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Les formidables reportages du site LPJ

Ce n'est pas souvent qu'on a droit, à l'occasion d'un voyage à l'étranger du Saint-Père à des témoignages aussi beaux, chauds et colorés, "de l'intérieur". A savourer et à archiver (6/6/2010)

Ce sont des témoignages directs, écrits avec le coeur, qu'on ne peut comparer avec aucun article de journaliste.
Sur le site, il y a aussi des "albums-photos" superbes. Et les discours et homélies du Saint-Père, ainsi que ceux de ses hôtes, Chrisostome II, et le Patriarche Fouad, très intéressants pour mettre en respective avec les réponses du Pape.
A suivre...

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Messe à l'Eglise Latine de la Sainte-Croix, à Nicosie

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« En embrassant la croix, les chrétiens du Moyen-Orient peuvent faire rayonner l’espérance »

Lors de la messe qu’il a célébrée aujourd’hui 5 juin à l’église latine de la Sainte-Croix, à Nicosie, Benoît XVI a livré une méditation très profonde sur le mystère de la croix comme « triomphe définitif de l’amour de Dieu sur toutes les formes de mal dans le monde ». Devant les religieux, religieuses, catéchistes et membres des mouvements catholiques réunis dans la petite église, le Pape a pointé l’enjeu essentiel de la présence des chrétiens à Chypre et dans tout le Moyen-Orient : sans une espérance ancrée en Dieu, leur croix quotidienne sera trop lourde à porter. Au contraire, s’ils accueillent souffrances et difficultés non comme une fatalité mais comme une vocation, alors tout devient possible. « En embrassant la croix, les chrétiens du Moyen-Orient peuvent faire rayonner l’espérance ».

L’église latine de la Sainte-Croix, située au beau milieu de la zone tampon de Nicosie sous surveillance de l’ONU, est à l’image de la communauté catholique de Chypre : petite. Aussi, pour avoir le privilège de vivre la messe avec le Pape, les places étaient-elles comptées. Le pape ayant voulu prier et célébrer la messe avec les religieux, religieuses, catéchistes et membres des mouvements catholiques de l’île, ces derniers ont eu la priorité. Aux premiers rangs, juste derrière les bancs des concélébrants – Patriarches, évêques et prêtres –, les cinq congrégations religieuses catholiques de Chypre étaient dignement représentées : Franciscaines missionnaires du Sacré-Cœur (42 dans le pays), les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition (8), les sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours (3), les sœurs de Bethléem (5) et les sœurs antonines maronites (3).

Le reste de l’assistance était composée de fidèles impliqués dans la pastorale, notamment la catéchèse, l’animation liturgique et les multiples services rendus aux personnes dans les domaines de la santé, de l’enseignement et de l’aide aux travailleurs étrangers essentiellement.

Comme à chaque célébration, les chevaliers et dames de l’ordre du Saint-Sépulcre, principal soutien du Patriarcat latin de Jérusalem, étaient également présents, de même que quelques familles catholiques de l’ONU.

La chorale, remarquable, était composée de Latins – locaux et immigrés – et de Maronites, symbole de la riche diversité de la petite communauté catholique chypriote.

Parmi les concélébrants assis au premier rang, on pouvait reconnaître, assis côte-à-côte, quatre des Patriarches catholiques d’Orient : S.B. Pierre Nasrallah Sfeir (maronite), S.B. Gregorios III Lahham (melkite), S.B. Emmanuel III Delly (chaledéen) et S.B. Nerses Bedros XIX Tarmouni (arménien). Etaient présents également le P. Umberto Barato, o.f.m., vicaire du Patriarche latin de Jérusalem pour Chypre, les PP. Humam Khzouz, Rif’at Bader et Elias Odeh, du Patriarcat latin, et de nombreux prêtres maronites.

