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La lettre de Jeannine (XII)

Le moment de grâce de la journée à Turin. Et la déception autour de la couverture médiatique. (8/5/2010)

Chère Béatrice,

Si le silence de Turin a touché le Pape, le silence de La Croix sur ce voyage apostolique me met hors de moi.
Dans l'édition du 3 mai un article dans la rubrique "L'Essentiel" , dimensions : 4,5 cm x 7cm, uniquement pour faire allusion aux paroles de Benoît XVI prononcées lors du pèlerinage au Saint-Suaire, "Benoît XVI a médité sur le mystère du Samedi Saint" et rien d'autre.
J'ai envoyé un mail pour demander des explications, je doute que l'on me réponde. Je pense avoir manqué un épisode du feuilleton mais lequel?
N'y avait-il rien à écrire sur cette si belle journée, déplorable au niveau de la météo mais si riche par la foi qui s'en dégageait? Ce n'est pas la place qui manquait dans le journal puisque le même jour 4 grandes pages ont été réservées aux Légionnaires du Christ et à la façon dont les catholiques français et l' Eglise de France réagissent à la crise liée à la pédophilie. Loin de moi l'idée de vouloir banaliser le problème et de le ramener à un simple fait divers mais trois journalistes : Isabelle de Gaulmyn, Frédéric Mounier et François-Xavier Maigre mobilisés pour cela et aucun commentaire sur le voyage de Benoît XVI voilà qui me paraît choquant. Ce même jour, dans "Le Vatican tente d'améliorer sa communication" (Céline Hoyeau et F.Mounier) je relève :
"dans la tourmente des affaires de pédophilie, les récents propos non contrôlés du P. Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, les explications autour de l'homosexualité du cardinal Tarcisio Bertone...."; inutile de vous dire que ces propos ont attiré mon attention.
Lorsque l'on parle de réformer la communication d'un organisme il faut veiller à ne délivrer soi-même que des propos qui ne puissent pas prêter à confusion. Il eût été souhaitable d'écrire: "les explications fournies par le Cardinal Bertone au sujet de la relation entre homosexualité et pédophilie...", la formule est plus lourde mais a l'avantage de relater les paroles exactes prononcées et ce sans équivoque sur l'auteur des propos.
Je pinaille mais dans ces temps agités tout doit être pesé surtout lorsque le Vatican est en jeu. Je n'ai rien trouvé sur la journée du 2 mai dans le journal d'informations du Figaro, sauf un article sur Les Légionnaires du Christ, avez-vous une explication? (ndlr: non... encore que j'ai ma petite idée...).

Le 3 mai un pasteur, Philippe Cardon, pendant sa chronique de 3 minutes, à 12h02 sur Fréquence Protestante, a dérapé lamentablement, éclaboussant Benoît XVI d'une façon haineuse, agressive. Partant du message de Pâques dans lequel le Saint-Père invitait à une conversion profonde des cœurs et des mentalités il a conseillé au Pape de commencer par balayer devant sa porte en l'accusant de trahir les paroles de Jésus : "laissez venir à moi les petits enfants", car le Seigneur ne disait pas ces paroles pour que les petits enfants se fassent masturber dans vos sacristies. D'entrée le ton avait été celui d'un tribun donneur de leçon, très sûr de lui et fort mécontent. Pour clore sa diatribe il invitait ceux qui l'écoutaient à bien réfléchir à ses paroles avec un accent qui traduisait une certaine satisfaction d'avoir pu déverser sa haine. Outrée, je pensais réécouter la chronique mais Fréquence Protestante ne l'a pas laissée en ligne, a diffusé un message d'excuses dans la suite des émissions et le pasteur du 4 mai a remis les choses en ordre. J'ai eu ces précisions parce que j'ai appelé la radio.

