reste infranchissable, avec le résultat que le premier est trop transcendant pour pouvoir aimer et être aimé. Seuls les mystiques soufistes - sans doute par influence chrétienne - ont mis l'accent sur l'amour de Dieu pour l'homme et de l'homme pour Dieu.

«Une autre conséquence concerne la notion de dignité humaine, qui pour les chrétiens et les juifs, se fonde sur cette même doctrine biblique d'être à l'image et à la ressemblance de Dieu.
Juste pour donner un exemple, observons comment la lutte pour la reconnaissance de la dignité et de la liberté de l'homme a trouvé dans l'environnement chrétien des motivations et des impulsions profondes à partir de la «parentèle» tissée par Dieu avec l'homme (mâle et femelle!) et restaurée dans le Christ. Les théologies qui veulent libérer l'homme des divers esclavages de notre époque ne trouvent-elles pas leur fondement ultime dans le texte de la Genèse (1, 26): «Faisons l'homme à notre image et ressemblance»?
Il n'en est pas ainsi pour l'islam, qui tire toutes ses règles du Coran. C'est justement en considérant cette proximité entre Dieu et l'homme, puis la médiation par le Christ, que nous comprenons combien l'éthique chrétienne primitive se configure davantage comme réponse dans la foi à ce Dieu compris comme un partenaire, que comme une adaptation à une norme. Chose encore plus claire si l'on observe que parmi les 99 titres réservés à Dieu dans l'Islam, il manque celui de Père et donc il manque un principe inspirateur de la morale personnaliste chrétienne. "

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A coup sûr, Mgr Padovese n'a eu aucune difficulté à comprendre et à partager pleinement le leçon de Ratisbonne du pape Joseph Ratzinger.

Le 5 février, quatrième anniversaire de l'assassinat à Trébizonde de Don Andrea Santoro, il déclarait à Radio Vatican:
"Don Andrea a été tué comme symbole, en tant que prêtre catholique. Ce n'est pas seulement la personne qui a été tuée, mais on a voulu frapper le symbole que la personne représentait: le rappeler en ce moment, durant l'année consacrée aux prêtres, c'est rappeler à chacun d'entre nous que suivre le Christ peut aller jusqu'à offrir son propre sang. "

Cardinal Kasper (suite) Malentendu, ou manoeuvre?