Juste avant la messe, il s’est produit un événement remarquable (cf: Dialogue? ) : Benoît XVI a parlé quelques minutes avec le cheikh turco-chypriote Nazim Mehmet Nâzim Adil, l’un des leaders de l’islam soufi les plus importants au monde, âgé de 90 ans. L’entrevue, qui n’était pas prévue dans l’agenda, a été très cordiale, comme en témoigne son entame : "Je suis très âgé, aussi vous ai-je attendu assis", a lancé le cheikh au Pape ; à quoi ce dernier a répondu : "Je suis âgé aussi". Plus tard, en privé, le cheikh a confié que pour lui le Pape Benoît était l’un des hommes les plus sages au monde, un homme qui savait écouter.

Dans la procession d’entrée, les quatre cardinaux Bertone, Foley, Sandri et Kasper précédaient le pape, suivis du P. Pierbattista Pizzaballa, o.f.m., custode de Terre Sainte, de Mgr Antonio Franco, nonce en Israël et à Chypre et délégué apostolique en Palestine, de l’archevêque maronite de Chypre Joseph Soueif et du Patriarche latin Fouad Twal.

En sa qualité d’évêque de Chypre pour les Latins, ce dernier a prononcé le discours de bienvenue au Pape, qu’il a remercié de « parachever ainsi sa visite pastorale aux fidèles du Patriarcat latin de Jérusalem, ces hommes et ces femmes qui ont le privilège de vivre sur la Terre Sainte, terre sanctifiée par les événements de l'histoire biblique du salut ».
Comme lors de la visite de Benoît XVI en Jordanie, Palestine et Israël l’année dernière, le Patriarche s’est adressé à lui avant tout comme à un père, déclarant : « Nous nous tournons vers vous comme vers un père, avec nos peines, nos peurs et nos douleurs, et nous attendons de vous une parole de réconfort et d'encouragement. » Evoquant l’histoire de la présence chrétienne à Chypre et les blessures du passé et du présent, il s’est tourné vers l’avenir, affirmant : « Nous cherchons aujourd'hui à mettre en place les fondations d'un avenir différent, celui du dialogue, du pardon et de la réconciliation qui réunira tous les habitants de cette île : orthodoxes, musulmans, catholiques, ainsi que les autres communautés chrétiennes. C'est bien dans cet esprit que vous êtes venu rencontrer le chef de l'Eglise orthodoxe de Chypre, ainsi que ses fidèles, nos frères et sœurs, qui ont toujours été en majorité ici, et avec qui nous entretenons aujourd'hui des relations fraternelles. » Le Patriarche Fouad a également décliné tous les services de charité mis par la communauté catholique de Chypre à la disposition de tous, témoignage de sa vitalité et de son dynamisme malgré son petit nombre. Enfin, il a fait allusion à la grande espérance suscitée chez les fidèles catholiques par le futur Synode pour le Moyen-Orient, dont le Saint-Père remettra demain l’Instrumentum laboris.

Toute la liturgie de la Parole a eu pour thème la Croix : préfigurée par le serpent d’airain élevé par Moïse dans le désert pour guérir les Hébreux de leurs blessures, elle est révélée au Golgotha où Jésus « est élevé pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. »

Dans son homélie , le Pape a médité sur le mystère de la croix. Toute sa méditation a porté sur le paradoxe suivant : la croix, symbole de souffrance et de mort à première vue, est en fait plus profondément « le triomphe définitif de l’amour de Dieu sur toutes les formes du mal dans le monde » et la manifestation du « pouvoir de l’amour qui s’offre en sacrifice. » La perspective est ainsi retournée : la croix devient « le symbole d’espérance le plus éloquent que le monde ait jamais vu », spécialement pour ceux qui souffrent le plus, et elle « offre une espérance sans limite à notre monde déchu ». Le Pape n’a pas hésité à conclure cette première partie de son homélie par cette affirmation audacieuse : « Le monde a besoin de la croix ».

