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Rétrospective 2011

J.L. Restàn revient sur le discours du Pape aux évêques américains, en visite ad limina. Traduction de Carlota. (21/3/2012)

-> Lire ici:
Discours aux évêque américains

     


Dans notre Waterloo éducatif
http://www.paginasdigital.es/
José Luis Restán
15/03/2012
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Un groupe nourri d’évêques des États-Unis, en visite ad limina, écoutait le Pape.
Benoît XVI a choisi un thème au vitriol pour la culture actuelle: la valeur humaine (existentielle, culturelle, politique) du mariage et de la famille. Mais à côté de ce thème, brûlant comme il y a en peu dans le monde anglo-saxon, le Pape a mis en lumière un autre thème au maniement incommode pour les responsables de l’église : l’éducation de l’affectivité.

La presse dans sa majorité a souligné que le Pape était descendu dans l’arène pour débattre sur le mariage, alors que plusieurs états de l’Union s’apprêtent à voter par référendum leur définition légale du dit mariage.
Benoît XVI détecte les puissants courants culturels et politiques qui essaient d’altérer la définition légale du mariage et demande à l’Église qu’elle s’implique ouvertement dans la bataille qu’il considère cruciale pour le futur de l’humanité. Il affirme que la différence sexuelle ne peut pas être considérée comme insignifiante dans la définition du mariage, puisqu’elle est la forme essentielle de sa nature et de sa mission. Le Pape sait que là nous touchons le point dur de la mentalité héritée de 1968, que c’est là que se joue l’alternative entre une culture qui reconnaît la donnée humaine et la sert, et l’autre qui prétend réinventer arbitrairement l’homme depuis le pouvoir [en place].

Pour cela, il demande aux évêques un effort qu’il sait plein de risques et de coûts. Parce que toute personne qui rentre aujourd’hui dans la bataille ne peut en sortir indemne, sans blessures. Mais Benoît XVI ne demande pas principalement un déploiement de gros muscles mais un effort de la raison et une disposition au témoignage. En commençant par le catéchisme lui-même et la formation du peuple chrétien, qui en cette matière a laissé beaucoup à désirer dansde nombreux milieux du monde anglo-saxon. En assumant aussi la lourde charge que suppose pour l’Église aux Etats-Unis la cruelle expérience des cas d’abus sexuels.

Néanmoins, on a peu souligné la seconde partie du discours de Benoît XVI, à mon avis la plus originale.
Là il aborde la question de l’éducation affective des jeunes, un point qui fait trembler plus d’un responsable ecclésial. Et ce qui perturbe, c’est que le Pape n’est pas en conformité avec l’exposé du discours correct : une « formation du cœur » est nécessaire pour permettre de reconnaître la proposition chrétienne sur la sexualité comme source de véritable liberté, de bonheur et d’accomplissement de la vocation de l’homme à l’amour. « Ce n’est pas une simple question de présenter des arguments », souligne-t-il, mais d’accompagner les jeunes dans la vérification de ce que cette proposition rend la vie plus grande, plus belle et plus heureuse. Et nous pouvons bien nous époumoner à crier les principes, si cette certitude manque.

Dans l’ambiance actuelle la proposition chrétienne peut être considérée comme contre-culturelle, mais sa force réside uniquement dans sa vérité humaine, existentielle, par conséquent dans ce que l’on peut éprouver dans sa propre vie. C’est une invitation vertigineuse que lance Benoît XVI aux parents, aux catéchistes, aux prêtres et à tous ceux qui ont une fonction éducative. Nous savons bien jusqu’à quel point la question de l’affectivité est la falaise contre laquelle se brisent si souvent les meilleurs commencements d’un cheminement chrétien. Et non seulement du fait de la faiblesse des raisonnements de tant de catéchismes archi-pauvres, moralisants et mis en échec dès le départ. Mais du manque de cette vérification risquée (le risque est éducatif !) à laquelle nous invite le Pape, qui exige non seulement de dispenser des règles mais de s’impliquer dans une relation dans laquelle le témoin doit être disposé à « payer » avec sa propre vie. Et plus encore quand il s’agit de cet angle où s’exprime radicalement notre besoin d’aimer et d’être aimés.

Une chose est claire : sans l’expérience de ce que la proposition chrétienne rend l’amour plus fort, libre et beau, nous verrons maintes et maintes fois les jeunes se perdre dans le puisard (ndt: Le mot espagnol correspond à l’idée de tuyau, une conduite recevant des eaux) de l’affectivité. Et c’est quelque chose de pathétique si nous pensons à la promesse de Jésus : « Celui qui me suivra aura là le "cent pour un" … et la vie éternelle ». Heureusement que Pierre nous pousse encore vers la pleine mer.

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Remarques complémentaire de traduction

(*) Je remercie don José Luis de s’associer par le choix de son titre, Waterloo, à cette défaite française, car si l’Espagne combattit et fut vaincue comme alliée, peut-être un peu contrainte, des Français, à Trafalgar (21 octobre 1805), elle ne l’était plus, évidemment, le 18 juin 1815 ! De toute façon, la déroute dont il est question plus haut est mondiale.

(**) Ici un article sur une déclaration de Nicolas Sarkozy qui aurait parlé du « mariage » homosexuel avec le Pape et qui donnerait son avis sur les notions de pécheur et de péché. Bien sûr ces déclarations et le journal suisse « La côte » (du lac Léman) qui les rapportent, sont à prendre avec les précautions d’usage.