Rechercher:

Pages spéciales:

Page d'accueil

Vatileaks

Consistoire

Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Le neutrino n'est pas plus rapide que la lumière... enfin, pour le moment. Ou comment des recherches hyper-pointues deviennent, par la magie des medias, des conversations de comptoir (24/2/2012).

Lu sur le site de 20' (AFP)

Excès de vitesse des neutrinos: peut-être un simple problème de connexion
(20 minutes , 23 février 2012)
--------------
Albert Einstein n'est peut-être pas encore dépassé. L'expérience Opera, qui avait ébranlé le monde scientifique en mesurant des neutrinos allant plus vite que la lumière, ne serait peut-être que le résultat d'un «petit décalage» au sein d'une connexion en fibre optique.
...
L'annonce fin septembre de résultats en contradiction avec la théorie de relativité d'Einstein avait secoué les physiciens, toujours nombreux à douter de leur validité.
Sur une «course de fond» de 730 km entre les installations du Cern à Genève et le laboratoire souterrain de Gran Sasso en Italie, les neutrinos, des particulaires élémentaires, franchissaient la ligne d'arrivée avec près de 20 mètres (ou 60 nanosecondes) d'avance sur la lumière, selon les mesures effectuées.
Selon des informations publiées mercredi sur un blog de la revue scientifique américaine Science, «une mauvaise connexion entre un GPS et un ordinateur est sans doute à l'origine de l'erreur».

La science au temps des medias
Fabio Spina, La Bussola
24/02/2012
------------------
Le neutrino n'est pas plus rapide que la lumière.
C'est du moins l'hypothèse actuelle, communiquée par la même équipe scientifique qui en Septembre dernier avait annoncé le résultat sensationnel de l'expérience Opera de l'accélérateur de particules LHC au CERN à Genève.
A cette époque, le 29 Septembre, voici ce que nous écrivions à propos du neutrino-Superman: "Le résultat de l'expérience, malgré l'autorité de l'équipe de recherche et la grande publicité déjà donnée à la nouvelle, est toujours en cours de vérification. Compte tenu de la faible différence à l'arrivée et des hautes vitesses des «concurrents», il pourrait y avoir encore des incertitudes telles qu'elles invalideraient le résultat. Celles-ci peuvent être dues à des erreurs relativement petites, que l'équipe peut, par inadvertance avoir omis de prendre en compte, par exemple à la suite d'imprécisions mineures dans la mesure du temps au départ et à l'arrivée, de la synchronisation de deux chronomètres, de la mesure de la distance entre les laboratoires de départ et d'arrivée».

Aujourd'hui est arrivé ponctuellement de la part des scientifiques le démenti, pas encore définitif, de l'existence du neutrino-Superman. Un interrupteur ni allumé ni éteint et une horloge atomique pas parfaitement calibrée, semblent avoir affecté les mesures qui, il y a exactement cinq mois, le 23 Septembre 2011, faisaient battre par les neutrinos la vitesse de la lumière. Si une partie du monde scientifique, la revue "Science" en tête, n'hésite pas à parler d' «erreur», les choses sont en réalité beaucoup plus complexes et l'histoire est loin d'être close.

« De même que nous avons eu nos doutes au début, nous les avons toujours. Nous avons travaillé dur pour chercher la cause de cette anomalie», a déclaré le physicien Antonio Ereditato, coordinateur de la collaboration Opéra aux Laboratoires Nationaux du Gran Sasso de l'Institut national de physique nucléaire (INFN).
De la part d'Ereditato et de son groupe de recherche, il n'y a jamais eu de coup de force: «Dans une transparence et une honnêteté totales et responsables - a-t-il dit - nous présentons ces nouvelles données avec le même niveau de doute avec lequel nous avons annoncé en Septembre de l'année dernière l'anomalie dans la mesure de la vitesse des neutrinos. Nous devons rester calmes, parce que même maintenant, nous n'avons pas de certitude».

Une position partagée par le directeur scientifique du CERN, Sergio Bertolucci, pour lequel «la situation reste ouverte jusqu'à ce qu'il y ait de nouvelles mesures indépendantes». Pour le président de l'INFN, Fernando Ferroni, lui aussi, déjà en Septembre les chercheurs «avaient dit que la mesure relevée était une anomalie et qu'ils allaient tenter de voir si quelque chose n'allait pas. Le fait qu'ils l'aient maintenant trouvé est tout à leur avantage: ils ont tenu parole ».

Mais le dernier mot reviendra une fois de plus aux données expérimentales. La première chose que les chercheurs ont faite a été de demander au Cern la possibilité de répéter l'expérience. De nouveaux tests sont prévus en mai prochain, pour mesurer la vitesse du faisceau de neutrinos entre le CERN à Genève et le Laboratoire national du Gran Sasso de l'Institut national de physique nucléaire (INFN).