Il a ensuite appliqué sa méditation à la situation des chrétiens du Moyen-Orient. Conscient des souffrances et des épreuves qu’ils traversent quotidiennement, le Pape les a encouragés non pas à subir la croix dans leur vie, mais à l’« embrasser » généreusement, certains qu’en elle réside le salut du monde et la véritable espérance, celle qui a sa source en Dieu. Evoquant le drame de l’émigration des chrétiens d’Orient, il a déclaré : « Un prêtre, une communauté religieuse, une paroisse qui reste ferme [malgré les difficultés] et qui continue à rendre témoignage au Christ est un signe extraordinaire d’espérance, non seulement pour les chrétiens mais aussi pour tous ceux qui vivent dans la région. […] En embrassant la Croix qui leur est tendue, les prêtres et les religieux du Moyen Orient peuvent vraiment faire rayonner l’espérance qui est au cœur du mystère que nous célébrons dans la liturgie de ce jour. »

En disant ces paroles, sans doute Benoît XVI pensait-il à ces prêtres qui étaient allés jusqu’au martyre de sang par fidélité et amour du Seigneur, et notamment à Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique en Anatolie, assassiné la veille de son arrivée à Chypre…

La messe s’est poursuivie dans un esprit de prière et de recueillement. Plusieurs beaux signes d’unité ont été donnés, notamment lorsque, dans la prière eucharistique, les trois saints Barnabé, Maroun et François d’Assise, patrons des différentes communautés catholiques chypriotes, ont été invoqués ensemble.

La messe s’est conclue par une ovation du Saint-Père, qui est sorti de l’église de la Sainte-Croix sous les applaudissements et les vivats de l’assemblée.

A la sortie de l’église, on aurait dit que personne ne voulait rentrer chez lui ; au contraire, tout le monde, fidèles, prêtres, évêques et patriarches, se congratulaient et échangeaient paroles et sourires (note personnelle: j'ai déjà été témoin à deux reprises, de manière très intense, de la joie que le Saint-Père apporte avec lui, à Lorenzago, en 2007, et à Paris , devant la nonciature, en 2008: mon témoignage alors était exactement le même...) . Un groupe de fidèles camerounais, chantant et dansant sous l’œil bienveillant des soldats de l’ONU postés sur les toits de la zone-tampon, en ont entraîné plus d’un dans leur ronde… Symbole de la joie partagée autour du Saint-Père, l’évêque de Rome qui confirme ses frères dans la foi, « préside à la charité » et invite à faire tomber les murs !

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Sur le chemin de la communion

Cérémonie oecuménique à Paphos

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Aujourd’hui, vendredi 4 juin, plus de 4000 personnes se sont réunies sur le site archéologique d’Agia Kiriaki Chrysopolitissa pour accueillir le pape Benoît XVI. La foule, très bigarrée, donne une bonne idée de la réalité ethno-religieuse chypriote : Chypriotes orthodoxes – majoritaires dans l’île, présents en nombre –, mais aussi catholiques maronites et latins autochtones, et une large population de travailleurs immigrés philippins, sri lankais, indiens et autres, essentiellement latins.
En attendant le Saint-Père, la foule reprend le refrain composé pour l’occasion, qui est aussi le slogan de la visite papale à Chypre : « Bienvenue au Pape ! Un seul cœur, une seule âme ! »

Sur le podium, installé devant la magnifique petite église du XIIème siècle à proximité de la fameuse colonne où, selon la tradition, saint Paul a été fouetté, plusieurs chefs d’Eglises attendent le pape. Un peu plus loin, sous une tente, des personnalités civiles

A 15h, Benoît XVI se présente sur le site, accompagné de S.B. Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem, de chefs religieux maronites et syriaques, et des quatre cardinaux Bertone, Kasper, Sandri et Foley. Le pape est accueilli à l’entrée de l’église par le P. Elias Odeh, prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem, qui représente pour l’occasion le P. Johnny Sansour, curé latin de Paphos, immobilisé à l’hôpital suite à une grave attaque cérébrale survenue il y a quelques mois. Rappelons ici que l’église de Agia Kiriaki Chrysopolitissa a été mise en 1987 à la disposition des communautés latine et anglicane de Pahos par le métropolite orthodoxe d’alors, qui n’est autre que l’actuel archevêque de Chypre Chrysostomos II, celui qui a invité Benoît XVI sur l’île au nom de l’Eglise orthodoxe autocéphale chypriote.