Troisième motif de déplaisir: dans un numéro de la Documentation Catholique reçu vendredi dernier il y avait le texte du CORDIAL MESSAGE DE SOUTIEN DES EVEQUES DE FRANCE A BENOIT XVI.
Rien de nouveau puisque je le connaissais mais en le relisant il m'a paru encore plus compassé. Pour soutenir une personne, une cause il faut faire entrer dans la démarche de la chaleur, de l'empathie, la perception de l'intérêt que l'on porte au destinataire du soutien, au résultat escompté. Je n'ai rien trouvé de cela. J'ai lu cette lettre comme un compte-rendu d'Assemblée Générale, très détaillé mais très distant. D'autres messages d'ecclésiastiques manifestaient de la sympathie, une réelle proximité. Si j'avais une évaluation à fournir, ce serait: service minimum effectué; juste de quoi ne pas passer pour des "ploucs" en se singularisant par une absence de soutien. Le Cardinal Vingt-Trois n'hésite pas à dire que Benoît XVI n'est pas un acteur flamboyant; il faut affiner ce jugement car notre Pape n'a pas besoin d'étudier ses gestes pour plaire à la foule. Son sourire, son humilité, le total oubli de sa personne pour être présent autant que faire se peut à ceux qui sont venus le voir, l'écouter, son merci vrai, pas une banale formule de politesse mais une réelle expression de gratitude, tout cela suffit pour toucher les cœurs et c'est tout à fait ce que j'aime.

Dans Paris Match le grand reporter CP remplit deux pages sur le nouveau patron de Fiat : pas d'insinuations perfides, une photo d'elle et de lui, elle est reconnue et appréciée, la tigresse rentre ses griffes. J'avais pensé qu'il y aurait un entrefilet sur Turin et le Pape mais le sujet traité est nettement plus porteur, à croire que le 2 mai Benoît XVI est devenu invisible derrière le rideau de pluie incessante.

Les audiences générales sont toujours chaleureuses, animées, avec beaucoup de francophones. Dès que notre Pape a gagné sa place il remercie, sourit, puis d'un léger signe de tête il indique que le premier porte-parole peut introduire l'audience. Je les suis attentivement et lorsque je les manque je regarde la retransmission sur KTO ou l'enregistrement que je garde du direct du CTV. Le site photovat.va fournit plein de photos et cela me permet de capter des détails qui échappent au direct.

