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Des "appels" au Saint-Père

Ils se répètent (avant de se multiplier?); et cela coïncide avec ce que certains appellent le "tournant du Pontificat"
Cette fois, c'est la sortie annoncée de l'instruction d'application du Motu Proprio de 2007 qui suscite cet international
Appeal for the Preservation of the Integrity of the Motu Proprio Summorum Pontificum (18/2/2011)



Carlota m'écrivait il y a trois jours:
La tradisphère s'inquiète et craint un nouveau coup de Jarnac à l'intérieur du Vatican.

La raison: Une instruction d'application du Motu Proprio Summorum Pontificum est attendue pour les prochains jours. Et elle ne correspondrait pas aux attentes de certains. On a parlé, pour sa sortie, de février, puis de mars, puis des alentours de Pâques. Procédé classique quand on répand une rumeur. Prétendre connaître la date, qui finit par être constamment reculée, puisqu'on l'avait annoncée - à tort - imminente.

J'ai mis de côté provisoirement, n'étant intéressée ni par les intrigues de palais, ni par les querelles de chapelle, et surtout, trouvant qu'il est toujours temps de commenter les nouvelles une fois qu'elles ont été publiées. Pas AVANT.
Nous avons déjà vu l'agitation frénétique qui avait précédé la publication, le 7 juillet 2007, du fameux Motu Proprio, libéralisant la messe ancienne. Une agitation qui n'avait pas fait que du bien, donnant l'impression, déjà, de luttes intestines et de manoeuvres dilatoires, visant à différer sa sortie.

J'ai lu depuis lors, sur le blog de Paolo Rodari, une note sur le sujet, et j'ai donc fait quelques recherches sur la question.

Il semble que tout soit parti d'un billet paru sur le blog traditionaliste en anglais Rorate coeli (que je ne connais que de nom). L'article initial de ce site aurait d'ailleurs mystérieusement disparu depuis. L'information a été reprise par Messa in Latino, bien connu de mes lecteurs (et je l'avoue, souvent appécié), puis d'autres sites, qualifiés de "très lus" ou d'"influents", comme celui de Damian Thompson, ou de Father Z.

Bref, voici ce que disait l'article de Rorate Coeli, traduit par le site français www.summorum-pontificum.fr/

Cette instruction pourrait, en fait, retrancher substantiellement à l’interprétation qui a prévalu jusqu’à présent du texte limpide du motu proprio. Au lieu de confirmer que Summorum Pontificum est une loi universelle de l’Église, comme le pape l’a déclaré en 2007, l’instruction pourrait interpréter le motu proprio comme un simple “privilège” accordé aux traditionalistes, ce qui constituerait une sorte de retour à l’esprit du motu proprio Ecclesia Dei Adflicta de 1988. Cela n’est pas une bonne nouvelle pour l’Église…
Selon la source, ces changements pourraient être l’œuvre de l’homme fort de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Promoteur de la justice, Monseigneur Charles J. Scicluna apprécié en haut lieu pour son attitude ferme envers les scandales sexuels du clergé.

Paolo Rodari, même s'il a l'habitude pas forcément positive de chasser le scoop "vatican", est généralement très, très bien informé. Et voici ce qu'il écrit sur son blog Palazzo Apostolico, se référant directement aux blogs cités ci-dessus:

On écrit dans certains blogs qu'au Vatican, on cherche à diluer (atténuer) le décret d'application du Motu proprio Summorum Pontificum.
En substance, selon ces blogs, le décret, au lieu de donner une plus grande impulsion au Motu proprio en expliquant aux évêques la meilleure façon de le mettre en oeuvre, dirait que l'ancienne liturgie est juste une concessionaux «traditionalistes» en reconnaissance de leur sensibilité particulière. Toujours selon ces blogs le responsables de cette atténuation serait Mgr Charles Scicluna, promoteur de justice maltais membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et le cardinal Antonio Canizares Llovera, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin.

J'ai personnellement fait les vérifications nécessaires et je peux dire que, selon des sources à l'intérieur du Vatican, les informations données ci-dessus "sont totalement dénuées de fondement." Le décret d'application n'atténuera rien et ni Canizares ni Scicluna ne travaillent dans cette direction.