Le pape a pénétré dans l’église, où il a été accueilli entre autres par des représentantes des trois congrégations religieuses latines présentes à Chypre : les sœurs de Saint Joseph de l’Apparition, les franciscaines du Sacré-Cœur et les moniales de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno (« sœurs de Bethléem »).

Le Saint-Père s’est recueilli un moment devant l’iconostase pendant que la foule chantait en plusieurs langues : « Nous vous annonçons la paix en Jésus. »

Au bout d’un quart d’heure, Benoît XVI est sorti de l’église au devant de la foule, qui l’a acclamé chaleureusement. Il a salué les fidèles en ouvrant les bras, dans un geste désormais célèbre. Remarquant la présence d’une délégation d’une soixantaine de chevaliers et dames du Saint-Sépulcre de Jérusalem, venus de plus de dix pays, il leur a souri et les a salués d’une manière particulière.

Benoît XVI a ouvert la célébration œcuménique en grec, un signe d’ouverture et de communion applaudi par les fidèles chypriotes.

Puis Chrysostome II, archevêque de Chypre, a prononcé un discours de bienvenue au pape en italien, traduit en grec. Il a commencé par rappeler que Chypre était « la première Eglise fondée parmi les nations par Barnabé – un Chypriote –, Paul et Marc », évoquant la prédication des apôtres à la synagogue et le discours devant les Romains, rapportés dans le livre des Actes. Faisant indirectement allusion à l’entrée de Chypre dans l’Union européenne en 2004, Chrysostomos II a déclaré : « C’est ici que se trouvent les fondements de la culture chrétienne et européenne », et : « C’est d’ici qu’est partie l’évangélisation de l’Europe ». Dans un registre plus politique, l’archevêque a exprimé avec une véhémente douleur les souffrances de l’île depuis 1974, date de la conquête turque de la partie nord, conquête effectuée « par la violence et la force des armes ». Depuis lors, a-t-il dit, « Chypre et son Eglise passent par la période la plus difficile de leur histoire », un véritable « martyre ». Chrysostomos a évoqué l’occupation, l’expulsion des chrétiens orthodoxes de leurs maisons, le changement des noms historiques des différents lieux et le pillage du patrimoine religieux et culturel du nord de l’île par les Turcs, n’hésitant pas à parler d’un « plan de destruction nationale » et demandant au Vatican « sa protection ». Le chef de l’Eglise orthodoxe chypriote a fini sur une note plus légère et joyeuse en exprimant « sa grande joie pour la présence » du pape Benoît. Les deux hommes se sont ensuite donné l’accolade.

Après le discours de Chrysostomos, l’assemblée a entendu la lecture de l’extrait des Actes des Apôtres racontant l’arrivée de Paul et Barnabé à Chypre (Ac 13, 1-12).

Dans son discours, le pape a remercié l’archevêque de Chypre Chrysostomos et le métropolite de Paphos Georgios pour leur accueil.

Les trois points les plus forts de son discours ont porté sur la communion d’une part, le rôle très apprécié de Chypre comme « pont entre l’Est et l’Ouest » et fer de lance de la « réconciliation » œcuménique d’autre part, enfin le prochain Synode pour le Moyen-Orient :

« La communion [dans la foi apostolique] réelle, bien qu’imparfaite, nous unit déjà, et nous pousse à surmonter nos divisions et à œuvrer pour restaurer l’unité pleine et visible qui est la volonté du Seigneur pour tous ses disciples. »

« L’Église à Chypre qui a servi de pont entre l’Est et l’Ouest, a beaucoup contribué à ce processus de réconciliation. Le chemin qui a pour but la pleine communion ne sera certainement pas exempt de difficultés, cependant l’Église Catholique et l’Église Orthodoxe de Chypre se sont engagées à avancer sur le chemin du dialogue et de la coopération fraternelle. »

« L’Assemblé spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient, qui se réunira à Rome, en octobre prochain, réfléchira sur le rôle vital des Chrétiens dans cette région, elle les encouragera dans leur témoignage de l’Évangile, et elle contribuera à promouvoir un dialogue et une coopération plus grandes entre les Chrétiens de la région. De manière significative, les travaux de ce Synode seront enrichis par la présence fraternelle de délégués d’autres Églises et communautés chrétiennes de cette région, en signe de notre engagement commun au service de la Parole de Dieu et de notre ouverture à la puissance de la grâce de la réconciliation. »

Le pape a terminé son discours par les trois mots « unité, charité, paix ». Puis il a entonné le Notre-Père en grec, suivi par la foule.