Le voyage à Turin a été un moment de grâce, de pur bonheur. Malgré une météo plus que médiocre la foule était là, nombreuse avec parapluies, imperméables, cirés et attendant patiemment que Benoît XVI arrive. Elle lui a réservé un accueil chaleureux, enthousiaste. C'est un Pape souriant, détendu, en bonne forme, embrassant un bébé, qui a été accueilli par les Turinois et Mgr Poleto. Les paroles du Maire étaient sincères, vibrantes et Benoît XVI a écouté avec attention. Après l'échange des cadeaux entre l'archevêque et le pape, l'accolade a été spontanée, le courant passait bien. J'ai retenu ces mots du cardinal au sujet de Saint-Père: autorité, clairvoyance, affection, humanité, la foi du pape est ressentie et doit être écoutée. Benoît XVI pendant les paroles d'accueil s'est levé pour remercier les fidèles qui applaudissaient. Ce sourire de Benoît qui allait l'accompagner toute la journée était lumineux, apaisant. La messe a été suivie dans un profond recueillement et lors de la procession des offrandes notre Pape a été égal à lui-même; penché vers les participants avec un visage doux, éclairé par un sourire qui dit " vous êtes aimé, compris" il prend le temps d'écouter , de bénir. Qui a dit qu'il n'est pas pasteur? Parmi les personnes qui communiaient de sa main j'ai cru reconnaître l'enfant malade qui, aux Combes, à la fin de l'Angélus du 23 juillet 2006 et accompagné de sa mère, avait retiré sa casquette, embrassé la main de Benoît XVI puis s'était jeté dans ses bras. Notre Benoît avait caressé la petite tête et les épaules de l'enfant. Je me trompe peut-être et j'aimerais bien savoir.(?)
Après le déjeuner pris avec les évêques du Piémont, Benoît XVI a rencontré la famille de Savoie et le nouveau patron du fleuron de l'industrie automobile. RND en avait parlé dès lundi soir et les images de photovat.va confirment les faits.
Ensuite notre Benoît a rencontré les jeunes dans un climat de JMJ malgré la pluie qui n'a pas réussi à doucher leur enthousiasme et n'a pas empêché de lui présenter un baby à embrasser. Il y a eu bien sûr l'hymne de Cologne (j'aime beaucoup cette musique), deux jeunes qui ont parlé, le sourire de notre Pape et son discours plein d'attention, de proximité avec ces jeunes auxquels il montre le chemin pour résister aux sirènes du modernisme, pour ne pas foncer tête baissée dans les bras de toutes les illusions qui prétendent leur apporter le bonheur auquel ils aspirent. C'était la joie, la fête, une grande communion entre ce Pape âgé et cette jeunesse avide de conseils, ravie de se savoir écoutée, comprise, aimée.
L'arrivée à la cathédrale de Turin , toujours sous la pluie, pour la prière devant le Saint-Suaire a permis de remarquer le pas souple, vif du Saint-Père. Pour cette occasion exceptionnelle les religieuses et religieux cloîtrés avaient eu une autorisation de sortie et les visages étaient radieux. J'ai beaucoup apprécié la si belle méditation de Benoît XVI sur le mystère du Samedi Saint et la profondeur du recueillement du Souverain Pontife dans une attitude très simple, pleine de dignité, d'élégance, rien d'exceptionnel puisque ces qualités sont celles de l'homme en toutes circonstances. La tenue blanche avec l'étole brodée d'or magnifique et la croix pectorale qui mettait une touche de couleur donnait au personnage une classe indéniable. Si l'entourage de notre Benoît veillait à l'abriter de la pluie, lui, de son côté, s'avançait le plus possible pour saluer ceux, fort nombreux, qui résistaient vaillamment aux assauts du mauvais temps. Une remarque très féminine : la soutane blanche (est-ce le terme exact?) qu'il porte et qui forme une légère traîne donne beaucoup d'allure à notre Saint-Père; les photos prises de profil lorsqu'il descend les marches ou prend bien garde d'écarter légèrement le vêtement pour plus d'assurance montrent combien cette tenue sied à la distinction, à l'élégance innée de l'homme.
Le voyage s'est terminé avec la rencontre du Pape et des malades, des handicapés, des abandonnés à la Piccola Casa. L'accueil a été triomphal et émouvant. En dépit de la pluie battante il a tenu à saluer, abrité par un parapluie et avant de repartir, tous ceux qui n'avaient pu rentrer et espéraient le voir.
Etait-il fatigué? je le pense mais transcendé par la joie que lui procurait cette visite il n'a rien montré. Il a chanté avec le chœur; patient il a écouté, béni, caressé les mains, les visages, s'est laissé embrasser. Il a reçu de nombreux cadeaux. Pour parler de la maladie, pour s'adresser aux malades, aux défavorisés, le vocabulaire reste poétique, imagé, coloré, pas de misérabilisme mais de l'amour qui vole vers les cœurs éprouvés et les console. Il nous a offert du grand Benoît XVI. C'est ce que j'apprécie infiniment chez ce pasteur tout en délicatesse, retenue, classe mais sans la raideur que lui donnerait un manque d'humanité. L'homme est porté vers les autres et pour être ainsi présent il faut aimer, n'en déplaise à certains.
Le départ avec toujours autant de sourires, de remerciements de la part de ses hôtes mais aussi avec les trésors que Benoît XVI emportait dans son cœur et pour lesquels il remerciait avec sincérité n'était pas un point d'orgue triste car le Pape laissait derrière lui sa parole vibrante, forte, sa foi solide qui sert de guide à ceux qui ont la grâce de le voir, de l'entendre. Les photos prises avec le personnel navigant et dans l'avion montrent, pour moi, que notre Benoît, en dépit des années qui passent, paraît toujours manifester un certain étonnement devant tant d'attentions, tant de déférence souriante qui s'adressent à sa personne. Désolée, je ne suis pas d'accord avec C.P; il ne s'est pas laissé prendre au jeu. Il est pape, il fait son travail de pape mais l'homme est resté humble, fidèle à Joseph Ratzinger; une telle intelligence ne risquait pas de se fourvoyer dans la suffisance.
Que pouvait-on reprocher à cette visite? Rien et c'est peut-être la raison pour laquelle les médias friands de scandales, de flèches empoisonnées n'ont pas jugé utile de lui consacrer des lignes louangeuses; si c'est le cas ils sont encore plus minables que ce que je pensais.

Deux nouvelles de l'Amérique hispanophone Une lettre merveilleuse pour mon site