La Commission pontificale Ecclesia Dei, qui est actuellement présidé par le préfet de la Doctrine de la Foi, le cardinal William Joseph Levada, qui a déjà préparé le texte du décret, attend que soit fini le difficile travail de la traduction, et compte publier le tout (à condition que les traductions ne souffrent pas de retards) avant Pâques.

Depuis, je vois qu'un site multilinge a été ouvert, son titre est en anglais "Appeal for the Preservation of the Integrity of the Motu Proprio Summorum Pontificum" .
On y lit, entre autre:

Nous, soussignés,
....
Remarquons avec inquiétude des signes apparents d'une remise en cause à venir de Summorum Pontificum qui viderait de sa substance, en quelque sorte, ce que Sa Sainteté a légalement établi dans ce Motu Proprio, et qui en altérerait sa large application exprimée de façon si éloquente par Sa Sainteté dans sa généreuse lettre qui l'accompagne : "Ouvrons généreusement notre cœur et laissons entrer tout ce à quoi la foi elle-même fait place."
....
Exprimons notre profonde inquiétude au sujet de toute mesure restrictive qui serait cause de scandale, de désunion et de souffrance dans l'Eglise et qui découragerait la réconciliation si ardemment désirée par Sa Sainteté, et qui entraverait le renouveau futur de la liturgie en continuité avec la Tradition, qui est déjà un fruit évident de son pontificat.
...
Tournons vers vous, Très Saint Père, notre confiance filiale de filles et de fils obéissants, et nous demandons que soient considérée notre inquiétude et que Sa Sainteté intervienne si elle le juge nécessaire.
-------------

Puisque chacun donne son avis

... pourquoi pas le mien?
-----------------

Décidément, cela devient une manie de tirer le Saint-Père par la soutane, avec des intentions plus ou moins bien (ou mal)veillantes, dès qu'il s'apprête à prendre une mesure d'importance: là, un décret, ici un voyage, ou une rencontre.
Je mets de côté les appels du genre "Pas de négationnistes dans l'Eglise" de février 2009, ou, tout récemment, celui des théologiens allemands, réclamant des "ouvertures" dont on trouvera le détail ici. Ceux-là étaient clairement hostiles, mais, considérant d'où ils émanaient, dans l'ordre des choses.
Dans le genre "respectueux, mais critiques", les initiatives prennent de l'ampleur, et elles coïncident clairement avec ce que certains ne se gênent pas pour nommer le "tournant du pontificat": nous avions eu, en novembre 2009 "l'appel pour un art sacré authentiquement chrétien" (je l'ai signé, n'y voyant à l'époque aucun mal!) et, le mois dernier, l'appel de catholiques italiens demandant au Saint-Père de ne pas aller à Assise.
Et aujourd'hui, celui-là!
A quand le prochain?

D'abord, supposer que le saint-Père pourrait apposer sa signature au bas d'un document qu'il n'approuverait pas est impensable, et insultant pour lui. C'est pourtant l'artifice que les signataires ont trouvé pour maintenir la fiction de leur loyauté vis à vis du Pape. On pense au bon peuple qui, avant la Révolution, disait, paraît-il "si le Roi savait!". Ce qu'on sait, hélas, c'est comment cela a fini (je ne compare pas, évidemment)

Je pose donc ces questions:
- tous ces fidèles qui se confondent en protestations d'affection, de fidélité et de respect, et qui se proclament fils obéissants, tout en prétendant que le Saint-Père fasse ce qu'eux souhaitent, quel titre ont-ils pour se permettre d'apprendre au Pape à faire le Pape?
- la divulgation, par des rumeurs, à coup de conditionnels, sous couvert de "sources anonymes" et - forcément - bien informées, de prétendues intrigues, derrière "les murs du Vatican" ne rencontre pas sans dommage pour l'Eglise l'hostilité d'une opinion publique formatée déjà toute prête à soupçonner des "coups de Jarnac" (comme les nomme irrévérencieusement mon amie) et des secrets inavouables derrière chaque décision.

Et, pour finir: je ne sais pas si les inquiètudes des pétitionnaires (car c'est de cela qu'il s'agit!) sont fondées ou non. Personnellement, je préférerais que ce soit non. Mais c'est l'avenir qui le dira. Je persiste à trouver déplacé de démolire à coup de petites phrases et d'insinuations un texte pas encore sorti, dans l'unique but de faire pression sur le Pape.

Enfin, qui est l'auteur des fuites? A qui profitent-elles?






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