Il est normal que le chemin de la connaissance à travers la méthode méthode scientifique procède de succès en échecs, étant constellé de théories principes, constantes universelles et "falsifications" / résultats expérimentaux.

Ces dernières années, les médias ont rendu immédiatement sensationnels, exceptionnels, sujets de comptoir, nombre d'informations relatives à d'éventuels nouveaux résultats expérimentaux ou à des théories qui,autrefois auraient fait l'objet de discussions entre experts au cours des conférences et dans des revues. Ceci arrive parce que le système de communication tend à simplifier et à amplifier, parfois jusqu'à l'excès, les effets possibles de la découverte sur la vie des gens.

Le fiasco récent peut-être le plus célèbre fut celui de la fusion à froid avec le Palladium. Après le tollé provoqué en 1989 par les expériences de Martin Fleischmann et Stanley Pons, de l'Université de Salt Lake City dans l'Utah, les scientifiques ont reconnu certaines erreurs dans la mesure de l'énergie libérée par la cellule électrolytique, et surtout dans la mesure du flux de neutrons qui auraient été produit par la réaction. Et combien de fois a-t-on annoncé la nouvelle de la découverte du médicament, de la méthode de diagnostic, de l'identification du gène qui rendraient possible la guérison du cancer? Ou combien de fois ont été découvertes scientifiquement les fameuse traces de vie dans l'univers, ou la vie produite en laboratoire à partir de zéro? Presque chaque jour, dans les journaux il y a une recherche «historique» qui montre avec certitude la culpabilité de l'homme dans le changement climatique, il n'y a pas de quoi être surpris quand, le lendemain, une autre est publiée, qui identifie avec certitude d'autres responsables.

Nous ne parlons pas des «mensonges de la science» notoires, par lesquels certains scientifiques ont recours à de fausses données pour mettre en évidence des résultats scientifiques remarquables: la normalité, c'est qu'on ne peut plus considérer les vérités scientifiques comme des certitudes immuables dans le temps, comme on l'a cru au cours de la période positiviste.
A la vérité, on «parvient» asymptotiquement, par des approximations, des expériences devenues si complexes que des personnes du plus haut niveau peuvent faire des erreurs de bonne foi.

Cette prise de conscience ne diminue en rien le travail et les résultats de nombreux scientifiques sérieux.
À cet égard, comment pouvons-nous oublier les paroles du discours du Pape Jean-Paul II, le 10 Juin 1997, pour le 600e anniversaire de l'Université Jagellonne: «Si aujourd'hui, comme Pape, je suis ici avec vous, hommes de science, c'est pour vous dire que l'homme d'aujourd'hui a besoin de vous. Il a besoin de votre curiosité scientifique, de votre perspicacité à poser des questions et chercher des réponses, et de votre honnêteté. Il a également besoin de cette transcendance spécifique qui est le propre des Universités. La recherche de la vérité, même quand il s'agit d'une réalité limitée du monde ou de l'homme, n'a pas de fin , elle se réfère toujours à quelque chose qui est au-delà de l'objet immédiat de l'étude, vers les interrogations qui ouvrent l'accès au Mystère. Combien il est important que la pensée humaine ne se ferme pas à la réalité du Mystère, que ne manque pas à l'homme la sensibilité au Mystère, que ne lui manque pas le courage d'aller en profondeur».

En reconnaissant l'importance de la science, l'homme de bonne volonté ne doit pas oublier , dans le même temps - comme le pape Benoît XVI l'a écrit - que «Francis Bacon et les adeptes du courant de pensée de l'ère moderne qu'il a inspiré, en considérant que l'homme serait racheté par la science, se trompaient. Par une telle attente, on demande trop à la science; cette sorte d'espérance est fallacieuse. La science peut contribuer beaucoup à l'humanisation du monde et de l'humanité. Cependant, elle peut aussi détruire l'homme et le monde si elle n'est pas orientée par des forces qui se trouvent hors d'elle. D'autre part, nous devons aussi constater que le christianisme moderne, face aux succès de la science dans la structuration progressive du monde, ne s'était en grande partie concentré que sur l'individu et sur son salut. Par là, il a restreint l'horizon de son espérance et n'a même pas reconnu suffisamment la grandeur de sa tâche, même si ce qu'il a continué à faire pour la formation de l'homme et pour le soin des plus faibles et des personnes qui souffrent reste important.
Ce n'est pas la science qui rachète l'homme. L'homme est racheté par l'amour
».

(ndt: Spe Salvi, §25-26, site du Vatican)