Rentrant à nouveau dans l’église, le pape a béni une image qui sera envoyée au P. Johnny Sansour, à l’hôpital de Beit Jala (Palestine), qui a beaucoup œuvré pour la communauté chrétienne de Paphos. Il a été entre autres l’initiateur de l’Hôpital de soins palliatifs latin Saint-Michel, en cours de construction, dont le pape a aussi béni la première pierre aujourd’hui.

A sa sortie de l’église d’Agia Kiriaki Chrysopolitissa, les évêques orthodoxes ont fait une haie d’honneur à Benoît XVI, signe fort du désir de progresser encore dans le dialogue, la réconciliation et la communion, "pour que tous soient un ! »

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La petite communauté catholique

Le pape témoin des souffrances et de l’espérance de la communauté catholique de Chypre

Aujourd’hui, samedi 5 juin, le pape Benoît XVI a rencontré la petite communauté catholique multirituelle de Chypre à l’école élémentaire maronite Saint-Maroun, dans la banlieue de Nicosie. Le pape a encouragé les milliers de fidèles réunis dans la cour de l’école « à demeurer un seul cœur et une seule âme », à continuer de rechercher « une plus grande unité dans la charité avec les autres chrétiens » et à construire le dialogue interreligieux – allusion à la présence de la population turque musulmane à Chypre. Le pape a salué spécialement les habitants des quatre villages maronites occupés par les Turcs, villages dans lesquels il leur est interdit de retourner, et les a assurés de sa prière et de sa communion dans leur épreuve. Un magnifique spectacle donné par les enfants de l’école a exprimé mieux que tous les discours les richesses, les souffrances et les espoirs de la population catholique de l’île.

Bien avant l’arrivée du pape, les fidèles catholiques ont commencé d’affluer vers la cour de l’école élémentaire Saint-Maroun pour y attendre le pape. Depuis de longs mois, la communauté maronite chypriote prépare cet événement, une occasion pour elle de manifester son existence, l’ancienneté de sa présence dans l’île (depuis 1200 ans) et sa vitalité malgré son petit nombre.

Dans l’assistance, de nombreuses sœurs maronites antonines sont présentes. Sr. Maria Wehbeh, enthousiaste, n’hésite pas à déclarer : « C’est un jour de gloire ! » Une autre religieuse antonine, Sr. Judith Haroun, considère que « ce jour est très important pour toute la communauté catholique de Chypre : maronites, latins et arméniens. La visite du pape l’encourage et lui donne une reconnaissance, notamment au milieu des orthodoxes, l’Eglise chrétienne majoritaire dans l’île. Sr. Nasha Khoury, qui fait partie de la délégation des 400 fidèles maronites venus du Liban avec leur patriarche, S.E. Pierre Nasrallah Sfeir, souligne elle aussi l’ampleur de l’événement pour toute la communauté catholique chypriote. Faisant allusion à la présence autour du Pape du Patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal, et du Patriarche maronite d’Antioche, Nasrallah Sfeir, elle déclare : « Cet événement est très important. Jérusalem et le Liban sont là aujourd’hui, autour du pape. C’est très symbolique : c’est l’Europe avec l’Orient. » (Lire l'article sur les minorités catholiques à Chypre).

