Rechercher:

Pages spéciales:

Page d'accueil

Vatileaks

Consistoire

Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Venu de l’extrême-gauche, comme beaucoup d’intellectuels qui ont viré depuis (on pense à Giuliano Ferrara, à Alain Besançon…), historien autodidacte, il suscite une violente controverse pour ses travaux sur la guerre d'Espagne. Interviewe sur le site Infocatolicà, traduite par Carlota (14/1/2012)

De nombreux éléments "collent" de façon étonnante à ce qui se déroule sous nos yeux en France. Il suffit de remplacer PP par UMP et PSOE par PS!!

Carlota

Voici la traduction d’un entretien accordé par le journaliste et historien espagnol Pío Moa (1) à Bruno Moreno d’InfoCatólica.
À suivre ensuite son portrait par le Père Fortea qui a généralement le jugement très aiguisé (pour ne pas dire la dent dure) et son langage est tout sauf celui de la langue de buis. Mais Pío Moa est depuis longtemps dans la cour des Gentils et pas très loin de la porte du Temple, même s’il ne le croit ou ne le veut pas.

« L’héritage chrétien a beaucoup plus de positif que de négatif »

Dans une entrevue accordée à InfoCatólica, Pío Moa aborde avec sa perspicacité habituelle des thèmes autant historiques que d’actualité : le Parti Populaire (PP) obsédé par l’économie et par la peur de l’apparition de nouveaux partis, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) comme le « parti le plus néfaste du XXème siècle», la démagogie homosexualiste, son départ de Libertad Digital ou la Guerre Civile.
Bien qu’il ne soit pas croyant il se considère comme un « chrétien culturel » (ndlr: cela correspond sans doute aux athées dévots italiens) il affirme que le christianisme est la base de la culture occidentale, il loue l’héritage chrétien en Espagne et réfléchit sur la relation entre la foi, la raison et la moral.

(Bruno Moreno/InfoCatólica) – Vous avez parlé de quatre crises dans lesquelles est immergée l’Espagne: territoriale, institutionnelle, économique et morale. Croyez-vous que le gouvernement du PP est conscient de ces crises et qu’il pourra en sortir le pays ou tout au moins essaiera de le faire?

- Je ne le crois pas. Le PP est un conglomérat de politiques de différentes idéologies, et même, sans aucune autre idée que la politique, en supposant qu’ils y comprennent quelque chose en économie. L’idéal serait qu’ils se décomposent en deux partis avec des idées clairement distinguables. Mais ce qui les unit c’est l’existence du PSOE (2) qui est le parti le plus néfaste du XXème siècle espagnol et ce que nous retenons de lui. Il y a une espèce d’opposition/complicité entre les deux partis et le PP trouve intérêt au maintien de ce duopole. Ce qu’il craint le plus c’est que surgissent de nouveaux partis avec un programme et une direction claire. Evidemment au jour d’aujourd’hui c’est une crainte infondée, car rien ne sort d’appréciable d’aucun endroit, bien qu’il y ait quelques petites tentatives...

Que pensez-vous qu’il va se passer durant cette législature avec la législation sur l’avortement, le mariage homosexuel, l’euthanasie ou la « mémoire historique »?

- Je ne pense rien car le futur ne s’écrit pas. Mais je juge par rapport au type d’opposition qu’a mené le PP et par les déclarations de Mariano Rajoy (ndt le nouveau chef du gouvernement) et cie. Le PP n’a pas de véritable discours politique et dès que le PSOE met sa démagogie sur ces terrains-là il est incapable de la réfuter et se porter vers les gens avec un message différent. Cela peut arriver du fait de différentes causes : par incapacité politique, parce qu’on pense aborder des questions de ce genre avec plus de discrétion et petit à petit, après être parvenu à résoudre la crise, ou parce que dans le fond il y a des courants plus forts, aujourd’hui dominants au sein du PP, qui sont d’accord avec les initiatives socialistes…

L’une des affirmations qui vous ont valu le plus grand nombre de disqualifications est d'avoir fait référence au fait, apparemment évident, que l’homosexualité ne peut se comparer à l’hétérosexualité comme tendance normale. Pourquoi cette réaction viscérale contre vous ?

- Que l’homosexualité soit un défaut (ndlr: selon la formule consacrée, ceci est une citation qui n'implique pas la responsabilité de l'auteur de ce site) est quelque chose de si évident que le simple fait d’avoir à l’argumenter révèle le labyrinthe mental auquel nous a conduit la démagogie « progressiste ». Et non moins révélateur est le fait que les répliques aient été insultantes et despotiques, avec la prétention implicite ou explicite de faire taire toute opposition. C’est une chose que de ne pas harceler un homosexuel parce qu’il a ce défaut (qui n’a pas de défaut?) et une autre chose est la politique d’un ensemble de mafias homosexualistes, avec un soutien féministe et « progressiste » en général, qui essaient d’imposer leurs absurdités dans la société et depuis le pouvoir. Leur jeu est double : d’une part, ils usurpent une représentativité qu’ils n’ont pas, car beaucoup d’homosexuels, - je crois la majorité - ne pensent pas comme ces mafias, et d’autre part ils jouent constamment au victimisme. Celui qui se croit victime a tendance à réagir avec une furie spéciale face aux critiques, et par ailleurs présenter quelqu’un, n’importe quel collectif comme victime, qu’il le soit ou non et quel que soit le niveau de victimisation (qui n’est pas ou ne sent pas victime de quelque chose ?) vous gagne automatiquement la sympathie de beaucoup de personnes bien intentionnées ou mal informées (ndt ce principe perd malheureusement de son intensité quand il s’agit de victimes chrétiennes qui au contraire embêtent tout le monde!). L’homosexualité et le féminisme sont en relation étroite avec le phénomène de mauvaise santé sociale ou de mauvaise qualité de la vie comme l’avortement et l’échec familial massif, et avec des conséquences qui en découlent comme la drogue, différentes formes de délinquances, etc. J’ai écrit sur le portail Libertad Digital une série d’articles sur tout cela sous l’épigraphe de la Santé Sociale (cf http://www.libertaddigital.com - Pío Moa a en plus commis le crime de lèse majesté progressiste en disant notamment qu'en ce qui concerne les indices qui permettent de juger la « santé » d’une société : « …la société a expérimenté un marche en arrière considérable durant la Transition (ndt entre 1975 et 1982) et il me semble que depuis lors les choses ne se sont pas améliorées, mais ont mieux encore empiré »).

...

– Comme spécialiste de la dernière Guerre Civile espagnole, croyez-vous que ce fut principalement le catholicisme qui a empêché que l’Espagne se soit transformée en un régime communiste comme ceux de l’Europe de l’Est ?

- Le catholicisme et le patriotisme ont joué le rôle essentiel sur le plan idéologique. Le marxisme, l’anarchisme et les séparatismes qui composaient le gros du camp « rouge », ont eu besoin de se couvrir avec la prétention absolument trompeuse qu’ils étaient des démocrates et qu’ils luttaient « pour la liberté ». Justement, ce sont eux qui ont ruiné la possibilité pour la république de se développer comme une démocratie normale, avec le soulèvement version guerre civile de 1934 puis avec le Front Populaire, comme je crois l’avoir démontré dans ma trilogie sur la république et la guerre, et les mythes de la guerre civile (ndt voirt ici où il précise notamment qu’elle était la place et les responsabilités du PSOE dans le déclenchement de la guerre civile). En tout cas personne n’a été capable de me réfuter jusqu’à maintenant. Le marxisme et les séparatismes portent la guerre civile et le despotisme dans leur essence idéologique propre

Vous avez cherché la vérité durant votre vie, même quand cela impliquait d’accepter que vous vous étiez trompé. Pendant longtemps vous avez défendu une idéologie antichrétienne. Que pensez-vous maintenant du christianisme et de l’Église ?

- Le christianisme représente la base, ou une base essentielle, de la culture que nous identifions comme occidentale et concrètement espagnole. Je ne suis pas croyant et je crois qu’il n’est pas nécessaire de l’être pour comprendre ce point clef. Je me considère comme un chrétien culturel, pour le dire de cette façon, et je pense que l’héritage chrétien a beaucoup plus de positif que de négatif, et que les tentatives de le remplacer par des idéologies qui promettent le ciel sur la terre ont provoqué déjà assez de désastres pour ne pas adopter une posture naïve envers elles.

Qu’est ce qui vous attire le plus dans la foi catholique? Et ce qui vous paraît le plus difficile à accepter?

- Disons que d’une manière générale je ne suis pas un homme de foi, surtout après certaines expériences car les idéologies anti-religieuses impliquent aussi une foi. L’un des avantages de la culture occidentale a été la séparation entre le pouvoir religieux et le politique, séparation relative et conflictuelle, par ailleurs, mais bénéfique dans son ensemble. Je crois que l’Église a commis en Espagne de sérieuses erreurs politiques ces dernières décennies, et le style et la mentalité ecclésiale n’ont jamais été en accord avec mon caractère, même si je leur reconnais le plein droit d’exister, bien évidemment. Un enseignement qui me reste à suivre pour moi, c’est l’étude de la religion dans la configuration des cultures. La société humaine ne peut subsister sans morale, mais la morale renvoie toujours à des idées religieuses, difficiles à comprendre rationnellement. D’une certaine façon, une définition de l’homme serait beaucoup plus qu’un animal rationnel, un animal religieux. J’ai l’intention d’explorer cet hypothèse à un moment. (ndt Il est les deux comme le montre si bien le Saint Père !).