Antonis Haji Roussos, le député représentant la communauté maronite au Parlement chypriote, partage l’opinion des religieuses quant à l’importance de l’événement. Il insiste davantage sur la dimension politique de l’événement. « Tout le monde est très enthousiaste. Nous espérons des bénéfices politiques de cette visite. Nos 4 villages maronites – Kormakiti, Assomatos, Karpasha et Ayía Marina – sont occupés par les Turcs, et 2 sont inaccessibles, même pour la messe dominicale.» Dans ces conditions, M. Roussos craint pour la survie même de la communauté maronite chypriote, 80% des mariages étant mixtes. « Sans le droit de revenir dans nos villages, nous ne pouvons survivre. Nous sommes menacés comme communauté. » Le député a montré le cadeau qu’il donnerait au Saint-Père au cours de la cérémonie : un beau plat en argent avec le nom des quatre villages et des médaillons représentant leurs églises. Sur le pourtour du plat, cette phrase qui résonne comme un cri : « Nous réclamons le retour à nos racines ». M. Roussos a conclu en déclarant : « Nous espérons que le pape donnera un message de paix et de réconciliation, et que les Turcs entendront ce message. »

A 10h45, le pape pénètre dans l’enceinte de l’école, acclamé par la foule qui chante l’hymne officielle de la visite : « Un seul cœur, une seule âme ».

C’est Mgr Joseph Soueif, l’archevêque maronite de Chypre qui, au nom de la communauté maronite, mais aussi « du Patriarcat latin, du Custode, de toutes les communautés et de tous les gens qui l’aiment », accueille le pape comme « un précieux don fait à Chypre ». Il rappelle la situation de minorité dans laquelle vivent les catholiques de l’île, pris au milieu de deux majorités : les Grecs orthodoxes et les Turcs musulmans. Faisant allusion au passé glorieux de l’Eglise maronite locale, présente sur l’île depuis le VIIème siècle, Mgr Soueif évoque la mémoire de son fondateur, saint Maroun, dont elle fête le jubilé cette année. Puis l’évêque cite par leur nom les quatre villages maronites confisqués par les Turcs, les comparant aux « quatre bras de la croix ». Comme Chrysostomos II demandant hier au pape d’aider les orthodoxes à protéger leur patrimoine aujourd’hui sous occupation turque, Mgr Soueif a lui aussi adressé la même requête : « Aidez-nous à retourner dans nos villages, ces lieux où nous préservons notre identité. »

Dans son discours, le pape a insisté sur trois points principaux : la foi, la fidélité à l’Evangile et à la tradition apostolique d’une part ; l’importance de continuer dans la voie de l’œcuménisme « pour une plus grand unité dans la charité » d’autre part ; enfin la nécessité du dialogue interreligieux, en l’occurrence avec les musulmans, que le pape a posé implicitement comme terrain favorable au règlement de la question politique chypriote : «Je vous encourage à favoriser la création de la confiance mutuelle entre chrétiens et non-chrétiens, comme une base pour fonder une paix durable et une entente harmonieuse entre les personnes appartenant à des religions, à des aires politiques et à des origines différentes. »

Dans un passage particulièrement applaudi, Benoît XVI a eu un mot spécial pour les anciens habitants des quatre villages maronites aujourd’hui sous occupation turque. Il les a assurés de sa prière et de sa communion paternelle dans leur épreuve. Devant le podium, une immense banderole porte cette inscription : « Liberté pour Agia Marina » [l’un des 4 villages].

Après la remise des cadeaux – dont celui du député Roussos et une icône de la Vierge offerte conjointement par les sœurs maronites antonines et les franciscains –, le pape a assisté avec un plaisir visible à un grand spectacle interprété par des enfants de l’école et des jeunes. Sur des musiques chypriotes traditionnelles et dans des costumes colorés, ces derniers ont exprimé à l’aide de symboles forts les richesses, la foi, les souffrances et l’espérance du peuple catholique de Chypre. L’aspiration à la paix et à la liberté était le message dominant.

Le refrain de l’hymne officielle de la visite résume bien l’état d’esprit de la communauté catholique chypriote, mélange de fierté apostolique, d'amour du Christ et d'espérance universelle :

« Je viens de Chypre ou du monde entier,
J’ai le regard pur, le front altier.
Seigneur Jésus, à l’encre de tes yeux,
Fais-moi tien en tout temps, en tout lieu. »

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Une Eglise plus combattive Dialogue?