Vous avez signalé que beaucoup de politiques ont une obsession qui consiste à attaquer la civilisation occidentale et le christianisme, même si c’est en s’alliant à des “civilisations” qui avec la plus grande virulence nient les idées que ces mêmes politiques affirment défendre. Pourquoi cette haine si singulière contre le christianisme et la civilisation construite à partir de lui ?

- Cela vient de l’esprit des Lumières . Parce qu’ils croyaient pouvoir substituer à la foi la raison, bien que l’usage de la raison ne donne pas lieu, comme implicitement ils le supposaient, à des solutions radicales et univoques, mais à des conclusions différentes et même opposées. J’ai fait référence à cela mon livre « Une nouvelle histoire de l’Espagne (ndt cf ici). Ce qui reste au final c’est le commun rejet de l’Église et la transformation de la raison en une foi triviale (ndt et si l’on disait qu'une foi en avait remplacé une autre, et que cette foi ne cheminait plus avec la raison ?). Durant notre guerre civile, on a eu ce phénomène : ceux de la gauche et des séparatismes, se sont entre-tués et ce n’est pas par hasard si la guerre s'est terminée en guerre civile entre la gauche elle-même. La seule chose qui leur donnait une certaine unité et cohésion apparente c’était la commune opposition radicale aux nationaux (ndt en référence aux troupes dites nationales dirigées par le général Franco), qui supposait aussi une opposition au christianisme


Notes de traduction



1.- Pío Moa voir sa fiche wikipedia en français ici qui est assez objective. Il est sujet à controverses essentiellement par rapport au politiquement correct en vigueur. Ses travaux sur la Guerre Civile espagnole sont au contraires tout à fait reconnus par les historiens qui font autorité comme le Nord-Américain Stanley G. Payne et l’Espagnol Ricardo de la Cierva y de Hoces dont le père fut assassiné à Paracuellos (voir benoit-et-moi.fr/2011-III/)

2.- Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) fondé en 1879, était devenu sous la Sde République Espagnole le parti le plus important et le mieux structuré d’Espagne, même s’il a connu une petite scission avec la création du Parti Communiste Espagnol en 1920. L’un de ses dirigeants historiques et de l’Union Générale des Travailleurs (UGT) a été notamment Francisco Largo Caballero (1869-1946) qui fut aussi ministre du Travail (1931-1933) et Président du Gouvernement entre 1936-1937, l’une des périodes de la guerre civile où il y eu sans doute le plus grands nombres de martyrs catholiques espagnols exterminés par haine de la foi.

* * *

Voilà ce que disait récemment le Père Fortea au sujet de Pío Moa, sur son blog (original ici), et j’aimerai sincèrement qu’ils se retrouvent un jour ensemble sur ce chemin qui mène à Lui (et pourquoi mon cher Padre Pío ne le regarderait-il pas de temps en temps) même si en disant cela, j’apparaîtrais comme une incorrigible catholique sans doute un peu ridicule aux athées de bonne volonté…Pour les autres, « la seule église qui éclaire c’est celle qui brûle », disent – ils toujours plus ou moins ouvertement. Mais la lucidité et l’espérance sont tout autant vertus.

Pío Moa, mon opinion sur lui

30 déc. 2011
P. José Antonio Fortea Cucurull

Je veux depuis ce blogue manifester ma grande admiration pour Pío Moa. Je suis un admirateur plus que convaincu de cet historien dont la précision, l’amour pour le détail et l’aplomb est impressionnant.

Son aplomb dans les débats et réunions est quelque chose de jamais vu. Jamais je ne l’ai vu perdre sa sérénité. Sa voix profonde et grave paraît être celle de l’Histoire.

Faire ces éloges à un être vivant et non catholique, ni même croyant, est toujours dangereux. La semaine prochaine il fera quelque chose qui me fera m’exclamer : bon sang je l’ai choisi au mauvais moment. Mais tant pis, il le mérite. Pío Moa me paraît être le dernier homme libre d’Espagne. L’unique qui peut dire ce qu’il pense sans faire de calculs, sans se demander une fois ou une autre, est-ce politiquement correct ? Pío Moa est un géant. Je vous assure qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes avec ses qualités.

En général je n’ai pas l’habitude de faire des éloges aussi enthousiastes à aucun vivant. L’expérience m’a démontré que, dans le domaine des éloges, les morts sont plus sûrs. Et même les défunts, à l’occasion, ils leur arrivent de nous surprendre. Le pire c’est de faire l’éloge de quelqu’un et d’avoir à reconnaître un mois plus tard : ah, oui, je suis un idiot. C’est pour cela que dans mes derniers articles de ce blogue je me suis consacré à faire seulement l’éloge des anges (ndt il s’agit pas d’une boutade, le P. Fortea vient de traitement longuement ce sujet). Normalement ils n’ont pas l’habitude de nous faire des surprises. Mais les temps se font tellement sans dessus dessous ; que si cela continue ainsi, je ne vais plus faire l’éloge que des pyramides et des sarcophages puniques.